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La ville des écrivains

moineville,écriture,littérature,alcool

 

"Sur la littérature universelle plane un nuage d'alcool".

Michael Krüger

 

"L'abus d'alcool est dangereux ; consommez avec modération".

Loi Evin

panneau-moineville.png

 

Voici un billet d'Edith, qui a répondu à son tour aux questions d'une interview du journaliste de pop/rock/punk/techno musiques Jon Savage

 

 

What was your favourite childhood book?

Les maisons de Dame Souris, de Smith & Mendoza

 

Which book has made you laugh?

Les palmes de monsieur Schütz, de J-N Fenwick

 

Which book has made you cry?

Lova, la BD de Servais

 

Which book would you never have on your bookshelf?

Aucun. Tous les livres, les bons et les méchants, sont les bienvenus sur mes étagères.

 

Which book are you reading at the moment?

Machine Soul, de Jon Savage

 

Which book would you give to a friend as a present?

Propaganda, de Bernays, préfacé par Baillargeon, ou Les derniers géants de François Place

 

Which other writers do you admire?

Truman Capote, Carson McCullers, Thomas Mann, Tolstoï, Paul d'Ivoi, Paul Féval, Jean de La Ville de Mirmonts.

 

Which classic have you always meant to read and never got round to it?

Dostoïevski et Gogol

 

What are your top five books of all time, in order or otherwise?

Guerre et Paix, de Tolstoï

Les 7 piliers de la sagesse, de T.E. Lawrence

Le pays où l'on n'arrive jamais, d'André Dhôtel

La balade de la mer salée, de Hugo Pratt

Nolimé Tangéré, de Béja et Nataël

 

What is the worst book you have ever read?

Le journal d'Anne Frank

 

Is there a particular book or author that inspired you to be a writer?

La comtesse de Ségur ; Sans Famille, d'Hector Malo ; Bandini, de John Fante

 

What is your favourite time of day to write?

A l'heure où l'heure s'efface et qu'il ne reste que la flottaison dans l'espace.

 

And favourite place?

Dans le halo de lumière du jour qui a pénétré dans la pièce

 

Longhand or word processor?

N'importe

 

Which fictional character would you most like to have met?

J'hésite entre Arsène Lupin et Sir Jerry. Auraient-ils été gentils avec moi ?

 

Who, in your opinion, is the greatest writer of all time?

Saint Jean, l'Aigle ? Ruteboeuf ?

 

Which book have you found yourself unable to finish?

La guerre du Pélopponèse, ce que je regrette.

 

What is your favourite word?

Aurore

 

Other than writing, what other jobs or professions have you undertaken or considered?

Aviatrice, tenancière de bar.

 

What was the first piece you ever had in print?

Un conte de Noël, quand j'avais 13 ans, dans un journal des enfants du groupe où travaillait ma mère.

Adulte, un documentaire sur les langues pour les 9/13 ans

 

What are you working on at the moment?

Un roman qui ressemble à ce qu'on écrira quand la littérature aura changé de forme

 

 

 

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lundi, 16 mai 2011 | Lien permanent

La domination intellectuelle en douceur

En 1928, Edward Bernays, fils de la soeur de Freud et du frère de la femme de Freud, publie un ouvrage intitulé Propaganda. Il y distille l'art et la manière de manipuler les peuples, en faisant croire à chaque individu d'une masse qu'il pense par lui-même. Fervent défenseur de cet art, Bernays le théorise et l'applique à la fois. 

Aujourd'hui, nous sommes gouvernés comme des pions. Nous faisons des choix dictés par quelques décisionnaires, mais nous pensons que nous sommes libres. C'est pourquoi il est intéressant de lire Propaganda. La collection Zones propose ce texte en ligne, précédé d'une préface du québécois Normand Baillargeon.

 

"La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays.

Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées. C'est là une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé.

Le plus souvent, nos chefs invisibles ne connaissent pas l'identité des autres membres du cabinet très fermé auquel ils appartiennent.

