Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 05 août 2010

Les Basaltiques

Les_Basaltiques-420x428.jpg
La pochette du vinyl, réalisée par Sara


Nous publions en exclusivité une critique du disque les Basaltiques, composé et réalisé en 2048 par John Peshran-Boor et Venexiana Atlantica.

 

Les Basaltiques
Opus en trois chants
Production AlmaSoror
Label Vol libre musica

Composé et réalisé en 2048, par deux musiciens-chanteurs qu’on croyait finis, les Basaltiques est une œuvre musicale d’une durée d’une heure et sept secondes. Les voix erratiques de John Peshran-Boor et Venexiana Atlantica, escaladant leurs instruments sulfureux, nous hissent aux sommets de la musique Beith.

L’année précédente, l’alliance entre John Peshran-Boor et Bob Mushran donna un alliage musical dissonant, avec le disque Lactose sidérale.
Les deux dieux de la musique Beith se sont fâchés. C’est donc vers la diva Venexiana Atlantica, native de Saint Jean en Ville -la ville blanche, encore nommée ville aux salamandres - que John Peshran-Boor s’est tourné pour continuer sa démarche de cocréation.
L’opus qui résulte de cette collaboration déçoit par son conformisme, et souffre de la comparaison avec Lactose sidérale. Il étonne, cependant, par son son épuré. Les basaltiques est une composition musicale en trois chants, dont voici l’architecture :

Intro Minérale
Chant I Marées
Chant II Latitudes
Chant III Fort Bastiani
Final de l’aurore

Nous donnerons au-dessous de cet article l’architecture complète des Basaltiques, œuvre à cheval entre le roman musical et la symphonie pour instruments et voix.

Parmi les grands moments des Basaltiques, il faut citer le long duo - qu’on pourrait appeler duel - entre la batterie et la flûte à bec, qui précède le chant citadelle, dans la partie III Fort Bastiani.
L’ouverture du chant II Latitudes constitue également un moment d’anthologie, dans la version enregistrée par Venexiana Atlantica elle-même. Elle émaille en effet son chant de notes harmoniques, qui ressemblent à des chants d’oiseaux. Ceci nous rappelle qu’au-delà des scandales que cette chanteuse a pu soulever, par exemple en exigeant que l’administration et la communauté humaines reconnaissent son adoption par le chien husky Stacyo, faisant d’elle l’enfant légitime d’un chien, ou encore en payant des tueurs à gages pour assassiner son ex-amante Sofia Sombreur-Noir, afin de se venger d’une infidélité, au-delà donc des scandales dont elle a gratifié les masses humaines ahuries par ses frasques il ne faut jamais oublier l’artiste, c’est-à-dire la compositrice de Beith et la chanteuse à la voix éblouissante qui n’a cessé de repousser les limites de la voix et du souffle, nous offrant le vibrato le plus long et tremblant du monde.
Dans le chant I Marées, le morceau Autel apparaît irréel, miracle de simplicité où piano acoustique et voix se cherchent et se trouvent en une comptine si naïve qu’on oublie le temps d’une chanson que John Peshran-Boor et la diva Venexiana sont les auteurs de l’œuvre. Les interludes sont tous très intéressants compositalement - et c’est le Finale de l’aurore qui atteint les sommets avec ses contrastes entre les envolées de flûtes à bec, flûtes traversières, chants harmoniques et violons tandis qu’en bas planent au-dessus des enfers les lourdeurs sauvages des contre-harpes, du basson et des basses électriques agrémentés de batterie et de volutes de fumée électro-pianistiques.

Venexiana Atlantica s’est retirée de la scène au mois de Ventôse, après le premier concert des Basaltiques, qui eut lieu à Buenos Aires. Personne ne peut expliquer la raison exacte de cet adieu à la gloire. On sait que, la nuit qui suivit le concert, elle ne dormit pas. Sur la terrasse de sa chambre de grand luxe, elle parcourut le quatuor de Los Angeles, c’est-à-dire ces quatre romans de James Ellroy : Le Dalhia noir, le Grand Nulle Part, L.A. Confidential et White Jazz.
Elle annonça au petit-déjeuner son intention de se cloîtrer au couvent de Santa Catalina, dans la ville d’Arequipa, au Pérou. Depuis l’édification des murailles hautes de Saint Jean en Ville, elle ne vivait qu’avec des billets d’avion toujours prêts pour se rendre en urgence à Arequipa ou à Alger-Centre, deux villes blanches qui lui rappelaient sa ville natale, et, seules, calmaient ses angoisses d’étouffement.

