Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 19 mars 2013

Mon pays, ma patrie, ma nation, mon peuple, ma terre

 IMG00541-20130319-1548.jpg

« Le départ hors des frontières de ma patrie équivaudrait pour moi à la mort, et c’est pourquoi je vous prie de ne pas prendre à mon égard cette mesure extrême. »

Boris Pasternak, écrivain russe

  

« Pour ma part, durant ma vie entière, en tout lieu, en tout temps et de toute façon, je veux servir une seule cause, celle du bien de la patrie et de la nation hongroise ».

Bela Bartok, musicien hongrois

 

samedi, 16 mars 2013

Dans une lettre de 1926

 

« Marina, mon amie à l’âme sans fond, chaudière voisine de la mienne, logée à la même vapeur, dis-moi «vous», je t’en supplie, il ne faut pas que nous explosions ».

Lettre de Boris Pasternak à Marina Tsvetaieva

Marina Tsvetaieva,Boris Pasternak,amitié, tutoiement, vouvoiement, folie, sombrer dans la folie, suicide, kané, Fauve, fauvecorp,1926

 

dimanche, 03 mars 2013

La leyenda negra

 

« El ambiente creado por los relatos fantásticos que acerca de nuestra patria han visto la luz pública en todos los países, las descripciones grotescas que se han hecho siempre del carácter de los españoles como individuos y colectividad, la negación o por lo menos la ignorancia sistemática de cuanto es favorable y hermoso en las diversas manifestaciones de la cultura y del arte, las acusaciones que en todo tiempo se han lanzado sobre España fundándose para ello en hechos exagerados, mal interpretados o falsos en su totalidad, y, finalmente, la afirmación contenida en libros al parecer respetables y verídicos y muchas veces reproducida, comentada y ampliada en la Prensa extranjera, de que nuestra Patria constituye, desde el punto de vista de la tolerancia, de la cultura y del progreso político, una excepción lamentable dentro del grupo de las naciones europeas ».

 

 

Julián Juderías

1914

leyenda negra, légende noire, julian Juderias, 1914, Espagne, obscurantisme, contre-réforme

 

mercredi, 27 février 2013

Une jeunesse dunkerquoise

jacques bertin, jean-pierre liénard

Extrait de la lettre de Jean-Pierre Liénard à Jacques Bertin


«Il reste heureusement toujours quelques chanteurs-citoyens - bien qu'épiés par les sirènes de la renommée - suffisamment âpres pour que leur épice surnage au dessus du brouet des radios commerciales.

La nostalgie, la tristesse sont parties prenantes de la beauté. Les chants les plus beaux sont-ils désespérés ou de revendication comme le clamait Léo Ferré ?»

jean-pierre liénard, jacques bertin, amharique, langues o, belgique, dunkerque, amours platoniques, Nietzsche, Béranger, Beau Dommage, Brua, Annegarn, Harmonium, AC-DC, villa Le Cygne, Léo Ferré, chants désespérés, chants de revendication, années 70, hit parade, années sandwich

Lisible ici, cette lettre retrace l'atmosphère étudiante provinciale et studieuse des années 70, emplie de chansons, de rêveries politiques et amoureuses.

Elle a été écrite par Jean-Pierre Liénard (un ancien condisciple de la tenancière d'AlmaSoror au cours de langue amharique des Langues O) au chanteur Jacques Bertin, en 2004, et ce dernier en a dévoilé de longs extraits sur son site.

Je conseille la lecture de la lettre entière, sur le site où elle nous attend. Elle nous plonge dans une jeunesse de beauté et de tristesse, de rêves fous et de sagesses, à Dunkerque, dans les années 70. Cette lettre elle-même est un chant.

