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samedi, 20 septembre 2014

Nocturne estival II : Dans les vagues de la nuit

{Ce texte fait suite à Nocturne estival I : Sous le royaume des étoiles, que Siobhan publiait ici le 31 janvier 2010}.

 

La matinée

Aucune mélancolie. J'en ai trop éprouvé, trop jeune, croyant à cet âge tendre que j'avais des regrets. Erreur de jeunesse. La jeunesse, cette illusion éphémère, a passé sur mon visage. Les gens m'appellent madame. Je plisse les yeux au bord de cet océan illimité, dont les vagues me prennent et m'emportent. Je m'enfonce dans l'eau sans souci. Je fais confiance à l'instant présent d'être éternel. Il n'y a pas de bande son lors de ce moment, et pourtant c'est comme si une danse m'habite. On chante, on se laisse flotter, l'air n'est plus conditionné.Le jour est si clair qu'on voit la poussière perturber les lignes du ciel. Je n'ai plus besoin de méditation zazen pour planer au-dessus des miasmes du quotidien, pour m'élever vers le vide plein de joie.

La nuit

Et puis la nuit tombe. C'est soudain. Un éclairage noir glisse sur les sensations éprouvées. Les feuilles se balancent subrepticement dans les arbres. Une fillette nommée Nadja s'amuse avec des chiens. C'est un monde sans adultes ni adultère, c'est un monde sans parents ni gronderies impatientées. L'ordre dort ; éveillée à la liberté, je cours nue vers l'onde atlantique.

Les vaguelettes m'accueillent, fraîches, et je pousse des cris. Loin, les lumières de la ville s'éteignent. Mon corps flotte à la surface du reflet de lune. Je ris : je vous oublie. Soucis, qui étiez-vous ? Morts, disparus, effacés, laissez chanter mon rire à travers le courant qui m'entraîne légèrement.

Nudité, liberté, océan. La grande nuit nous attend.

S.H.

 

 

Siobhan Hollow sur AlmaSoror :

Elle est l'auteur de Deltaplane

Elle est l'auteur de Vol libre et planantes guitares fordjiennes

Elle est l'auteur de Figures célestes

Elle est l'auteur de Notes et bulles bleues

Elle est l'auteur de Nocturne estival I : Sous le royaume des étoiles

Elle est l'auteur de Vol de pluie

Elle est co-auteur de Merci, lecteurs

Elle est citée dans Un nouveau message de Siobhan

Elle est mentionnée et citée dans Le retour de Siobhan Hollow

Elle est mentionnée dans Sur Schütz

Elle est mentionnée dans La nuit, la guerre

Elle est mentionnée dans Lancement de la rubrique Vol Libre

Elle est mentionnée dans la Carte du Tendre

Elle est interrogée dans Entrevue avec Siobhan H, deltaplaniste

lundi, 02 juin 2014

Poèmes à cueillir sur AlmaSoror

poèmes à lire.jpg

Sur notre colonne de gauche se trouve l'entrée vers l'album Poésie. On y trouve des poèmes, de la barmaid de ce blog sans partage, mais aussi de poètes invités pour une page ou deux.

En voici la liste et le vers d'ouverture :

Le train rouge

Le train rouge a filé sur les brumes du ciel

Venise

A Venise qui choit dans la lagune

Miroir d'eau

Soleil brillant parmi les mille anges trop pâles

Rue Milton

Petit matin, soleil, vent tiède

L'étoile

Je poursuis une étoile aux quatre coins du monde

Grise du soir

Tes yeux gris mon amour embellissaient les lieux

Séjour lunaire

Ton char aux cent rennes lunaires

Véranda

Hier soir un ciel orange se vautrait sur la plage

The Stoned / Les défoncés

I am a light

La chanson des gisants

Gisez ! et ne parlez plus. Écoutez le vent du soir...

