jeudi, 03 janvier 2013
Gange
C'est amusant d'aimer quelqu'un et de ne pas pouvoir dire "quelqu'un" en parlant d'elle, parce que tout le monde rirait beaucoup.
C'est étonnant de contempler un visage et de deviner que le mot "visage" paraitrait ridicule à la plupart des gens.
C'est stupéfiant de partager de grands moments d'enthousiasme et de tendresse, et de penser que les gens pensent que l'autre n'éprouve pas de sentiments.
C'est renversant d'éprouver un deuil profond, déchirant, et de savoir que les gens trouvent cela ridicule.
"Ce n'est qu'un chien !"
Tu n'était qu'une chienne. Tu n'étais que ma meilleure amie. Tu n'étais que mon autre soeur. C'est pourquoi, dix ans après, tu n'es que mon meilleur souvenir ! Merci à toi, belle étrangère. C'est vrai que tu étais canine, trop canine. Mais moi j'étais humaine, trop humaine. Et nous étions ensemble, très ensemble, sur cette route qu'on appelle la vie et qu'on quitte un beau jour, pour toujours.
Quand je ferme les yeux, au cours d'un dîner, dans un restaurant de la ville, un fantôme passe : tu cours dans le bois loin devant, tu me regardes pour vérifier que je te suis. Quand je rouvre les yeux, je fais semblant de penser à des choses "importantes".
Edith CL
(photo de Gange par Sara)
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dimanche, 30 décembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Un appareil d’anesthésie innovant
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Un appareil d’anesthésie innovant
J’ai pu visiter, en Bretagne, le premier abattoir de volailles français à s’être équipé d’un appareil d’anesthésie à CO2. Il en existait déjà pour les porcs, mais ils étaient souvent décriés à cause du stress qu’engendre ce genre de machine. En effet, il existe des fosses à CO2 où, pour y entrer, les porcs doivent être convoyés dans une nacelle (sorte de cage métallique) qui descend dans une fosse à plusieurs mètres. L’enfermement et la descente sont source de peur pour les porcs. De plus, le manque d’oxygène provoque chez eux une panique et des convulsions respiratoires.
Avec ce nouvel appareil, les volailles sont anesthésiées en douceur sans aucun stress. C’est le premier abattoir en France à s’être doté de ce matériel d’anesthésie à CO2 appelé CAS (Controlled Atmosphère Stunning). Le système d’anesthésie par atmosphère contrôlée permet d’obtenir un évanouissement des volailles sans aucune convulsion. La durée du passage des volailles dans l’appareil est d’environ 3 minutes. L’ensemble pouvant fonctionner à un rythme de 500 à 18 000 bêtes par heure. Dans cet abattoir, la suspension des volailles vivantes, par les pattes, accrochées sur une longue chaîne, a disparu. C’est également le cas de l’immersion de la tête dans un bac à électrolyse qui permettait, par un choc électrique, d’étourdir les volailles, mais souvent, celles qui avaient relevé la tête n’étaient pas étourdies, et étaient donc saignées conscientes.
L’installation répond à une demande de l’abattoir qui visait à l’origine l’amélioration de la qualité du « produit » abattu et transformé. C’est plus tard que les dirigeants se sont rendu compte des avantages que cet appareil présentait en termes de bien-être animal. L’éventail des équipements s’étend de l’abattoir ou des camions jusqu’aux conteneurs de ramassage. Ces derniers sont plus faciles à remplir. Un système d’ouverture en tiroir a été étudié sur les casiers. Les risques de
blesser les animaux ont été réduits. Je tiens à préciser ici que nous restons dans un contexte industriel et que les volailles proviennent d’élevages intensifs. Il est permis de penser que si elles n’ont pas eu de belle vie dans leur milieu d’élevage, par cet appareil elles ont une mort moins cruelle en comparaison d’autres abattoirs de volailles où elles sont suspendues par les pattes sur de longs rails.
Les camions de ramassage ont été modifiés. Ils comprennent 22 conteneurs de 8 casiers chacun, composés d’un système de tiroir et de canaux pour l’écoulement des fientes et des ouvertures pour l’aération. Les casiers ont été conçus afin que les ailes et les pattes ne restent plus accrochées dans les ouvertures. À l’abattoir, les conteneurs sont déchargés très rapidement à l’aide d’un chariot élévateur qui les déplace un par un. Les conteneurs sont déposés dans une zone d’attente afin de laisser les volailles se reposer. L’attente recommandée est de 1h 30 à 2h. Dans cet abattoir, la lumière sera réduite et un ventilateur plus puissant sera mis en place.
Vidange des conteneurs : après un temps de pause, les conteneurs sont de nouveau déplacés et posés délicatement sur un système de chaînes qui les emmènent vers « un poste de vidange ». Cet endroit s’appelle « unité de déchargement autonome ». Aucune main d’œuvre n’est nécessaire, tout se passe automatiquement. Un système de chaîne, muni de crans de blocage, évite que les conteneurs ne s’entrechoquent. Les coups et les secousses qui stresseraient et apeureraient les volailles sont soigneusement évités. Les conteneurs arrivent devant un caisson cloisonné afin d’y être déversés l’un après l’autre. Une inclinaison du conteneur, provoquée mécaniquement, permet de faire sortir les volailles et de les faire glisser à l’intérieur du caisson. L’inclinaison est progressive et la chute est douce. Les volailles tombent sur un tapis épais qui amortit le moindre choc. (J’ai testé le tapis en mettant mon pied à l’intérieur, il absorbait les chocs, ce qui n’empêche pas que les volailles aient peur d’atterrir dans ce caisson.
Les ouvertures des grilles qui composent les casiers des conteneurs sont étudiées afin qu’aucune patte ni aile ne soient coincées. Ainsi, les casiers peuvent se vider sans que des volailles restent accrochées aux parois. Par sécurité, la présence éventuelle de volailles est détectée par des capteurs de mouvement qui effectuent une vérification du conteneur. Le cas échéant, il s’immobilise et une alarme avertit de la présence d’une bête. Le conteneur à vide continue son chemin vers un poste de nettoyage automatique. Il en ressort propre et prêt à être chargé pour un autre voyage.
J’en viens maintenant au poste d’anesthésie. Le tapis à l’intérieur du caisson entraîne les volailles à petite vitesse sur un autre tapis perpendiculaire au premier. Celui-là les dirige vers le tunnel d’étourdissement. Ce tapis reste à améliorer, car les volailles glissaient légèrement sur leurs pattes en tentant de reprendre leur équilibre. Le responsable m’a assuré que l’amélioration de ce tapis était en cours et qu’il allait être changé. L’anesthésie des volailles est relativement bien étudiée. Elles entrent et sortent dans le tunnel en restant sur le tapis toujours en mouvement.
L’anesthésie se déroule en deux temps : une première phase d’une minute en hyper-oxygénation. Oxygène + du CO2 à 30% où elles sont rendues somnolentes et inconscientes. Une deuxième phase de 2 minutes où, inconscientes, elles respirent du CO2 à 80%. Cette phase est irréversible. Après cet étourdissement, elles ne se réveillent plus en raison d’une mort cérébrale. Le cœur, lui, continue de battre. Des études ont démontré que si elles respiraient directement le CO2 sans l’oxygène, elles s’agiteraient et seraient dans un état de panique. Tandis qu’avec le passage d’une minute en oxygène, elles ne se débattent absolument pas pendant l’arrivée du CO2. Ce système permet donc d’éviter l’affolement, toute souffrance et, au bout du tunnel, une mort sans stress.
Accrochage et saignée. Les volailles sortent du tunnel par le tapis, et tombent dans un bac circulaire en inox disposé en forme de carrousel mobile. Des employés saisissent les volailles par les pattes et les accrochent sur un rail qui les emmène vers un poste de saignée automatique. Je n’ai vu aucune volaille réveillée lors de la saignée.
Une personne contrôle l’état des volailles à l’entrée du tunnel. Celles qui sont déjà mortes, celles qui sont en mauvais état, et celles qui n’ont pas la taille standard sont retirées et jetées dans une poubelle à côté du poste. En principe, les volailles sont tuées avant d’être jetées. Cependant, et c’est un des bémols de cette visite, j’ai aperçu un poulet vivant dans la poubelle. Je l’ai signalé au responsable qui a demandé à l’employé de le tuer. Ce dernier l’a saisi par le cou et a exercé une torsion pour le briser. La dislocation du cou est autorisée pour la mise à mort des volailles à usage gastronomique traditionnel reconnu selon l’annexe IV point 4 de l’arrêté du 12 décembre 1997 relatif aux procédés d'immobilisation, d'étourdissement et de mise à mort des animaux et aux conditions de protection animale dans les abattoirs.
Cependant, son application est subordonnée à l’étourdissement préalable des animaux. Il serait préférable, pour que les volailles refusées aient également une mort sans douleur, de leur apposer un signe distinctif, comme un élastique rouge autour du cou, de les laisser passer dans le système et de les enlever à la sortie du tunnel, une fois qu’elles sont mortes après respiration du CO2.
Bien que ce matériel et son installation aient un coût élevé, l’anesthésie des volailles pratiquée avec ce nouveau système le rend à mes yeux très concluant. Le déchargement des camions est effectué avec douceur, les conteneurs sont manipulés sans brutalité. Ils sont vidés automatiquement, sans contact physique, sans attraper les ailes ou les pattes des animaux (comme cela se pratique dans les autres abattoirs) et dans une sorte de calme continu. Un tapis roulant achemine les volailles à petite vitesse, mais permet d’en réguler un grand nombre. Cela est préférable à la suspension des volatiles en pleine conscience par les pattes, les obligeant à se débattre sur de longues distances jusqu’au poste d’abattage. Le directeur lui-même reconnaissait que le système antérieur était plutôt cruel (et dire qu’il en reste beaucoup en fonction !). Les conditions de travail du personnel sont également améliorées.
Enfin, l’anesthésie comprend une première phase de somnolence, par l’apport d’oxygène, ce qui empêche les volailles de s’agiter et d’être apeurées en recherchant de l’air. Le CO2 intervient en deuxième phase et les endort définitivement, mais toujours en douceur. Lors de la suspension et de la saignée, elles ne ressentent plus rien, car sur le plan cérébral, elles sont déjà mortes. Le cœur continue de battre et la saignée s’effectue sans problème. Ce système devrait être étendu aux autres abattoirs de volailles, palmipèdes, lapins…. Il serait également souhaitable d’étendre ce système d’anesthésie aux abattoirs de porcs et notamment dans les abattoirs industriels. Les systèmes actuels et les appareils à CO2 existants apeurent terriblement les animaux et les mettent même dans un état de souffrance.
Alors, au risque de choquer ceux qui sont pour l’abolition des abattoirs (qui n’interviendra que lorsque les consommateurs cesseront de manger de la viande, ce qui ne serait pas pour me déplaire), je recommande vivement ce nouvel appareil aux responsables d’établissements d’abattage.