John Peshran-Boor s’est donc trouvé, en la personne de Lilas L.S. Snuk, une interprète pour les Basaltiques. Lilas Snuk donne un ton nouveau aux Basaltiques, avec sa voix mitigée, marmoréenne, un peu rauque. Du duo original il nous reste un enregistrement. C’est vers lui qu’il faudra se tourner pour puiser à la source inspiratrice initiale de l’œuvre, même si Lilas L.S. Snuk a su l’enrichir en l’interprétant.

Edith de Cornulier-Lucinière

Les basaltiques est une composition musicale en trois chants, dont voici l’architecture :

Intro Minérale
Chant I Marées
Chant II Latitudes
Chant III Fort Bastiani
Final de l’aurore

Chacun de ces chants contient trois chants, ainsi :

Chant I Marées
Séjour lunaire
Funboard
Autel

Chant II Latitudes
Le van
Venise
Les étoiles parachèvent

Chant III Fort Bastiani
Citadelle
L’ange du mal
L’ennemi

L’opus compte également une intro, un final et deux interludes. Voici donc le plan complet de l’œuvre :

Intro minérale

Chant I Marées
Séjour lunaire
Funboard
Autel

Interlude 23 KFL-8000 Cimetière marin

Chant II Latitudes
Le van
Venise
Les étoiles parachèvent

Interlude 20 KFL-9000 (évangile)

Chant III Fort Bastiani
Citadelle
L’ange du mal
L’ennemi

Finale de l’aurore

mercredi, 04 août 2010

Encore un peu d'Hopper ?

2010.Juin.Paris.Edith3.jpg
"transat au 13", photographie de Sara

 

"Il est difficile de peindre en même temps un extérieur et un intérieur".

Edward Hopper

hopper.jpg

"Le dessein de Hopper était de peindre la lumière ; en réalité, il a peint l'éclairage".

Ivo Kranzfelder

 

AlmaSoror vous invite à lire quelques extraits du sociologue Richard Sennett et quelques phrases du peintre Edward Hopper. Sans se rencontrer, ils auraient vécu dans le même atelier new-yorkais, Sennett après Hopper bien sûr puisque il est d'une génération plus tardive. L'un a-t-il peint ce que l'autre a décrit ? (Comme c'est drôle cette expression : l'idéologie de l'intimité).

 

"La chaleur humaine est devenue notre divinité"

"Aujourd'hui, l'idée qui domine est que la proximité est une valeur morale en soi. L'autre aspect dominant, c'est l'aspiration à épanouir son individualité par l'expérience de la chaleur humaine et la proximité des autres...

Domine aussi le mythe selon lequel l'anonymat, l'aliénation et la froideur seraient responsables de tous les maux de la société. De ces trois aspects découle l'idéologie de l'intimité : les relations sociales quelles qu'elles soient sont d'autant plus réelles, crédibles, authentiques qu'elles se rapprochent des besoins psychiques profonds de chacun. Cette idéologie de l'intimité transforme toutes les catégories politiques en catégories psychologiques. Elle définit l'humanité d'une société sans dieux : la chaleur humaine est devenue notre divinité."

"La disparition des murs augmente l'efficacité du travail"

"Le concept de "mur transparent" est utilisé par les architectes non seulement pour la structure extérieure des constructions mais aussi à l'intérieur. Le décloisonnement des bureaux entraîne la suppression de tout ce qui gêne la vue ; l'étage entier devient un espace unique et ouvert ou un espace central entouré d'une couronne de bureaux cloisonnés. La disparition des murs augmente l'efficacité du travail, nous assurent les concepteurs, car chez les gens qui travaillent toute la journée sous le contrôle visuel des autres, la tendance à entamer une conversation baisse et la concentration s'accroît. Lorsque chacun se sent surveillé par l'autre, la sociabilité diminue parce que le silence apparaît alors comme le seul moyen de se protéger".

Richard Sennett

 

"Les loisiristes sont emprisonnés dans l'absurdité de leur conduite".