Atone

Ma voix coule dans le soir

L'abîme

Tes caresses ont laissé mon corps en ruines

L'horloge

L'horloge de la gare a sonné quelques coups

Brest

Donne-moi le Nord

Gange

Mais je sais que nous sommes un poisson

Zip & flip

Vodka au comptoir

Le rêve aux bulles

Comme dans la chanson d'enfant

La mer

La mer m'amène

Funboard

Sur l'océan le soir, quand le soleil se couche

Deltaplane

Ne plus jamais poser mes deux pieds sur la terre

Abattoir

C'est drôle et c'est bien de se revoir

Le van

Nous écoutons la radio dans le van

Ciao Baby

Mon bel ennemi dort

Les fressures de l'aube

J'ai besoin d'une femme qui me tende le sein

Autel

Le jour se lève et le café

Tango de nuit, chanson d'abandon

Dans la nuit opale, je t'ai rencontrée

Messe de la citadelle

Baignée dans ton rire éclatant, sous les vagues du ciel

Le malade

Les murs du cube sont bleus

Les sœurs douloureuses

Minuit dans le hangar ! et nos sœurs douloureuses

Dans un bar de nuit banal

Dans un bar de nuit banal

Lumières dans la ville morte

Lac de nuit, sur ta rive herbeuse je dansais

Jour de Sleipnir

Les oiseaux fantômes ont passé la frontière

Lau

J'ai trouvé un soir une étoile

Charade

Ballade, ballade...

mercredi, 28 août 2013

Siobhan Hollow

Siobhan Hollow par Sara.jpg

Siobhan Hollow nous apporte des textes théoriques, poétiques et pratiques sur l'univers du vol libre et du deltaplane.
Elle les envoie par SMS au webstandard d'AlmaSoror, qui tente de conserver le style en créant une ponctuation et en finissant quelques phrases. Elle jure, pourtant, qu'elle écrit à terre, et non dans le ciel depuis son deltaplane. Même à terre, Siobhan plane.

 

Les articles que Siobhan Hollow a écrit pour AlmaSoror :

Le retour de Siobhan Hollow

Entrevue avec Siobhan Hollow, deltaplaniste

Sur Schütz

Vol de pluie

Nocturne estival I : sous le royaume des étoiles

Notes et bulles bleues

Figures célestes

Vol libre et planantes guitares fordjiennes

La nuit, la guerre

Deltaplane

Lancement de la rubrique "vol libre" : hymnes au deltaplane

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vendredi, 02 juillet 2010

Entrevue avec Siobhan Hollow, deltaplaniste

 

arizona_dream flight.jpg

Siobhan, peux-tu te présenter ?

J’habite au bord de la mer, dans une ville pourvue d’un club de vol libre. On peut donc faire du planeur, du deltaplane, du parapente. Je fais presque tous les jours du deltaplane, assez souvent du parapente et chaque dimanche, quand le temps le permet, nous sommes plusieurs à partir en planeur.

 

Comment vis-tu ?

Je vis des économies que j’ai faites en dix ans de travail dans la banlieue parisienne, j’ai été employée dans un magasin de fringues, puis serveuse, puis serveuse-responsable d’un bar. Je tiens comme ça depuis 3 ans, car tout le temps que j’étais au chômage (4 ans), je n’ai pas touché à mes économies, et même j’ai continué d’en faire. Mais un jour, sûrement, il faudra recommencer à travailler.

Tu n’as pas d’ambition professionnelle ?

Non.

 

Tu as des ambitions sur d’autres plans ?

Oui. J’ai des ambitions en vol libre : acquérir un plus grand calme en cas de danger, aller plus loin dans mes recherches d’équilibre, de mouvement, d’esthétique, sentir mieux le vent.

J’ai aussi des ambitions en guitare. Je joue de la guitare, j’avais suivi à plusieurs reprises quelques cours mais je n’arrivais pas à travailler régulièrement. Je préfère faire mon chemin guitaristique toute seule. Avec mon ordinateur je m’enregistre. Je compose, créée des œuvres et continue à me cultiver en lisant beaucoup de choses sur l’histoire de la guitare et en écoutant et réécoutant des œuvres. Une de mes plus grandes influences est Terje Rypdal. Mais il y a aussi Manitas de Platas, et plus récemment, grâce à toi qui m’as offert le disque, j’ai pu découvrir des œuvres contemporaines de guitare classique, jouées par Nadia Gerber.

