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mercredi, 24 mars 2010

Ostende-Biarritz

Quelqu'un m'avait posé les premières questions à Ostende, la ville qui me rappelait la fantastique Ciudad de la bande dessinée Nolimé Tangéré.

Un autre homme m'a posé les deux dernières questions à Biarritz, longtemps après. Mais "longtemps" ne veut rien dire. Dans les deux villes j'ai eu l'impression d'être suspendue entre le rêve et le désir, hors du temps.

Quand on se laisse aller à répondre du coeur, le résultat est surprenant pour soi-même.

 

Photo07_LesSablesd'Olonne8.jpg
photo Sara

 

 

 

Qu'est-ce qui vous révolte le plus au monde ?

La maltraitance des corps ; puis celle des coeurs ; la laideur des choses "fonctionnelles".

Ce qui vous fait frémir pour la génération qui vient... ?

La surpopulation, la surcolonisation de la terre. Le manque d'espace, de culture, d'élégance, de raffinement.

Qu'est-ce qui vous rend le plus heureux dans votre vie ?

La lumière. Le bien-être. la beauté des oeuvres. La cuisine partagée. Un petit resto de temps en temps. La liberté de penser, de vivre, de ressentir. La tranquillité entre deux êtres. Les bonnes nouvelles. La beauté des lieux et des atmosphères. La facilité de la vie. Les projets.

Les choses accomplies qui vous rendent le plus fier... ?

AlmaSoror

Avoir appris des langues rares et avoir compris des choses au Pérou

Connaître et écrire de la poésie

La robe rouge de Dana

Ma prise de conscience sur les animaux

Toutes les chansons que je connais par coeur

samedi, 20 mars 2010

Djinns illustrés

 

Les Djinns

Dans l'église 2.jpg

Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Oncle Luc et jean de Soos.jpg

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

 

WEB.Roll1_STGl'A-12.jpgLa voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

Roll1_B004671-R1-00-0.JPGLa rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.

Roll1_Eul, Mar-12.jpgDieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

Roll1.Fouillis vert33.jpgC'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Roll1.Chardon4.jpgIls sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.

Roll1.Christ10.jpgCris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!

Roll1_garipaudière27.jpgProphète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!

Roll1.Barque32.jpgIls sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!

Roll1_mainscroisées-26.jpgDe leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

gange aulit 1.jpgD'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

concarneau 4.jpgLes Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

page12_i_N&B Boris+Ondine.jpgCe bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

victor hugo,djinns,saraOn doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor Hugo

Photos de Sara

 

jeudi, 18 mars 2010

Sara

Il fait beau et frais. Paris s'est éveillé depuis quelques heures. Les rideaux palpitent un peu et le vent des voitures s'entend comme un bruit de mer lointaine. Je me souviens de cette biographie que j'avais écrit sur Sara, il y a deux ans. Je crois que c'est le jour idéal pour la mettre à l'honneur sur le blog d'AlmaSoror.
sara rose.jpg


(Avertissement : Je me permets de relater ici (plus bas) la rencontre entre Sara et Chateaubriand, parce que j'ai eu le privilège, non pas d'y assister, mais d'en recevoir des poussières de bribes).

Sara écrit pour AlmaSoror.
Elle publie des livres pour enfants en papier déchiré, peint, écrit du théâtre et réalise des films d'animation.

Nous présentons ici les articles et photos qu'elle a publié sur AlmaSoror. Puis nous présentons un éventail de son œuvre.
Enfin, voici le lien vers son propre site : Univers de Sara



Quand Sara a fini de peindre, elle descend par la fenêtre, sous l'œil renversé de Mousse :

sara par la fenêtre+mousse.jpg

Et un jour, à Venise, Sara réfléchissait :

sara.jpg
Elle rêvait que Chateaubriand passait dans la rue, juste en bas. Ils se souriaient. Elle lui offrait la ballade de la mer salée, de Hugo Pratt.
"Ce sont des mémoires d'outre-océan, lui disait-elle.
- Je l'avais deviné à la gravité de votre visage, répondait-il.
Ils se souriaient et se séparaient. Mais ils ne s'oublieraient jamais.
Cela se passait à Venise en deux-mille quelque chose. Il faisait froid. Giorgione était le plus grand des peintres. Et le café, comme le café était bon ! Mais cela, c'est une autre histoire.

