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jeudi, 30 avril 2015

La destruction invisible

Notre corps s'abîme, nourri de l'horreur faite aux bêtes. Du même coup, de manière insidieuse, notre mental est habité et détruit par cette douleur intense, insensée, dont il se repaît sans y penser.

mercredi, 29 avril 2015

Le dériveur de la mer vitale

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Sur la plage, le soir, on retrouve souvent cet homme toujours seul, dont je sais, par les compérages du gars qui tient le bar du Temps, qu'il fut un ancien compositeur de "musique contemporaine" et qu'il planta sa brillante carrière sur le champ après un soir de beuverie au cours duquel il essaya la guitare électrique d'un inconnu et réalisa qu'il jouait de la musique réelle pour la première fois. Il eut tellement honte d'avoir été un artiste contemporain subventionné par l'institution qu'il évita les miroirs et tomba en dépression, se coupa de ceux qui ne le comprenaient plus et vint s'installer dans cet appartement du bord de mer que ses parents avaient acheté à l'âge d'une retraite dont ils ne profitèrent pas longtemps.

Bref, aujourd'hui, cet homme surfe au coucher du soleil, et sort de l'eau ruisselant pour s'attabler au bar du Temps et lire des journaux et des romans en amharique. C'est la langue de la nourrice qui s'occupa de lui dans sa prime enfance. "Je cherche l'origine de ma vocation musicale et peut-être passe-t-elle par cette langue", a-t-il dit au patron du Temps, mais je ne sais pas s'il faut réellement croire ce barman trop bavard.

Quoi qu'il en soit, cet homme, dont l'Ircam mentionne encore l'existence dans ses fiches, rêve d'un voyage éthiopien qu'il n'a pas envie de faire au fond, car son vrai voyage, c'est sa renonciation.

Il est heureux - c'est sûr. Tellement plus heureux qu'à l'époque des hôtels cinq étoiles à Barcelone, Zurich et New-York, des entrevues avec des journalistes musicaux et des séminaires délivrés à Londres, deux jours par mois.

20150428_191745.jpgSur AlmaSoror :

La vie tranquille de Dylan-Sébastien M-T

Lenteur de vivre

Nus pieds sur un rêve

Au fond de quel fort Bastiani ?

La fugitive

lundi, 27 avril 2015

Entre parenthèses quand l'institution s'écroule

 

Le zero et l'infini, lisait-il, enfermé dans les toilettes depuis trois jours avec des packs de bière blonde, brune et rousse, tandis qu'au-dehors le soleil plein de poussière balayait la rue, la plage, la mer. Les voitures ne démarraient plus, les parkings commençaient à ressembler à des campements. Nous redevenions gitans plus ou moins sédentaires, campeurs préhistoriques, nous réapprenions à vivre sans services administratifs et mon cœur bondissait d'excitation. C'était une atmosphère bizarre, étrange, comme entre parenthèses. Nous espérions presque que plus rien ne redeviendrait comme avant. Quand le monde officiel cède, la liberté surgit, les hommes et les femmes dévoilent des qualités qu'on ne soupçonnait pas : la solidarité, le rire, l'improvisation musicale.

 

 

samedi, 25 avril 2015

Déclaration

 

Je t'aime, le monde entier. Pardonne-moi mes faiblesses. Je te pardonne ta dureté apparente.

 

jeudi, 23 avril 2015

Sermon de Saint-Ephrem le Syrien sur la Trinité et la Pentecôte

Les Apôtres étaient là, assis, attendant la venue de l’Esprit.

Ils étaient là comme des flambeaux disposés et qui attendent d’être allumés par l’Esprit Saint pour illuminer toute la création par leur enseignement... Ils étaient là comme des cultivateurs portant leur semence dans le pan de leur manteau qui attendent le moment où ils recevront l’ordre de semer. Ils étaient là comme des marins dont la barque est liée au port du commandement du Fils et qui attendent d’avoir le doux vent de l’Esprit. Ils étaient là comme des bergers qui viennent de recevoir leur houlette des mains du Grand Pasteur de tout le bercail et qui attendent que leur soient répartis les troupeaux.

