lundi, 28 mai 2012
Consciences silencieuses
Par Esther Mar
Image : Polices parodiques du monde
Le site "Polices parodiques du monde" n'est plus, à mon humble web-connaissance. Il proposait de belles images, dont celle-ci. Nous l'avions déjà mentionné dans notre article intitulé Beauté des affiches des deux bouts de la politique.
Nous nous disions il y a quelques jours, tout bas, dans le couloir, avec quelques amis, qu'aujourd'hui, il est extrêmement courageux d'exprimer tout haut des idées non conformes au catéchisme culturel. Si nous voulons garder nos amis, notre travail, si nous voulons demeurer humains au milieu des humains - et non paria solitaire à l'écart des humains - nous devons nous taire. La souffrance morale que cause cette dictature de la pensée, je n'aurais jamais cru qu'elle soit si douloureuse. Nous ne risquons pas la prison, ni le bagne, encore moins la mort : nous risquons la haine, le mépris, les crachats verbaux et cela nous parait à la limite du supportable. Des idées qui ne nous font pas peur et qui ne contiennent aucune violence sont vouées aux gémonies, qualifiées de malodorantes ; les discuter même est suspect : il ne faut que les rejeter en bloc, pour demeurer humain parmi les humains. Nous vivons des temps d'intenses luttes morales : elles peuvent certainement mener certains à la mort, la mort par épuisement ou humiliation. Elles mènent sûrement et souvent à l'isolement et à la déréliction. Le monde entier est un grand tribunal anarchique et multiforme où, au nom d'une morale en perpétuelle édification, des foules se pensant bienséantes jugent des individus qu'elles trouvent abjects, sans qu'ils aient rien commis d'abject, ni prononcé de terrible. Où allons-nous ? Où serons-nous demain ?
Esther Mar
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