Quelques années plus tard, l'été finissait dans une ville qui ressemblait à Panamaribo.
- Sais-tu danser ? Demanda El Diablo à son interlocutrice rêveuse. 
- Non, répondit-elle. Sara (car c'était elle) se leva et posa un pourboire sur la table.
- Adieu, dit-elle en partant vers l'autre côté de la place.
El Diablo resta seul, en silence, dans la tiède chaleur de l'été. Il vit Sara disparaître derrière la petite église blanche de Santa-Catalina.

Sara longea les bords des maisons en regardant les ombres se balancer sur les feuilles des arbres. Cela lui rappelait l'époque où les jeunes hommes venaient danser sous les fenêtres du palais ressuscité des Doges.
SARA 1.jpg


Depuis, Sara a vécu une expérience mystique aux Sables d'Olonne. Un soir, au casino. Elle a rencontré dans les luxueuses toilettes une personne qu'elle avait cru peindre, trente ans auparavant. Aucun mot ne les départagea. Ce fut un duel silencieux.
Voici le film de cette rencontre mémorable :



Pour effacer cette scène étrange de sa mémoire déjà trop tangible, Sara accepta la proposition de Daniel Bireix-Steinman : ils organisèrent une exposition de ses toiles qui devait durer dix ans au Musée des Arts Antiquo-Futuristes de Jei Kan, au pied du mont Fujiyama. Depuis que le Japon est fermé au monde, l'exposition est invisible. Mais nous avons quelques photographies de ces trente toiles qui dorment au Japon depuis maintenant longtemps, trop longtemps.

vendredi, 12 mars 2010

L'intégrale de Riemann-Stieltjes

 

 

Luco bassin.jpg
Le bassin du Luxembourg, par Sara

 

 

C'était l'instant mathématique estival 2008. AlmaSoror le réactualise en postant aujourd'hui le document pédéhaif de l'article. 

Laurent Moonens poursuit sa fascinante exploration des fonctions à variation bornée. Chevauchons l'intégrale de R-S avec cœur au lieu de nous endormir sous le soleil d'août.
Et, vous les lecteurs qui vivez en hiver sous des latitudes lointaines, réchauffez-vous avec… l'intégrale des sieurs Riemann et Stjeltjes

 

 

à propos de Laurent Moonens

jeudi, 04 mars 2010

Viento del Este, la pochette du disque

 

RadSatMomo&Cesarjpg.jpg

Ma mère les avait rencontrés dans le métro. Ils jouaient à Bastille. Elle leur a acheté un disque. Elle est revenue et a écouté le disque toute la soirée, toute la semaine. Elle est retournée les voir pour leur demander de faire la musique de son court métrage.  Quand il l’ont vue, ils l’ont reconnue et se sont dit qu’elle venait leur rendre le disque, furieuse de ce qu’elle avait entendue. Ils n’en sont pas revenus de sa proposition.
Deux argentins désargentés, l’un à la contrebasse, l’autre à l’accordéon. César et Maurizio Amarante, diablotins en vadrouille. Leur groupe s'appelle : "Radikal Satan".

Et je recopie l’étrange texte qu’ils ont écrit dans la pochette du disque Viento del Este… Un texte écrit dans un pidgin en train de naître.

Le premier opus du disque, En el Quai, est la musique que Radikal Satan a composé pour le film à Quai, de Sara, visible ici. La version du disque diffère de celle du film.