Ils nous gouvernent en vertu de leur autorité naturelle, de leur capacité à formuler les idées dont nous avons besoin, de la position qu'ils occupent dans la structure sociale. Peu importe comment nous réagissons individuellement à cette situation puisque dans la vie quotidienne, que l'on pense à la politique ou aux affaires, à notre comportement social ou à nos valeurs morales, de fait nous sommes dominés par ce nombre relativement restreint de gens – une infime fraction des cent vingt millions d'habitants du pays – en mesure de comprendre les processus mentaux et les modèles sociaux des masses. Ce sont eux qui tirent les ficelles : ils contrôlent l'opinion publique, exploitent les vieilles forces sociales existantes, inventent d'autres façons de relier le monde et de le guider."

Edward Bernays, IN Propaganda, 1928

 

Sur AlmaSoror, on peut aller visiter le billet intitulé L'accent d'une pensée, ou encore Moineville, la ville des écrivains

Mais aussi Les dictatures douces, ainsi que Votre témoignage et Consciences silencieuses

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mardi, 16 décembre 2014 | Lien permanent

Index nominum, : la lettre B

En huit ans d'existence, AlmaSoror a égrené de nombreux noms propres dans ses pages electro-poussiéreuses. Le chantier de l'index est entamé, mais bien loin d'être achevé. C'est donc une lettre B en construction que nous vous livrons ici et qui permettra à ceux qui viennent depuis longtemps de retrouver, peut-être, de vieux articles qu'ils avaient oubliés.

B

Babx

Il est cité (sans que son nom soit mentionné) dans Deuil d'une illusion

Jean-Sébastien Bach

Il est mentionné dans Auto(?)censure

Gaston Bachelard

Il est cité dans Sanctuaire

Normand Baillargeon

Il est cité dans Québec : l'accent d'une pensée

Honoré de Balzac

Il est mentionné dans Auto(?)censure

Arturo Bandini

Il est mentionné dans Mémoires de nos lectures

Alexina (Herculine Abel) Barbin

Alexina est mentionné(e) dans Vigny aux temps électros

Barynsflook

Il est l'auteur de Dangereuse beauté

Il est l'auteur de L'incompréhension notoire de l'homme

Charles Baudelaire

Il est mentionné dans Auto(?)censure

Il est mentionné dans Au confessionnal du cœur

Béja

Il est mentionné dans La musique de Nadège

Il est mentionné dans Moineville : la ville des écrivains

Il est mentionné dans Le sexe des anges

Ota Benga

Il est mentionné dans Ota Benga

Jacques Benoist-Méchin

Il est cité dans Le désillusionné

Il est mentionné et cité dans La fabuleuse plume de Jacques Benoist-Méchin

Il est cité et mentionné dans Le style immense et plein de pensée de Jacques Benoist-Méchin

Il est mentionné et cité dans Trois esthètes du XX°siècle : Rolland, Benoist-Méchin, Vaneigem

Il est cité dans Épuration.

Il est cité dans Fragment d'un printemps arabe

Il est cité dans Invasion de l'Europe - Année 700

Cyrano de Bergerac (personnage)

Il est mentionné dans Militants radicaux des deux extrémités du centre

Cyrano de Bergerac (auteur)

Ingmar Bergman

Il est cité en exergue d'Alcool, liberté, littérature

Il est cité dans Dialogues du septième sceau

Il est cité en exergue d'Intemporalité

Claude Bernard

Il est mentionné dans La faculté de médecine au XIX°siècle

Paul Bert

Il est cité dans Mélange de paternités

Aloysius Bertrand

Il est mentionné dans Au confessionnal du cœur

Pierre Bez(h)oukov

Il est cité dans Où il y a jugement, il y a injustice

Patrick Biau

Il est cité dans Paysage

Il est cité dans Soleil noir foncé

Black Agnès

Les deux noires Agnès sont mentionnées dans Black Agnès

William Blake

Il est mentionné dans Auto(?)censure

Marc Bloch

Il est cité dans La bibliothèque éparpillée : une histoire symbolique du moyen âge

Enid Blyton

Elle est mentionnée et citée dans Auto(?)censure

Jules Boissière (Voir à Khou Mi)

