mercredi, 09 février 2011
Gare de Biarritz à la fin de l'an 2010
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vendredi, 31 décembre 2010
Rêvolution
« Les révolutions font un tour complet sans rien changer au fond des douleurs ».
Image de Révolution, de Sara, Editions du Seuil
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lundi, 27 décembre 2010
Esther, Esther !
Edith de CL répond à Esther Mar
Esther, Esther ! Ton exil du bord de la Marne, ne le trompes pas. Pourquoi t’es tu levée pour dire quelque chose ? Cachée au fond de ta maison tes prières étaient plus utiles que cette prise de parole presque publique, que cette contribution à l’édification du réel-prison.
Ne pas s’exciter car tous les camps trop tranchés sont voués à l’exagération et au crime. La politique existe depuis des milliers d’années et elle est toujours violente. Le pacifisme est violent quand il se fait politique. Tout le malheur des hommes vient du fait qu’ils ne savent rester assis tranquillement dans leur chambre et la vraie liberté c’est être soi même quel que soit le monde qui nous entoure, plus que se jeter dans le combat dont d’autres ont défini les termes et les règles. Je ne ferai pas la guerre, ni dans un clan, ni dans un autre. Je ferai la route vagabonde dans les paysages inventés de mon imagination, là où ne peuvent entrer que ceux, amis et frères, sœurs et spectres, que j’invoque.
La politique est de ce monde et mon royaume en est trop loin pour que je puisse faire des allers et retours. Ne m’attendez pas dans les rangs de vos armées ; ne me souhaitez pas parmi vos chœurs et vos rassemblements. Car je suis seule, seule au milieu de mes rêves, de mes ruines et de mes souvenirs. Je suis seule au milieu d’un monde qui n’existe que par mon esprit. Me traiterez-vous de lâche que je n’en blêmirai pas. De quel droit décrétez-vous les héros et les méchants ? Qu’avez-vous vécu que vous sachiez mieux qu’autrui ce qui se trame sous son crâne ? Psychiatres, Juges, Intellectuels, Militants, Chefs de file, Journalistes, vous êtes de la même étoffe, celle qui dispose du réel comme si c’était une propriété privée.
Mais moi, je marche loin de vous. Vous dessinez sur le sable de l’Histoire des ronds et des carrés et vous placez vos pions dedans. Je ne suis pas votre pion. Je ne suis ni de la gauche, ni de la droite, ni du christianisme, ni du paganisme, je ne suis ni de l’amour ni de la haine, je suis du rêve et je souffle sur vos constructions et vos architectures pour les rendre à la poussière. Je n’ai signé de contrat social à ma naissance et vous m’engueulez au nom du contrat social qui nous lie. Je n’ai pas pris parti parce que vos partis sont les faces d’une même pièce que je déplore et vous m’incendiez parce que n’étant pas de votre clan vous m’accusez d’être complice avec celui d’en face, votre ennemi qui vous ressemble comme un frère. Je n’ai pas crié avec les loups, je n’ai pas aidé les chasseurs, je ne suis ni des loups ni des hommes, je suis l’errante au milieu des arbres, celle qui vous sait et qui vous fuit.
Edith, en réponse au dernier billet d'Esther
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vendredi, 24 décembre 2010
Paris quand il neige
Photo de Sara
(un billet d'Esther)
Depuis samedi (18 décembre 2010), j'ai l'impression qu'une certaine clandestinité est finie. Une certaine vérité s'est officialisée. Il y a un avant et un après. Quelque chose a été prononcé en public. Plus seulement dans les soirées des foyers familiaux, plus seulement dans des réunions bizarres, plus seulement en aparté - mais devant la société entière.
Alors, demain ?
J'ignore si demain chantera ou si la chape de plomb retombera. Je songe aux lectures de l'enfance : la périlleuse mission du Capitaine Jerry ; Maroussia.
Je songe aussi à des lectures plus tardives, plus incertaines. L'oeuvre au noir ; Guerre et paix.
Nous vivons de nos peines et de nos joies ; nous espérons en vibrant et tout élan retombe à la révélation d'une nouvelle image. Tout change ; les idées, les compagnons, le Nord et le Sud n'ont pas toujours la même signification. Tout change ; tout passe. L'âme humaine et son intranquillité seule demeure.