Bovin déchargé mort loin des quais d’un marché à bestiaux…
Phot Jean-Luc Daub
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dimanche, 23 décembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : La crise de la vache folle et les veaux de la Prime Hérode
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
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Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
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La crise de la vache folle et les veaux de la Prime Hérode
Je voudrais évoquer maintenant le cas des bovins qui ont fait l’objet de destruction massive lors de la maladie de la vache folle, ne serait-ce que pour leur rendre hommage et afin de ne pas les oublier si vite. Si elle a permis au consommateur de découvrir enfin les coulisses de l’élevage, la crise de la vache folle a envoyé au bûcher des millions de bovins. L’incinération des bovins, par principe de précaution (enrayer la maladie) permettait surtout de rassurer le consommateur.
Vache déchargée morte sur un tas de fumier d’un marché à bestiaux.
Phot Jean-Luc Daub
La consommation de viande bovine était en baisse. Un déclin économique se fit sentir. L’Union Européenne décida de racheter des millions de vaches laitières et de vaches allaitantes. Une prime était versée à l’éleveur qui envoyait à l’abattoir des animaux en bonne santé, et qui finissaient à l’équarrissage. De même, les troupeaux suspectés de comporter un cas d’Encéphalite Spongiforme Bovine finissaient d’office, tout entiers, en tuerie organisée dans le cadre d’un abattage systématique, puis étaient envoyés sur un bûcher (tout cela, loin des journalistes, sur des lieux bien gardés par nos gendarmes).
L’Encéphalite Spongiforme Bovine est une maladie incurable qui entraîne la mort de l’animal porteur, après une atteinte dégénérative du système nerveux central (cerveau, moelle épinière). La période d’incubation est assez longue, en moyenne 5 ans.
Les premiers cas d’ESB ont été rapportés officiellement en 1985 au Royaume-Uni. Dans ce pays, ce fut le début d’une importante épidémie chez les animaux. Plus de 184 000 cas ont été recensés. En France, alors que la maladie sévissait aussi, les premiers cas furent déclarés en 1991 : au total 978 cas d’ESB furent confirmés début février 2006. Une possible contamination entre l’animal et l’homme par la voie alimentaire fut déclarée. Connue depuis 1920, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, similaire à l’ESB à bien des égards, n'était pas une maladie nouvelle chez l'homme. C’est une forme de démence incurable qui apparaît, en général, chez des patients âgés de 60 à 65 ans. Depuis 1996, au Royaume-Uni, 159 cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob ont été constatés chez l’homme. En France, 14 personnes sont mortes de cette maladie. Les causes de la propagation de l’ESB au Royaume-Uni ont rapidement été circonscrites. Le lien fut établi entre l’incorporation, dans les compléments alimentaires des bovins, de farines de viande et d’os contaminés par l’agent de l’ESB, et la rapide diffusion de la maladie dans le cheptel bovin. L’abattage systématique de tout le troupeau dans lequel une vache manifestait les symptômes de la maladie a été mis en place. Le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation britannique avait pris la décision d’interdire de nourrir les bovins avec des farines d’origine animale le 18 juillet 1988. Par contre, les exportations de ces mêmes farines animales dites contaminées restaient autorisées. Et quels sont les pays qui, tout en n’ignorant pas le problème de l’ESB du Royaume-Uni, continuaient d’acheter et de donner allègrement ce « poison » aux animaux d’élevage ? Je ne citerai que le pays le plus proche, la France. C’est seulement en 1990, que la France interdit l’emploi des farines de viandes dans l’alimentation des bovins. Ce n’est que cette même année qu’éleveurs et vétérinaires furent obligés de déclarer les cas d’ESB sur le territoire. Et curieusement, ce n’est qu’en 1991 que le premier cas d’ESB fut déclaré dans les Côtes-d’Armor. Mais puisque les premiers cas ont été déclarés en 1985 de l’autre côté de la Manche, n’y en avait-il pas eu chez nous avant 1991 ? En 1994, les farines étaient interdites pour les autres ruminants d’élevage. Et en novembre 2000 seulement, cette interdiction s’étendit à tous les animaux d’élevage dont nous consommons les produits. C’est pourquoi lorsque vous trouvez sur les produits une mention indiquant qu’il s’agit d’animaux issus d’élevage intensif (c’est le cas pour les œufs de batterie où il est mentionné « animaux nourris avec de l’alimentation 100 % végétale »), on vous fait croire à l’honorabilité d’éleveurs, alors que finalement cela leur a été imposé par la loi. Le choix de donner des protéines animales était volontaire en raison du prix, proposé par les firmes, moins élevé que celui des protéines végétales (qui constituent pourtant la base naturelle du mode alimentaire des vaches). Savez-vous que dans les farines animales qui étaient données aux animaux d’élevage provenaient du traitement des cadavres de chiens et de chats morts sur les routes ou euthanasiés chez le vétérinaire ou à la SPA, de vaches ou de cochons morts de n’importe quelles maladies, enfin de tout type de cadavre transformé en farine animale et « recyclé » en alimentation animale ? Actuellement, tous les bovins âgés de 24 à 30 mois entrant dans la chaîne alimentaire subissent un test rapide de dépistage de l’ESB à l’abattoir. Si des carcasses testées se révèlent contaminées par l’ESB, elles sont obligatoirement détruites par incinération. Ce qui veut dire qu’après avoir laissé s’écouler des stocks de farines potentiellement contaminées par le biais des fabricants d’alimentation pour animaux d’élevage, les précautions pour rassurer le consommateur et relancer les ventes des produits carnés ont été soigneusement mises en place. Ce fut également le cas des dispositions sécurisantes. Le coût de cette surveillance sanitaire est supporté par les consommateurs et par l’Etat (donc le contribuable), et cela même si vous êtes végétarien !
Sans l’ESB, les vaches mangeraient encore aujourd’hui des farines de viandes, tout comme les cochons et les poules...
Retenons que l’interdiction des farines animales pour tous les ruminants a été mise en place en Grande-Bretagne dès juillet 1988, alors que cette interdiction n’a eu lieu en France qu’en juillet 1990, et seulement pour les bovins. Ceci fut étendu à d’autres animaux, en décembre 1994, mais seulement pour les ruminants (soit 8 ans après la Grande-Bretagne). L’interdiction des farines animales pour l’ensemble des animaux de rente date en Grande-Bretagne de mars 1996, en France de novembre 2000. Le retrait des SBO (abats spécifiques des bovins) a été mis en place en Angleterre et au Pays de Galle dès novembre 1989 à cause de la possible transmission de la maladie à l’homme. Ce n’est qu’en août 1996 que la France a retiré les MRS (Matériaux à Risque Spécifique, « certains abats »), ainsi que les cadavres d’animaux de la fabrication des farines animales. Les cochons, les poules pouvaient encore être nourris avec de la farine qui n’intégrait plus les cadavres d’animaux (vaches mortes, chiens et chats). Ce n’est qu’en novembre 2000 que les farines animales furent interdites à l’ensemble des animaux de rente. Les ministres de l’Agriculture et de la Santé ont mis du temps à appliquer le principe de précaution. La même chose se produit pour les pesticides dans notre alimentation, ils sont reconnus néfastes pour notre santé, ainsi que pour l’environnement, et pourtant le principe de précaution n’est toujours pas mis en place. Seule une réduction de la moitié de leur usage est en projet pour… 2018 ! Seront aussi retirés du marché (progressivement…) ceux qui sont reconnus les plus dangereux et dont les agriculteurs sont les premières victimes ! Le tout, dans le respect de la compétitivité de notre agriculture, ainsi que l’annonce le site Web du ministère de l’Agriculture.
« L’annonce, en mars 1996, par les autorités britanniques, de la possible transmission à l’homme de l’ESB déclenche la première grande crise sanitaire pesant sur la consommation de viande des ménages. Elle est le point d’orgue d’une forte hausse de défiance, depuis la révélation concernant le rôle des farines animales dans l’ESB et leur interdiction en juillet 1990 dans l’alimentation des bovins »1. Mais ne vous inquiétez pas, le retour des farines animales est discuté au sein de la Commission Européenne. Pour les éleveurs, l’intérêt est économique, et il ne semble pas qu’ils soient opposés au retour des farines animales si l’on en juge par les propos, parus dans le Figaro du 25 février 2008, du président de la Fédération des industries avicoles : « Ces derniers temps, le prix du blé a augmenté de 150 % et celui du soja a doublé ». Pour eux, ce type de farine serait une source de protéines à bon marché pour compléter les rations alimentaires des animaux. Les résultats de ces recherches et palabres seront connus dans le courant de l’année 2009. Point sécurisant annoncé, les porcs mangeront de la farine de volailles, et les volailles de la farine de porcs. C’est un exemple. Ce qu’il faudrait, c’est interdire la vente de produits, carnés notamment, venus de pays extérieurs à l’Union Européenne. C’est vrai qu’il y a un manque d’équité de ce côté-là. Mais la France, pour l’instant, est contre la réintroduction de ces farines dans l'alimentation animale. Cependant, il n'y aurait eu que deux cents cas de bêtes touchées par l'ESB l'an dernier en Europe. Le nombre de cas serait en diminution d'environ 40 % tous les ans, d’après les experts de la Commission européenne. Donc, attendons-nous au retour des farines animales.
L’Europe produirait chaque année 16 millions de tonnes de déchets bruts animaux. Avant la crise de la vache folle, ils étaient recyclés dans l’alimentation animale et représentaient un marché de 500 millions d’euros. Alors qu’aujourd’hui, leur destruction coûte annuellement environ 1 milliard d’euros2. Le problème ne se poserait pas si tout le monde était végétarien. Qui plus est, l’économie réalisée sur les dépenses qu’occasionne la destruction des farines permettrait de nourrir un grand nombre de personnes défavorisées, ou d’apporter de l’aide aux pays où la famine sévit.
Revenons aux veaux qui ont également été victimes de la crise de la vache folle. En 1996, à cause de l’ESB, les autorités européennes mettaient en place une subvention accordée aux éleveurs qui envoyaient leurs veaux de huit jours et plus à l’abattage et à l’équarrissage. C’était la « Prime Hérode », du nom du gouverneur romain qui ordonna le massacre des jeunes enfants à l’époque de la naissance du Christ. Quel symbole !
La prime d’abattage de 754 francs (115 euros) par veau de moins de 20 jours était versée jusqu’en 1999. Elle avait été mise en place pour retirer un grand nombre d’animaux du marché. Il s’agissait de limiter les excédents dus à la baisse de consommation pendant cette crise de la vache folle. Notons que la « prime Hérode », instituée en 1996, ne profita guère aux producteurs nationaux, puisque la moitié des veaux alors abattus était d'origine étrangère, ce qui laisse sous-entendre que ces petites bêtes subissaient de longs transports, parce qu’elles étaient cherchées par des grossistes dans les autres pays. La « prime Hérode », de 1996 à 1999, a encouragé la destruction pure et simple de 2,8 millions de veaux européens et a rempli les poches de certains marchands et responsables d’abattoirs.
Rappelons que c’est grâce aux soi-disant professionnels que nous avons connu la maladie de la vache folle, car il a été permis de donner des farines animales provenant de carcasses ou de déchets d’animaux aux vaches pourtant herbivores.
Considérés comme des sous-produits dans le système de production, plusieurs millions de veaux de huit jours et plus ont été tués pour rien. Ils étaient éliminés pour rétablir l’équilibre économique ébranlé par la baisse de consommation de viande bovine.