"Le temps libre apparaît chez Hopper tout aussi désolant que le travail (...). Chez Hopper, les "loisiristes", comme les appellent Horkheimer et Adorno dans leur Dialectique de la raison (1947) sont emprisonnés dans l'absurdité de leur conduite. (...) Les hôtels représentent un domaine intermédiaire, celui du travail comme celui du loisir. La différence entre comportement dans le travail et comportement dans le loisir est une pure fiction : les personnes se comportent finalement presque toujours de la même manière, quel que soit le lieu où elles se trouvent. (...) Selon Hopper, tout changement de résidence est lui-même une fiction. La condition humaine est immuable."

Ivo Kranzfelder, in Hopper (éditions Taschen)

 

"Très peu de ce qui est important est créé par l'esprit conscient".

"Tant de choses dans l'art sont l'expression de l'inconscient que j'ai l'impression parfois que presque toutes les qualités importantes sont d'origine inconsciente et que très peu de ce qui est important est créé par l'esprit conscient. Mais c'est aux psychologues de débrouiller ces problèmes".

Edward Hopper

mardi, 27 juillet 2010

puissance et décadence de la bourgeoisie

 

Sara 1979.Paris.JardinduLuxembourg.LeBassin477.jpg

Jardin du Luxembourg, par Sara

 

Un des grands succès d'AlmaSoror, c'est l'article de Sara, sur les mille ans du bourgeois. C'est en 1007 en effet que le mot bourgeois apparait dans une charte.

Nous conseillons la relecture ici, avant de vous plonger dans une définition de la bourgeoisie clairement exprimée par Armand Nivelle, dans une préface au livre Les Buddenbrook de Thomas Mann.
Les Buddenbrook, sous-titré le déclin d'une famille, reflète l'idée majeure de Thomas Mann : quand la bourgeoisie a atteint les sommets de la fortune, elle tombe les armes pour ouvrir son coeur et ses sens artistiques. Cest alors que commence sa décadence et la déchéance de ses rejetons, héritiers incapables de perpétuer la prospérité implacable de leurs pères.

Voici cet extrait d'Armand Nivelle :

 

"Les "bourgeois" se signalent par l'énergie vitale qu'ils mettent au service de l'ambition, la capacité d'agir sans se laisser inhiber par les scrupules moraux et la faculté de faire taire les sentiments quand ils s'opposent à la réalisation d'un bénéfice. Les affaires "sentimentales" en sont précisément le meilleur témoignage : rien n'est plus éloigné de ces gens que l'idée d'un mariage d'amour. Ils leur arrive certes d'être amoureux, mais la soumission aux intérêts de l'entreprise et le renoncement à leurs amours ne provoquent pas de tragédies et ne les confrontent pas à des problèmes durables.
La seconde composante de la mentalité bourgeoise est la tradition familiale, unie à la conscience de classe. L'individu doit s'y soumettre sans conditions. Epouser une boutiquière, (...) c'est déchoir et justifier toutes les duretés et tous les mépris. Devant les revendications sociales, les marchands de Lübeck font la sourde oreille ; aucun soupçon des motifs qui animent les "insurgés" de 1848 n'effleure Jean Buddenbrook, ce qui lui donne d'ailleurs une sûreté absolue pour mater la "révolution".

Les bourgeois de Lübeck sont par nature conformistes et portent un grand intérêt aux "dehors", aux apparences. La vie intérieure tient peu de place dans leur existence, même quand elle revêt un aspect religieux. (...)

De ces traits fondamentaux découlent plus ou moins directement les autres caractères des bourgeois : le désir de richesse et d'opulence, l'aspiration aux honneurs publics, l'idéal de travail sérieux et méthodique."

Armand Nivelle, dans sa préface au livre de Thomas Mann, Les Buddenbrook (oeuvres complètes, tome I, dans la Pochothèque).

Lire l'article sur l'anniversaire des mille ans du bourgeois.

vendredi, 23 juillet 2010

Les trois volets de la fin de l'empire romain

Roll1.toile d'araignée35.jpg
toile d'araignée par Sara

 

Extraits de l'historien Fustel de Coulanges (XIXème siècle)

 

Premier volet

"Les hommes (dans l'empire romain) étaient administrés, protégés, surveillés par une puissance très éloignée et très haut placée, dont l'action s'exerçait sur eux par une hiérarchie de fonctionnaires"