«Je suis revenu dans ma ville natale fin 78. Me voilà en charge de la maison familiale, et d'un frère fragilisé par les événements liés à la perte de nos parents. La maison est grande. Vide, la villa "Le Cygne", pour deux frères et un chien. Alors nous allons créer petit à petit une sorte de communauté, un phalanstère où je suis seul à travailler. Les autres, lycéens, jeunes gens en rupture, jeunes filles en fleur, viennent là réviser leurs cours, boire le thé, jouer au tarot, oublier leurs soucis familiaux, et écouter les disques d'une collection qui s'enrichit peu à peu. A chacun son favori. Cathy préfère Harmonium, José ne jure que par Béranger, Florian bouscule toute la maison avec Trust et AC-DC, Patrick, joueur de trombone, opère de façon systématique en commençant par les Léo Ferré, puis en continuant par les Ferrat, au rythme d'un achat par mois. La chaîne Hi-Fi et le magnétocassette Nakamichi tournent en continu au long des longues parties de tarot. Au hit-parade de ces "années-sandwich" figurent en bonne place les deux premiers Dick Annegarn, les Béranger, les Beau Dommage, un Brua ("Dis-moi le feu") et les Bertin. J'entends encore votre voix nue monter au dessus des rumeurs de la salle en ouverture du récital en public… "Indien". J'entends cette même voix emplir le salon de la villa : il y a au moins deux chiens, une jeune fille toute à sa lecture, un autre qui bricole une moto dans la rue, moi qui corrige des copies peut-être, et le temps suspendu qui se fracassera au prochain coup de sonnette. "Le bonheur est l'algèbre intime des sourciers". Voilà notre "Domaine de joie", entre les échappées belles en vélo vers la Belgique et les parties de foot sur la plage à marée basse. L'ambiance est bon enfant, les cœurs et les corps sont pudiques, les amours platoniques, les lettres de l'époque sont drôles et rédigées en commun à l'adresse des déserteurs, partis garder une colo, ou expédiés dans un collège privé au fond de la Bretagne. Avec des instants magiques, tous devoirs faits, vaisselle et copies, certains soirs à Dunkerque. Volets baissés, écho de la corne de brume. Mon frère étudie sa philo (il est plongé dans Nietzsche, qui lui parle de thermodynamique) et moi j'écris à un ami. Régulièrement l'un de nous se lève et change de face sur la platine le disque Alvarès C 470 "Si je savais les mots" »…

Jean-Pierre Liénard, lettre à Jacques Bertin

Charité

saint augustin, charité

"Tu donnes du pain à celui qui a faim. Mais mieux vaudrait qu'il n'ait pas faim, et que tu n'aies rien à lui donner.
Par le fait que tu donnes, tu parais être le supérieur de celui auquel tu donnes.
Souhaite qu'il soit ton égal, afin que tous les deux, vous soyez dans la dépendance de celui auquel on ne peut rien donner."

Saint Augustin

dimanche, 24 février 2013

L'Etat, forteresse du peuple

"Comme la paix dans les États n'a pour objet que de conserver les biens des peuples en assurance (...), et comme ce serait aller contre le bien de la paix de laisser entrer les étrangers dans un État pour le piller, sans s'y opposer, de crainte d'en troubler le repos, parce que la paix n'étant juste et utile que pour la sûreté du bien, elle devient injuste et pernicieuse quand elle le laisse perdre, et la guerre qui le peut défendre devient juste et nécessaire."

Blaise Pascal

vendredi, 22 février 2013

Ouverture de l'histoire de l'Afrique noire

joseph ki-zerbo, histoire de l'afrique noire, histoire des mérovingiens, festival panafricain d'alger, ouagadougou

Pour vous intitier à ce grand livre, la première histoire africaine écrite par un Africain, voici l'avant-propos d'un homme voltaïque devenu, au cours de sa vie, un homme intègre... Puisque le grand historien et penseur Joseph Ki-Zerbo est né en Haute-Volta, colonie française, et mort au Burkina Faso, "pays des hommes intègres". Une terre, deux noms, une oeuvre, et au-delà des mers, une patrie amie et ennemie : la France.

En espérant que cet avant-propos vous donne envie d'acheter et de livre ce livre, cette fresque, ce monument.