Joyeux Noël. Le solstice de l'hiver fait frissonner notre coin de terre. Un enfant nous est né.
Esther Mar
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vendredi, 10 décembre 2010
être transportée
(un billet de Mavra Nicolaievna Vonogrochneïeva)
Le train à l'arrivée à la gare Saint-Lazare. Le bateau entre Quiberon et Houat. La vie d'une femme transportée. Où sont les chemins que ne connaissent pas les gestionnaires des flux ?
Carlingue, eau écumeuse, rails, béton, la vie quotidienne est belle quand même.
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mardi, 07 décembre 2010
Le ministère des libertés
Mois de novembre de l'an 2010, une affiche, gare Montparnasse...
J'ai pris cette photo avec mon HTC androïd.
"Surveillant pénitentiaire, Quelle société peut se passer de nous ?" demande l'affiche.
Une société qui n'aurait pas de "ministère des libertés", répond le passant qui ne dira rien, car il a lu une nouvelle d'un Allemand déprimé intitulée "Mein trauriges Gesicht". L'histoire d'un homme arrêté et emprisonné parce qu'il n'a pas l'expression du visage souhaitée par l’État.
"Le respect au cœur de notre métier", poursuit l'affiche. Alors faut-il se battre avec Yves Bonnardel pour un monde sans respect ?
Lien vers le Ministère de la Justice et des libertés
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mercredi, 03 novembre 2010
France chérie
Photo Marie-Christine Frager
(billet patriotique de Jean Bouchenoire)
Ma belle France chérie, je t’aime. Douce et tendre tu es avec nous. Pourtant, quelle honte aujourd’hui de te dire qu’on t’aime. C’est une honte de croire en toi. Pour l’Etat, pour tes fils, pour tes hôtes, c’est une honte de pleurer et rire d’amour pour toi.
Mon pays bien-aimé, ma vie est une prière que je t’offre, dans le silence de mon cœur et dans la beauté de mes gestes, tous les jours. Je le tais trop souvent, car qui en ce monde peut comprendre de telles paroles ? Prier pour toi, t’aimer, danser avec toi, voilà qui n’est pas à la mode. Mais je danse avec toi et toutes mes œuvres te sont dédiées.
A ta source, il y a la Grèce lointaine, la Terre Sainte du désert et des lacs de Judée et de Tibériade, à ta source il y a aussi et surtout les longs cheveux celtes et les rochers millénaires. Tes mers te baignent et t’aiment, tes montagnes te veillent, tes arbres te réchauffent et ton ciel s’étend dans le monde entier pour ta gloire.
Tu es mon amour et mon pays. Tes villes sont mes sœurs, accueillantes et quelquefois dures, et leurs bistrots accueillent les douleurs des enfants devenus grands.
Sache vieille France, sans cesse renouvelée comme la mer, sache qu’au fond de nos cœurs, malgré nos bouches bâillonnées, malgré nos cerveaux purgés, malgré nos corps dressés, un amour immense t’enveloppe. Cet amour est puissance, lumière et vie et tant qu’il brûle, tu es la France éternelle.
Jean Bouchenoire
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jeudi, 28 octobre 2010
Bourg choisi
bourgeois dans une vague
Extrait de La barrière et le niveau, d'Edmond Goblot.
Une étude de la bourgeoisie écrite en 1925 par ce sociologue.
On peut lire le texte en entier sur le site de l'Université du Québec à Chicoutimi
"Nous ne serons jamais assez reconnaissants à la Révolution de nous avoir donné l'égalité civile et l'égalité politique. Elle ne nous a pas donné l'égalité sociale. Les hommes de ce temps n'ont pas prévu, ne pouvaient guère prévoir cette espèce de pseudo-aristocratie qui se fonda presque aussitôt sur les ruines de l'ancienne et acheva de l'abolir en la supplantant : la bourgeoisie moderne.
