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Poésie

Abattoir

Abattoir

C’est drôle et c’est bien de se revoir
De se rappeler quelques histoires
De boire des bières et de mentir
Sur ce qu’on a bien pu devenir
On ne parle pas de l’abattoir

La lumière est belle ce matin
Tu parles un peu trop tu ne dis rien
La belle amitié qui nous liait
S’est effondrée ce jour de juillet
Après l’arrêt près de l’abattoir

On revenait de Rouen pour bosser
On s’était arrêtées pour pisser
Ce fut toi qui crias la première
Tu ne buvais pas autant de bière
Avant l’histoire de l’abattoir

C’est bon de t’avoir à mes côtés
C’est drôle on se retient de pleurer
Le vent de la vie s’est arrêté
On s’aimait si fort avant l’arrêt
Près du bâtiment de l’abattoir

On a regardé quelques instants
Les veaux hurler silencieusement
Se tordre de peur et de détresse
J’ai beaucoup regretté ta tendresse
Depuis cette histoire d’abattoir

Nous avons trop bu c’est évident
La lumière est belle ce matin
On voudrait se dire : maintenant
Tout s’efface et l’amitié revient
Je sais que tu penses à l’abattoir

Le tapis roulant roulait sans cesse
Les têtes tombaient les yeux des veaux
Tordus d’effroi reviennent sans cesse
Comme un marteau frapper mon cerveau
On a couru loin de l’abattoir

C’est drôle et c’est triste notre histoire
Tu es restée mon amie de cœur
Je reconnais jusqu’à ton odeur
Malgré les années qui nous séparent
Malgré la scène de l’abattoir

J’ai conduis la voiture en pleurant
J’ai conduit la voiture en souffrant
Nous avons parlé de l’abattoir
Je n’ai pu calmé mon désespoir
Et ce fut la fin de notre histoire

Tu disais : c’est des vaches, c’est rien
Il y a eu la tension sur la route
Il y a eu mes sanglots et mes doutes
Ton éclat de rire et puis plus rien
C’est drôle et c’est dur de se revoir.

Edith de CL, 1998