 

Cherches-tu à te produire dans des lieux ?

Non. Je n’ai pas le courage de chercher, de me prendre des portes dans la figure. D’ailleurs, je ne suis pas sûre que ça m’intéresse vraiment de me produire en public. En revanche, je me voie bien ouvrir un blog sur Internet où je pourrais présenter mes compositions.

 

Comment vois-tu l’histoire de ta vie ?

J’ai renoncé à pas mal d’idées et de prétentions de jeunesse, en trouvant qu’une certaine vie sociale était trop compliquée pour moi. Mais j’ai rencontré quelques amis qui me donnent une certaine affection et qui partagent des moments avec moi, je ne me sens donc pas complètement seule. J’éprouve beaucoup de plaisirs solitaires, en plein ciel, avec ma guitare ou encore lors de longues promenades, et enfin en surfant sur Internet toute la nuit, à travers des sites intéressants qui nourrissent mon esprit. Je passe donc une grande partie de mon temps à être heureuse, tout en sachant que j’ai de grosses blessures au fond de moi, comme tout le monde je pense, et que je me prive de certains bonheurs et de certaines satisfactions. Mais cette privation est quelque chose que j’accepte. J’espère rester en bonne santé et pouvoir continuer à vivre dans cette ville, bien qu’il y fasse un peu trop froid et humide.

 

Comment as-tu découvert le ciel ?

Par hasard. Un copain voulait faire un stage de deltaplane mais il ne voulait pas s’inscrire tout seul et il m’a proposé, assez égoïstement dans son intention, de le faire avec lui. Je ne crois pas qu’il ait continué mais pour moi ça a été une révélation : voler dans le ciel. Peut-être que c’était un rêve d’enfance, d’évoluer dans le ciel comme un oiseau. Ça me rappelait Peter Pan, Niels Holgersson et Dumbo l’éléphant volant.

 

Et comment as-tu découvert la guitare ?

Comme tout le monde : on admirait au collège les guitaristes, on voulait tous devenir guitariste et un jour j’ai reçu une guitare en cadeau d’anniversaire. Mais la guitare est une activité complètement privée pour moi : personne ne sait que j’en joue, c’est mon jardin secret.

 

Siobhan, vas-tu continuer à écrire tes chroniques du ciel pour AlmaSoror ? Nos lecteurs appréciaient…

Cela me fait très plaisir que tu aies reçu autant de belles réactions sur mes textes. Du coup cela me donne envie de continuer, et d’être plus sérieuse, dans mon orthographe et dans la régularité de mes envois.

 

Merci de cette entrevenue et bon vol. A bientôt sur AlmaSoror pour tes descriptions de voyages deltaplaniques !

 

Hollow, Hollow :

Le retour de Siobhan Hollow

Entrevue avec Siobhan Hollow, deltaplaniste

Sur Schütz

Vol de pluie

Nocturne estival I : sous le royaume des étoiles

Notes et bulles bleues

Figures célestes

Vol libre et planantes guitares fordjiennes

La nuit, la guerre

Deltaplane

Lancement de la rubrique "vol libre" : hymnes au deltaplane

dimanche, 31 janvier 2010

Nocturne estival I : sous le royaume des étoiles

 

Siobhan H continue de nous envoyer ses instantanés de deltaplane. Je les reçois dans un style textoïsé : fautes d'orthographe, grammaire abrégée. Je fais des liens entre les mots pour qu'on comprenne et elle refuse brutalement de relire pour dire si mes retouches lui conviennent. Alors tant pis pour elle et à bientôt !

(Édith & AlmaSoror)

 

poupée ancienne.jpg

 

 

Je vous dis que c’était si beau que j’aurais voulu ne jamais redescendre. Mais la terre humide, comme si le soir aussi avait sa rosée, m’accueillit plus doucement que d’habitude, comme si elle avait compris que j’avais besoin d’amour et de tendresse encore plus que d’habitude.