Certains faisaient des trajets en camion sur de très longues distances, puisqu’ils pouvaient venir d’autres pays de l’Union (qui ne voulaient pas pratiquer cet abattage) pour être abattus en France. Souvent, le voyage était fatal à ces très jeunes veaux à cause du temps de trajet trop long, du manque d’alimentation et d’abreuvement.
Dans ce cadre, un abattoir en France les tuait de façon horrible. Des images avaient été tournées par un journaliste allemand. Elles avaient été diffusées au journal télévisé. Le journaliste avait embarqué avec le chauffeur d’un camion qui transportait des veaux de moins de huit jours en provenance d’Allemagne qui devaient être abattus en France. A l’abattoir, en caméra cachée, il avait pu filmer la mise à mort des veaux qui arrivaient en si grand nombre que le pistolet à tige perforante, appliqué sur le crâne des veaux, surchauffait. Le rythme de son utilisation, à la chaîne, était si intense (un veau derrière l’autre, toute la journée) qu’il en devenait brûlant. L’utilisateur ne pouvait plus le tenir, ni même remettre de nouvelles cartouches.
Un nouveau pistolet a alors été commandé pour effectuer des rotations, mais en attendant, au lieu de différer les abattages de veaux, on a continué à les tuer de façon monstrueuse. Pour cela, les employés utilisaient les crochets (qui servaient d’ordinaire à la suspension des carcasses par une patte) pour frapper violemment sur la tête des veaux. Ces derniers perdaient plus ou moins connaissance, ils étaient ensuite jetés (encore vivants, car ils ne mouraient pas tout de suite) dans des bacs, les uns sur les autres. Les images montraient les veaux agonisants qui bougeaient encore, livrés à une mort lente.
Des pratiques qui surprennent. Comment en est-on arrivé là ? Les services vétérinaires qui se trouvaient sur place ne pouvaient-ils pas intervenir ? N’aurait-il pas été possible d’emprunter à un autre abattoir un pistolet à tige perforante ?
Pourquoi un animal, à partir du moment où il est décrété « sous-produit », sans grande valeur marchande, fait-il l’objet d’un manque de considération ? Que le petit veau fût en bon état ou non en arrivant à l’abattoir, peu importait : dans tous les cas, les 754 francs tombaient dans la poche.
Dans un autre abattoir, où je n’avais pas assisté aux abattages des veaux de la « prime Hérode », j’avais pu observer dans un camion immatriculé en Allemagne, les petits bébés des vaches qui étaient dans un état lamentable. Les différents trajets (le rassemblement et le regroupement en lots en partance de pays de l’Union européenne vers les abattoirs français) provoquaient la déshydratation et le mal-être des veaux. Certains étaient même déjà morts avant d’arriver. Enfin, ce n’était pas vraiment le trajet qui causait les souffrances, mais plutôt les éleveurs, les négociateurs, les transporteurs et les abatteurs qui en faisaient le commerce. Évidemment, pourquoi agir avec soin pour de petites bêtes destinées à l’équarrissage ?
Il était important pour moi de vous parler, même s’il n’a plus cours, de cet épisode misérable qu’ont vécu des centaines de milliers d’animaux.
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dimanche, 16 décembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : L’électronarcose par la pince électrique
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
L’électronarcose par la pince électrique
L’électronarcose est un procédé provoquant un évanouissement par un courant électrique qui traverse le cerveau. On procède à cet acte avant la saignée.
Le décret n° 80-791 du 1er octobre 1980 rend obligatoire l'immobilisation des porcs avant tout abattage ainsi que leur étourdissement avant leur suspension et/ou mise à mort, à l’exception des abattages d'extrême urgence ou rituels. Le premier décret à ce sujet est celui de 1964 obligeant un étourdissement avant tout abattage, sauf dans le cadre de l’abattage rituel. Ce décret a été pris sur la demande de Madame Jacqueline Gilardoni, qui avait créé une association qui œuvrait à l’assistance des bêtes d’abattoirs. Le sort réservé aux animaux d’élevage l’avait amenée à devenir végétarienne par amour et par respect des animaux.
Il existe trois méthodes couramment employées pour l’étourdissement des porcs : l’étourdissement au CO2 dans des fosses, l’étourdissement automatique au bout d’un Restrainer ou d’un Midas, et l’étourdissement à la pince manuelle. L’étourdissement électrique a fait son apparition dans les années 1920, le gaz dans les années 1950.
La méthode d’étourdissement par le gaz dans des fosses est source de souffrance, car les animaux sont conduits sur une nacelle qui les y descend. Cette première étape les apeure. Plus ils descendent, moins il y a d’oxygène, la panique s’empare d’eux, il s’ensuit la recherche de l’air, des convulsions, une suffocation et la perte de connaissance intervient alors seulement.
L’autre méthode plus efficace est l’utilisation d’un Restrainer ou d’un Midas avec un étourdissement électrique automatique. Dans le Restrainer, sorte de long tunnel, les porcs sont convoyés en étant coincés entre deux bandes latérales qui les entraînent vers des broches électriques. Dans le Midas, sorte de tunnel également, les porcs sont amenés vers les broches en étant transportés par le dessous. Lors du passage dans ce tunnel, des broches entrent en contact avec la tête et provoquent une électronarcose1. Parfois une plaque supplémentaire vient s’appliquer au niveau du cœur pour provoquer un arrêt cardiaque. Lorsque ces appareillages sont bien réglés, bien que ce tunnel soit une source de frayeur qu’atteste une augmentation du pH (niveau d’acidité dans les tissus musculaires) due au stress intense provoqué par toute cette mécanique, l’électronarcose, elle, est assez efficace et généralement radicale : les porcs perdent conscience. Toutefois, une synthèse technique rédigée à ce propos par l’Institut Technique du Porc relève que « les anesthésies électriques et au gaz restent imparfaites quant aux défauts engendrés sur les carcasses (points de sang, hématomes, fractures, baisse du pH) et laissent des incertitudes par rapport à la rapidité et la durée de la perte de conscience totale »2.
L’utilisation manuelle de la pince électrique, assez aléatoire, peut être pire. Son efficacité varie selon le passage du courant entre la bête et le sol, selon que l’animal a été aspergé d’eau ou non, selon l’endroit d’application de la pince par l’employé sur le porc, selon l’état d’entretien de la pince, et surtout selon son réglage (ampérage, voltage, temporisation…). La durée d’application est également importante. Elle varie en fonction de la présence d’une temporisation sur la pince. S’il n’y en a pas, elle est laissée à l’appréciation de l’employé, ce qui est trop aléatoire. Bref, tous ces éléments mettent en question son efficacité, sans parler d’un manque d’uniformisation des méthodes d’utilisation des pinces électriques manuelles ; c’est un problème que j’ai remarqué de nombreuses fois. Mes observations en abattoir corroborent les propos de l’Institut Technique du Porc : « Aujourd'hui encore, l'opération d'étourdissement n'a fait l'objet que de peu d'études dans quelques pays comme le Danemark, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni en Europe. En France, cela concerne le bien-être et la qualité des carcasses de plus de 26 millions de porcs abattus annuellement »3.
Avec une application, qui dure parfois plus de 25 secondes, d’une pince réglée à un voltage très bas, l’étourdissement s’apparente à une séance de torture à l’électricité. L’animal devrait subir un choc électrique instantané qui le plonge immédiatement dans un état d’inconscience afin qu’il ne ressente pas la douleur de la saignée. J’ai vu trop souvent dans plusieurs abattoirs une utilisation désastreuse de la pince. L’application doit être faite derrière les oreilles pour que le courant choque le cerveau. J’ai déjà vu l’application sur les épaules, sur l’arrière-train de coches, dans les yeux, ou sur le cœur. Dans un abattoir de Bretagne qui était en réfection, le système et la pince était si vétuste que les porcs hurlaient pendant l’application de la pince ; cela durait longtemps avant qu’ils ne s’écroulent. Dans d’autres abattoirs, la pince est appliquée si longtemps que l’animal est mis à mort par électrocution. Une enquête commandée par la commission Européenne (1989) et publié dans la revue Pig International (juin 1990) estime que 90 % des porcs sont tués par le choc électrique, les autres étant seulement étourdis. Cette enquête effectuée dans 39 abattoirs porcins et 12 pays a montré des variations considérables entre les voltages et ampérages pratiqués. Par exemple pour une intensité de 240 V (≈1,25 A), la durée d'anesthésie variait de 1-2 secondes à 12-16 secondes4.
La pince doit plonger dans un étourdissement brutal et sans douleur, et c’est la saignée qui doit provoquer la mise à mort. J’ai également vu des porcs si peu étourdis qu’ils étaient suspendus se débattant par les pattes ; ils étaient donc parfaitement conscients au moment de la saignée. Les porcs sont également souvent conscients au moment de la saignée parce qu’il s’écoule trop de temps entre l’électronarcose, la suspension et la saignée. Parfois un réglage assez bas du voltage occasionne volontairement un mauvais étourdissement. Cela est fait pour préserver la qualité de la viande afin de ne pas avoir de problème sur la carcasse (pétéchies, fractures des épaules, déchirements musculaires notamment des jambons…). Ces problèmes sont liés à une mauvaise installation, de mauvais réglages, une mauvaise utilisation de la pince, et à un manque de formation de l’utilisateur. Il faudrait uniformiser les installations et la méthode d’utilisation de la pince manuelle.
Il existe plusieurs types de pinces pour les cochons : la pince Schermer, Etime, Morphée, et Ninjhuis. Je vais illustrer ce chapitre par la triste visite d’un abattoir de truies que j’ai effectuée à la fin de l’année 2008, en Bretagne. C’était un abattoir spécialisé dans l’abattage des coches de réforme. Il travaille à une cadence de 70 bêtes par heure. Cela parait peu, par rapport à un abattoir qui peut faire passer sur la chaîne d’abattage 500 à 700 porcs à l’heure. Cependant, les coches sont plus difficiles à manipuler et à abattre. Les coches étaient menées à l’aide d’une pile électrique allègrement utilisée. Ces grosses bêtes avaient du mal à marcher et ne voulaient pas rentrer dans le couloir de la mort. Une fois dans ce couloir, certaines tentaient de faire demi-tour, et c’est encore à coups de pile électrique que le porcher leur rappelait la direction fatale. Un employé faisait entrer une truie après l’autre dans un piège rectangulaire ouvert sur le dessus. Une porte latérale très lourde se refermait derrière elles, en leur percutant sans ménagement l’arrière-train. Je ne vous parle pas avec sensiblerie (je n’ai pas plus de sensiblerie qu’un escargot), mais le regard désespéré de ces truies qui ne comprennent pas ce qui se passe, mais qui sentent bien que rien ne va plus, ne peut vous laisser indifférent. La personne qui m’accompagnait a fondu en larmes lorsque nous sommes retournés à la voiture pour repartir.