" Et ils commencèrent à parler en des langues diverses selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. "

Ô cénacle, pétrin où fut jeté le levain qui fit lever l’univers tout entier. Cénacle, mère de toutes les églises. Sein admirable qui mit au monde des temples pour la prière. Cénacle qui vit le miracle du buisson ! Cénacle qui étonna Jérusalem par un prodige bien plus grand que celui de la fournaise qui émerveilla les habitants de Babylone ! Le feu de la fournaise brûlait ceux qui étaient autour, mais protégeait ceux qui étaient au milieu de lui. Le feu du Cénacle rassemble ceux du dehors qui désirent le voir tandis qu’il réconforte ceux qui le reçoivent. Ô feu dont la venue est parole, dont le silence est lumière. Feu qui établis les coeurs dans l’action de grâces.

Il y avait, résidant à Jérusalem, des hommes pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel, rassemblés par l’Esprit. Ils entendaient parler dans leur propre langue et disaient : ces gens-là ne sont-ils pas Galiléens ? Comment parlent-ils notre langue ? Et les juifs opposés au Saint-Esprit disaient : ces gens-là ont bu du vin doux, ils sont ivres. Vraiment vous dites la vérité, mais ce n’est pas comme vous croyez. Ce n’est pas du vin des vignes qu’ils ont bu. C’est un vin nouveau qui coule du ciel. C’est un vin nouvellement pressé sur le Golgotha. Les Apôtres le firent boire et enivrèrent ainsi toute la création. C’est un vin qui fut pressé à la croix par les bourreaux. Merveille que réalise l’Esprit par sa venue ! Le Prophète avait crié : " Voici que dans les derniers jours je répandrai mon Esprit et ils prophétiseront " : le Père a promis, le Fils a exécuté et l’Esprit Saint a accompli.

Saint Ephrem (vers 306 - 373)

mercredi, 22 avril 2015

Norbert

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A 60 ans il dansait seul devant la glace, se jetait en sanglots sur son lit où il restait prostré pendant des heures, se regardait longuement dans la glace avant de sortir et buvait des petits verres de vin sur la place plantée avec ses copains et copines. Son visage avait toujours le sourire de la saison, sa parole s'adaptait à l'atmosphère et à la circonstance. Je le voyais de ma fenêtre – j'avais vue sur la moitié de son petit appartement - et puis dans les rues de la ville. Dommage qu'il soit parti par un jour de temps frais, sans doute sans s'en apercevoir. J'aurais aimé converser avec lui, connaître plus que son prénom. Il travaillait dans une annexe de la mairie. Il écoutait Simon & Garfunkel le dimanche après-midi.

mardi, 21 avril 2015

Nostalgie à l'Armagnac

Anne, ce soir, t'en souviendra-t-il ? Il y avait ta bouteille d'Armagnac dont il fallait faire quelque chose de beau et de grand. Alors ce fut une entrée de salade de roquette aux radis et aux pignons de pin, que nous fîmes suivre par des pommes de terre au four dans lesquelles un roquefort trempé de crème et d'Armagnac avait fondu. Et puis des bananes revenues dans une poêle avec du beurre, du sucre, flambées à l'Armagnac encore, bien sûr. Deux petits verres de cette eau de vie se burent au rythme des marées basses. La mer des livres ne cessait plus ses vagues de romans, d'essais, de poésie, de théâtre, d'histoire, de géographie, d'ésotérisme. La mer de la mémoire distillait son écume perdue du numéro 13 d'un boulevard parisien qui fut bohème, c'est vrai, bien avant ma naissance. Il y a les maisons où l'on grandit et les maisons où l'on se souvient. Il est aussi des maisons où l'on meurt, mais celles là n'ont pas encore livré leur mystère de colombes et d'oliviers.

lundi, 20 avril 2015

Latitude bleue

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Sur Latitude

Merci Abdel pour ta plume noire, et bon vent au-delà de nos songes

« Entre écrire un épisode de feuilleton télévisé et braquer une banque, j'ai fait le choix qui m'a semblé le moins malhonnête».