Les lumières du club de deltaplane où j’atterrissais m’éblouirent. Après la ténèbre total du vol, entrecoupée d’étoiles, par cette nuit sans lune, ce fut un choc de retrouver les réverbères et le goudron. Alors tout me parut irréel. Seule la nuit noire, le ciel et le vol libre étaient vrais : la terre et sa vie grouillante, pour l’instant endormie, était devenue féérique et je me demandais si, le lendemain, tout redeviendrait comme avant.

Tout redevint comme avant : mais je suis désormais une chouette. J’attends la nuit pour voler, et je hulule en faisant des cercles dans l’air.


Siobhan

 

dimanche, 17 janvier 2010

notes et bulles bleues

 

 

sam.jpg

 

 

Extrait du mail de Siobhan d’hier matin (reproduit avec son autorisation) :

(Siobhan H est notre deltaplaniste et tient la rubrique aérienne "vol libre)

“Je t’aime”

C’est l’expression qui est revenue ce matin échouer sur les bords de ma conscience le long de ce long vol sans but autre que celui de n’être pas sur terre. Le vent rebelle me donnait l'impression de piétiner dans le ciel. Ma cage m'oppressait et je voulais la lâcher. "Je t'aime". Ce mot me retenait.

Mais à qui parlais-je ? C’est la question qui me hante, maintenant que je suis redescendue et que je marche dans cette ville trop nordique pour être jamais joyeuse.

J’ai appelé Mickaël et Michel, mes deux archanges d’Amiens. Ils étaient justement ensemble au fond d’une brasserie, attablés devant une spécialité picarde et des bières belges.

Ils ont ri, blagué, toujours aussi bêtes, toujours aussi bons.
Mickaël m’a dit : tu parlais de Katharina.

J’ai raccroché rapidement. Je me suis demandée si c’était vrai le plus objectivement possible. En clair, où que je scrute ma conscience, je hais Katharina. Je la respecte, je l’admire, je la trouve belle - mais je la hais.

(...)

Et quand j’y repense je pleure presque, je hante la ville si triste (comme toutes les villes du Nord) où je ne sais même pas pourquoi j’habite, et je t’en veux de nous avoir rassemblées un jour au 13 boulevard du Montparnasse, pour une soirée qu’il fallait faire semblant de trouver sympathique et qui était à vomir. D’ailleurs, j’avais vomi dans la rue en rentrant chez moi”.

 

Siobhan

 

 

Je rappelle que la relation entre Siobh et Katharina a déjà ébranlé AlmaSoror... ICI.

Un ami lecteur avait alors posté ce commentaire éclairant : "Lontemps après le temps des déchirures, restent les morsures de l'incendie intégral. Comme une biographie à rebours et marquée dans la chair". Merci, toi qui signas Habitant d'Insomniapolis et qui fit partie de notre éphémère Club d'alors...

 

jeudi, 10 décembre 2009

figures célestes

 

Nous créâmes la rubrique deltaplane puisque après Laurent Moonens et ses mathématiques pétillantes et réflexives, après Sara et ses mélanges de littératures, après Axel Randers et ses maladives saines révoltes, après tant d’autres qu’on retrouve dans ce dédale flou de pages virtuelles, Siobhan H accepta de nous rejoindre et de cracher des mots sur la seule activité qui remplit son coeur de joie : le vol libre en deltaplane.

 

Prague, du pont.jpg
photo de Sara

 

 

Je veux vous dire aujourd’hui qu’il n’y a aucune différence entre le vol en deltaplane et la chorégraphie. Nous sommes les créateurs de danses fabuleuses, nous sommes les créateurs de peintures mouvantes du corps dans l’espace. Nos solos chorégraphiques s’imaginent en marchant sur les routes et se réalisent dans le ciel, aux bras de notre deltaplane avec lequel nous faisons corps. 