L’employé tentait d’appliquer la pince de type Ninjhuis, alors que les coches baissaient la tête pour ne pas se laisser attraper par le tueur. L’application se faisait derrière les oreilles, parfois dans les yeux. Il s’agit normalement, dans le cadre d’une électronarcose, d’un choc électrique qui fait s’écrouler instantanément l’animal à terre. Il n’en était rien. La pince était appliquée beaucoup trop longtemps, jusqu’à 45 secondes. Les truies se crispaient et relevaient la tête en contractant les muscles pendant que les décharges électriques (qui véritablement les faisaient souffrir) traversaient leur corps. Elles ne s’écroulaient au sol, lâchant prise, que plusieurs dizaines de secondes plus tard. Ensuite, l’employé insistait encore sur le cœur car, me disait la responsable, si l’on ne fait pas comme cela, lorsqu’elles sont suspendues et qu’on veut les saigner, elles donnent des coups de pattes et c’est dangereux pour le tueur. C’est donc encore une fois l’animal qui « trinque » pour le confort de l’humain. Certes, la sécurité des employés était engagée, mais justement les installations mal conçues ne permettaient pas une bonne sécurité du personnel. J’ai pu constater l’absence du tableau électrique auquel est normalement reliée la pince : il se trouvait dans une autre pièce. Pourtant l’arrêté du 12 décembre 1997 relatif aux procédés d'immobilisation, d'étourdissement et de mise à mort des animaux et aux conditions de protection animale dans les abattoirs (Annexe III - paragraphe 5 point A alinéa 2) précise pour le boîtier électrique qu’il doit :
« a) être pourvu d'un dispositif mesurant l'impédance de la charge et empêchant l'appareil de fonctionner si le courant minimal requis ne passe pas ;
b) être pourvu d'un dispositif sonore ou visuel indiquant la durée d'application à un animal ;
c) être connecté à un dispositif, placé de manière à être nettement visible pour l'opérateur, indiquant la tension et l'intensité du courant. »
Nous étions en 2008 au moment de la visite de cet abattoir, onze ans après l’arrêté. Nous sommes en droit de nous poser la question suivante : qu’ont mis en place les autorités compétentes qui sont chargées de vérifier la mise en application des réglementations de protection animale en abattoir ?
Selon la responsable de l’abattoir, les truies sont aspergées d’eau pour un meilleur passage du courant vers le sol via l’animal, mais nous n’avons rien vu de tel. Personne n’effectuait cette opération pourtant recommandée.
Dans cet exemple d’abattage de coches de réforme, si leur vie a été misérable en élevage intensif, leur mise à mort est elle aussi cruelle. Leur souffrance ne connaît aucun répit.
Autre exemple de mauvaise utilisation manuelle de la pince électrique dans un abattoir de la région Picardie. Voici ce que j’ai constaté. Je commence par l’abattage des porcs et des ovins. Les porcs sont emmenés calmement par groupe de 10 à 15 dans le local d’abattage. L’employé se saisit d’une pince électrique ÉTIME, boîtier AGR 84 OP qu’il applique de façon très précise derrière les oreilles, mais durant très peu de temps, à peine une seconde. L’animal tombe aussitôt, il semble étourdi, l’intensité est puissante. La pince électrique est proprement appliquée (derrière les oreilles), mais pas assez longtemps. Les cochons devraient être saignés tout de suite, car certains se réveillaient avant même d’être suspendus. L’employé ne procédait pas à une seconde application, alors même que des porcs hurlaient pendant la suspension.
Durant la suspension et avant la saignée, j’ai pu voir des porcs qui suivaient du regard les déplacements du deuxième employé. Certains porcs sous l’effet de l’électronarcose étaient raides et contractaient les pattes avant pendant la suspension. Au sol et pendant la suspension, certains se relâchaient. On pouvait voir qu’ils étaient réveillés. Ils s’agitaient énormément. Quelques-uns hurlaient pendant et même après la saignée qui était effectuée avec un trocart. Certains étaient encore conscients et ont hurlé largement après la saignée. J’ai effectué le test occulopalpébral avant et après la saignée sur plusieurs porcs. Il s’est révélé positif de nombreuses fois sur des porcs qui n’avaient pas perdu conscience.
La saignée est effectuée à l’aide d’un trocart pour la récupération du sang. Le trocart est appliqué sous la gorge, à la hauteur de l’œsophage. L’employé ne fait qu’une petite entaille et le laisse quelques instants dans la gorge. Parfois, l’employé remuait le trocart dans l’orifice effectué. Un porc, après la saignée, s’est décroché tant il s’était débattu. Il s’écoulait entre 30 et 35 secondes de l’électronarcose jusqu’à la saignée. Le temps plus rapide a été de 25 secondes et le plus long de 40 secondes sur la cinquantaine de porcs que j’ai vus. Ce qui prend du temps, c’est la rampe qui est haute et la montée de la chaîne jusqu’au poste de saignée. Un réglage plus puissant de la pince permettrait une bonne anesthésie et empêcherait que les porcs se réveillent une fois suspendus. Mais ce petit réglage et cette courte application sont volontaires. Car avant, la conséquence d’une électronarcose plus longue laissait apparaître des dégâts sur les carcasses. Des fractures au niveau des échines, sur les fémurs, aux épaules et des déchirements au niveau du jambon, ainsi que du purpura étaient retrouvés sur la viande.
Ces problèmes sont apparus depuis les rénovations et l’installation du nouveau boîtier. L’ancien boîtier ETIMA ne posait pas de problèmes. Les porcs étaient arrosés d’eau et les employés utilisaient la temporisation. Le responsable de production a fait venir deux fois des électriciens, en plus du technicien qui a installé le boîtier ETIMA. Ce dernier a même fait une démonstration sur un cochon en lui appliquant la pince derrière les oreilles, puis sur le côté du cœur. Les résultats ont été pires. Les employés ont également essayé de les doucher, mais, ce fut encore pire. Il apparaissait, en plus, des problèmes sur les poumons qui devenaient rouges et se couvraient de pigments de sang.
Depuis, l’abattoir a essayé de trouver un compromis en appliquant la pince durant un temps très court et à une faible intensité. Le boîtier est réglable à 180 V pour les agneaux, 220 V pour les moutons, 275 et 330 V pour les porcs, 325 V pour les coches de moins de 200 kg et 370 V pour les autres coches.
En comparaison avec d’autres abattoirs, les porcs saignés au trocart semblaient mettre plus de temps à mourir que ceux saignés au couteau, surtout si l’étourdissement n’est pas efficace. De plus, le sang s’écoule moins vite avec le trocart. Le trocart est une sorte de grosse seringue formée de deux lames avec un trou au milieu. Il est relié à un tuyau pour la récupération du sang par aspiration. (La récupération du sang par une saignée au couteau est interdite). Le tueur le plante sous la gorge au niveau de la trachée (point appelé aussi « trou épaule ») et le laisse un petit moment pendant que le sang s’écoule dans le tuyau.
Le sang s’écoule moins vite qu’un égorgement qui serait effectué de côté en sectionnant les veines jugulaires et les carotides. Si l’électronarcose est mal faite, l’animal reste conscient et meurt lentement comme pendant l’abattage rituel.
Concernant les abattages des ovins, les seuls problèmes que j’ai rencontrés concernaient les agneaux de 100 jours qui sont sensibles à l’électronarcose et dont la viande présente ensuite du purpura. Pour les moutons adultes, l’étourdissement se passait mieux, selon le responsable, que pour les porcs. C’est la même personne qui étourdissait et pratiquait la saignée pendant la montée, donc c’est très rapide. La différence est que le sang n’est pas récupéré et les moutons sont saignés avant d’atteindre le poste où se trouve le trocart.
On peut constater, ici, que les porcs sont insuffisamment étourdis de façon délibérée, pour diminuer les conséquences d’une électronarcose mal adaptée. Dans un Restrainer à étourdissement automatique, en général, si l’électronarcose est bien réglée, et si la saignée intervient dans la foulée, il n’y a pas de conséquence sur la viande. Cependant le Restrainer stresse beaucoup les porcs, et fait par conséquent augmenter l’acidité dans la viande. Les porcs sont terriblement apeurés par cette espèce de tunnel qui les absorbe en les entraînant par deux bandes latérales vers des broches électriques.
1 Exemple de réglage moyen pour un Midas qui fonctionnait bien pour des porcs charcutiers : 1,3 ampère – 150 à 220 volts sur les broches et 100 volts sur la plaque qui permet une défibrillation du cœur.
2 L’anesthésie des porcs (extrait d’une synthèse bibliographique de l’Institut Technique du Porc de 1998)
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mercredi, 12 décembre 2012
Sur la monarchie de juillet
"Louis Veuillot détestait ce régime bourgeois jouisseur, pratiquement athée, qui donnait à l'ouvrier des maîtres pour lui vendre l'eau, le sel et l'air, pour lever la dîme de ses sueurs, pour lui demander le sang de ses fils".
Fernand Mourret "L'Eglise contemporaine"
Quelques extraits de La monarchie de juillet, de Thureau-Dangin
Guizot parle sur la démocratie :
"Nous avons tous, presque tous, conquis nos grades à la sueur de notre front et sur le champ de bataille. Voilà la vraie liberté, la liberté féconde, au lieu de cette démocratie envieuse, jalouse, inquiète, tracassière, qui veut tout abaisser à son niveau, qui n'est pas contente si elle voit une tête dépasser les autres têtes"
Guizot
Discours de Guizot du 6 décembre 1834 :
"Il y a des peurs viles et honteuses, et il y a des peurs sages et raisonnables... Savez-vous pourquoi l'on ferme les yeux sur les dangers ? C'est parcequ'on a peur... Savez-vous ce qu'on fait quand on a peur des passions populaires ? On dit qu'elles n'existent pas, que cela passera. Et les passions populaires passent en effet, mais comme un torrent torrent qui dévaste tout devant lui."
Molé achète les voix à coups de subventions :
"Sur 459 députés, on ne comptait pas moins de 191 fonctionnaires : ceux qui ne l'étaient pas pour eux-même avaient à caser ou à faire avancer des parents, des amis, des clients. Ce mal n'était pas né avec Molé ; il datait du jour où avait été dissous le cabinet du 11 octobre, où les partis s'étaient trouvés déclassés, morcelés, mêlés, désorientés, et où les compétitions de personnes avaient remplacé au Parlement, les luttes de principes".
Tirés de revues clandestines en août 1838 :
"Guerre à mort entre vous qui jouissez d'une insolente oisiveté et nous qui souffrons depuis longtemps"
"... Le temps approche où le peuple exigera, les armes à la mains que ses biens lui soient restitués"
Lu dans La Monarchie de juillet Thureau-Dangin
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dimanche, 09 décembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Un chien dans un fossé
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Un chien dans un fossé
Transport de canards pour l’abattoir.
Phot Jean-Luc Daub
Un jour, alors que j’étais en déplacement dans le Finistère, je fis une drôle de rencontre sur le bord de la route. Après avoir visité un abattoir, je cherchais mon chemin en voiture. Je fus amené à faire un demi-tour sur un petit croisement. Après une manœuvre bien exécutée, j’allais reprendre ma direction quant une forme aux taches blanches attira mon regard vers le fossé. C’était un chien, apparemment mort.