Laurence Bordenave

Elle est l'auteur de Eau de Coco

Elle est citée dans Palette

Elle est l'auteur de A tâtons N°2

Elle est citée dans La duplication de Mari

Elle est mentionnée dans Passage de Baude Fastoul (extrait des 29 et 30 mai)

Elle est citée dans Auto(?)censure

Saint Jean Bosco

Il est mentionné dans Ecclesia

Jean Bouchenoire

Il est dédicataire de Ignis Fatuus

Il est cité dans Le flot urbain

Il est cité dans La trace de l'archange

Il est cité dans Le soldat inconnu

Alain Bouissière

Il est mentionné dans Quatuor d'un monde en chantier

Nicolas Bourbaki

Il est mentionné dans Nécrologie de Nicolas Bourbaki (1968)

Anouar Brahem

Il est mentionné dans La vie tranquille de Dylan-Sébastien M-T

Tieri Briet

Il est cité dans Capitaine Corbeau Noir

Il est mentionné dans Te revoilà Tieri !

Il est mentionné dans La naissance des ours

Il est mentionné dans Réponse à une question de Tieri Briet

Il est mentionné dans Beauté des affiches des deux bouts de la politique

Il est mentionné dans La carte du Tendre

Il est mentionné dans Les commentaires de Tieri sur AlmaSoror

Il est cité dans Orso dort encore

Il est cité dans Malgré l'hiver des sentiments

Il est mentionné dans A quoi ressemblent tes amoureux ?

Il est mentionné dans Petite brouette de survie, album de route et de mer

Il est cité dans Sens et Mystique des Sens : épisode 9

Il est le photographe de Qui a peur des hamacs ?

Brunehaut

Elle est mentionnée dans Brunehaut, la perdante

Hanno Buddenbrook

Il est l'auteur d'Amour d'un homme pour son petit garçon

Luis Buñuel

Il est cité dans l’Éloge de la Mémoire

 

Index Nominum AlmaSororis

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mercredi, 11 juin 2014 | Lien permanent

Index nominum : C

C

Cagliostro (Joseph Balsamo)

Il est cité dans Comme l'éclatante lumière du midi

Les Calcinés

Ils sont auteurs de Je n'abats jamais

Calélira

Elle est l'auteur de Equihen plage : un petit bout de liberté

Truman Capote

Il est mentionné dans La ville de perdition

Il est mentionné dans Un dimanche à Avila

Il est mentionné dans Mystique littéraire

Il est mentionné dans Moineville : la ville des écrivains

Il est mentionné dans La tourelle du hibou

Celeblog (blogueur)

Il est cité dans Auto(?)censure

Chiquita

Elle est mentionnée dans Mascara

Ceppi

Il est mentionné dans Des thèmes, quelques œuvres (sans être expressément nommé)

Jules César

Il est mentionné dans Intemporalité

François René de Chateaubriand

Il est mentionné dans Dialogue entre deux hommes qui ne se sont jamais rencontrés

Il est mentionné dans la Soirée Rouge Célibat de Maître Ravenswood

Il est cité dans Mélange de paternités

Il est cité dans Éloge de la Mémoire

Il est mentionné dans Auto(?)censure

Il est cité en exergue de L'homme des mégalopoles

Malcolm de Chazal

Il est cité dans Délirium très mince

Olivia Chevalier-Chandeigne

Elle est citée dans Horreo

Frédéric Chopin

Il est mentionné dans la Maternité

Joan Clark

Elle est mentionnée dans Dans l'avenue Desbordes-Valmore

Estelle Claris

Elle est l'héroïne d'Estelle au mois d'avril

Robert S. Close

Il est mentionné dans Aime-moi (baise-moi ?) matelot : le seul roman de gare entièrement lu devant une Cour suprême très sérieuse

Jean Cocteau

Il est mentionné dans Une enfance littéraire française I

André Collinet

Il est cité dans L'après-midi aux Sables d'Olonne

Il est cité dans Il n'arrive point de barrique de sucre en Europe qui ne soit teintée de sang humain