Ce n'est pas que le rêve de l'égalité sociale fût étranger à l'esprit révolutionnaire. Mais, chez nos grands aïeux, ce rêve est. demeuré sentimental et ne se réalisa guère que par de nouvelles formules de politesse et le mot de fraternité. S'il s'était précisé, c'eût été sans doute dans le sens économique. On eût cherché l'égalité sociale dans le nivellement des seules richesses matérielles, comme l'ont fait plus tard les théoriciens du socialisme.
Nous n'avons plus de castes, nous avons encore des classes. Une caste est fermée : on y naît, on y meurt; sauf de rares exceptions, on n'y entre point; on n'en sort pas davantage. Une classe est ouverte, a des « parvenus » et des « déclassés » : L'une et l'autre jouissent de certains avantages, répondant, au moins dans le principe, à des charges et à des obligations, L'une et l'autre cherchent à se soustraire à leurs obligations en conservant leurs avantages. C'est par là qu'elles se ruinent : leurs avantages deviennent difficiles à défendre quand ils ne sont plus la rémunération d'aucun service. C'est alors qu'une révolution les balaie, ou qu'elles se dissolvent dans un ordre social nouveau.
Une caste est une institution, une classe n'a pas d'existence officielle et légale. Au lieu de reposer sur des lois et des constitutions, elle est tout entière dans l'opinion et dans les mœurs. Elle n'en est pas moins une réalité sociale, moins fixe, il est vrai, et moins définie, mais tout aussi positive qu'une caste. On reconnaît un bourgeois d'un homme du peuple rien qu'à les voir passer dans la rue".
Edmond Goblot
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vendredi, 22 octobre 2010
Où étaient les enfants ?
Photo : Mavra Nicolaievna Vonogrochneïeva
Extrait de Philippe Ariès :
« L’art médiéval, jusqu’au XIIème siècle environ, ne connaissait pas l’enfance ou ne tentait pas de la représenter ; on a peine à croire que cette absence était due à la gaucherie ou à l’impuissance. On pensera plutôt qu’il n’y avait pas de place pour l’enfance dans ce monde. Une miniature ottonienne du XIème siècle (Evangéliaire d’Otton III, Munich), nous donne une idée impressionnante de la déformation que l’artiste faisait alors subir aux corps d’enfants dans un sens qui nous parait s’éloigner de notre sentiment et de notre vision. Le sujet est la scène de l’Evangile où Jésus demande qu’on laisse venir à lui les petits enfants, le texte latin est clair : parvuli. Or le miniaturiste groupe autour de Jésus huit véritables hommes sans aucun des traits de l’enfance : ils sont simplement reproduits à une échelle plus petite. Seule, leur taille les distingue des adultes. Sur une miniature française de la fin du XIème siècle (Vie et miracle de Saint Nicolas, Bibliothèque nationale), les trois enfants que Saint Nicolas ressuscite sont aussi ramenés à une échelle plus réduite que les adultes, sans autre différence d’expression ni de traits. Le peintre n’hésitera pas à donner à la nudité de l’enfant, dans les très rares cas où elle est exposée, la musculature de l’adulte : ainsi, dans le psautier de Saint Louis de Leyde, daté de la fin du XIIème siècle ou du début du XIIIème siècle, Ismaël, peu après sa naissance a les abdominaux et les pectoraux d’un homme. Malgré plus de sentiment dans la mise en scène de l’enfance, le XIIIème siècle restera fidèle à ce procédé. Dans la Bible moralisée de saint Louis, les représentations d’enfants deviennent plus fréquentes, mais ceux-ci ne sont pas caractérisés autrement que par leur taille. Un épisode de la vie de Jacob : Isaac est assis entouré de ses deux femmes et d’une quinzaine de petits hommes qui arrivent à la taille des grandes personnes, ce sont leurs enfants. Job est récompensé pour sa foi, il redevient riche et l’enlumineur évoque sa fortune en plaçant Job entre un bétail à gauche, et des enfants à droite, également nombreux : image traditionnelle de la fécondité inséparable de la richesse. Sur une autre illustration du livre de Job, des enfants sont échelonnés, par ordre de taille.