Deuxième volet

"Développement (vers la fin de l'empire romain) d'une classe aristocratique, ruines des classes inférieures, affaiblissement de l'autorité publique, voilà trois choses qui coïncident. En même temps surgit le patronage, et l'on voit se produire un retour instinctif des hommes vers le régime de la sujétion personnelle. Les écrivains contemporains ont bien décrit ce mouvement. "Le pauvre, dit saint Augustin, se met sous la dépendance du riche pour obtenir de lui la nourriture et pour vivre en sûreté sous sa protection." "Le faible, dit Salvien, se donne à un grand, afin que celui-ci le défende et le protège."
Troisième volet

"Les Germains qui vont se montrer dans l'histoire au V° siècle et qui envahiront l'Empire romain, ne sont pas un peuple jeune qui vient hardiment se faire sa place entre les peuples. Ce sont les restes d'une race affaiblie, qui a été assaillie et vaincue pendant trois siècles par les Romains, qui a été ensuite assaillie et vaincue encore par les Slaves et par les Huns, qui a été surtout déchirée par ses longues luttes intérieures, qui a été énervée par une série de révolutions sociales et qui a perdu ses institutions"
Fustel de Coulanges, "L'invasion germanique et la fin de l'empire", Librairie Hachette, 1924

mardi, 13 juillet 2010

Enseignements

 

2010.Juin.LesSables.Edith12.jpg

Photo de Sara

 

"Nathanaël, je t’enseignerai à ne pas confondre la puissance et la violence".

Esther Mar in Chants de poussière

 

Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur.

André Gide in Les nourritures terrestres

 

 

dimanche, 04 juillet 2010

La chanson des gisants

 

Ondine Frager - Florien Guy par Sara.jpg
photo Sara

 

 

Gisez ! et ne parlez plus. Ecoutez le vent du soir

Venu des terres brûlées caresser vos corps de pierre.

Priez et ne pensez plus. Dans la nuit, sur le lac noir,

La barque aux chiens et aux lions ondule vers l'outre-terre.

Les chacals ont tout mangé ; sur les croix, plus de cadavres

et les rêves des vivants sont délivrés de vos plaintes.

Ils auront pour réconfort, à l'aube que la mort navre,

Mélangée aux chants d'oiseaux, la mémoire des étreintes.

 

Les filles et les garçons se dressent fiers sur les routes !

Ils boivent à s'en étourdir aux sources de la jeunesse.

Poursuivant vos déraisons, ils luttent coûte que coûte,

Ils s'ébrouent devant la mort et pissent sur nos sagesses.

 

Gisez ! et ne parlez plus. Ecoutez la vie qui dort,

Venue des ivresses nues des pères néandertal.

Elle coulait dans vos veines il y a trois heures encore

Et nos mains ensanglantées sculptent les bières tombales.

 

Edith de CL,

vendredi 2 juillet MMX, achevé à 11h25

mercredi, 16 juin 2010

Le retour de flamme du marquis de Varembon

sam 1.jpg
Photo Sara

Cette note fait suite à Mademoiselle de Tournon frappée au coeur

 
"Ses funérailles étant commandées, les plus honorables qu'il se pouvait faire - pour être de grande maison comme elle l'était, même appartenant à la reine ma mère -, le jour venu de son enterrement, l'on ordonne quatre gentilshommes des miens pour porter le corps, l'un desquels était La Bussière, qui l'avait durant sa vie passionnément adorée sans le lui avoir osé découvrir, pour la vertu qu'il connaissait en elle et pour l'inégalité, qui lors allait portant ce mortel faix et mourant autant de fois de sa mort qu'il était mort de son amour.

Ce funeste convoi étant au milieu de la rue qui allait à la grande église, le marquis de Varembon, coupable de ce triste accident, quelques jours après mon partement de Namur s'étant repenti de sa cruauté, et son ancienne flamme s'étant de nouveau rallumée (Ô étrange fait !) par l'absence, qui par la présence n'avait pu être émue, se résout la venir demander à sa mère, se confiant peut-être à la bonne fortune qui l'accompagne d'être aimé de toutes celles qu'il recherche ... Il arrive justement sur le point que ce corps, aussi malheureux qu'innocent et glorieux en sa virginité, était au milieu de cette rue. La presse de cette pompe l'empêche de passer. Il regarde que c'est. Il avise de loin, au milieu d'une grande et triste troupe de personnes en deuil, un drap blanc couvert de chapeau de fleurs. Il demande que c'est...."

