Lumière du Sud, sang du monde (lundi, 07 janvier 2013)
Peinture d'Alphonse Osbert
Venant de Suisse, Jean-Christophe passe la frontière italienne. "Lorsque au sortir de la barrière alpestre, Christophe, assoupi dans un coin de son wagon, aperçut le ciel immaculé et la lumière qui coulait sur les pentes des monts, il lui sembla rêver".
"Sur la mer lumineuse, dans la nuit lumineuse, il se laissait bercer, longeant les promontoires bordés de cyprès enfantins. Il s'installa dans le village, il y passa cinq jours dans une joie perpétuelle. Il était comme un homme qui sort d'un long jeûne, et qui dévore. De tous ses sens affamés, il mangeait la splendide lumière... Lumière, sang du monde, fleuve de vie, qui, par nos yeux, nos narines, nos lèvres, tous les pores de la peau, t'infiltres dans la chair, lumière plus nécessaire à la vie que le pain, - qui te voit dévêtue de tes voiles du Nord, pure, brûlante, et nue, se demande comment il a jamais pu te vivre sans te posséder, et sait qu'il ne pourra plus jamais vivre sans te désirer".
Romain Rolland, in Jean-Christophe
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Commentaires
Je retournerai en Italie pour voir si je ressens aussi cette lumière et cette vie. Et pourtant ce sud m'attire si peu. Femme du nord, qui a peur du froid et qui tremble devant un soleil de plomb.
Quelle tendre France, celle qui nous abrite en son sein tempéré. Quelle belle France, qui nos offres ses montagnes et ses mers, ses vallées et ses plaines, son soleil, sa neige, sa pluie et son vent.
Écrit par : Jeanne | lundi, 07 janvier 2013
Jeanne, vous ne tremblez plus car vous savez désormais que vous êtes le Dieu qui fait couler la chaleur et la fraîcheur dans vos veines et qui veille à la fluidité des sangs et des joies, des peines et des tentatives. Vous dites si bien la tendre douceur de notre pays, il est tellement beau qu'on n'a plus le droit de l'aimer à voix haute : cela gêne les tyrans qui la méconnaissent. Or, la beauté est plus forte que toutes les tyrannies. "C'est la beauté qui sauvera le monde", c'est la France qui refleurira, quand le printemps viendra rire après la traversée intérieure de l'hiver. Saisons, chansons, amours : la vraie trilogie, celle qu'on écrit au fronton de nos vies de terre et de cristal.
Écrit par : AlmaSoror | lundi, 07 janvier 2013
Jeanne ne tremble plus. Jeanne est comme un oiseau, un grand oiseau qui déploierait ses ailes pour s'envoler au loin, voir la France d'en haut, planer, se laisser emporter par le vent, tournoyer, fondre et remonter soudain !
Écrit par : Jeanne | lundi, 07 janvier 2013
Merci Stephen. Les questions sont toujours sottes quand elles sont condescendantes... Les mots créent des rêves et des mots... Le pianiste Dinu Lipatti disait "Ne vous servez pas de la musique, servez-la". On pourrait dire aussi : ne vous servez pas des mots, servez les en respectant la plénitude de leur sens, en affinant la pensée qu'on leur demande de porter.
Écrit par : AlmaSoror | mercredi, 09 janvier 2013