Joseph Ki-Zerbo, Haute-Volta, Burkina Faso, pays des hommes intègres, empire colonial français, Ouagadougou, festival panafricain d'Alger, Sorbonne, histoire des mérovingiens, baobab, Soudan,Tananarive, Zimbabwe, Dar-es-Salam, Zanzibar, Nairobi, Kampala, Khartoum, Addis Abeba, Kinshasa, Brazzaville, Yaoundé, Abomey, Lomé, Lagos, Ibadan, Kigali, Ifé, Oyo, Accra, Koumassi, Niamey, Bamako, Ségou, Dakar, Conakry, Abidjan, Le Caire, Paris, Bruxelles, Copenhague, Londres,O.U.A, Organisation de l'Unité Africaine, Histoire générale de l'Afrique, Legon, Accra, bungalow universitaire, musée,Thomas Hodgkin, Devisse, Clérici, Person, R. Olivier, M. Colin Legum, M. Poussi, Bakary Coulibaly, chauffeurs de taxi, famille Postel-Vinay, mademoiselle Imbs, Madame Willhem, dactylo, Schliemann, Rodriguez, Hatier, une bouteille à la mer, Afrique de demain

«Ce livre, amorcé à Ouagadougou (Haute-Volta) en 1962 et achevé durant le festival panafricain d'Alger en 1969, est issu d'un rêve d'étudiant. Apprenti à la Sorbonne dans le "métier d'historien" et appliqué à explorer les fondements lointains et proches du monde d'aujourd'hui, j'étais frappé de la quasi-absence du continent africain, et singulièrement du monde noir, dans le message de nos guides spirituels et dans nos exercices universitaires laborieux et raffinés. Parfois, au beau milieu d'un cours sur les Mérovingiens, j'entrevoyais comme dans un mirage la savane soudanaise rôtie de soleil, avec la silhouette débonnaire d'un baobab pansu, hirsute et goguenard... Et le projet muet et violent naquit, de retourner aux racines de l'Afrique. Mais, dit le proverbe : "Ce n'est pas avec les yeux qu'on tue le buffle".

Les occupations professorales, sociales et culturelles multiples, les aléas de l'action sur l'histoire chaude d'aujourd'hui, ne m'ont pas souvent laissé de loisirs pour scruter sereinement les cendres froides du passé. Néanmoins, dès 1962, je demandai une disponibilité sans solde pour m'y consacrer. Le gouvernement voltaïque préféra me libérer pendant deux ans des tâches d'enseignement. Qu'il en soit vivement remercié. Mais, deux ans pour une entreprise visant à présenter en un seul volume une synthèse provisoire de l'Histoire de l'Afrique depuis les origines jusqu'à nos jours, cela s'avéra bien maigre. Du moins de nombreux voyages sur les sites historiques africains, et dans les grandes bibliothèques et musées furent alors entrepris, grâce aussi à l'UNESCO à qui j'exprime ici toute ma gratitude.

Dans un périple qui était un pèlerinage passionnant et passionné, l'auteur recueillit l'Histoire à Tananarive, Zimbabwe, Dar-es-Salam, Zanzibar, Nairobi, Kampala, Khartoum, Addis Abeba, Kinshasa, Brazzaville, Yaoundé, Abomey, Lomé, Lagos, Ibadan, Kigali, Ifé, Oyo, Accra, Koumassi, Niamey, Bamako, Ségou, Dakar, Conakry, Abidjan, Le Caire, Paris, Bruxelles, Copenhague, Londres, etc. Plus de mille volumes ont été lus sans compter les articles de revues et de journaux. Mais plus l'auteur s'enfonçait dans ce magma énorme et bigarré des sources de l'Histoire africaine, et plus s'affirmait le désir alterné et contradictoire, soit d'abandonner et de signer forfait, soit d'engranger encore plus, afin de produire une oeuvre plus valable. Chaque livre achevé creusait le sentiment du gouffre d'ignorance.