Quoi de plus banal qu’un chien mort au bord d’une route, qui aurait été renversé par une voiture ? Tellement banal que le conducteur de la voiture qui me précédait n’avait pas jugé utile de vérifier l’état du chien. Pour ma part, il fallait que je m’en rende compte. Il était étalé dans le fossé, maigre, et semblait bien mort. Mais quand je me suis penché sur lui, il m’a surpris en remuant sa queue en signe de contentement. Il semblait heureux de voir quelqu’un, mais il était dans l’incapacité de se lever. Ce chien avait dû marcher durant plusieurs jours sans s’alimenter et avait dû tomber d’épuisement dans ce fossé.
Lorsque je lui demandais ce qu’il faisait là, il remuait encore plus la queue. C’était émouvant. Je pris une couverture pour l’enrouler et je le mis dans ma voiture. Je partis en direction du centre-ville à la recherche de la mairie. Après avoir fait plusieurs fois le tour du centre, j’ai enfin trouvé l’établissement administratif. Je suis rentré avec le chien et j’ai demandé à la secrétaire d’accueil quelle était la démarche à suivre lorsque l’on trouve un chien. Elle me demanda tout simplement, sans y jeter un coup d’œil, de le déposer dans le bâtiment des services techniques. Là mon sang ne fit qu’un tour. Je lui ai demandé si elle plaisantait, car le chien était en mauvais état et avait besoin de soins. Elle m’indiqua alors l’adresse d’un vétérinaire.
Je partis à la recherche du vétérinaire. Je fus accueilli dans sa clinique. Je lui expliquai la situation et lui présentai le chien. Ronchonnant, pas très content d’être sollicité pour un chien perdu, il l’examina quand même. Il me confia qu’il allait le mettre sous perfusion. Je lui demandai ce qu’il comptait faire de l’animal une fois qu’il serait remis sur patte. Il me répondit qu’il le ferait prendre par un refuge qui le proposerait à l’adoption. J’ai caressé le chien, remercié le vétérinaire, et suis reparti sur la route vers d’autres aventures, cependant peu rassuré sur le devenir du chien. Si j’avais pu, je l’aurais adopté, mais j’avais déjà le mien dans la voiture. Aujourd’hui, je regrette de ne pas l’avoir pris avec moi, j’aurais été plus tranquille quant à son devenir.
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mercredi, 05 décembre 2012
Position délictuelle
Un billet de N.S
Depuis huit jours, je vis dans mon lit. Il est possible que je n'en sorte plus jamais. Cela commença par une légère fatigue, un inconfort au bout de quelques heures assise face à mon ordinateur. Mes jambes en avaient marre de se cogner contre le coffre rangé sous la table, mon cou tiraillé souffrait, mes yeux penchés vers l'écran devenaient idiots.
J'ai pris le petit ordinateur portable et suis entrée dans mon lit. J'y ai travaillé plusieurs heures, contente de cette efficacité et de ce confort.
Le lendemain matin, à l'heure où j'allume mon ordinateur tous les matins depuis de nombreuses années, j'allumai mon ordinateur, m'asseyant à cette table sous laquelle dort le vieux coffre de voyage qui ne voyage plus depuis longtemps. Mais, au bout de quelques minutes, je me dis : « Et pourquoi ne ferais-je pas comme hier ? »
Je me remis au lit, avec l'ordinateur portable. Je travaillai, comme tous les matins.
Je me levai pour déjeuner, puis je voulus m'installer au grand ordinateur, à ma table. Il faut être sérieux, voyons, pensais-je. J'y allais, mais, finalement, je quittai vite cette position inconfortable de bureau et retournai avec le petit ordinateur dans mon lit. Là, je travaillai avec efficacité toute la journée.
Je ne sais plus quand vint le moment où la corde qui me ramenait toujours à la table se cassa. Depuis, je vis au lit.
Et j'ai honte.
Je ne travaille pas moins qu'avant. Je suis écrivain et je travaille autant alitée que lorsque je vivais debout. La sensation délictueuse, pourtant, me harcèle ; la culpabilité m'habite.
J'ai mis mon lit face à la seule fenêtre de l'appartement par laquelle passe la lumière du ciel. Mon visage est exposé à la lumière naturelle, en ce moment la grande lumière blanche du ciel de l'automne.
Je flotte au milieu des couettes comme une mouette se laissant transporter par une vague : j'aime cette attente jamais exaucée. J'attends un événement qui ne vient pas et l'inutilité de cette activité inonde mon âme de plénitude. Que m'arrive-t-il ? Je suis happée par le néant et je me laisse avaler.
Les voisins d'un autre immeuble ont vue sur ma fenêtre. Je sens qu'il me jugent : ils se disent : « elle est foutue ». Je gagne de l'argent comme avant, je communique par mails comme avant, je ne sors plus que pour faire les courses et me rendre aux rendez-vous nécessaires. Le reste du temps, je le passe dans mon lit. Avant, je le passai à ma table. Ai-je chuté comme la feuille, pour parler comme Isaïe ? Cecidimus quasi folium universi et iniquitates nostrae quasi ventus abstulerunt nos... Comme des feuilles mortes nous avons chuté, et comme le vent nos iniquités nous ont balayés...
Suis-je entrée dans mon tombeau pour y attendre la fin du monde, comme un des héros de La Voce della Luna, ou bien ai-je simplement trouvé une position plus agréable pour travailler ?
N.S.
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dimanche, 02 décembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Un chariot de lapins blancs
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Un chariot de lapins blancs
En Moselle, la visite d’un abattoir de lapins et de l’élevage attenant à l’abattoir s’était révélée pitoyable. La production en tuerie était de 8000 à 10000 lapins blancs par semaine, provenant d'élevages intensifs de Bretagne, de Hollande et de la région. 1000 lapins par semaine provenaient de l'élevage personnel du propriétaire de l’établissement. Les lapins, arrivés par camion, étaient entassés dans des caisses en plastique très basses, les unes sur les autres. Lors de l'abattage, l’employé attrapait un des lapins dans la caisse, et plaçait la tête de l'animal sur une petite table où se trouvaient des broches électriques : deux broches qui, en entrant en contact avec la tête, provoquaient l’électrocution de l’animal. Le choc électrique provoquait des résultats différents suivant la manière dont l’employé s’y prenait. On pouvait d’ailleurs voir certains lapins suspendus se débattre beaucoup. Il fallait alors les saigner immédiatement, et un peu plus que les autres. Le propriétaire m’indiqua recevoir la visite régulière des services vétérinaires. L’appareil à électronarcose, qui doit toujours être agréé avant sa mise en service, n’était pas pourvu de la plaquette mentionnant la date et le numéro de l’agrément. Le directeur de l’abattoir n’avait pas les papiers qui m’auraient prouvé que l’agrément avait été bien donné. L’appareil avait été installé par un électricien, mais le directeur m’avoua que l’appareil n’avait pas reçu de procédure d’agrément. Pourtant, comme il me l’indiqua, les services vétérinaires visitaient régulièrement son abattoir, certainement pour l’hygiène et la salubrité des viandes, mais à l’évidence pas pour la protection des animaux. Le directeur m’avoua aussi que toute la matinée, l’appareil électrique était tombé en panne, et que cela les mettait dans une situation de crise, car une commande devait partir à 14 heures.
Lors de ma visite, la machine est d’ailleurs une nouvelle fois tombée en panne. Le directeur décida alors d'arrêter les abattages et d'apporter l'appareil chez un électricien. Naïvement, je pensais que les lapins allaient rester dans les caisses en attendant la réparation de l’appareil. Mais alors que je réécris cette histoire, je me rends compte qu’après ma visite, les abattages ont dû reprendre sans étourdissement préalable, c’est-à-dire en saignant les lapins directement. Cela me paraît tout à coup évident : on n’aurait pas laissé les lapins sans boire et sans manger dans les caisses en attendant la réparation du matériel, alors que la commande de 14 heures devait être honorée.
Au moment où j’arrivai à l’abattoir, une employée revenait de l’élevage qui se trouvait à proximité. Elle se dirigeait vers le local d'abattage avec un chariot métallique (une sorte de grand caddie) rempli de lapins (il y avait trois à quatre couches de lapins vivants, superposés les uns sur les autres). Le Directeur, un peu gêné, me dit que d’habitude, il lui demandait de les mettre dans deux chariots ! Comme par hasard, alors que j’étais là, elle n’avait pas suivi ses recommandations. Ces lapins restèrent entassés dans le chariot au moins une heure. Je m’aperçus que ceux qui se trouvaient tout à fait en dessous étaient écrasés, compressés contre les grilles métalliques. Des lapins avaient les yeux qui leur sortaient véritablement des orbites. Il était inutile d’être pourvu d’une âme sensible pour lire la détresse et juger préjudiciable la situation que vivaient ces lapins. Je suis allé demander au directeur de faire décharger (immédiatement) ce chariot. Pendant ce temps, ce dernier, qui n’avait pas l’apparence d’un être sans cœur, me fit visiter l'élevage.
À notre retour, cinq lapins étaient morts au fond du chariot qui avait enfin été vidé de son contenu. Le directeur me dit que ce n'était rien, que c’était habituel et sans gravité. Il se justifiait en disant qu’il s’agissait de lapins de réforme qui seraient morts de toute façon. Je lui ai répondu que cela, de toute façon, ne se faisait pas. Il m'a assuré qu’on ne procédait pas de cette manière d'habitude. Cela paraît peu probable puisque cette façon de faire semblait coutumière, et que c’était moi qui me suis inquiété du sort des animaux. Lui jugeait cela sans importance. J'ai donc eu du mal à le croire. Manifestement, aucune considération pour ces petites bêtes n’émanait de la part des employés. J’ai aussi vu que, sans ménagement, des lapins qui se trouvaient sur une caisse en hauteur avaient été jetés vers d'autres caisses en contrebas.
Lors de la visite de l'élevage de type intensif, j’observai une multitude de cages alignées dans un bâtiment au plafond assez bas, avec un nombre important de lapins par cage, laissant ainsi peu de place pour chaque animal. Je vis que le sol grillagé des cages provoquait des blessures aux pattes et de l’inconfort. Il n’y avait pas d’éclairage naturel. Le directeur m’assura que durant les deux dernières semaines de vie, un lapin par cage est enlevé, ceci afin que les animaux gagnent du poids, tout en reconnaissant qu'ils se sentent aussi un peu mieux avec cet espace supplémentaire. Au total, ils sont engraissés pendant trois ou quatre mois. Quant aux lapines reproductrices, elles donnent des petits durant une année. Lorsqu'elles sont abattues, elles ne sont plus bonnes pour la consommation. Ce qui explique le manque de considération que j’ai constaté à leur égard : on les empile dans un chariot métallique, en ne leur épargnant aucune souffrance, puisque les lapines de réforme n’ont pas de valeur marchande. J'ai également pu constater les blessures aux pattes dues au grillage qui revêt le sol de leur cage. Faute de ne pouvoir ronger, leurs incisives sont extrêmement longues et provoquent des blessures dans la bouche. Certains lapins perdaient leurs poils par plaques entières. Enfin, leur charpente osseuse est si misérable, qu'ils semblaient pouvoir se casser comme du verre. Amis consommateurs, pratiquement 100 % des lapins sont élevés ainsi.
Transport de dindes pour l’abattoir.