Ciel ESC_large_ISS022_ISS022_E_58496.jpg
 
Pour savoir la suite, précipitez vous à la librairie la plus proche et demandez les "Mémoires" de Marguerite de Valois dans la collection créée et dirigée par Martine Reid "Femmes de lettres", chez Folio (Gallimard 2010) pour la modeste somme de 2 euros.
 

samedi, 05 juin 2010

Dangereuse beauté

poule rousse.jpg

poule rousse par Sara

 

 

Dangereuse beauté

Tu vois que le soleil a cessé de briller

Et que je ne suis pas prêt de l’oublier

Dangereuse beauté

De ton étoile j’entends le râle des humains apeurés

Et alors que tous s’effondrent dans leurs pensées

Alors que tous s’efforcent d’oublier leur passé

Toi tu les regardes et recrées cette image lacérée

Dont tous tentent de se débarrasser

De leur âme a jamais offusquée par ta magie d’obscurité.

 

Que cherches-tu, pourquoi me prendre a tes cotés

Que puis je faire devant ta majesté

L’horreur est ta beauté

Tu me dégoûte je t’aime j’aime les entendre crier

Toutes les senteurs du monde sont à jamais exorcisées

 

Regarde-les s’entretuer, ils n’arrivent plus à pleurer

Par ton toucher ils sont glacés.

Ce spectacle terrible, long et majestueux

Que nous regardons tous deux du haut des cieux

Merci, merci ignoble amour

D’avoir plongé ces peuples dans la damnation

Au point qu’instinctivement libres comme des pions

Ils mènent doucement leur lente éradication.

Merci profondément toi qui n’as pas de nom

Garde-moi près de toi quelle belle illustration

Nous les regarderons jusqu'à la fin des temps

Lutter et s’affirmer, crétinisme patent.

Leur naïveté palpable sera distraction

Et leur aveuglement sera notre passion

Et puis nous attendrons dans la délectation

La fin de l’age des hommes, d’une ère la scission.

 

S.Barynsflook

 

mardi, 25 mai 2010

DE L INCOMPREHENSION NOTOIRE DE L'HOMME

N&B 1.jpg
phot Gange par Sara

 

DE L INCOMPREHENSION NOTOIRE DE L'HOMME QUANT A L'EVOLUTION DE LA HIERARCHIE DES ESPRITS DU MONDE

Par S.Barynsflook

Pas de questions sur l'évolution de tout un chacun, l'histoire des peuples, l'histoire des communautés, l'histoire des individus... Toutes les erreurs notables sont déjà notées quelque part. Et pourtant ils s'obstinent, ça les excite de revivre ces passes palpitantes de l'histoire, de la vie, de l'histoire de la vie. Incalculables vertus causant d'incalculables torts, indénombrables vices pour le plaisir de tous. L'arbre se courbe devant celui qui voudra bien chercher à lui faire courber l'échine, et bien peu malins mais nombreux ceux qui en sont capables.

Accalmie des bons jours, dangereuses bourrasques de ceux pendant lesquels tu règnes... Du sentir au toucher, le dictat de toujours, tu t'es toujours trompé, rien jamais ne te perdra et pourtant tu as déjà perdu.

J'ai créé l'armée du désespoir afin de te détrôner immonde parasite du monde des gentils. Seuls les grands ont pu observer la vérité, car cette dernière ne se sait jamais, elle s'observe... Tu aurais du comprendre, tu aurais du m'entendre. Tu verras la lumière quand tes fautes expiées tu auras renoncé à rejoindre ce gué. Le gué de l'astre mort le gué du mirador noir à cent lieues des humains, moi je t y attendrai, et tu pourras crier, forcer ou attaquer mais le soleil jamais ne te laissera passer. Ainsi, tu vois, sans même lever d'armée, sans trop de vies renier, sans les faire soupirer, j'ai ressaisi ma chance d'être de ces grands esprits, qui, dans l'histoire des Mondes ont su harmoniser les émotions, les vies, celles la même que tu t'évertuais à annihiler, aigri par la longueur des ères.

 

Barynsflook

 

dimanche, 23 mai 2010

Sérénade triste

Roll1.Fruits rouges30.jpg

photo Sara

 

 

Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
Feuilles de mes bonheurs, vous tombez toutes, toutes.

Vous tombez au jardin de rêve où je m'en vais,
Où je vais, les cheveux au vent des jours mauvais.

Vous tombez de l'intime arbre blanc, abattues
Ça et là, n'importe où, dans l'allée aux statues.

Couleurs des jours anciens, de mes robes d'enfant,
Quand les grands vents d'automne ont sonné l'olifant.