Abdel Hafed Benotman (1960-2015),

écrivain et braqueurs de banque, décédé le 20 février 2015.

 

Vivre en France dans l'illégalité, écrire en prison des romans noirs, dont Marche de nuit sans lune que m'offrit Tieri Briet quelques mois avant la naissance d'Orso... et mourir parce que le cœur lâche, par un jour sans soleil.

En pensant à lui, nous évoquons, bien sûr, Chester Himes (1909-1984), qui découvrit le pouvoir créateur et libérateur de l'écriture en prison. Son Joli coup de lune est magnifique. Sa Messe en prison vaut le détour, si j'en crois deux lectrices attentives.

La dictature qui n'avait pas de nom

Il semblerait que la "dictature douce" qui agit par pressions diffuses ait fait son temps. Nous entrons dans l'ère de la dictature dure, où l'oppression se précise et s'alourdit. La traversée d'une époque trouble s'achève ; l'époque n'est plus trouble comme une eau brouillée, comme un ciel mélangé, mais déglinguée telle une machine devenue folle, que personne n'arrête et qui poursuit son œuvre dérangée, arbitraire, d'une manière imperturbable.

Pour survivre dans les ténèbres et sous les coups, il faut chercher chaque jour un signe de renouveau, une lumière qui appelle, la beauté d'un acte ou d'une scène : la petite espérance glanée du jour fera tenir à  travers la désespérance générale des jours sans fin.

Il n'est pas question de s'enfuir. Nous sommes insérés dans des fichiers et comme l'affirme Ernst Von Salomon, "tout homme dans un fichier est déjà un homme mort". Macrocaméras surveillent nos faits et gestes ; microcaméras, drones et boites noires veillent sans bruit sur nos émotions et pensées, croyant discerner de mauvaises intentions derrière les aspérités de nos respirations.

La Justice relâche les criminels : qui, en effet, mieux encore que l'armée des policiers, peut faire régner dans les villes et les campagnes l'Ordre sans structure de la peur paralysante ? La Justice relâche les criminels : il faut faire place, dans les prisons, pour tous ceux qui rêvent, aspirent ou pensent en dehors de l'Aliénation médiatique.

Il n'est pas sûr que s'engager soit plus dangereux que de rester à l'écart de tout. Où l'on se met à découvert, on trouve aussi des camarades solidaires.

Les voix que nous aimions se sont tues. Au milieu des bourdonnements de moteur, des voix trafiquées achèvent sans pitié le sens des mots.

Dans l'espace qui t'est imparti, dans le carré de lumière ou sur le bord du lit, près des fleurs sauvages ou sur l'asphalte brûlante du parking, n'oublie pas d'offrir un sourire à ton enfant et de déployer librement ta respiration.

 

Invitations almasororiennes :

Les dictatures douces

La traversée d'une époque trouble

Chroniques d'une solitude

Mon frère, je contemple ton visage

La loi sur le renseignement expliquée aux parents

dimanche, 19 avril 2015

La grue

 

« La grue est un oiseau très sociable et vit en excellents termes, non seulement avec ses semblables, mais aussi avec la plupart des oiseaux aquatiques. J'ai pu l'observer de près en Israël, sur les bords du lac Houleh, où son espèce est nombreuse, en même temps que d'autres oiseaux migrateurs.

Sa prudence est étonnante, de même que son intelligence. Elle se rend compte sur-le-champ des circonstances nouvelles et inattendues dans lesquelles elle se trouve et agit en conséquence, en prenant des initiatives appropriées. Des sentinelles font toujours le guet autour de la troupe quand celle-ci est en train de prendre sa nourriture ou de se reposer. Si un homme réussit à la surprendre, elle ne revient jamais au même endroit sans avoir tout d'abord dépêché un éclaireur, puis un groupe d'éclaireurs, et lorsque le groupe de reconnaissance revient et signale que tout danger est écarté, un deuxième groupe est envoyé pour vérifier si le premier rapport est exact ; c'est seulement après ces investigations que la bande entière se met en branle.