Phot Jean-Luc Daub
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dimanche, 25 novembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Infractions en abattage rituel
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
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Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Infractions en abattage rituel
Dans un abattoir près de Paris, dont le responsable s’était converti à l’islam, tous les animaux étaient abattus selon le mode rituel, y compris ceux qui, précisément, n’étaient pas destinés à l’abattage rituel. Ce qui est interdit, car les animaux destinés à l’abattage classique doivent faire l’objet d’un étourdissement préalable, juste avant la saignée. Pire encore, le matériel d’étourdissement avait été enlevé et proscrit, car il avait été déclaré « impur ». Dans cet abattoir, un jeune technicien vétérinaire s’était opposé à un abattage barbare. En effet, une personne voulait tuer un bovin selon le mode opératoire de son pays, en lui sectionnant les tendons des pattes à l’aide d’un couteau pour le faire tomber au sol et l’égorger par la suite. De plus, les bovins étaient suspendus par les deux pattes arrières avant d’être égorgés rituellement. L’abattoir, connu des services vétérinaires, existait alors qu’il n’avait aucun agrément administratif. Il n’avait théoriquement pas le droit de fonctionner. Pourtant, les activités se déroulaient au quotidien, avec la présence d’un technicien vétérinaire.
Mouton suspendu par une patte, ce qui est interdit !
Phot Jean-Luc Daub
Voici encore d’autres cas d’infractions relevées, concernant l’abattage rituel dans un abattoir du sud-ouest de la France. Il s’agissait d’infractions commises lors de l’abattage rituel musulman. En effet, après avoir mis une quinzaine de moutons dans la case où avait lieu l’abattage, l’employé les suspendait un par un par une patte arrière. Un stock tampon de moutons se créait, car l’égorgeur prenait tout son temps pour les saigner. Non seulement, l’infraction était caractérisée par la suspension des ovins mais, de plus, plusieurs moutons en attente la tête en bas se débattaient pour se dépêtrer de cette situation.
À mon arrivée, l’abattage rituel des veaux avait été interrompu. Après avoir demandé des explications, le directeur de l’abattoir m’indiqua évasivement qu’un sacrificateur venant de Nîmes devait arriver. Comme je le questionnais encore, il
m’avoua que celui que je venais de voir n’était pas en possession de l’autorisation officielle de sacrificateur, et que par conséquent il n’avait pas le droit d’égorger les veaux.
Dans un autre abattoir, du Puy-de-Dôme, il en était de même concernant l’abattage rituel musulman. Les moutons étaient suspendus par une patte arrière à plusieurs mètres du sol, le rail de suspension étant très haut. Les moutons étaient égorgés loin de l’enclos de départ. Ils se débattaient tout au long du parcours. De plus, le poste de saignée était très en hauteur. Les deux sacrificateurs n’étaient pas en règle concernant leur agrément. Ils n’avaient pas d’autorisations délivrées par les grandes mosquées agréées ou par les préfectures. L’un deux, lorsque je lui demandai s’il pouvait me montrer son agrément, me dit qu’il n’en avait pas besoin puisqu’il était imam, que cela était suffisant et que je devais aller me faire voir !
En abattage classique, l’employé était seul à effectuer l’acheminement, la suspension et l’étourdissement. Il accrochait les moutons sur la rampe de montée, se saisissait de la pince électrique qu’il appliquait en même temps que les moutons étaient tirés en hauteur par la rampe. Dans l’ensemble, les moutons étaient suffisamment étourdis, mais certains avaient tendance à se réveiller une fois arrivés au poste de saignée, qui se trouvait très loin du poste d’étourdissement.
Quant à la formation obligatoire du personnel concernant la protection des animaux au cours de l’abattage, rien n’avait été mis en place, ainsi que me l’ont dit les employés eux-mêmes. La réponse du bureau de la protection animale du Ministère de l’Agriculture concernant cet abattoir fut laconiquement administrative : « Les problèmes d’hygiène de l’établissement sont prioritaires sur la protection animale, aucune action ne pourra être prise par le Bureau de la Protection Animale. Les manquements à la protection animale sont imputés à un employé qui mettrait de la mauvaise volonté. Les conséquences d’une fermeture seraient trop importantes pour la situation économique générale ». Sans commentaire !
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dimanche, 18 novembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Des chevaux qui attendent
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
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Des chevaux qui attendent
C’était en région parisienne, il y a plusieurs années. Je me rappelle les deux étables. Les chevaux étaient attachés de chaque côté d'un large abreuvoir en béton. Au-dessus, du foin était fourni pour les chevaux séjournant plusieurs jours. Les abreuvoirs étaient sans eau, l'un était sale avec des gravats dedans, quant à l'autre, le robinet d'eau était cassé et rouillé.
J'en ai parlé au directeur, lui signalant que cela avait été constaté par une association allemande, lorsque des personnes avaient observé, à l'issue du déchargement d'un convoi de chevaux qu'elles avaient suivi, que les animaux n'avaient pas été abreuvés alors qu'ils avaient effectué un long parcours. Le directeur, qui ignorait le mauvais état du matériel d’abreuvement, a alors téléphoné au responsable des arrivées de chevaux et à celui de l’entretien, pour régler le problème.
Les chevaux sont généralement déchargés la nuit du vendredi à 2 heures du matin. Étaient en attente dans les stabulations : deux chevaux, un âne et un poney. Les chevaux étaient conduits par un couloir dans un piège, avec une ouverture latérale, pour sortir l'animal après étourdissement au matador. L’abattage des chevaux avait essentiellement lieu le lundi, mais également le jeudi. Les chevaux peuvent très bien séjourner une semaine en stabulation, ils reçoivent du foin pour nourriture.
Vieux cheval attaché que l’on fait attendre durant une nuit devant un abattoir.
Phot Jean-Luc Daub
Dans cet abattoir, les bovins étaient rituellement abattus dans un box rotatif de marque FACOMIA type F4 1992 AGR 306 GB. Quant aux veaux, ils étaient égorgés dans le box rotatif des gros bovins. L’appareil a subi une modification depuis août 1997, pour adapter l'appareil aux veaux. Il n’y a à ce jour toujours pas de changement d'agrément. Cette amélioration est intervenue à la suite d'une visite des services vétérinaires il y a plusieurs mois. Auparavant tous les veaux étaient suspendus conscients avant la saignée. Lors d'un courrier des services vétérinaires pour la remise en conformité, que m'a lu le directeur, il était précisé d’une façon curieuse pour une autorité ayant compétence (même le directeur en a ri) : « La suspension des veaux est une infraction que pourrait relever la société de protection des animaux d'abattoirs ! ». Autrement dit, il était demandé au directeur de se mettre en conformité seulement parce que l’association de protection des animaux d’abattoirs pourrait s’apercevoir de l’infraction !
Un local équipé pour les abattages d’urgence était accessible aux camions. Les animaux ne pouvant marcher étaient sortis à l'aide d'un treuil et sont ensuite tués. Si l'un des animaux souffre beaucoup, ils l'abattent immédiatement (4 à 5 bêtes par semaine). Un jeune bovin famélique gisait mort dans la cour ; il avait été amené en abattage d'urgence par la personne qui effectue un ramassage des bêtes de réforme, mais il était mort dans le camion.
Pour l’Aïd-el-kébir (sacrifice du mouton par les pratiquants musulmans) : 2000 moutons ont été égorgés l’année précédente. À l'intérieur de l'abattoir, ce sont des sacrificateurs qui tuent. À l'extérieur, des parcs provisoirement aménagés sont à la disposition des particuliers qui égorgent eux-mêmes les animaux. Une partie des moutons est achetée sur place, mais pour le reste, les musulmans emmènent leurs moutons les pattes ficelées dans les coffres des voitures. Cette journée requiert de la part du directeur une organisation considérable et qui dépasse le déroulement d'une activité normale. Les musulmans viennent en voiture, ce qui crée des problèmes de circulation. Par ailleurs, des scènes d'atrocité se déroulent aux yeux de tous et font l'objet de plaintes de la part de civils à la mairie, qui se trouve en face. Le directeur ne souhaite pas organiser l'Aïd-el-kébir l'année prochaine. Il se sent seul pour cette journée, alors qu'on lui demande de faire de gros efforts et qu'on ne lui en donne pas les moyens.
L'abattoir abat en grand nombre des animaux de réforme. Un grossiste est installé dans la même ville. De nombreux animaux de réforme en provenance des marchés arrivent tous les jours suivant les achats effectués régulièrement sur les différents marchés (Arras, Nancy, Rethel, Sancoins...).
Des camions de Bretagne arrivent également à l'abattoir, chargés de bêtes de réforme. Dans les lots, on peut voir des bovins en très mauvais santé et en état de misère physiologique avancé. Pour les camions de Bretagne, il semble que des courriers ont été envoyés aux personnes concernées, grossistes, et services vétérinaires afin que des contrôles et des tris soient effectués à la source, pour éviter des souffrances qui se traduisent souvent par des agonies menant à la mort lente des vaches réformées. Pour les bêtes arrivant des différents marchés des alentours, les services vétérinaires constatent également la présence d’animaux en état de misère physiologique avancé, d’animaux qui n'ont pas été abreuvés depuis plusieurs jours, d’animaux qui souffrent de leurs blessures.
De nombreuses saisies partielles, totales et sur pied sont effectuées. Les services vétérinaires de l'abattoir s'insurgent, ils ont écrit à leur direction, en donnant les adresses des éleveurs qui méritaient d'être poursuivis, car outre les mauvais soins que font endurer les intermédiaires des fermes aux abattoirs, beaucoup d'animaux présentent des pathologies dues à une absence de soins. Les animaux sont délaissés plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Pour autant, les procès-verbaux sont rarement dressés. L'absence de contrôle des services vétérinaires et de répression sur les marchés aux bestiaux, favorisent le non-respect des règles de protection animale dans les fermes, sur les marchés, dans les transports, et pendant les séjours entre les intervenants avant l'abattoir.
Cet abattoir se sent montré du doigt en raison des bovins de réforme qui y sont abattus. Pourtant, c’est le type d’activité qu’ils avaient choisi de pratiquer. De grandes marques de viande viennent s’y approvisionner, et les grossistes en boucheries hallal également. Au déchargement, des bovins tombent d'épuisement sur le quai. Pas question de prendre la pile électrique, me dit le directeur, nous avons un bouvier qui s'en occupe. Il prend un seau d'eau, fait boire l'animal et au bout d'une demi-heure, celui-ci se relève. Ce qui prouve bien que les animaux ne sont pas abreuvés sur les marchés, dans les centres de rassemblement, et pendant les transports.
Des bovins sont abattus au pistolet Matador dans les camions et saisis sur patte, tant ils sont en état de dégradation et de souffrance extrêmes ; ils sont emmenés par des chevillards en abattage d'urgence et toujours au dernier moment. Par contre, ce matin, une flaque de sang teintait le sol des stabulations des chevaux. Je me suis renseigné, on m'a dit qu'un bovin qui ne pouvait plus marcher au sortir d'un camion avait été tiré au treuil, le plus près possible du poste d'abattage et a été ensuite tué dans les stabulations des chevaux. Il faut savoir qu'un treuil a été installé pour tirer les bêtes de réforme qui se trouvent dans le couloir d'amenée et qui tombent d'épuisement.