 

cesar de Radikal Satan.jpg

 

« Au début de l’année ZeroCuarto, después de una vuelta por Buenos Aires, nos encontramos con Christophe en el Palais de la Machine à laver y Voyage-Gira avec les Anacharsis, et après ça, Adrian moviliza el Studioo Mòvil hasta Bordeos et ça enregistra en la Cruz Blanc adurante cuatro o cinco dias con los Glen y fuìmos a buscar un Piano al Hotel de Malika et un Caballo-Farfisa improvisado por Geoffrey y una semana despuès empezamos a grabar en la casa de Eric Martinez, rue du Loup Haché, où il nous a présenté son maître Henri Chopin, et en suite on file à Paris, dans le XIème arr, rue Jules Vallès, a lo de los viejos de Adrian para empezar a mezclar y no terminar, ir a Squatar a la cave de Alternation y no dormir jamais hasta que en un domingo cafard se graba Avant midi en la màquina del Dr Acula con Bastien Rojo à côté, de vuelta à Bordeaux pa’ tocar encore a laCabane en Béton de la Garonne et enregistrar sur une cassette Periférico con Chris et Melo el 11 de Setiembre y algunos dias después, mientras la familia Saboya mangent des sanwiches, con el minidisco de Médhi hicimos Xpress Bontempi en la rue Judaïque para seguir durante des mois et des mois et des mois chez Eric Martinez tratando de ensamblar la saloperie y revenir en arrière y meter intros y sonidos y apareciò Colette Magny et la Fenêtre de Zurich, Thomazin graba en su casa AQuai, on cherche des trucs dans les cassettes de Lanùs del Ano 99, mientras en la escalera de lo de Ana pusimos el cuatro pistes y Marielle se fumò un pétard d’Austin, trois verres d’Absinthe, quelques mates y saliò Excitée, le robamos un pedazo al Tata Cedron y al Gaucho surrealista de Lanùs sus grabaciones andinas intituladas Accidente de Mechon de pelo-Villazòn et on a tracé chez Céline y arrancamos a hacer la pochette/tapa con los souvenirs que trajo David desde la Espanya y una frase de Leopoldo Marechal en el Adàn Buenos-Ayres de Tato Eli jusqu’à samedi soir chez Eric Martinez et lundi on envoie en Tchéquie".

 

Cesar y Momo Amarante, Contrabajo, accordeon, voces y demàs.

 

Produit par les potagers nature.

 

lundi, 22 février 2010

Le Docteur Porstmann, la Reine d'Angleterre et racine carrée de 2

 

Image Science and Analysis Laboratory, NASA-Johnson Space Center..jpg
Image Science and Analysis Laboratory, NASA-Johnson Space Center.

Une contribution mathématique à AlmaSoror datant du début de l'an 2008. à charger en pédéhaif ci-dessous...

Laurent Moonens descend de son nuage abstrait, charmé par sa récente compréhension du format du papier. Il nous fait partager (mathématiquement quand même) sa récente découverte. Le mathématicien belge en profite abusivement pour blaguer le mariage royal du président français.

 

Le format A : hommage au docteur Porstmann, à la reine d'Angleterre et à racine carrée de 2

 



 

à propos de Laurent Moonens

 

lundi, 15 février 2010

Chutes et créations des civilisations

 

Texte & photo par Sara

 

Edith et Laure.jpg
Édith & Laure à Saint-Georges de Didonne

 

 

La Gaule, au VI° siècle.
Cela fait un siècle que les francs ont déferlé sur la Gaule avant et après d'autres peuples barbares, venus du nord et de l'est. L'empire romain d'occident s'est écroulé doucement. Les structures anciennes tiennent tant bien que mal : les sénateurs restent les personnages importants du pays.
Le christianisme s'installe. Les évêques sont souvent choisis dans les vieilles familles gallo-romaines. C'est le cas de Grégoire de Tours, l'auteur de "L'histoire des francs".

Cependant, le faste, la haute culture romaine, elle-même héritée des grecs, s'effondre. Les gens, issus de famille autrefois cultivées, le savent : cela les inquiète, ils s'en plaignent. Conscient de l'insuffisance de sa propre instruction, Grégoire de Tours décide cependant d'écrire ce qu'il voit, ce qu'il vit. C'est grâce à lui que les historiens connaissent cette période mieux que celles qui vont suivre.