La danse en solo est libératrice d’une énergie intangible. On ne sait qu’elle existe avant de l’avoir expérimentée ; on l’oublie presque après. La danse est une énergie qui n’existe qu’à partir du moment où on l’actionne, en esquissant un premier pas. On peut continuer les pas, les gestes, même artificiellement, jusqu’à ce qu’une possession ait lieu dans le corps, ou plutôt une passassion de pouvoir : la tête renonce et cède ses droits aux inspirations du corps. 

Je ne danse jamais sur terre : je ne danse qu’en deltaplane, loin des regards. J’improvise des chorégraphies auxquelles je donne des titres. Certaines n’ont lieu qu’une fois et tombent dans l’oubli. Comme les chansons qu’inventent les enfants et qu’ils oublient dès qu’ils cessent de chanter. Un air et des mots nés pour un moment, et morts quand ce moment s’en est allé. D’autres chorégraphies se construirent dans la longueur. Il me faut plusieurs vols pour comprendre ce que je veux dire en mouvements et dessiner ainsi un solo structuré, que j’accomplis jusqu’à ce qu’il soit parfait. J’atteins une telle précision que je regrette que personne n’assiste à ces ébats célestes, j’imagine un moyen de transcrire ces vols chorégraphiques - ou danses volées, danses célestes, comment les appeler ? - afin que des deltaplanistes puissent les reprendre et les accomplir à leur tour, chacun selon un style personnel.

L’écriture céleste est à ses débuts. Peut-être arriverons nous à un art, à des ballets diurnes ou nocturnes, où des gradins surélevés et meublés de longues vues  accueilleraient un public vaste et respectueux, comme à l’opéra, amoureux des figures tracées dans le ciel par ses héros volants. 

Il me semble que le deltaplane n’est pas encore né : il est entrain d’être conçu, et se révèlera au monde comme un art divin, un jour du XXI ou du XXIIème siècle.


Siobhan Hollow

 

mercredi, 04 novembre 2009

Vol libre & planantes guitares fjordiennes

 13, le jardin.jpgphot Sara

 

 

Ces derniers temps, je ne m’envole plus sans Terje Rypdal et Heinrich Shütz. Les musiciens rendent les vols très différents. Avec les sept paroles du Christ en Croix, de Shütz, enregistré par l’ensemble Clément Janequin, je plane d’une façon si nouvelle que j’oublie tout quand je redescends. 

Les autres vols, ceux qu’accompagnent Odyssée, de Terje Rypdal, sont des vols entièrement planés, d’une planance plus traditionnelle. Les montagnes et le ciel se mélangent et chantent ensemble les vents lointains de Norvège, là où j’irai un jour, en deltaplane, sans m’arrêter, un jour où le vent sera fou et les humains qui surveillent occupés à autre chose. 

Bien sûr, mes idéaux chorégraphiques évoluent avec ces deux disques. Odyssée me fait accomplir de lents enchaînement très déployés dans l’espace, avec des tiraillement fébriles aux encoignures des virages. Les sept paroles du Christ en Croix sont plus monumentales et mes figures aussi, plus classiques et très épiques.
 

Je ne redescends jamais tant que le disque n’a pas fini d’écouler toute sa musique. Je ne parle à personne de ces vols à haute intensité musicale : inutile, les moments forts sont toujours indescriptibles. Je m’interroge sur la sensation : doit-elle prendre toute la place dans ma vie ?
 


Siobhan Hollow

 

jeudi, 29 octobre 2009

Deltaplane

 

scala 22 mer.jpg

 

 

Je t'aime deltaplane. J'aime ton coeur et tes ailes et ta façon de m'emmener dans le ciel, comme j'en rêvais encore enfant. 
J'aime cette idée que c'est toi qui m'emmènera pour le dernier voyage, quand je serai fatiguée. J'aime l'idée que les routes que tu empruntes sont vides, vides de tout sauf d'air. J'aime le fait que tu n'empruntes pas de routes : tu les créees et ton sillage meurt dans l'instant.

Et dans deltaplane il y a delta et il y a plane. La lettre de la liberté et le repos des oiseaux, des méditants et des drogués. 