Le directeur me dit que, normalement, ils auraient dû partir du quai, étourdir la bête au Matador et ensuite la tirer avec le treuil vers le poste d'abattage. C'est d'ailleurs plus logique et plus facile, et c'est ce qu'il souhaite, a-t-il ajouté. Mais, le vétérinaire n'aime pas cette façon de procéder en raison des problèmes d'hygiène que cela pourrait poser ! En fait, le technicien vétérinaire m'a dit qu'ils ont procédé ainsi ce matin, étant donné que l'animal « est plus maniable vivant que mort » ! Il faut dire également que de nombreuses personnes téléphonent à l'abattoir et à la mairie, en traitant d'assassins et de bourreaux le personnel de l'abattoir, qui abat les bêtes sur le quai. Il faut savoir que le centre de tri postal se trouve juste en face. Ces personnes sensibles qui se trouvent là ne savent pas faire la différence entre le fait d’abréger les souffrances d'une vache sur le quai de déchargement et l’horreur d’une mise à mort standard qui se dissimule derrière les murs de l'abattoir.
Le directeur est très embêté par ce problème. Il aimerait très sincèrement ne plus recevoir d'animaux qui mériteraient d'être abattus par un vétérinaire, soit à la ferme soit sur le marché.
Il est à signaler qu'un bouvier qui s’était montré extrêmement brutal avec les animaux avait été dénoncé par des personnes extérieures. Il a été réprimandé et changé de poste.
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dimanche, 11 novembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Des hurlements de porcs
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
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Des hurlements de porcs
Dans un abattoir de Bourgogne, l’étourdissement des porcs s’effectuait en pleine infraction, et sans que quiconque soit inquiété par les autorités compétentes présentes dans l’abattoir. À mon arrivée, j'assistai à l'étourdissement des porcs. Ceux-ci étaient conduits hors des stabulations par un large chemin d'amenée qui traversait la cour vers le local d'étourdissement. Ils y étaient entassés par dizaine et étourdis, sans piège d'immobilisation, à l’aide d’une pince électrique utilisée manuellement. Les porcs étaient étourdis et suspendus par la même personne, cependant, elle les étourdissait deux par deux (ce qui est interdit). Lorsque le premier s'effondrait, l’employé en étourdissait un autre dans le lot mis en place dans la case d’abattage. L'employé se saisissait d'un crochet pour enchaîner l'un des deux cochons afin de le suspendre, mais il avait beaucoup de mal, car la panique s’emparait des autres qui piétinaient ceux qui venaient d’être étourdis et qui gisaient sur le sol. Il fallait tenter de les dégager pour faire de la place. L'agitation était telle que l'employé devait s'équiper de protège-tibias. Non seulement la procédure était incorrecte, mais en plus l’employé perdait du temps en ne se pressant pas et en discutant avec d’autres employés. De façon générale, il s'écoulait trop de temps entre l'électronarcose et la saignée, alors que cela doit être réalisé le plus tôt possible et avant que l’animal ne reprenne conscience. Plusieurs cochons se réveillaient pendant la saignée : en effet, lorsque j’effectuais le test occulopalpébral, certains cochons clignaient des yeux et suivaient mon doigt du regard. L’étourdissement n’avait servi à rien.
Les vétérinaires et les techniciens vétérinaires travaillant dans l'enceinte de l'abattoir semblaient ne pas s’en préoccuper. Le responsable m'a même demandé ce que je pensais de l'abattage des porcs. Je lui avais répondu que l'électronarcose était insuffisante, qu'il fallait étourdir les porcs un par un et les saigner immédiatement. Mais l'activité s'est poursuivie de la même façon jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de porcs.
L'abattage des porcelets se déroulait d’une façon identique. Étourdies deux par deux, les petites bêtes donnaient l'impression d'agoniser au sol tant elles s’agitaient. L'employé, muni de sa pince électrique devait leur courir après et pratiquement leur sauter dessus pour pouvoir les étourdir. Affolés, les porcelets couraient partout, parfois jusque dans le local d'à côté. Une fois suspendus, ils s'agitaient énormément et, même saignés, bougeaient encore. Certains tombaient en se décrochant, se vidaient de leur sang dans le bac de récupération du sang ou directement sur le sol.
L'étourdissement des porcs et des porcelets était extrêmement critiquable. Il n’était pas difficile, pour les services vétérinaires, de faire procéder à un étourdissement individuel, suivi de la saignée, en prenant les porcs un par un. Pour l'abattage rituel des veaux et ovins, les animaux étaient suspendus vivants avant la saignée. Le responsable de l’abattoir m'avait dit que la direction des services vétérinaires le savait, qu’elle était au courant et qu'elle n'avait jamais rien dit, alors pourquoi devrait-il faire autrement ?
Dans un petit abattoir de Bretagne, je suis rentré par ce qui me semblait être une remise ou un vestiaire où étaient entreposés des caisses, du matériel, des affaires de bureau, des papiers. C'était humide. On s'échangeait du poisson et on ouvrait une bouteille de cidre. Mais en fait, je crois qu’il s’agissait des bureaux. Dans la salle d'abattage, ce n'était pas mieux. On pouvait y circuler en habit civil. C'était d'une grande insalubrité : du papier brûlé, du matériel sale était entreposé, des lattes de bois... Je ne sais pas si cet abattoir est encore en fonction, mais des bâtiments en construction étaient visiblement destinés à une mise en conformité.
L’abattage des porcs était à la hauteur des lieux, c’est-à-dire plus que catastrophique. À mon arrivée, je vis dans la porcherie un porc blessé à l'arrière-train. Il était en position assise et avait perdu beaucoup de sang. J’assistais à l’abattage de cinq porcs. Deux employés ont rentré trois cochons dans un petit local. L'un a présenté la pince d'étourdissement sur la tête d'un cochon. La bête hurlait de douleur pendant l'électronarcose, car l'intensité du courant n'était pas assez forte pour effectuer un électrochoc. L’application de la pince durait longtemps. Voyant le cochon souffrir, j'ai crié pour que les employés arrêtent d’appliquer la pince inefficace. L'un d'entre eux est alors allé chercher un tuyau pour arroser d'eau les cochons. On a repris la pince pour continuer l'anesthésie de celui qui avait été assommé par les chocs électriques, mais encore tout à fait conscient et souffrant.
Cela allait un peu mieux, l’eau permettant une meilleure transmission du courant. Toutefois, l’électronarcose était inefficace, les cochons hurlaient et s'agitaient sous les décharges électriques. Suspendus par une patte arrière pour être ensuite saignés, ils n’étaient pas vraiment étourdis, leurs yeux étaient grands ouverts, regardant ce qui se passait autour d’eux, voyant le tueur s’approcher avec son couteau, et pratiquer la saignée. Le test occulopalpébral confirmait que les animaux étaient encore conscients.
Un employé est ensuite allé chercher celui qui était blessé, en le traînant par les deux pattes de devant. L'étourdissement de ce dernier fut effectué dans les mêmes conditions.
Dans un autre petit abattoir de Bretagne, l’abattage des porcs était également plus que critiquable. En raison de travaux, la porte d'accès au poste d'étourdissement était condamnée. Les employés faisaient entrer les porcs par l'intérieur, c'est-à-dire qu'ils traversaient la salle de dépouillage. Avec des planches et des palettes, on avait obstrué les endroits où les bêtes ne devaient pas aller. Toutefois elles passaient entre les carcasses, allaient se coincer sous le bac d'eau chaude et sautaient dans le bac d'égouttement du sang. Les employés avaient beaucoup de difficulté à mener les cochons jusqu’au poste d'étourdissement. Cinq petits cochons avaient été conduits dans l'étroit local d'étourdissement et de saignée. Quatre d'entre eux ont été tués. Le cinquième, un cochon appartenant à un particulier, était resté dans le local sans être abattu pendant une heure. Celui-ci avait
assisté aux abattages de ses congénères et s'était réfugié dans un coin du local. Il tremblait de tout son corps, sans oser bouger tellement il avait peur. J’en garde une image assez triste, tellement on pouvait lire la peur dans l’attitude de repli de cet animal. J’ai envie de dire ici : « Mais comment peut-on faire cela ? »
Dans l'étroit local, les employés avaient fait rentrer dix cochons alors que pour travailler dans de bonnes conditions cinq aurait été un grand maximum. Un employé s'était muni d’une pince électrique dont je n’avais jamais vu le modèle, mais qui datait de Mathusalem. Une longue barre en fer avec au bout des cosses en laiton fixées sur un support métallique en V. L'intensité de la pince était très faible, on me l'a confirmé en me disant que l'on pouvait la toucher avec les mains sans rien risquer. Aucun numéro d’agrément n'y figurait, pas même le type et la marque de la pince. Lorsque le responsable se servait de la pince pour étourdir les animaux, il tentait d'immobiliser les porcs dans un coin et plaçait celle-ci convenablement, mais malgré cela les bêtes restaient insuffisamment étourdies. Par contre, l'employé, lui, plaçait la pince n'importe comment, dans la gueule, sur le côté ou sur le groin. De plus, les cochons affolés montaient les uns sur les autres, au point que parfois celui qui subissait l'électronarcose se sauvait. Ce qui faisait que l’employé ne savait plus sur lequel il avait commencé l’étourdissement. Les cochons recouvraient complètement celui dont l'employé était en train d'effectuer l'étourdissement, si bien qu'il ne voyait pas ce qu'il faisait au risque d'électrocuter les autres et de faire n'importe quoi avec la pince. L'électronarcose durait de quarante secondes à plus d'une minute. Les porcs étaient mal étourdis, et subissaient des douleurs dues aux décharges électriques. Ils reprenaient connaissance dés la suspension et étaient conscients pendant la saignée. J'ai effectué le test occulopalpébral qui confirmait l’inefficacité de l’étourdissement.
Les abattages des porcs étaient effectués dans de mauvaises conditions. Je m’étais rendu compte de la médiocrité des tueries ; les employés en furent irrités et m'invitèrent à le faire moi-même pour me rendre compte de la difficulté. Je mis en avant le fait que cela n'était pas mon travail et de toute façon avec une pince aussi inefficace ce n'était même pas la peine d'y penser.
Cochons morts pendant le transport et déchargés à l’abattoir.
Phot Jean-Luc Daub
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dimanche, 04 novembre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Dernier sursaut d’un veau
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Dernier sursaut d’un veau
Dans un abattoir de Bretagne qui abattait des veaux provenant d’élevages en batterie (élevés les uns à côté des autres dans des cases en bois si étroites qu’ils ne pouvaient pas se retourner et étaient condamnés à garder toujours la même position), j’assistais aux égorgements de l’abattage rituel juif. Les veaux empruntaient un chemin d’amenée bien aménagé qui montait progressivement vers un piège de contention mécanique. Ce piège était fixe, en forme de case, il était en inox et en plastique blanc. Les veaux étaient saignés debout. Tandis qu’une mentonnière relevait la tête des veaux, le sacrificateur juif les saignait en passant son couteau par-dessous la gorge. Il était équipé d’un couteau extrêmement tranchant. Entre les saignées, il passait son temps à l’entretien du couteau. Le piège de contention debout était moins stressant pour les veaux. Néanmoins après la saignée, on pouvait se rendre compte de la façon et de la durée que mettaient les veaux à mourir en se débattant, après l’égorgement, de toutes leurs forces.
