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Poésie

Venise

Venise

À Venise qui choit dans la lagune
J'ai oublié mes rêves américains
J'ai pleuré à minuit sous la lune
En froissant de longs doigts dans mes mains

J'ai eu peur de ces êtres qui passent
Et vous marquent la peau de leurs dents
J'ai toujours fui les nuits où l'on chasse
Un fantôme à étreindre un moment


Pourtant, loin des immenses déserts
Que traversent des villes géantes,
J'ai aimé sous un vieux lampadaire
Un garçon vénitien de vingt ans


Et je traîne la mémoire ardente
De ville en port, de forêt en dune,
Le souvenir d'un halo de lune
D'un frisson dont renaissent mes trente ans



À Venise qui choit dans la lagune
J'ai oublié mes rêves américains
J'ai frémi à minuit sous la lune
En froissant de longs doigts dans mes mains


Édith de Cornulier-Lucinière