"Le culte des belles lettres est en décadence et même il se meurt dans les villes de Gaule. Aussi tandis que de bonnes et mauvaises actions s'accomplissaient, que la barbarie des peuples se déchaînait, que les violences des rois redoublaient, que les églises étaient attaquées par les hérétiques et protégées par les catholiques ;(…) on ne pouvait trouver un seul lettré assez versé dans l'art de la dialectique pour décrire tout cela en prose ou en vers métriques. Souvent beaucoup se lamentaient en disant : "Malheur à notre époque parce que l'étude des lettres est morte chez nous et qu'on ne trouve dans le peuple personne qui soit capable de consigner par écrit les événements présents". Or comme je ne cessais d'entendre ces réflexions et d'autres semblables, je me suis dit que pour que le souvenir du passé se conservât, il devait parvenir à la connaissance des hommes à venir même sous une forme grossière. (…) Mais tout d'abord je prie les lecteurs de m'excuser si dans les lettres et les syllabes, il m'arrive de transgresser les règles de l'art de la grammaire que je ne possède pas pleinement."

Un millénaire auparavant, Thucydide, l'historien grec, écrit une œuvre inachevée sur les guerres qui ont provoqué la chute d'Athènes. Toute la différence est là, dans le style. A travers les traductions, on sait que Thucydide est un auteur d'une civilisation accomplie, qu'il bénéficie d'une haute culture. Pourtant lui aussi raconte la détresse des hommes de son pays :

"Il est clair que le pays appelé aujourd'hui Hellade n'était pas autrefois habité de façon stable. Il fut à l'origine le théâtre de migrations et les populations abandonnaient sans résistance les terres qu'elles occupaient, sous la pression des nouveaux arrivants qui se trouvaient être chaque fois plus nombreux. Le commerce était inexistant. Par terre comme par mer, les communications étaient peu sûres. On ne tirait du sol que ce qui était strictement nécessaire pour subsister et il n'y avait pas d'excédent qui permit de capitaliser. On ne faisait pas de plantations, car on se demandait toujours s'il n'allait pas survenir à un moment ou à un autre quelque intrus qui s'en approprierait le produit et cela d'autant plus facilement qu'il n'y avait pas de murailles. Comme on pensait pouvoir trouver n'importe où la subsistance journalière, on décampait sans difficulté."


Seulement, pour lui c'est du passé. Il vit dans la plus ville la plus célèbre et la plus enviée de son temps. Il ne sait pas qu'il décrit le début de la chute de sa civilisation. De même que Grégoire ne sait pas qu'il raconte les débuts d'une grande civilisation, en croyant décrire la fin de celle dont il est issu.

Deux livres pour inciter à méditer sur notre civilisation.

 

Sara

 

vendredi, 12 février 2010

Un problème variationnel

 

 

César, Maurizio, Marie au f.jpg
Le groupe Radikal Satan au resto le Brespail, par Sara

 

 

Laurent Moonens, le plus sérieusement du monde, nous montre que le chemin le plus court est celui qu'on croyait déjà.

 

Lisez ceci dans ce document pédéhaif, que vous ouvrirez en cliquant sur le lien :

 

 

Un problème variationnel...

 

à propos de Laurent Moonens

 

mardi, 02 février 2010

L'escalier du Diable de Cantor

 

Urville silhouette.jpg
Urville - Sara

Salve Amici,

 

Ceux d'entre vous qui en ont le courage, la valeur et la folie peuvent tenter d'emprunter l'escalier du Diable. Notre accompagnateur, Laurent Moonens, nous y emmène par le document pédéhaif que voici :

 

Vade retro Cantor et ton escalier diabolique

 

Sur Laurent Moonens

 

lundi, 01 février 2010

Le train rouge

 

 

17.07.01_5 gange.jpg

 

 

Le train rouge a filé sur les brumes du ciel

et l'enfant qui savait a sucé le bonbon

j'oublie tout des années de silence cruel

je maudis la raison. 


les voix coulent ce soir et les coeurs téléphonent

dans l'immense brouillard du restaurant d’hôtel

il a plu sur la ville et les motards frissonnent

en attendant le temps des duels



et nos mains ont voulu recommencer l'amour

mais les yeux trahissaient les rancoeurs du passé

et l’enfant qui savait l’indigence du jour

souriait à la nuit à quelques pas du pré


La nuit n’a jamais sauvé personne

au bout de sa route nous sommes tous demi-loups

Dans le creux de tes bras mon coeur frissonne

et mon âme est partie avec les douze coups

Mon coeur tatonne, mes doigts cherchent l’aurore

Mais l’esprit souffle où il peut.