Et vous tombez toujours, mêlant vos agonies,
Vous tombez, mariant pâles, vos harmonies.

Vous avez chu dans l'aube au sillon des chemins;
Vous pleurez de mes yeux, vous tombez de mes mains.

Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
Dans mes vingt ans déserts vous tombez toutes, toutes.

Émile Nelligan

 

jeudi, 06 mai 2010

Le dédain sur la bouche

alfred de vigny,marie dorval,sara

 Sara

 

Dédicace d'Alfred de Vigny à l'actrice Marie Dorval, avant leur rencontre,
écrite sur l'exemplaire qu'il lui offrît de son Othello.

 

Quel fut jadis Shakespeare ? - On ne répondra pas.

Ce livre est à mes yeux l'ombre d'un de ses pas.

Rien de plus. - Je le fis, en cherchant sur sa trace

Quel fantôme il suivait de ceux que l'homme embrasse,

Gloire - fortune - amour - pouvoir ou volupté !

 

 

Rien ne trahit son coeur, hormis une beauté

Qui toujours passe en pleurs parmi d'autres figures

Comme un pâle rayon dans les forêts obscures,

Triste, simple et terrible, ainsi que vous passez,

Le dédain sur la bouche et vos grands yeux baissés.

 

 


(Cité par Maurice Allem dans sa biographie d'Alfred de Vigny, publiée au sein de la collection "la vie anecdotique et pittoresque des grands écrivains", aux éditions Louis-Michaud)

dimanche, 02 mai 2010

La démesure des interstices

sara,vengeance,nord-sud,josé vengeance dos guerreros

Plus personne ne m'aimait. Je n'avais pas vraiment trahi, tout venait d'une immense incompréhension au départ, d'un désaccord originel, tu. Entre les gens et moi un gouffre et je hantais des espaces fermés les uns aux autres. Quand ceux du Nord me virent accoquiné à ceux du Sud et que ceux du Sud comprirent que j'avais connu ceux du Nord, ceux du Sud et ceux du Nord ne me parlèrent plus.

Insidieusement je vis que les portes se fermaient à mon nez sans violence, que les invitations aux dîners et aux fêtes étaient mortes, que mon appartement des toits de Paris où tant de gens avaient bu et mangé restait vide. J'aurais dû, peut-être, prévenir que j'étais un errant, de ceux qui passent partout et ne s'asseoient nulle part. J'aurais dû, peut-être, demander l'autorisation d'être double. Quelque chose de tacite, qui a lieu entre les gens, n'avait pas été respecté et reconnu par mon attitude et je le paye aujourd'hui. Le prix ? Incalculable : la solitude.
Et pourtant je n'ai pas menti. Je n'ai pas trahi. Par naissance ou par caractère, j'étais double, de là bas et d'ici, du Nord et du Sud, de la révolte et de l'autorité, de la ville et des plaines vides, de la haine et de l'amour. Plus personne ne m'aime. Je souris à vos visages dans les albums photos, sur Internet, en buvant du vin blanc comme toujours.

José Vengeance Dos Guerreros

 


 


lundi, 26 avril 2010

Solstices

320T poussé 2.jpgphot "Ondine Frager" par Sara
320T poussé 2.jpg

"Que nul à la fête de saint Jean ne célèbre les solstices par des danses et des chants diaboliques".


Saint Eloi

VIIème siècle

dimanche, 11 avril 2010

Cher Hanno

 

J’ai rencontré Hanno Buddenbrook : ma vie est entrain de changer. Il marche à mes côtés depuis quelques jours et j’ai confiance que cette fois, c’est quelqu’un qui ne me quittera pas. Il est plus jeune que moi : qu’importe. Nous nous sommes trouvés outre-monde, là où ni l’âge, ni rien de mesquin ne se manifeste. Il a peur de son père, qu’il aime, en dépit de son indifférence apparente. Je publie ci-dessous quelques phrases de son père, et pendant que vous lisez je rejoins Hanno, mon ami, mon frère.