Il est mentionné dans La confrérie de Baude Fastoul

Ry Cooder

Il est mentionné dans La vie tranquille de Dylan-Sébastien M-T

Julien Coupat

Il est cité dans Militants radicaux des deux extrémités du centre

Crin Blanc

Il est mentionné dans L'enfance, la civilisation et le monde sauvage

Il est mentionné dans L'âme-soeur et la sœur nourricière

Il est mentionné dans Une chansons, trois films

Il est mentionné dans Alcool, liberté, littérature

Astolphe de Custine

Il est cité dans Le despotisme des bons

 

L'index des noms propres d'AlmaSoror se constitue au fil des heures perdues, des insomnies et des paresses.

Il permet à la barmaid de ce zinc blogal, sur lequel vous venez d'échouer pour la première ou la millième fois, de se ressouvenir des huit années d'existence d'AlmaSoror, d'abord en tant que revue mensuelle en ligne, entre septembre 2006 et septembre 2008, et puis ici même, en blog à chronoposologie libre et variable.

Le temps passe, je vieillis, AlmaSoror vogue et ne sombre pas. Si nous ne servons plus d'alcool de salamandre sur ces terres virtuelles (pour des raisons antispécistes), nous ne manquons jamais d'inventer de nouvelles recettes de cocktails inédits et épicés, frais et alcoolisés, pour nos visiteurs de l'aube à la nuit.

Qui êtes-vous ? Qui suis-je ? Des êtres de passage, assurément. Il n'y aura aucun survivant dans les décombres de notre époque, un jour nous serons poussière et des enfants du futur, peut-être, viendront deviner comment et pourquoi nous avons existé.

Blancheur ! Blancheur ! Blancheur ! La grande blancheur éclate autour de moi. J'ai nagé hier soir dans l'océan brumeux à l'heure où les lampadaires de la ville océane s'allumaient. L'eau était froide.

J'ai rêvé dans la rue qui monte, des corbeaux sur la neige, des arbres à perte de vue, des enfants roux enveloppés dans des manteaux de plume. Une fille d'environ quarante ans me tenait par la main, silencieusement nous contemplions ce paysage.

Immobile et silencieuse, je me suis endormie au bout du tunnel de l'insomnie. AlmaSoror, tu ressembles à mon destin.

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dimanche, 20 juillet 2014 | Lien permanent

Index Nominum : S

L'index des noms propres d'AlmaSoror, encore bien incomplet, permet de retrouver d'anciens articles ou de faire la psychanalyse de la tenancière du blog. Au hasard, la lettre S.

S

Lain Sainclair

Il est mentionné dans des thèmes, quelques œuvres

Charles-Augustin Sainte-Beuve

Il est mentionné dans Auto-(?)censure

Il est cité dans La gloire de l'imagination et l'industrie de la gloire

Antoine de Saint-Exupéry

Il est mentionné dans La bibliothèque éparpillée : Citadelle

Louis-Antoine de Saint-Just

Il est mentionné dans L'ange et l'archange

Sébastien Saint-Kévin

Il est l'auteur de Des thèmes, quelques œuvres

Ernst von Salomon

Il est mentionné dans L'humiliation

Il est cité dans Mon frère, je contemple ton visage

George Sand

Elle est citée dans Tombées du soir, traqués les loups

Thomas Sankara

Il est cité dans Instant banal à Ouaga : le taxi, la radio, la rue

Sara

Conjointement à Mavra Novogrochneïeva, Sara est la photographe d'une grande partie des photos qui illustrent les billets d'AlmaSoror, dont celle de l'Esclave.

Elle est mentionnée dans L'université de Poitiers rencontre Sara

Elle est l'auteur de L'humiliation

Elle est mentionnée dans L'homme des villes de sable en librairie

Satan

Il est mentionné dans Mascara

Jon Savage

Il est mentionné dans Moineville : la ville des écrivains

Eugène Savitskaïa

Il est mentionné dans Mystique littéraire

Florent Schmitt

Il est mentionné dans Florent Schmitt, l'éclat de votre musique nous fascine

Walter Scott

Il est mentionné dans La bibliothèque éparpillée : une histoire symbolique du moyen âge

Chief Seattle

Il est mentionné dans Charte du Mandé, Discours de Seattle, Pièce de la mort d'Athahualpa : des "faux".