Et dans le grand désert poussiéreux de mon corps

il n’y a plus de feu.

 

 

 

Édith de CL

jeudi, 28 janvier 2010

Actéon : un opéra de chasse

 

Actéon (1684)

Opéra de chasse par Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)

 

Couverture Fustier.jpg

 

 

Cet opéra de Marc-Antoine Charpentier, opéra de chasse, baroque en diable, est "mal vu", il faut trouver qu'il n'est pas de bon goût... Pourtant, quelles belles scènes amusantes ! Quelle musique entraînante ! Inspiré des métamorphoses d'Ovide, je l'ai découvert sur le site de Sara, une de nos auteurs et photographes. Sara a illustré les métamorphoses d'Ovide et elle présente sur son site l'oeuvre d'Ovide, l'opéra de Charpentier et son album en papier déchiré à elle. C'est ICI

 

Les images qui suivent et accompagnent le livret de l'opéra sont extraites du livre de Sara.


Scène Première

Dans la vallée de Gargaphie

Actéon .jpg

 

 

Bruit de chasse

CHŒUR DES CHASSEURS

Allons, marchons, courons, hastons nos pas.

Quelle ardeur du soleil qui brusle nos campagnes;

Que le pénible accès des plus hautes montagnes

Dans un dessein si beau ne nous retarde pas.

 

ACTÉON

Déesse par qui je respire,

Aimable Reyne des forêts,

L'ours que nous poursuivons désole ton empire

Et c'est pour immoler à tes divins attraits

Que la chasse icy nous attire.

Conduis nos pas, guide nos traits,

Déesse par qui je respire,

Aimable Reyne des forêts.

 

DEUX CHASSEURS

Vos vœux sont exaucés et par le doux murmure

Qui vient de sortir de ce bois le ciel vous en assure,

Suivons ce bon augure.

 

Allons, marchons, courons . . .

 

Actéon 1.jpg

Scène Deuxième

DIANE

Nymphes, retirons nous dans ce charmant boccage.

Le cristal de ses pures eaux,

Le doux chants des petits oyseaux,

Le frais et l'ombrage sous ce verd feuillage

Nous ferons oublier nos pénibles travaux.

Ce ruisseau loin du bruit du monde

Nous offre son onde,

Délassons nous dans ce flots argentés,

Nul mortel n'oserait entreprendre

De nous y surprendre,

Ne craignons point d'y mirer nos beautés.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Charmante fontaine,

Que votre sort est doux,

Notre aymable reyne

Se confie à vous.

D'un tel avantage

L'Idaspe et le Tage

Doivent estre jaloux.

 

DAPHNÉ ET HYALE

Loin de ces lieux tout cœur profane;

Amants, fuyex ce beau séjour,

Vos soupirs et le nom de l'amour

Troubleraient le bain de Diane.

Nos cœurs en paix dans ces retraites

Goustent de vrais contentements.

Gardez vous, importuns amants,

D'en troubler les douceurs parfaites.

 

ARTHÉBUZE

Ah! Qu'on évite de langueurs

Lorsqu'on ne ressent point les flammes

Que l'amour, ce tyran des cœurs,

Allume dans les faibles ames.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

ARTHÉBUZE

Les biens qu'il nous promet

N'en ont que l'apparence,

Ne laissons point flatter

Par ses appas trompeurs

Notre trop crédule espérance.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

ARTHÉBUZE

Pour nous attirer dans ses chaines

Il couvre ses pièges de fleurs,

Nimphes, armez vous de rigueurs

Et vous rendrez ces ruzes vaines.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Lorsqu'on ne ressent point les flammes

Que l'amour, ce tyran de nos cœurs,

Allume dans les faibles ames.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

 

Actéon 9.jpg

 

 

Scène Troisième

ACTÉON

Amis, les ombres raccourcies

Marquant sur nos plaines fleuries

Que le soleil a fait la moitié de son tour,

Le travail m'a rendu le repos nécessaire;

Laissez moi seul resver dans ce lieu solitaire

Et ne me renvoyez que sur la fin du jour.