Or, seules les vacances scolaires permettaient de se replonger sérieusement dans le bain de la recherche. C'est pourquoi l'auteur a décidé à son grand regret d'omettre pour le moment l'étude systématique de la partie Nord de l'Afrique dont le passé lui était encore moins connu, afin de rendre possible la parution du volume dans un délai raisonnable. Mais, ce n'est que partie remise et, dans une édition ultérieure, cet ouvrage sera une Histoire Générale de l'Afrique englobant le secteur méditerranéen, dans une unité consacrée par tant de liens millénaires (parfois sanglants, il est vrai) mais le plus souvent mutuellement enrichissant, qui sont soulignés dans le présent ouvrage et qui font de l'Afrique, de part et d'autre de la charnière du Sahara, les deux battants d'une même porte, les deux faces d'une même médaille, les deux reflets d'une même pierre précieuse. Le continent "marginal" devenu aujourd'hui le corps de l'Organisation de l'Unité Africaine (O.U.A.) sera alors présenté dans son ensemble.

Ce livre a été écrit dans des conditions difficiles, dans la chaleur équatoriale comme dans les rigueurs de l'hiver nordique, dans des avions de tout calibre, das des recoins obscurs de bibliothèques comme sous les palmiers fouettés par la lumière australe et par la brise océane parfumée d'épices, à Zanzibar. Tel qu'il se présente, il n'est que la caricature du rêve de l'étudiant. Davantage de temps aurait permis d'en faire un monument moins indigne du passé colossal de ce continent gigantesque. Avec la longueur des délais de rédaction, certaines choses ont peut-être été dépassées par des recherches analogues en cours, malgré les mises à jour périodiques effectuées par l'auteur. Tel spécialiste de telle période ou région sera sans doute déçu par le schématisme de tel chapitre. La bibliographie semblera parfois trop abondante, ou pas assez.

Te qu'il est pourtant, cet ouvrage rendra, je l'espère, des services à tous ceux qui pensent que les racines africaines expliquent bien des choses dans les fleurs merveilleuses ou fânées, les fruits succulents ou amers de l'Afrique contemporaine. A tous ceux aussi qui croient que les Africains sont les mieux placés pour interpréter leur propre passé.

Il serait impossible d'énumérer les noms de toutes les personnes qui m'ont aidé de leurs conseils, de leurs encouragements, de leur assistance multiforme au cours de ces labeurs, de ces veilles, de ces déplacements à travers tant de pays. Qu'il s'agisse d'éminents professeurs, en particulier mon regretté maître A. Aymard, ou des cuisiniers qui dans un bungalow universitaire à Legon (Accra) ou Ibadan m'ont si attentivement soigné. Je pense aussi aux chauffeurs de taxi, aux guides des musées, aux directeurs de bibliothèques dont la gentillesse, contrastant avec l'austérité des lieux, ranima souvent la flamme dans le coeur et l'esprit du chercheur.

Qu'il soit permis au moins de citer ici, en plus de ma femme qui m'a encouragé et aidé, les professeurs Thomas Hodgkin, Devisse, Clérici, Person, R. Olivier, M. Colin Legum, M. Poussi, Bakary Coulibaly et d'autres collègues, historiens et traditionnalistes africains dont le nombre est grand.

Mes remerciements vont aussi à la famille Postel-Vinay pour sa chaleureuse hospitalité, aux familles Schliemann de Copenhague et Rodriguez, ainsi qu'à Mlle Imbs, professeur agrégée de géographie, pour l'aide si dévouée qu'elle m'a apportée dans l'établissement des cartes, sans oublier Mme Willhem, la vaillante dactylo qui, la première, a sorti ce texte de sa forme manuscrite.

Je remercie aussi d'avance les lectrices et lecteurs pour leur aimable attention et pour leurs critiques qui permettront de bonifier le contenu de cet ouvrage.

Celui-ci, imparfait et parfois approximatif, est lancé comme une bouteille à la mer, avec l'espoir que son message sera reccueilli surtout par les jeunes et contribuera à dessiner en traits authentiques le visage si peu connu, si méconnu, de l'Afrique d'hier, fournissant ainsi les bases d'une plus saine approche et d'une plus farouche détermination pour bâtir celle de demain.»