Comtesse de Ségur

Elle est mentionnée dans Une enfance littéraire française : Invitation au voyage II

Elle est mentionnée dans Auto(?)censure

Elle est mentionnée dans La tourelle du hibou

Lhasa de Sela

Elle est mentionnée dans Tombées du soir, traqués les loups

Gilles Servat

Il est mentionné dans Insomnie bretonne à Paris

Michel Simon

Il est mentionné dans Auto(?)censure

Mathieu Simonet

Il est mentionné dans La Maternité

Dorian de Smythe-Winter

Il est l'auteur de Variation 14

Lilas L.S. Snuk

Elle est mentionnée dans Les Basaltiques : Critique d'un album musical

Sofia Sombreur-Noir

Elle est mentionnée dans Les Basaltiques : Critique d'un album musical

Alexandre Soljenitsyne

Il est cité dans Chaque jour que Dieu fait

Sophocle

Il est mentionné dans L'enfance, la civilisation et le monde sauvage

Sainte Bernadette Soubirous (de Lourdes)

Elle est mentionnée dans Auto(?)censure

Sylvester Stallone

Il est mentionné dans La ville de perdition

David Nathanaël Steene

Il est l'auteur de l'Ode aux hommes en jupe

Il est l'auteur de Etat-civil sans regard

Il est l'auteur d'Aléa toi R

Nadège Steene

Elle est l'auteur de La musique de Nadège

George Steiner

Il est mentionné dans L'enfance, la civilisation et le monde sauvage

Gustav Streeseman

Il est mentionné dans L'humiliation

Anne-Marie Stretter

Elle est mentionnée dans Des thèmes, quelques oeuvres

Suho

Il est mentionné dans La tourelle du hibou

Jules Supervielle

Il est cité dans Le forçat innocent

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mardi, 06 janvier 2015 | Lien permanent | Commentaires (2)

La tourelle du hibou

 Ondine Frager

Le temps passe, madame. Et bientôt ce que nous sommes ne sera plus qu'un souvenir qui s'efface. Comment conjurer l'impression vertigineuse que la vie nous traverse sans que nous ayons prise sur elle, ni sur nous-même ?

Enfant, j'avais songé à transformer la face du monde ; la tâche m'ayant effrayée, j'ai préféré une autre mer à boire – la mer des livres.

Lire, l'antidote au temps.

Ce soir, alors que les feuilles de tilleul rabougrissent au fond de ma tasse, je suis le fil de mes souvenirs de lecture. Dans la pénombre d'une petite pièce aux tentures rouges, au son de la musique malienne lancinante et paisible, je rencontre des livres compagnons, sans lesquels je ne parlerais pas à la même personne, lorsque je parle seule.

Du plus loin qu'il me revienne l'ombre de mes amours anciennes... Je revois les maisons de Dame-Souris. Ce charmant album destiné aux enfants et prisé des architectes en quête d'inspiration, expose les créations architecturales - des maisons individuelles adaptées au client - d'Héloïse la souris. On y admire le château du cochon, l'antre du renard, la maisonnette de l'ours, la villa souterraine de la truite, et tant d'autres.
Ma maison préférée, c'était celle du hibou. Installé dans une tourelle en plein ciel, il a vu sur la forêt, peut-être la mer scintille-t-elle au loin sous le tapis d'étoiles. Hibou peut scruter les mystères du ciel au moyen de la lunette d'astronome posée devant la fenêtre.
Les maisons de Dame souris, c'est un livre empreint d'une profonde paix, qui invite à la rêverie structurée, en quelque sorte, et créée, pour l'avenir (si on le lit à l'âge de l'enfance) des nostalgies infiniment langoureuses.