La grue contracte de véritables liens d'amitié avec des espèces parentes de la sienne, et, en captivité, il n'y a pas d'oiseau qui noue une aussi fidèle amitié avec l'homme ; elle ne le regarde pas comme son maître, mais comme son ami, et s 'efforce, par tous les moyens, de le lui prouver.

Celle qui s'était attachée à moi pendant quelques mois, et qui appartenait à un ami, ne pouvait admettre de me voir passer auprès d'elle sans que je lui fîs une gentillesse, et si j'oubliais de lui témoigner mon affection, elle n'avait de cesse que de m'y contraindre. Comme elle était libre, portant ses ailes entières, et vaguait toujours au bord du lac, dès qu'elle apercevait mon embarcation au loin, elle prenait son vol majestueux, virait autour de moi pendant que je ramais et m'accompagnait jusqu'au débarcadère. Elle savait toujours me trouver, soit aux champs, soit le long du Jourdain et atterrissait, après m'avoir repéré du haut du ciel, juste à quelques pas de moi.

Elle était noble de formes et, souvent, elle se mettait à esquisser pour moi une danse qui ressemblait à un menuet exécuté par une demoiselle un peu folâtre.

Je devais toujours me dissimuler et partir en fraude quand je la quittais, car elle me suivait presque à la trace.

Lorsque, deux ans après, je revins, elle me reconnut, et poussa des cris retentissants pour se précipiter ensuite sur moi, ailes grandes ouvertes.

Je n'ai jamais autant eu le sentiment d'être proche d'une créature ailée que lorsque je me trouvais en compagnie de cette grue si grave et si amicale, et qui me comprenait beaucoup plus que je ne la comprenais.

 ...

 

Un gentleman possédait depuis de nombreuses années un couple de grues cendrées. L'une des deux mourut et la survivante se montra inconsolable. Elle allait, selon toute vraisemblance, rejoindre sa compagne, lorsque le maître s'avisa de placer dans l'oisellerie une grande glace. La grue n'eut pas plus tôt vu son image réfléchie qu'elle se plaça devant la surface brillante, fit sa toilette en lissant ses plumes, et donna des signes de contentement évident.

Le stratagème avait pleinement réussi. L'oiseau recouvra la santé, reprit ses esprits et vécut encore plusieurs années.

Se figura-t-il que l'image qu'il voyait dans la glace était l'ombre de sa compagne perdue ? Ou bien était-ce là seulement une diversion à sa solitude ? »

 

Les plus belles histoires d'oiseaux, d'Elian-J Finbert. Chapitre « La grue »

 

Sagesse, tristesse

 

Longtemps j'ai rêvé vivre près de la mer. Aujourd'hui, mon rêve réalisé, je peux contempler la beauté du rêve et la misère du cœur humain.

 

samedi, 18 avril 2015

Quelques canettes de bière

Aujourd'hui, on ne pourrait pas croire que j'ai frôlé la déconnexion, la désinsertion, la rébellion réelle, radicale, la désadaptation totale. J'ai des failles, de grosses difficultés avec certains égards dus à la société, des défaillances cachées (ou qui se voient peut-être), mais, en gros, je suis « insérée », mesdames et messieurs. Plus qu'insérée. Personne aujourd'hui ne pourrait se douter de ce à quoi je ressemblais à certains moments de ma jeunesse.

