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Poésie

Les sœurs douloureuses

Les sœurs douloureuses

Minuit dans le hangar ! et nos sœurs douloureuses
S’avançaient à genoux, fuyant la paille en feu.
La nuit de la Saint-Jean s’achevait malheureuse.
Qu’avions-nous fait, Seigneur ? de terrible à tes yeux.

Amis, Ô survivants ! Il fallait fuir. La lune,
Masquée de brume grise éclairait nos adieux.
Moi, je me retournai depuis la haute dune,
Pour un dernier regard aux frères malchanceux.

Ils étaient morts déjà. Seules les sœurs en lutte
Rampaient hors de la grange et leurs cris silencieux
Sonnaient comme un remord qui titille et percute
Comme je cheminais à rebours sous les cieux

De fonte. Savaient-elles au milieu de leur mort,
Qu’elles mouraient ? Bien sûr ! Et ces anges précieux
S’étonnaient en douleur de la frontière hardcore
Qui séparait nos vies de leur départ affreux.

Fêtes de la jeunesse, à ceux qui vous survivent,
Vous ressemblez parfois à de douces chansons.
Mais les anges qui sombrent et se noient sur vos rives
Sont le tribut payé par la génération.

Nous étions trente gars, trente filles en fleurs
A la dernière fête estivale de l’an.
Nous étions quinze gars, quinze filles en pleurs
Au village le jour du grand enterrement.

Edith de CL, juillet-août MMX