(Sur les maisons de Dame souris, quelques webécrivains se sont exprimés :

Comme avant dans mes rêves d'enfant

Lili l'archi)

Je poursuis ma route mentale à travers mes souvenirs, et je rencontre Le cheval blanc de Suho. Celui qui contient les illustrations d'Akaba - car les nouvelles éditions sont beaucoup moins belles ! Quel artiste, que cet Akaba - Suekichi Akaba ! Sur ce conte mongol de toute beauté, il livre des planches à couper le souffle et l'enfant que j'étais pleura toutes les larmes de son corps. C'était la découverte de l'amour et de la mort, du lien sacré entre l'homme et l'animal, de la musique liturgique universelle des défunts et des êtres qui s'aiment. 

Après quelques lectures déchirantes, je fermai le livre et ne l'ouvrit plus durant de longues années, car je savais que toutes les larmes de mon corps sortiraient à nouveau. Mais j'en regardais la couverture parfois, je savais, je sentais sa présence ; cette présence était taboue.

(Des traces du cheval blanc de Suho sur la Toile :

Vers Gif sur Yvette.

Ou en Romandie.)

Je pourrais encore parler de L'auberge de l'ange gardien et de l'affreux destin de Torchonnet, qui m'initia aux sordides rapports humains et à l'étrangeté sauvage des adultes. La suite de l'Auberge, la comtesse de Ségur, cette démiurge savante et sulfureuse, la raconte dans Le général Dourakine. On y découvre l'invraisemblable beauté, pâle et tragique, du Prince Romane, le polonais traqué.

Ces livres de la comtesse de Ségur, née Sofia Rostopchine, fille du terrible et majestueux aristocrate tsariste qui ne voulut pas livrer Moscou à Bonaparte, on me les lisait avant que je sache lire, je les ai entendus avant de les lire seule.

Mais le premier roman que je lus seule, et qui transforma ma vie, ce fut celui que m'offrit ma marraine Ségolène, l'année de mes six ans.

Les premiers paragraphes de Sans famille, d'Hector Malot, ne m'ont jamais quittée depuis. Maître Malot ! Je ne me suis jamais résolue à lire tes autres livres, car jamais je ne voudrais que tu tombes du piédestal où cette enfant t'avait élevé.

C'est par toi que j'ai compris la puissance de l'invention romanesque.

Je suis un enfant trouvé.

Mais jusqu’à huit ans j’ai cru que, comme tous les autres enfants, j’avais une mère, car lorsque je pleurais, il y avait une femme qui me serrait si doucement dans ses bras, en me berçant, que mes larmes s’arrêtaient de couler.

Jamais je ne me couchais dans mon lit, sans qu’une femme vînt m’embrasser, et, quand le vent de décembre collait la neige contre les vitres blanchies, elle me prenait les pieds entre ses deux mains et elle restait à me les réchauffer en me chantant une chanson, dont je retrouve encore dans ma mémoire l’air, et quelques paroles.

Quand je gardais notre vache le long des chemins herbus ou dans les brandes, et que j’étais surpris par une pluie d’orage, elle accourait au-devant de moi et me forçait à m’abriter sous son jupon de laine relevé qu’elle me ramenait sur la tête et sur les épaules.

Enfin quand j’avais une querelle avec un de mes camarades, elle me faisait conter mes chagrins, et presque toujours elle trouvait de bonnes paroles pour me consoler ou me donner raison.

Par tout cela et par bien d’autres choses encore, par la façon dont elle me parlait, par la façon dont elle me regardait, par ses caresses, par la douceur qu’elle mettait dans ses gronderies, je croyais qu’elle était ma mère.

Je trempe mes lèvres dans la tisane. La musique s'est tue, je ne m'en étais pas rendue compte - mais les timbres intenses des instruments africains résonnent encore au fond de mon corps.

Avec Jud Allan, roi des lads, de Paul d'Ivoi, j'ai appris à aimer l'existence des méchants, tel le Crâne, qui portent le crime avec panache et savent mourir en reconnaissant la valeur supérieure de leurs ennemis.

Les secrets de la lande, d'LN Lavolle, m'initièrent à l'amour des vieilles maisons. Je compris comment on fait le miel et pourquoi il faut se taire beaucoup pour savoir deviner les secrets.