Ailleurs encore, dans l’Evangéliaire de la Sainte-Chapelle du XIIIème siècle, au moment de la multiplication des pains, le Christ et un apôtre encadrent un petit homme qui leur arrive à la taille : sans doute l’enfant qui portait les poissons. Dans le monde des formules romanes, et jusqu’à la fin du XIIIème siècle, il n’y a pas d’enfants, caractérisés par une expression particulière, mais des hommes de taille plus réduite. Ce refus d’accepter dans l’art la morphologie enfantine se retrouve d’ailleurs dans la plupart des civilisations archaïques. Un beau bronze sarde du IXème siècle avant Jésus-Christ (vu à la Bibliothèque nationale dans l’exposition des bronzes sardes en 1954), représente une sorte de Piéta : une mère tenant dans ses bras le corps assez grand de son fils. Mais il s’agit peut-être d’un enfant, remarque la notice du catalogue : « la petite figure masculine pourrait être aussi bien un enfant qui, selon la formule adoptée à l’époque archaïque par d’autres peuples, serait représenté comme un adulte ». Tout se passe en effet comme si la représentation réaliste de l’enfant, ou l’idéalisation de l’enfance, de sa grâce, de sa rondeur, étaient propres à l’art grec.
Les petits Eros prolifèrent avec exubérance à l’époque hellénistique. L’enfance disparaît de l’iconographie avec les autres thèmes hellénistiques, et le roman revint à ce refus des traits spécifiques de l’enfance qui caractérisait déjà les époques archaïques, antérieures à l’hellénisme. Il y a là autre chose qu’une simple coïncidence. Nous partons d’un monde de représentation où l’enfance est inconnue : les historiens de la littérature (Mgr Calvé) ont fait la même remarque à propos de l’épopée, où des enfants prodiges se conduisent avec la bravoure et la force physique des preux. Cela signifie sans aucun doute que les hommes des X-XIèmes siècles ne s’attardaient pas à l’image de l’enfance, que celle-ci n’avait pour eux ni intérêt, ni même réalité. Cela laisse à penser aussi que dans le domaine des mœurs vécues, et non plus seulement dans celui d’une transposition esthétique, l’enfance était un temps de transition, vite passé, et dont on perdait aussi vite le souvenir.
Tel est notre point de départ. Comment de là, arrive-t-on aux marmousets de Versailles, aux photos d’enfants de tous les âges de nos albums de famille ? »
Philippe Ariès
Lire L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, dont est extrait ce passage.
Lire aussi, de Shulamith Firestone et en cliquant sur le lien : Pour l’abolition de l’enfance, aux éditions Tahin Party
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mardi, 19 octobre 2010
état civil, état des personnes
Photo : Mavra Nicolaievna Vonogrochneïeva
Ainsi s’ouvre le livre de Philippe Ariès : L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime :
« Un homme du XVIème ou du XVIIème siècle s’étonnerait des exigences d’état civil auxquelles nous nous soumettons naturellement. Nous apprenons à nos enfants, dès qu’ils commencent à parler, leur nom, celui de leurs parents, et aussi leur âge. On est très fier quand le petit Paul, interrogé sur son âge, répond qu’il a deux ans et demi. Nous sentons en effet qu’il est important que petit Paul ne se trompe pas : que deviendrait-il s’il ne savait plus son âge ? Dans la brousse africaine, c’est encore une notion bien obscure, quelque chose qui n’est pas si important qu’on ne puisse l’oublier. Mais, dans nos civilisations techniciennes, comment oublierait-on la date exacte de sa naissance, alors qu’à chaque déplacement nous devons l’écrire sur la fiche de police à l’hôtel ; à chaque candidature, à chaque démarche, à chaque formule à remplir, et Dieu sait s’il y en a et s’il y en aura de plus en plus, il faut toujours la rappeler. Petit Paul donnera son âge à l’école, il deviendra vite Paul N. de la classe x, et quand il prendra son premier emploi, il recevra avec sa carte de Sécurité sociale un numéro d’inscription qui doublera son propre nom. En même temps, et plutôt que Paul N., il sera un numéro, qui commencera par son sexe, son année de naissance, et le mois de l’année. Un jour viendra où tous les citoyens auront leur numéro matricule : c’est le but des services d’identité. Notre personnalité civile s’exprime désormais avec plus de précision par nos coordonnées de naissance que par notre nom patronymique. Celui-ci pourrait très bien, à la limite, non pas disparaître, mais être réservé à la vie privée, tandis qu’un numéro d’identité le remplacerait pour l’usage civil, dont la date de naissance serait l’un des éléments constitutifs. Le prénom avait été, au Moyen Âge, considéré comme une désignation trop imprécise, il avait fallu le compléter par un nom de famille, souvent un nom de lieu. Et voilà qu’il convient maintenant d’ajouter une nouvelle précision, de caractère numérique, l’âge. Mais le prénom et même le nom appartiennent à un monde de fantaisie – le prénom – ou de tradition – le nom. L’âge, quantité mesurable légalement à quelques heures près, ressort d’un autre monde, celui de l’exactitude et du chiffre. A ce jour nos habitudes d’état civil tiennent à la fois de l’un et l’autre monde ».
