lundi, 28 avril 2014
Horreo
Extrait de l'introduction du livre trouvé sur l'étagère de la chambre d'ami de Renaud, à Montreuil-sous-Bois (quel bois ?), un dimanche d'avril :
«Susciter des passions et des émotions a toujours représenté la finalité de l'art. On se souvient du passage de la Poétique d'Artistote évoquant la Catharsis : effet de "la purgation des passions" produite sur le spectateur et qui suscite en lui crainte et pitié.
La catharsis propre au cinéma d'horreur serait alors destinée à révéler l'horreur en nous, celle que nous craignons de subir et celle que nous cauchemardons ou rêvons inconsciemment d'infliger aux autres, et qui sont peut-être les mêmes. Est-ce bien là la raison ou la cause qui expliquent que certains d'entre nous, nombreux, jouissent de ce spectacle sans merci ? Et est-ce pour ces mêmes raisons que certains le rejettent, ne voulant rien savoir de cet abominable qui nous habite ?
Il y a certainement d'autres raisons qui n'excluent pas la précédente, mais viennent s'y ajouter.
En effet, le cinéma d'horreur est devenu un genre, avec ses codes qui nous le rendent familier (code, en ce qui concerne les morts-vivants, si talentueusement résumés en 20 minutes dans le premier film d'horreur portugais I'll see you in my dreams), et ses niveaux de discours. Il a ses adeptes, et à l'instar du western ou du film de guerre, il est devenu une institution.
Ces niveaux de discours et différentes dimensions font que la vision d'un film d'horreur ne se contente pas d'être un simple défouloir où la haine de l'autre, le chaos dont la loi est l'extermination de son prochain, se libère enfin. Les lectures politiques, éthiques, et les dimensions comiques aussi bien qu'esthétiques, la multiplicité des genres qu'il peut intégrer en font en effet un cinéma riche et propice à la réflexion».
Olivia Chevalier-Chandeigne
In La philosophie du cinéma d'horreur - Effroi, éthique et beauté
Editions Ellipses
Collection culture Pop
2014
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