jeudi, 28 mai 2015
Extra-terrestre
I
Inutile de me reprocher des choses passées, car elles sont passées, elles sont faites. L'accompli ne peut être effacé. Sans arrogance ni culpabilité, je laisse donc les morts enterrer leurs morts et je me consacre à mon action présente.
Lorsque mon cœur sera complètement pur, elle ne pourra pas ne pas répondre à ses invites. Lorsque, par l'exercice de ma saine volonté, j'aurais accompli les changements des troubles de ma personnalité qui la gênent, je ne penserai même pas à elle, qu'elle sera là, près de moi, sans que je le désire ou le demande.
Cela posé, quoi qu'il arrive, voici ce que je décide : d'être heureuse, libre, charmée par la vie, quoi qu'il arrive de notre relation.
II
Il m'arrive de penser à ma vie, à mon esprit tourmenté entre désir de gloire humaine et radicale contestation de ce qui fait les gloires humaines. Quand l'engagement devient obligatoire, la neutralité apparaît diabolique, donc subversive. Quand transgression et subversion deviennent des critères académiques, la retenue discrète se meut en ultime panache, aussi déroutant qu'impalpable. Voulez-vous vivre d'une manière radicale ?
Sont radicales, les actions de penser, de créer, d'aimer, de partir. Leur exigence implique un engagement extrême et le détachement de toute posture officielle.
Ne sont pas radicales, les actions de jouer, de contempler, de rire, d'attendre. Elles n'exigent rien que d'être choisies. C'est pourquoi elles sont inaccessibles à celui qui n'a pas descendu dans le silence de la solitude les marches de la profondeur. À moins que cette dernière phrase soit prétentieuse et qu'elles sont accessibles à tout un chacun, à tout moment.
III
Les tenants de la gratuité – en ligne ou hors ligne – des œuvres d'art souhaitent rendre la culture accessible à tous. Mais l'art ne se confond pas avec la culture. L'art et la culture se rencontrent et se nourrissent mais ils ne sont pas la même chose. Je participe tous les jours à la culture mais je n'ai jamais créé une œuvre d'art.
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samedi, 02 mai 2015
Tentative de web-désintoxication
L'urgent et le distrayant mangent les parcelles de cette vie qui passent, aussi sûrement que le béton des lotissements colonise année après année les terres agricoles de la France.
Un répit, une instance, un quête ?
Par ici.
Plus près.
Renoncer à son overdose, pour partir se promener, le matin, puis l'après-midi, sans téléphone au fond de la poche, encore moins dans la main. Sans téléphone, sans carte bancaire ni carte d'identité.
Clandestinement.
Pendant les temps inoccupés, lire un livre entier, en quelques jours, dans plusieurs fauteuils. Attendre un peu, puis choisir un nouveau livre, l'abandonner, opter pour un autre ; le lire, lui aussi, en prenant le temps de l'ennui entre les pages.
Ne plus commenter le monde, ne plus l'entendre commenter. Rester à l'écart de ce flux fantasmagorique que l'on appelle : « l'actualité ».
Dénuée de chair, dénuée d'âme, l'actualité n'est que l'apparence du monde. Le vrai monde commence et finit avec les battements de ton cœur.
Lentement désexister en ligne ; se sentir vivant, tout de même.
Tant pis si je n'existe plus dans les flux contrôlés : je réapprends enfin à écouter mon souffle dans le silence.
Quitter les informations, cesser les commentaires, défaire les fils du faux savoir. Dans la grisaille diluvienne, sortir sans peur et sans reproche, marcher solitaire vers une route oubliée.
En attendent l'hypothétique retour du soleil, tâcher d'éclaircir nos cœurs pour des horizons intérieurs dégagés.
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