J'admire bien sûr la geste punk, sa rébellion, son code de vie exigeant en totale contradiction avec notre société sédentaire et marchande. J'admire l'errance et le vagabondage ; je les ai fuis. Fascinée, lorsque j'étais jeune, par certains de ces groupes plus ou moins côtoyés, j'ai été tentée, mais je suis toujours restée, en quelque sorte, du côté de l'insertion. Sans doute parce que je savais que, de ma part, une désinsertion serait un chemin sans retour. Je savais que la misère était à deux doigts de moi, que je possédais toute la fragilité requise pour finir dans la rue ou dans un hôpital psychiatrique, à jamais perdue pour l'adaptation à la société. Et je ne voulais pas ce choix – pour plusieurs raisons. Par ambition : ma révolte n'a jamais éteint ce désir de reconnaissance que j'éprouve toujours, comme un vice fielleux et persistant, en dépit de tout ce que je pense du monde « officiel », administratif, institutionnel. Par pitié pour ma mère, ma sœur et mon frère : je savais que pour eux, ma chute dans la marginalité serait un drame, un poids, une horreur. Et, peut-être aussi, par raison : je crois que le cœur humain est le même dans une banque ou dans un local à poubelles, et je savais que ce que je voulais fuir pour toujours, je le retrouverais partout où il y avait des humains.

Tout à l'heure, je lisais, par hasard, à mon ordinateur, en vitrine près de la porte-fenêtre, suite à une suite de recherches sérendipiteuses, un article sur le mouvement punk... au moment où j'atteins les dernières phrases, une bande de punks avec leurs chiens s'arrête devant l'immeuble et s'installe sur la banquette en béton pour se taper des bières et discuter de leurs voix pâteuses. Ils sont trois ou quatre mecs, m'ont vue, moi je ne bouge pas, je continue à vaquer à mon ordinateur en espérant qu'ils partiront bientôt. Je ne pense pas qu'ils soient dangereux, mais bien entendu ils sont un peu inquiétants, surtout parce qu'ils sont bourrés et que l'alcool rend violent. Surtout, ils sont dans mon dos et me voient. Ce qui me frappe, c'est qu'il y a une ravissante plage à deux cents mètres de cette rue traversée de voitures. Ils s'installent dans un hall en béton, au bord des voitures, alors qu'ils pourraient se murger en contemplant l'océan, leurs chiens gambadant dans l'écume...

Et puis ils s'en vont. L'un d'eux m'a fait un geste, en criant : « au revoir madame ! ». Politesse et rébellion : c'est magnifique. Le summum de la conformité c'est le cadre mal-élevé. La beauté fatale émane de l'élégance morale des punks.

J'ai répondu d'un signe de la main et j'ai écouté words of love. Bières des errances, mises en bière des destins.

Cet article inutile à pour vocation de réquiémer une errance qui aurait pu avoir lieu à travers les villes. Elle n'a pas eu lieu.

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Ici et ailleurs :

Nous demandons aux anges gardiens de se manifester

Pink n'est pas punk

Noire est la nuit dépsychisée

L'olonnois

Traversée du bitume

Errants des mégapoles d'Europe

Quitter les lieux

Soliloques de l'errance

Soleil d'hiver

Le châtiment

Estelle au mois d'avril

Oh, zones...

vendredi, 17 avril 2015

Noctu

 

Depuis combien de temps n'ai-je pas vu la nuit, la vraie nuit, la nuit noire, ou la nuit éclairée uniquement par les astres ? Les lumières artificielles sont partout. Oh, nuit ! Je voudrais te contempler telle que tu es, dans ta splendeur noire, dans ta réalité brute, sans que t'atténuent les éclairages des humains.

 

Lenteur de vivre

Si je marche une heure le matin, une demi-heure encore à un autre moment de la journée ; si, durant de longs moments, j'écoute le silence ; si je ferme de temps en temps les yeux pour laisser au sang le temps d'affluer jusqu'à mes paupières, je n'aurai plus besoin de prier : l'instant souvent sera prière.

Dans la lenteur de vivre, que ma parole s'appuie sur le silence, mon action sur le calme, mon rire sur l'amour.

Je n'entendrai plus seulement l'arbre qui tombe, mais aussi la forêt qui pousse. Chaque nouveau jour sera, à lui seule, une vie pleine et entière.