 

Agréable vallon, paisible solitude,

Qu'avec plaisir sur vos cyprès

Un amant respirant le frais

Vous feroit le récit de son inquiétude;

Mais ne craignez de moy ny plaintes ny regrets.

Je ne connois l'amour que par la renommée

Et tout ce qu'elle en dit me le rend odieux.

Ah! S'il vient m'attaquer, ce Dieu pernicieux,

Il verra ses projets se tourner en fumée.

 

Liberté, mon cœur, liberté.

Du plaisir de la chasse,

Quoy que l'amour fasse,

Sois toujours seulement tenté.

Liberté, mon cœur, liberté.

 

Mais quel objet frappe ma vue?

C'est Diane et ses sœurs, il n'en faut point douter.

Approchons nous sans bruit, cette route inconnue

M'offrira quelqu'endroit propre à les écouter.

 

DIANE

Nimphes, dans ce buisson quel bruit viensje d'entendre?

 

ACTÉON

Ciel! Je suis découvert.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Oh! Perfide mortel,

Oze tu bien former le dessein criminel

De venir icy nous surprendre.

 

ACTÉON

Que feray-je, grands Dieux?

Quel conseil dois-je prendre?

Fuyons, fuyons!

 

DIANE

Tu prends à fuyr un inutile soin,

Téméraire chasseur, et pour punir ton crime

Mon bras divin poussé du courroux qui m'anime

Aussi bien que de préz te frappera de loin.

 

ACTÉON

Déesse des chasseurs, escoutez ma deffence.

 

DIANE

Parle, voyons quelle couleur,

Quelle ombre d'innocence

Tu puis donner à ta fureur.

 

ACTÉON

Le seul hazard et mon malheur

Font toute mon offense.

 

DIANE

Trop indiscret chasseur,

Quelle est ton insolence!

Crois tu de ton forfait déguiser la noirceur

Aux yeux de ma divine essence?

Que cette eau que ma main fait rejaillir sur toy

Apprenne à tes pareils à s'attaquer à moy!

 

CHŒUR DES NIMPHES

Vainte toy maintenant, profane,

D'avoir surpris Diane

Et sœurs dans le bain,

Va pour te satisfaire,

Si tu le peux faire,

Le conter au peuple Thébain.

 

 


Actéon 11.jpg

 

 

Scène Quatrième

ACTÉON

Mon cœur autre fois intrépide,

Quelle peur te saisit?

Que vois-je en ce miroir liquide?

Mon visage se ride,

Un poil affreux me sert d'habit,

Je n'ay presque plus rien de me forme première,

Ma parole n'est plus qu'une confuse voix.

Ah! Dans l'estat ou je me voys,

Dieux qui m'avez formé du noble sang des Royx,

Pour espargner ma honte

Ostez moy la lumière.

 

 

Scène Cinquième

Actéon en cerf

CHŒUR DES CHASSEURS

Jamais trouppe de chasseurs

Dans le cours d'une journée

Fut-elle plus fortunée,

Jamais trouppe de chasseurs

Reçut elle un jour du ciel plus de faveurs.

 

Actéon, quittez la resverie,

Venez admirer la furie

De vos chiens acharner sur ce cerf aux abois.

Quoy! N'entendez vous pas nos voix?

 

Que vous perdez, grand prince, à resver dans un bois,

Croyez qu'à nos plaisirs vous porterez envie,

Et dans tous le cours de la vie

Un spectacle si doux ne s'offre pas deux foix.

 

 

Scène Sixième

JUNON

Chasseurs, n'appelez plus qui ne peut vous entendre.

Actéon, ce héros a Thèbes adoré,

Sous la peau de ce cerf a vos yeux déchiré et par ses chiens dévorés

Chez les morts vient de descendre.

Ainsi puissent périr les mortels odieux

Dont l'insolence extrême

Blessera désormais les Dieux,

La puissance suprême.

 

CHŒUR DES CHASSEURS

Hélas, déesse, hélas!

De quoy fut coupable

Ce héros aymable

Pour mériter l'horreur de si cruel trépas?

 

JUNON

Son infortune est mon ouvrage

Et Diane en vangeant l'outrage

Qu'il fit à ses appas

N'a que presté sa main à ma jalouse rage.