Et puis, lorsque j'avais treize ans, mon grand-père Jacques me surprit alors que j'errais, pleine d'ennui, dans les rayons d'une bibliothèque que je connaissais par cœur. Je traînais entre l'escalier qui mène au pavillon et le lapinodrome, soulevant un livre par ici, le reposant.

Sa silhouette rare s'approcha de moi et je me tins coite.

- Tu n'as jamais lu cela, murmura-t-il, en passant son doigt tremblant sur un ouvrage dans l'ombre d'un rayon.

Il me tendit ce livre et me livra cette confidence : c'était le livre préféré de Dieudonné. Il le lisait l'année de sa mort et l'adorait.

Oh mon Dieu !

Je repartis dans ma chambre en le tenant entre mes mains. Le livre de Dieudonné. Ses mains l'avaient tenu. Et mon grand-père sévère me le confiait en chuchotant.

L'apôtre des lépreux, de Wilhelm Hunnerman, traduit par l'abbé Grandclaudon.

Sans cette lecture, je serais dénuée de doute et certaine d'être athée.

Mais j'ai lu L'apôtre des lépreux, dans cette édition tenue par un adolescent malade, et je l'ai relu, tout un été.

Et puis j'ai perdu de vue ce livre et ne l'ai plus jamais ouvert de ma vie. Je me souviens, c'est tout.

Des années plus tard, en cours de langues polynésiennes, j'eus un choc en entendant des mots d'Hawai'i, presqu'un malaise doublé d'une fascination, et je ne compris pas pourquoi. Ce n'est qu'encore longtemps après que je compris que j'avais reconnu les mots de l'Apôtre des Lépreux : Moloka'i. Kalaupapa.

Je pourrais encore parler de Bandini, de John Fante. Raconter ce trait incongru de ma mère, qui voulait que je dorme, et je ne voulais pas. Eh bien, alors, lis ce livre, dit-elle. Ce livre, qu'elle avait ramassé dans son étagère, c'était Bandini. J'avais onze ans je crois et ce fut le début d'une lecture répétée tous les deux ou trois ans, jusqu'à compréhension du texte.

Et que dire de La dentellière ? Un roman que j'adorais à quinze ans. Je vénérais l'auteur d'avoir écrit une œuvre si sensible, et quand vers vingt et quelques années je compris qu'il l'avait écrit pour rire, pour se moquer de la sensibilité de ses contemporains, j'en étais dégoutée. Il trouve que le reste de son œuvre vaut mieux que la Dentellière ; moi j'ai voulu ouvrir d'autres livres mais je n'aime qu'elle.

Adolescente ou adulte, j'eus d'autres lectures initiatiques. Breakfast at tiffany et les short stories de Truman Capote, dont la plus belle : One Christmas, le Noël triste d'un petit garçon à la Nouvelle-Orléans, à l'époque de la fameuse Prohibition...

La bande dessinée Lova, de Jean-Claude Servais,  Les sept piliers de la sagesse, de TE Lawrence d'Arabie, L'introduction à la langue et à la littérature aztèque, de Michel Launey, et enfin  Guerre et paix du vieux Tolstoï.

La caroline calligraphique des moines médiévaux s'est effacée devant l'imprimerie. Les ouvriers sidérurgistes ont vu leur monde s'éteindre. Nous marchons vers la numérisation de l'écriture et de la lecture, et l'apparence de l'édition traditionnelle se dissoudra bientôt dans la grande évidence du Code.

J'attends ; j'attends de voir si je deviens vieille. Si je reste encore quelques décennies dans ce monde, il me sera peut-être donné un jour de lire les nostalgies littéraires d'un enfant né en l'an 2014. A quoi ressembleront-elles ? Auront-elles des poussières et des odeurs, comme les miennes ? Ou bien d'autres sensations que mon esprit est incapable d'imaginer ?

Je les lirai, ces nouveaux-nés, quand je serai très vieille et j'écouterai leurs mémoires déjà profondes.

 

Le même thème, sur AlmaSoror :

Moineville, la ville des écrivains

Mémoires de nos lectures

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vendredi, 30 mai 2014 | Lien permanent | Commentaires (3)

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