Petite, je rêvais des chevaux sauvages de la Camargue. Et puis j'ai compris qu'il n'y a plus de chevaux sauvages, là-bas. Alors j'ai changé de rêve.
Avant je rêvais que les grands garçons m'emmeneraient sur leurs motos avec leurs casques pour déchirer la ville. Ils ne sont pas venus.
Ensuite j'ai rêvé que les grands filles de l'autre ville m'emmèneraient sur leur planche à voile et que nous traverserions les océans. Elles sont parties sans moi.

Personne ne venait pour m'emmener et les années passaient. Alors j'ai rencontré le deltaplane. 

Ne t'impatiente pas, Deltaplane, je sais que tu m'attends.

Nous serons comme vous, grands oiseaux. Amoureux du vol libre, loin des avions et des voitures.

Siobhan Hollow

vendredi, 23 octobre 2009

Lancement de la rubrique Vol Libre : hymnes au deltaplane


Nous créons la rubrique deltaplane puisque après Laurent Moonens et ses mathématiques pétillantes et réflexives, après Sara et ses mélanges de littératures, après Axel Randers et ses maladives saines révoltes, après tant d’autres qu’on retrouve dans ce dédale flou de pages virtuelles, Siobhan H accepte de nous rejoindre et de cracher des mots sur la seule activité qui remplit son coeur de joie : le vol libre en deltaplane. 

Bastia 1.jpg



Oui, d’accord, je vais envoyer des posts sur le deltaplane pour le blog AlmaSoror. Vous pourrez mettre mon nom, pas ma photo. Oui, je t’emmenerai un jour en vrai, mais pour l’instant je t’emmène en littérature, à travers mes vols si libres que j’en oublie mon nom, mon sexe et mon vrai métier.

Oui j’aime cette idée de littérature du ciel. Il y a eu bien sûr Saint Exupéry et son vol de nuit, Saint-Exupéry et son Courrier Sud, Saint-Exupéry et son petit prince (mais là, c’était un littérature de la panne, pas du vol), et il y a eu un peu Kessel qui racontait l’histoire de Jean Mermoz qu’on a lus toutes les deux. Mais maintenant dans AlmaSoror il y aura de la littérature deltaplanique, deltaplanesque, deltaplanante. Surtout deltaplanante. Et je voudrais aussi qu’on fasse de la musique deltaplanante, comme certains font de la musique surf. Et tout cela doit rester libre et aléatoire, comme les vols du samedi après-midi, par tous les temps et par toutes les saisons. 
 

Tu en auras au moins un tout les quinze jours, un post, et je te l’enverrai par mail comme celui-là, si tu dis oui.

Je ne parlerai pas tout de suite de l’Irlande, mais ça reviendra, parce que ça revient toujours en plein vol, en pleine figure. 
 

Tu auras bien sûr à lire des choses dont on a déjà parlé, avec des noms qu’on connaissait toutes les deux ou qu’on s’est fait connaître, comme Terje Rypdal et Heinrich Schütz, Nils Petter Molvaer (Alone in the bathtub) et Jodi Cobb, le souvenir d’une peinture d’Alain Gauthier exposée il y a quelques années à la galerie l'Art à la page, rue Amelot, et l’avenir des peintures à venir, puisqu’il reste des pinceaux dans les ateliers des copains.

Mais surtout tu entendras parler de la littérature gaélique, parce que ses mots m’emportent autant que la voile et le delta. 
 


Je te parlerai de danse puisque les hommes-oiseaux dansent dans l’air et créent des chorégraphies infilmables, pourtant inoubliables. Tu auras des vols de l’aube et des vols nocturnes, des vols d’hier et des vols pas encore osés, des vols d’hiver et de printemps. 
 

Le souvenir des enfants et de la Saint-Patrick, du premier séjour en Bretagne. Mais la seule chose dont je ne parlerai pas, c’est du premier vol long en solitaire. Cela ne concerne que moi et chacun comprendra. 


S.H.