Ouy Jupiter, perfide espous,

Que ta charmante Europe au ciel prenne ma place

Sans craindre mes transports jaloux.

Mais si jusqu'à son cœur n'arrivent pas mes coups,

Actéon fut son sang et je jure à sa race

Une implacable haine, un éternel courroux.

 

Elle s'envole.

CHŒUR DES CHASSEURS

Hélas, est-il possible

Qu'au printemps de ses ans ce héros invincible

Ayt vu trancher le cours de ses beaux jours.

Quel cœur, à ce malheur, ne seroit pas sensible.

 

Faisons monter nos cris jusqu'au plus haut des airs,

Que les rochers en retentissent,

Que les flots écumans des mers,

Que les aquilons en mugissent,

Qu'ils pénètrent jusqu'aux enfers.

 

Actéon n'est donc plus,

Et sur les rives sombres

Le modelle des souverains,

Le soleil naissant des Thébains

Est confondu parmy les ombres.

 

 

 

Actéon 11.jpgActéon 11.jpg

 

SARA

 

 

 

 

 

 

 

mardi, 26 janvier 2010

Colonisation, par Sara

 

Le donjuanisme, ressort caché de la colonisation

Le site de l'auteur : http://universdesara.org/

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Un âne enfermé dans un zoo, par Sara

"On est partagé entre le ciel et la fragrance du trop plein végétal. Deux sources de révélations, de tristesses et des joies les plus secrètes : des sources vives qui offrent pour la première fois la joie de vivre, d'être vivant, de se mouvoir et de respirer librement, sans souci, sans règle, sans restriction... Comment apaiser la soif de ses yeux, de ses bras - une soif de sensations vertigineuses et fortes, une soif de se consumer, une soif de mort ?" Ce texte est extrait de l'Inde de Mircea Eliade, écrit à partir des notes qu'il a prises lors de son séjour en Inde entre 1928 et 1932.

Mircea Eliade est en train de nous dire qu'il habite un corps mort, un corps qui ne ressent plus rien. Il est donc obligé de partir loin, très loin pour que des sensations nouvelles excitent son corps, ses émotions, ses sensations et lui donnent le sentiment qu'il vit, ou qu'il meurt d'extase ("une soif de mort").

Les champs, les cieux, les bêtes de sa Roumanie natale ne le touchent pas. Les beaux paysages de France où il a vécu également ne peuvent émouvoir ses sens épuisés. Ce ne sont pas les lieux qui sont en cause. De nombreux peintres ou écrivains ont vibré de toutes les fibres de leur sensibilité à la beauté des paysages de France ou de Roumanie. Les sens engourdis de Mircea Eliade ne lui permettent plus de ressentir.

Cette propension à chercher toujours plus loin la sensation, le désir de vivre "sans règle, sans restriction" - pourtant l'Inde est une vieille civilisation à la religion millénaire remplie de codes et d'obligations - rappelle un personnage de notre littérature : Don Juan qui s'épuise dans une quête vaine d'un "autre" qui soit capable de le faire vibrer. Mais la rencontre échoue toujours. Toujours, il est déçu. Il part de nouveau à la recherche d'autres émotions. En vain.

Le livre de Mircea Eliade est rempli de mortification, de haine de sa civilisation, de sa culture, de lui-même enfin. Il croit trouver ailleurs l'extase. Il est atteint de ce qu'on pourrait appeler le "donjuanisme ethnologique". Comme Don Juan, il ne regarde que lui-même. Il ne sait s'il se hait ou s'il s'adore.


Deux livres parmi les plus beaux albums de la littérature jeunesse contemporaine abordent ce thème : les Don Juan de la colonisation. Seulement les auteurs y apportent un esprit critique, une analyse subtile une dénonciation efficace des ressorts cachés de la colonisation par la fiction, par le style, par les images superbes. Ils mettent en scène cette recherche de terres ou d'êtres nouveaux, inconnus.