Joseph Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire, 1978, Hatier

Joseph Ki-Zerbo, Haute-Volta, Burkina Faso, pays des hommes intègres, empire colonial français, Ouagadougou, festival panafricain d'Alger, Sorbonne, histoire des mérovingiens, baobab, Soudan,Tananarive, Zimbabwe, Dar-es-Salam, Zanzibar, Nairobi, Kampala, Khartoum, Addis Abeba, Kinshasa, Brazzaville, Yaoundé, Abomey, Lomé, Lagos, Ibadan, Kigali, Ifé, Oyo, Accra, Koumassi, Niamey, Bamako, Ségou, Dakar, Conakry, Abidjan, Le Caire, Paris, Bruxelles, Copenhague, Londres,O.U.A, Organisation de l'Unité Africaine, Histoire générale de l'Afrique, Legon, Accra, bungalow universitaire, musée,Thomas Hodgkin, Devisse, Clérici, Person, R. Olivier, M. Colin Legum, M. Poussi, Bakary Coulibaly, chauffeurs de taxi, famille Postel-Vinay, mademoiselle Imbs, Madame Willhem, dactylo, Schliemann, Rodriguez, Hatier, une bouteille à la mer, Afrique de demain


AlmaSoror a cité plusieurs fois l'éminent professeur Ki-Zerbo :

Où vont les âmes des esclaves ?

Le trafic à la Muette

Un voyage féodal

Un billet sur Mongo Beti ?


samedi, 16 février 2013

Souviens-toi de l'été dernier

Guy de Maupassant, Bel-Ami, Georges Duroy, Paris l'été, concierges

«C'était une de ces soirées d'été où l'air manque dans Paris. La ville, chaude comme une étuve, paraissait suer dans la nuit étouffante. Les égouts soufflaient par leurs bouches de granit leurs haleines empestées, et les cuisines souterraines jetaient à la rue, par leurs fenêters basses, les miasmes infâmes des eaux de vaisselle et des vieilles sauces.

Les concierges, en manches de chemise, à cheval sur des chaises en paille, fumaient la pipe sous des portes cochères, et les passants allaient d'un pas accapblé, le front nu, le chapeau à la main.»

Guy de Maupassant - Bel-Ami

lundi, 04 février 2013

Les visages hâves des parisiens des bas-fonds, les visages lumineux des saints des cieux

Honoré de Balzac, Histoire des Treize,La Fille aux yeux d'or, Eugène Delacroix, Franz Liszt, Hector Berlioz, Ferragus, La Duchesse de Langeais, description de Paris, le peuple parisien, Théodore Dubois

«Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné. Paris n’est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d’intérêts sous laquelle tourbillonne une moisson d’hommes que la mort fauche plus souvent qu’ailleurs et qui renaissent toujours aussi serrés, dont les visages contournés, tordus, rendent par tous les pores l’esprit, les désirs, les poisons dont sont engrossés leurs cerveaux ; non pas des visages, mais bien des masques : masques de faiblesse, masques de force, masques de misère, masques de joie, masques d’hypocrisie ; tous exténués, tous empreints des signes ineffaçables d’une haletante avidité ? Que veulent-ils ? De l’or, ou du plaisir ?»

Honoré de Balzac, La Fille aux yeux d'or - Histoire des Treize


L'histoire des Treize, du très Honoré de Balzac, contient trois histoires. La première, Ferragus, est dédié au musicien Hector Berlioz. La seconde, La Duchesse de Langeais, est offerte à Franz Liszt. Le dédicataire de la troisième, La Fille aux yeux d'or, est le peintre Eugène Delacroix.

Il faut aller (re)lire, dans un des cafés de la place Franz Liszt, La fille aux yeux d'or. Pour l'accompagner, un mauvais kir n'est pas une mauvaise idée, accompagné si possible des cacahuètes des bars parisiens sur lesquelles, parait-il, on prélève des traces d'urine. Et si l'église est ouverte, et que l'organiste répète un air de Théodore Dubois ou de Louis Vierne, pourquoi ne pas faire une prière à Sainte Geneviève et à Saint Denis, patrons des parisiens ? Rougissez nos joues, adoucissez nos masques, Ô chers saints ! Sanctifiez-nous, rendez-nous sains.

