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Tes yeux gris mon amour embellissaient les lieux ;
Je marchais sous leurs feux dans les rues, sur les places,
Tu les gardais ouverts pour que rien ne s’efface…
Oui, j’ai vécu ainsi, maintenue par tes yeux.
Ta main mon amour gris calmait l’angoisse folle,
Celle des solitudes et des peaux de chagrin,
Des rêves avortés, des années qui s’envolent…
Longtemps mon bel amour j’ai vécu par ta main.
Tes baisers ma chérie réchauffaient mon visage,
Et fondaient mon métal tels des rouleaux de lave ;
Tu les laissais durer un siècle ou davantage…
Je vivais au tempo de ces assauts suaves.
Ta présence mon cœur était ma survivance,
Et j’aimais cet exil sous ton tropique étrange.
Et pourtant cette nuit, où tout, en une instance
Grise comme tes yeux, dévia… je vis ta fange.
Je n’ai oublié ni la chute, ni la fin :
La caresse glacée, la morsure cruelle,
Ma voix déshabillée, tes adieux soudains,
Et l’aube-solitude hors de ta citadelle.
Depuis, j’ai dû mourir mille fois mais les larmes
Ne reviennent jamais embellir mes miroirs.
Je marche dans la foule avec pour seules armes,
Un pas raide et des yeux cracheurs de rayons noirs.
Tes yeux gris mon amour brillent au fond des miens,
Et tes douces paroles accompagnent mes nuits.
Tu disais, nous aurons cent mille lendemains,
Et le temps nous rendra chaque jour qui s’enfuit.
Ta main mon amour gris calme encore la mienne
Et tes mots pacifiés reviennent me sauver.
Tu venais à l’appel, et disais qu’une peine
N’a de valeur qu’à moins de servir la beauté.
Le souffle court, le cœur malade, saccadé,
Je marche par les champs, les bois et les cités,
Par toutes les saisons, de l’aurore à l’aurore…
Malgré tes habits bleus du jour de ton départ,
Je te cherche toujours, avec l’ultime espoir
De te dire, un instant : attends ! Je t’aime encore.
Edith de Cornulier Lucinière
(décembre 2002)
fini d'écrire au Café Leffe, montparnasse