Dans "Les derniers géants", François Place imagine la prise de conscience de l'explorateur. Ce scientifique du XIX° siècle part, seul, à la recherche de géants dont il découvre la civilisation cachée. Quand il revient dans son pays, il se taille un immense succès avec sa découverte qu'il clame dans des conférences, des articles de journaux… Il trouve facilement de l'argent pour monter une expédition scientifique jusqu'à ce pays mystérieux et inaccessible des Géants. Mais c'est la mort de ceux-ci qu'il découvre en arrivant : "Soudain un silence vertigineux de révolte, d'horreur et de douleur m'enveloppa. Et j'entendis, du fond de cet abîme de chagrin, une voix mélodieuse - oh ! comme je la reconnaissais ! - me reprocher dans sa belle langue musicale : Ne pouvais-tu garder le silence ?".


Dans "Jeanne et le Mokélé", Fred Bernard, accompagné des illustrations de François Roca, choisit une héroïne qui refuse les découvertes de son père :

"Sur le navire qui nous ramène en France, je veux jeter les films à la mer.

Le désaccord. Avec mon père et la science. Avec Eugène et l'argent.

La tempête.

Le destin en ma faveur : le naufrage. Le bateau sombre. Les bobines coulent."

Son journal de bord ressemble à des litanies comme si c'était leur récitation qui avait le pouvoir de contrecarrer les expéditions des "découvreurs".


L'histoire du monde est remplie de ces batailles de domination de peuples par d'autres. Ce sont des histoires de guerriers et de pouvoirs. La caractéristique de notre décolonisation est dans la mauvaise conscience du colonisateur et la transformation de son désir de domination en une recherche affectée de la nature de l'autre civilisation. Il faut se diriger vers le rayon "enfants" d'une librairie pour trouver des livres qui disent quelque chose de juste sur le sujet.

 


Sara

 

vendredi, 22 janvier 2010

Propriétés locales & Propriétés globales

 

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Port de Concarneau - Sara

 

 

Salve, amici !

Voici le document pédéhaif de la contribution mathématique que notre cher ami Laurent Moonens nous proposait au mois de novembre de l'année 2007 :

 

Propriétés, locales et globales

 

A propos de Laurent Moonens...

jeudi, 21 janvier 2010

"J'ai replongé"

 

J'ai replongé, par Axel Randers
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Il m’arrive de temps en temps une plongée en eaux Renaissance et période classique, que je ne parviens pas à m’expliquer et qui me fait me sentir très coupable. 

J’adore le rock, le jazz, les musiques du monde, etc.

Mais quand je replonge dans la musique classique, entre Shütz et Monterverdi et Mozart et Schubert, je me demande comment on a pu faire des choses aussi belles et si cela reviendra un jour.

J’ai honte, mais j’avoue : Michel Ange me transporte bien plus haut que les horreurs qu’on voit à la Fiac. L’architecture antique, renaissante, baroque me frappe d’admiration tandis que le Bauhaus et Le Corbusier me glacent le sang et me font penser que l’enfer est terrestre.

 

Quant aux langues, que j’aime tant, auxquelles, même si très peu de gens les parlent, j’ai pu consacré des mois et des années de ma vie, une récente, harassante discussion  avec des Bretons m’a convaincu : s’il faut aimer son clocher - les galettes de sarrazin, la très belle langue bretonne et ses littératures, sa musique - à leur juste valeur, l’amour totalitaire que certains portent à leurs traditions culinaires, à leur instrument de musique traditionnel mal dégrossi  et à leurs chansons et légendes, m’interrogent : ont-il déjà visité le musée du Louvre, où le spectacle témoigne que les vents de l’amour et de la violence, dans une aventure épique, ont rassemblé des splendeurs des régions et des cultures, donnant naissance à la civilisation ?

 

Voilà. Ce texte a été écrit au terme d’une terrible replongée dans mon amour psychédélique des chefs d’oeuvre qui ont fait l’histoire de l’art (j’avoue ! je Crois en l’Histoire de l’art), et j’ai émis un doute sur les réalisations qui m’entourent... Je dois réciter un confiteor moderne pour m’en laver et être réintégré dans le monde progressiste des hommes modernes. 


Axel Randers

 

mardi, 19 janvier 2010

Réalisme

 

 

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Saint-Nazaire par Sara

 

 

La réalité me dépasse complètement ; je ne lui arrive pas à la cheville.

 

Édith