 

Si personne n'est à l'orgue, alors on peut chantonner en murmurant la litanie des saints de Paris :

Trilogie balzacienne, premier volet

Trilogie balzacienne, second volet

lundi, 28 janvier 2013

Balzac et un verre de Marsannay

IMAG5194.jpg

Vue de chez Marie Petitjean


«Il est dans Paris certaines rues déshonorées autant que peut l'être un homme coupable d'infamie ; puis il existe des rues nobles, puis des rues simplement honnêtes, puis de jeunes rues sur la moralité desquelles le public ne s'est pas encore formé d'opinion; puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles, des rues estimables, des rues toujours propres, des rues toujours sales, des rues ouvrières, travailleuses, mercantiles. Enfin, les rues de Paris ont des qualités humaines, et nous impriment par leur physionomie certaines idées contre lesquelles nous sommes sans défense».

Honoré de Balzac, In Ferragus - Histoire des Treize

 

L'histoire des Treize, du très Honoré de Balzac, contient trois histoires. La première, Ferragus, est dédié au musicien Hector Berlioz. La seconde, La Duchesse de Langeais, est offerte à Franz Liszt. Le dédicataire de la troisième, La Fille aux yeux d'or, est le peintre Eugène Delacroix.

Et vous le rouvrirez, ce livre, ou vous l'ouvrirez, un soir avec un verre de Marsannay. Pour l'accompagner, pourquoi ne pas écouter la musique de César Franck ? Mettez le Panis Angelicus. Et quand la musique s'arrêtera, vous serez loin, très loin dans l'Histoire des Treize.

Trilogie balzacienne, premier volet

lundi, 21 janvier 2013

sous l'Empire et dans Paris

Honoré de Balzac, Histoire des Treize, 1831, pirates, Melmoth, Faust, Manfred, Achille, Morgan, sous l'Empire et à Paris

«Il s'est rencontré, sous l'Empire et dans Paris, treize hommes également frappés du même sentiment, tous doués d'une assez grande énergie pour être fidèles à la même pensée, assez probes entre eux pour ne point se trahir, alors même que leurs intérêts se trouvaient opposés, assez profondément politiques pour dissimuler les liens sacrés qui les unissaient, assez forts pour se mettre au-dessus de toutes les lois, assez hardis pour tout entreprendre, et assez heureux pour avoir presque toujours réussi dans leurs desseins; ayant couru les plus grands dangers, mais taisant leurs défaites ; inaccessibles à la peur, et n'ayant tremblé ni devant le prince, ni devant le bourreau, ni devant l'innocence ; s'étant acceptés tous, tels qu'ils étaient, sans tenir compte des préjugés sociaux; criminels sans doute, mais certainement remarquables par quelques-unes des qualités qui font les grands hommes, et ne se recrutant que parmi les hommes d'élite. Enfin, pour que rien ne manquât à la sombre et mystérieuse poésie de cette histoire, ces treize hommes sont restés inconnus, quoique tous aient réalisé les plus bizarres idées que suggère à l'imagination la fantastique puissance faussement attribuée aux Manfred, aux Faust, aux Melmoth, et tous aujourd'hui sont brisés, dispersés du moins. Ils sont paisiblement rentrés sous le joug des lois civiles, de même que Morgan, l'Achille des pirates, se fit, de ravageur, colon tranquille, et disposa sans remords, à la lueur du foyer domestique, de millions ramassés dans le sang, à la rouge clarté des incendies».