 

Photo35LaBaule36.jpg

 

 

"J’ai l’impression qu’autrefois rien de semblable n’aurait pu m’arriver. J’ai l’impression d’une chose qui m’échappe et que je ne peux pas retenir aussi fermement que jadis… Qu’est-ce que le succès ? Une force secrète, indéfinissable, faite de prudence, de la certitude d’être toujours d’attaque… la conscience de diriger, par le seul fait d’exister, les mouvements de la vie ambiante ; la foi en sa docilité à nous servir… Fortune et succès sont en nous. A nous de les retenir solidement, par leur racine. Dès qu’en nous quelque chose commence à céder, à se détendre, à trahir la fatigue, aussitôt tout s’affranchit autour de nous, tout résiste, se rebelle, se dérobe à notre influence… Puis une chose en appelle une autre, les défaillances se succèdent, et vous voilà fini. J’ai souvent pensé, ces derniers temps, à un proverbe turc qu’il me souvient d’avoir lu : « Une fois la maison finie, la mort s’approche ». Oh ! pour l’instant, la mort, c’est beaucoup dire. Mais le recul, la descente… le commencement de la fin… Vois-tu, Tony, poursuivit-il, passant son bras sous celui de sa sœur et assourdissant encore sa voix, lorsque nous avons baptisé Hanno, te rappelles-tu, tu m’as dit : « Il me semble qu’une ère toute nouvelle va s’ouvrir ! »  C’est comme si je t’entendais encore, et les événements ont paru te donner raison, car aux élections au Sénat la fortune m’a souri, et, ici, la maison s’élevait à vue d’œil. Mais la dignité de sénateur et la maison ne sont qu’apparences, et je sais, moi, une chose laquelle tu n’as pas encore songé ; je la tiens de la vie et de l’histoire. Je sais que, souvent, au moment même où éclatent les signes extérieurs, visibles et tangibles, les symptômes du bonheur et de l’essor, tout déjà s’achemine en réalité vers son déclin. L’apparition de ces signes extérieurs demande du temps, comme la clarté d’une de ces étoiles dont nous ne savons pas si elle n’est pas déjà sur le point de s’éteindre, si elle n’est pas déjà éteinte, alors qu’elle rayonne avec le plus de splendeur. »

 

 

Ils se tut et ils marchèrent un moment sans mot dire, tandis que le jet d’eau clapotait dans le silence et qu’un chuchotement passait dans la ramure du noyer.

 

 

Thomas Mann, Les Buddenbrook, trad Geneviève Bianquis

 

 

SARAV7_Antoine1.jpg

Pauvre Hanno, dont le père, dans un reniement intérieur, rêve d'un autre enfant que toi :

 

« Quelque part grandit un enfant bien doué, accompli, capable de développer toutes ses facultés, un enfant qui a poussé droit, sans tristesse, pur, cruel et gai, un de ces humains dont le seul aspect augmente le bonheur des heureux et pousse au désespoir les malheureux”.

 

 

Photos de Sara

 

jeudi, 25 mars 2010

Sara et les trésors livresques

Il est 22h34 et je reviens des Sables d'Olonne. La mer était bleue, si sage que la tempête récente paraissait impossible. Pourtant, les rochers et la jetée défoncés témoignaient. 
Retrouver Paris est toujours difficile : la grande ville fait peur, elle rappelle que le monde tourne comme un bal fou. Sur le site de Livres au trésor, la revue de Bobigny,  on peut lire une entrevue avec Sara en regardant certaines de ses images.

SARA 1.jpg

 

 

Comment est né votre 1 er album, À travers la ville ?



À la réflexion, je crois que À travers la ville est né de ma fascination pour les films muets, pour Huston, Fellini et pour certains auteurs ou films dont les images m'ont éblouie. Le jour où j'ai commencé ces images, je n'avais ni l'intention ni l'idée de faire un album pour la jeunesse. Seulement la nécessité de créer des images. Ce jour-là, il me manquait du matériel pour peindre. J'ai pris ce que j'avais : du papier C anson , du papier recyclé, du papier journal et je les ai déchirés. J'avais besoin de me montrer que les images portent leur sens en elles-mêmes, sans que des mots les accompagnent. Bien sûr, ce sens de l'image est au-delà de sa représentation : l'arrangement des formes, des couleurs, le trait sur la feuille, la façon de déplacer le pinceau parlent. Déchirer, c'est créer une forme aléatoire, un trait incertain, que l'œil termine, finit d'imaginer, se décide à interpréter. C'est comme une écriture.
Un souvenir a guidé cette histoire : celui d'un clochard enchanté par la présence de son chat sur un banc du boulevard Sébastopol, à Paris. J'ai imaginé la rencontre de cet homme avec ce chat. J'ai fait là une sorte de petit film sur papier.

 

On peut lire la suite ici