Durant la journée réservée à l’abattage rituel, c’est avec dégoût que l’ensemble du personnel travaillait. Selon ses dires : « Cela s’apparente à un massacre ». Tels sont les propos tenus par des bouchers professionnels. Ils me disaient ne pas comprendre pourquoi cette forme d’abattage est encore autorisée. Ils préféraient, de loin, l’utilisation d’un procédé d’étourdissement avant la saignée, car selon leurs expériences cela fait moins souffrir les animaux.
Après avoir été saigné par le sacrificateur, et alors que la porte latérale du piège avait été ouverte trop tôt, un des veaux s’est relevé alors qu’il agonisait et s’est mis à courir en direction de la chaîne d’abattage où les employés étaient postés. Il a fallu lui sauter dessus pour l’intercepter. La bête fut ramenée devant le piège pour y être suspendue par une patte, alors même qu’elle n’était pas encore morte. Le veau avait été suffisamment égorgé, mais avant de perdre suffisamment de sang pour s’évanouir, il avait trouvé la force de tenter d’échapper à sa situation en voyant la porte du piège ouverte. Cela prouve qu’une bête saignée sans étourdissement ne meurt pas tout de suite. Les autres veaux se débattaient aussi beaucoup dans le piège après l’égorgement. Étant prisonniers du piège, ils donnaient des coups de pattes contre les parois.
Le plus consternant était l’attitude du sacrificateur, car lorsque le veau sortit du piège en courant, il ne bougea pas d’un pouce, ne manifesta aucune émotion, n’eut pas même le réflexe d’attraper le veau. Impassible, indifférent, il a continué à s’occuper de son couteau, à l’affûter, alors que le veau passait devant lui. La responsable et les employés étaient dégoûtés. L’activité rituelle représentait 25% de l’activité de cet abattoir sur les 62 400 veaux abattus l’année précédente.
Égorgement rituel d’un mouton, suspendu par une patte.
Phot Jean-Luc Daub
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dimanche, 28 octobre 2012
Ces bêtes qu’on abat : Les poussins refusés
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Les poussins refusés
Poussins et œufs non encore éclos jetés dans une benne d’un couvoir.
Phot Jean-Luc Daub
Il existe une autre situation dramatique, c’est celle des poussins refusés. Cette situation n’a rien à voir avec les abattoirs directement, elle concerne les couvoirs de poussins. Il s’agit de poussins d’un jour qui font l’objet d’une destruction massive. Dans un couvoir, par exemple lorsque 800 000 poussins naissent par semaine, il y en a 400 000 qui sont jetés, parce que non conformes. Si l’on fait naître des futures poules pondeuses, la moitié des poussins seront des mâles qui ne seront pas gardés. Les poussins estropiés, les naissances tardives, les œufs non éclos, les « non conformes » sont également jetés. Pendant longtemps, ces poussins refusés étaient simplement jetés vivants dans des bennes avec les coquilles vides. Dans un abattoir, en l’an 2000, un chauffeur m’avouait chercher des bennes dans un grand couvoir rempli de poussins vivants en partance pour l’équarrissage. Ce qui est interdit, car aucun animal vivant ne peut entrer dans un centre d’équarrissage. J’ai fait une enquête auprès du couvoir en question qui refusa de me laisser visiter les lieux. Le directeur m’indiqua que les poussins refusés passaient dans le système d’aspiration sur lequel trois coudes avaient été installés, censés tuer les poussins au passage.
Dans d’autres couvoirs, les poussins sont jetés dans des poubelles qu’on entasse l’une sur l’autre afin de les faire mourir par écrasement. Dans d’autres encore, les poussins sont enfermés dans des sacs où ils meurent d’étouffement. Il existe des établissements où l’on tue les poussins en les mettant dans des caissons sous vide d’air dans lesquels on injecte parfois du gaz carbonique. D’autres possèdent des broyeurs qui, comme leur nom l’indique, broient les poussins. D’autres encore possèdent des rouleaux écraseurs : les poussins passent entre deux cylindres qui les écrasent et leur assurent la mort. Dans tous les cas, bien qu’atroces, la loi exige un appareil qui correspond à « un dispositif mécanique entraînant une mort rapide », conformément aux dispositions de l’article 7 de l’arrêté du 12 décembre 1997. Donc, le broyeur et les rouleaux écraseur. Pour que leur mort soit la plus douce possible, la méthode du caisson avec injonction de CO² serait préférable pour ces millions de poussins dont se débarrassent les couvoirs.
Élevage industriel de poules pondeuses (Code 3 sur les œufs)
Phot Jean-Luc Daub
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samedi, 27 octobre 2012
Dette vitale
par Edith CL
J'ai une dette énorme envers les lanques quechua et hawaiienne: elles m'ont sauvé du plus grand malheur, elles m'ont gardée en vie. Leur structure, leur sonorité, le monde qu'elles portent, tout cela m'a nourrie, m'a maintenue de longues années durant. Je ne pourrai jamais assez les remercier de m'avoir habitée, de m'avoir hantée, harcelée sans limite, de m'avoir laissée les aimer, de m'avoir transformée de l'intérieur, plus que personne ne saurait l'imaginer. Les conditions dans lesquelles je les ai apprises étaient imparfaites, pas toujours agréables... Mais sans ces langues, peut-être aujourd'hui serais-je au fond d'un hôpital psychiatrique, entièremement détruite.
Pour vous, langue quechua et langue hawaiienne, runasimi et 'ölelo hawai'i, gratitude éternelle.
Samdi 27 octobre 2012
Edith de Cornulier-Lucinière
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lundi, 22 octobre 2012
Tous les métiers mènent au ciel
Nous proposons à la lecture, un extrait du manuel de spiritualité, intéressant, délicieusement désuet, composé par l'abbé catholique Auguste Saudreau (1859-1946), et mis en ligne par le site Salve Regina
Il donne ici des exemples de saints issus de diverses professions.
"La preuve que la piété convient à tous les états de vie nous est fournie par l’histoire qui nous apprend que dans toutes les professions il y a eu des héros de vertu, des serviteurs de Dieu qui ont su allier la piété la plus tendre à la pratique des devoirs les plus dissipants. Nous donnerons ici une liste forcément incomplète de saints qui ont su trouver au milieu du monde les moyens de perfectionner leur vie et de s’élever jusqu’à l’héroïsme de l’amour.
Ceux pour qui le travail de sanctification paraît le plus difficile ce sont les rois et les princes, parce que, beaucoup plus que d’autres, ils sont comblés des biens terrestres, sollicités par les plaisirs et les honneurs, flattés par leur entourage, et ils ont, beaucoup plus que d’autres, la facilité de satisfaire les passions humaines. Il est vrai que, s’ils sont fidèles, ils peuvent recevoir plus de grâces parce qu’ils ont à remplir une plus haute mission.
Saint Richard, roi saxon, saint Canut, roi de Danemark, saint Herménegild, roi des Visigoths, saint Pierre Urséole, doge de Venise, saint Edmond, saint Edouard, rois d’Angleterre, saint Henri II, empereur d’Allemagne, saint Olaf, roi de Norvège, saint Emeric, prince de Hongrie, saint Etienne, roi de Hongrie, le B. Charles le Bon, comte de Flandre, saint Ferdinand, roi de Castille, saint Casimir, duc de Lituanie, le B. Evrard, comte de Mons, saint Louis, roi de France, le B. Amédée, duc de Savoie, le B. Elzéar, comte d’Arian, sa femme, la B. Delphine, sainte Adélaïde, et sainte Cunégonde, impératrices d’Allemagne, sainte Agathe Hildegarde, épouse d’un comte palatin, sainte Marguerite, reine d’Ecosse, sainte Elisabeth de Hongrie, princesse de Thuringe, sainte Hedwige, duchesse, V. Marie-Clotilde, reine de Sardaigne, sainte Elisabeth, reine de Portugal, la B. Marie-Christine, reine des Deux-Siciles.
Vécurent encore au milieu du monde et s’y sanctifièrent, saint Sébastien, saint Georges, saint Maurice, qui étaient soldats, saint Come et saint Damien, médecins, saint Crépin et saint Crépinien, et, au XIIe siècle, saint Thibaud de Mondosi, cordonniers, saint Vincentien, palefrenier, saint Evrard, saint Nicétas Pérégrin, saint Bénezet, le B. Jean de Monchy, bergers, saint Isidore, laboureur, saint Goiry, colporteur, saint Ludain, pèlerin en Alsace, saint Pazzio, orfèvre à Vérone, le B. Albert, d’Ogna, paysan, puis homme de peine, saint Daniel, marchand, le B. Pierre de Sienne et le B. Jean d’Epire, simples ouvriers, le V. Antoine Bermejo, qui passa sa vie à soigner les malades, saint Benoît-Joseph Labre, mendiant, sainte Germaine Cousin, sainte Thareste, la V. Elisabeth Canori, la V. Villana de Bottis, mères de famille, la B. Louise d’Albertone, veuve, la V. Grâce de Valence, qui mourut à 112 ans et eut à subir de violents assauts du démon jusqu’à sa mort.
L’Eglise a reconnu les vertus héroïques de ces grands serviteurs de Dieu ; combien d’autres n’ont pas eu cet honneur et ont su aussi au milieu du monde dans des professions qui ne favorisent pas la piété, servir le Seigneur avec une grande fidélité et gagner pour le ciel d’immenses mérites ! Au XVIIe siècle, M. de Bernière Louvigny, trésorier du roi, qui a laissé de si pieux ouvrages, le Baron de Reinty, se distinguèrent par une grande sainteté de vie ; deux habitants de Paris, Clément, coutelier et Beaumais, mercier, convertirent beaucoup d’hérétiques, par leurs controverses, mais plus encore par leur sainteté, Clément en convertissait en moyenne jusqu’à six par jour. Marie de Valence, Marie des Vallées, surnommée la sainte de Coutances, si intimement liée avec le B. Père Eudes, Marie Rousseau, femme d’un marchand de vin, qui soutint M. Olier dans ses œuvres et que les personnages les plus éminents consultaient, Esprite de Jésus, Madeleine Vigneron, Armelle Nicolas, qui furent favorisées de communications divines, pratiquèrent d’héroïques vertus. Au XIXe siècle le commmandant Marceau, M. Dupont, le saint homme de Tours, le général de Sonis, M. Philibert Vrau, Marie Brotel etc, etc., vécurent saintement au milieu du monde.
Il est vrai, le nombre des saints et des parfaits est incomparablement plus grand parmi ceux qui sont consacrés à Dieu, et qui trouvent, soit dans le sacerdoce, soit dans la vie religieuse, des secours inappréciables, mais les exemples de tant d’âmes généreuses qui se sanctifièrent au milieu du monde, prouve la vérité du principe : Bona voluntas requiritur et sufficit : il faut une bonne volonté, mais une bonne volonté suffit, une volonté énergique et constante, correspondant fidèlement aux grâces que le Seigneur verse toujours avec abondance sur les âmes courageuses".
Abbé Auguste Saudreau (1859-1946)
Le manuel dans son intégralité, sur le site Salve Regina
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