Honoré de Balzac, Histoire des Treize, 1831

L'histoire des Treize, du très Honoré de Balzac, contient trois histoires. La première, Ferragus, est dédié au musicien Hector Berlioz. La seconde, La Duchesse de Langeais, est offerte à Franz Liszt. Le dédicataire de la troisième, La Fille aux yeux d'or, est le peintre Eugène Delacroix.

mercredi, 16 janvier 2013

La vérité comme une bombe

xavier de maistre

Xavier de Maistre, écrivain (1763-1852) était bien différent de son frère Joseph, dont nous nous souvenons mieux. Pourtant, Xavier, auteur du Voyage autour de ma chambre, n'est-il pas infiniment plus subtil et raffiné ?

xavier de maistre


Nous étions heureux par nos erreurs - et maintenant - ah ! Ce n'est plus cela : il nous a fallu lire, comme les autres, dans le coeur humain, et la vérité, tombant au milieu de nous comme une bombe, a détruit pour toujours le palais enchanté de l'illusion.

Xavier de Maistre

lundi, 07 janvier 2013

Lumière du Sud, sang du monde

soir antique, alphonse osbert, jean-christophe, Romain Rolland, Italie
Peinture d'Alphonse Osbert

Venant de Suisse, Jean-Christophe passe la frontière italienne. "Lorsque au sortir de la barrière alpestre, Christophe, assoupi dans un coin de son wagon, aperçut le ciel immaculé et la lumière qui coulait sur les pentes des monts, il lui sembla rêver".

"Sur la mer lumineuse, dans la nuit lumineuse, il se laissait bercer, longeant les promontoires bordés de cyprès enfantins. Il s'installa dans le village, il y passa cinq jours dans une joie perpétuelle. Il était comme un homme qui sort d'un long jeûne, et qui dévore. De tous ses sens affamés, il mangeait la splendide lumière... Lumière, sang du monde, fleuve de vie, qui, par nos yeux, nos narines, nos lèvres, tous les pores de la peau, t'infiltres dans la chair, lumière plus nécessaire à la vie que le pain, - qui te voit dévêtue de tes voiles du Nord, pure, brûlante, et nue, se demande comment il a jamais pu te vivre sans te posséder, et sait qu'il ne pourra plus jamais vivre sans te désirer".

Romain Rolland, in Jean-Christophe

mercredi, 02 janvier 2013

Et moi, j'écoutais, crevant d'ennui

 

Alphonse de Chateaubriant, Chateaubriand, Romain Rolland, Marie Romain Rolland, idiotie, religion, conversion, athéisme, piété, Voltaire, mystagogisme

Romain Rolland, dont l'épouse Macha (communiste athée élevée dans l'orthodoxie) est en train de se convertir au catholicisme, crie sa lassitude dans son journal personnel, alors que sa femme et ses hôtes, l'écrivain Alphone Bredenbeck de ChateaubrianT (qui n'a rien à voir avec ChateaubrianD) et sa compagne, sont plongés dans d'obscurs et béats entretiens religieux.

Alphonse de Chateaubriant, Chateaubriand, Romain Rolland, Marie Romain Rolland, idiotie, religion, conversion, athéisme, piété, Voltaire, mystagogisme

 

« Donc, Chateaubriant et son amie ont passé l'après-midi parlant de Dieu avec Macha, sans arrêt, cinq heures durant. Et moi, j'écoutais, crevant d'ennui, la tête malade, n'en pouvant plus de cette atmosphère d'absurdité et de rabâchage métaphysique, théologique, « mystagogique », où je suis forcé de mariner, comme un vieux concombre récalcitrant, depuis quatre à cinq mois ! Je ne puis plus tolérer une goutte de ces divagations infantiles, toutes jubilantes de leur certitude, dans le sans-forme. Je suis saturé jusqu'à l’écœurement. Je finirais par réagir, dans la peau ridée de Voltaire ricanant. Vive le bon sens ! S'il y a un Dieu, je suis bien sûr que c'est son plus bel attribut. Croient-ils lui rendre hommage avec ces montagnes d'obscurités accumulées, qu'ils se flattent ensuite de gravir ? Ne serait-il pas plus vraiment pieux et plus sain de dire : - « Il est trop grand. Je ne sais rien, - sinon que je l'aime et que j'espère en lui » ? Et puis, faire sa tâche quotidienne, simplement, en se confiant en lui, sans se mêler de ce qui le regarde... - C'est là, pour moi, la vraie piété. Tout le reste est orgueil et délire de l'esprit ».

 Romain Rolland - Journal de Vézelay

lundi, 31 décembre 2012

Fragment d'un printemps arabe

 

jacques benoist-méchin,daraya,ras tanura,pétrolier,olympic cloud,raffineries,bahrein,lucifer,archange déchu,style littéraire

Jacques Benoist-Méchin écrit comme un dieu de l'esthétique, un metteur en scène littéraire. Voici des lambeaux de son Printemps arabe, publié en 1959 aux éditions Albin Michel.

 

« Passe devant nous, semblable à une citadelle resplendissante de blancheur, l'Olympic Cloud, un pétrolier de 30 000 tonnes... Ce château de rêve glisse lentement devant nos yeux. Sa gloire immaculée domine de haut le désert, les dunes et le faîte des palmiers.
Ce palais majestueux a l'inconsistence d'un mirage. Il semble sur le point de se dissoudre dans la nuit.

...

Les réservoirs de pétrole semblent des cratères d'acier portés à l'incandescence où les damnés se tordraient dans un bouillonnement de bitume. Tout au loin, à moitié masquées par un écran de dunes, des nappes de lumière blanche, d'une lividité spectrale, semblent indiquer les points où le désastre est consommé. Sont-ce des météores tombés au-delà des horizons, des satellites qui achèvent de se désagréger dans un halo de sodium ? Non. Ce sont les raffinements de Ras-Tanura et de Bahrein. De jour, la distance ne permet pas de les apercevoir. Mais la nuit, par temps voilé comme c'est le cas ce soir, leur clarté blafarde, rétractée par les nuages, teint le ciel d'une lueur qui n'est pas de ce monde. Je reste pétrifié devant ce spectacle hallucinant, que Dante lui-même aurait hésité à décrire. Quel sens faut-il donner à ce décor luciférien, où l'orgueil de l'homme moderne rejointe celui de l'archange déchu ?

...

Si le désert est le règne du silence et de l'immensité, ici c'est le règne de la sérénité et du calme. Pas un souffle dans l'air, pas une ride sur l'eau. La mer est si paisible que ses bords ne sont même pas ourlés d'une frange d'écume. Détachées du rivage, des lagunes flottent paresseusement à sa surface. On les croirait suspendus à mi-chemin entre deux ciels, car tout est imprégné de la même pâleur nacrée. Pas de ligne d'horizon. Là où cesse la terre, commence simplement un vide au sein duquel les éléments se dissolvent en fumée. On se croirait arrivé aux confins du monde.

...

Je regarde Daraya la morte. La ville paraît ensevelie dans un linceul de lumière. »

 

Nous parlâmes de Benoist-Méchin déjà sur AlmaSoror :

Un témoignage épuré

Trois esthètes du XX°siècle : Romain Rolland, Jacques Benoist-Méchin, Raoul Vaneigem

Le style immense et plein de pensée de J B-M

 Le désillusionné

 L'invasion de l'Europe - années 700

 

jacques benoist-méchin,daraya,ras tanura,pétrolier,olympic cloud,raffineries,bahrein,lucifer,archange déchu,style littéraire

  Et encore un extrait du Printemps arabe :

 "Les Grecs n'étaient pas les contemporains de leurs adversaires. Ils avaient mille ans d'avance sur eux. Devant cette pensée lucide, expérimentale et spéculative, que pouvait l'Orient encore tout empêtré dans ses philtres et ses incantations ?

Pour Darius, Babylone était le centre de l'univers alors qu'Alexandre était déjà au seuil de l'héliocentrisme. Ses victoires n'étaient pas seulement celles de la mobilité sur la stagnation, de l'individu sur la masse, de l'intelligence sur le rêve ; c'étaient celles de la forme sur l'informe, de l'ordre sur le chaos. C'étaient celles d'un Europa-Korps sur les foules asiatiques".