Philippe Ariès
L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime
1973
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jeudi, 24 juin 2010
Rompre et parler suédois
rétroviseur par Sara
Rompre et parler suédois, par Manuel Gerber
Ami lecteur, amie lectrice,
Hier, Nils Bergman a décidé de mettre fin à sa relation amoureuse avec Axel Johansson, jeune écrivain suédois. Il lui écrit aujourd’hui ce court message :
Hej Axel,
Det var trevligt att ses i går, trots allt.
Hoppas du mår bra. Jag är verkligen ledsen att det blev som det blev, men ibland är livet inte så lätt.
Jag har läst och rättat din roman. Det blir ganska många fel om man ska rätta varje detalj, men det är ändå en bra roman.
Kram,
Nils
Hej: bonjour
Det : cela
Var: était
Trevligt: bien
Att : de
Ses: se voir
I går: hier
Trots: malgré
Allt: tout
Hoppas : j’espère
Du : tu
Mår: vas
Bra: bien
Jag : je
Är : suis
Verkligen vraiment
Ledsen: triste
Att : que
Blev: s’est passé
Som : comme
Men: mais
Ibland parfois
Är : est
Livet : la vie :
Inte: pas
Så: si
Latt: facile
Har: ai
Läst : lu
Och et
Rättat : corrigé
Din : ton
Blir : semble
Ganska : assez
Många : beaucoup de
Fel: fautes
Om: si
Man: on
Ska : doit
Rätta : corriger
Varje: chaque
Detalj : détail
Ändå: pourtant
En : un
Bra : bon
Kram : bise
Particularités :
- En suédois, le verbe se trouve toujours en deuxième position après un complément. Cette particularité vous rappelle-t-elle une autre langue ? Souvenez-vous de notre dernier cours de néerlandais. Ces deux langues sont extrêmement proches.
Ibland är livet inte så lätt (parfois est la vie pas si facile)
- Une autre grande particularité est que le verbe conjugué est toujours le même à chaque personne :
Vara (être)
Jag är
Du är
Han (il) är
Hon (elle) är
Det (cela) är
Vi är
Ni är
De är
Sachez chers lecteurs que le suédois est également parlé en Finlande et compris, bien que les différences soient nombreuses, par les Danois et les Norvégiens. Ceux-ci peuvent répondre dans leur propre langue. Des échanges en danois, en suédois, et en norvégien ont lieu quotidiennement Quand pourrons- nous, francophones, apprendre à comprendre les autres langues latines ? Aurions-nous besoin d’apprendre à les parler si leurs locuteurs nous comprenaient en retour. Quel dommage de parler l’anglais à un Portugais ou à un Italien, alors que nos langues sont si proches!
PS : je vous laisse mon courriel, si vous voulez me faire part de vos commentaires : manuelgerber@gmail.com
Manuel Gerber
Bruxelles
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jeudi, 20 mai 2010
Second Souper de Saturne
Photo de Sara
Il est minuit et vingt-six minutes à Paris. Le second souper de Saturne vient d'avoir lieu.
L'idée des Soupers de Saturne est venue après la lecture de Chez le prophète, de Thomas Mann.
Là, c'était chez votre servante, au fond d'une cour à Duroc. Vincent S avait amené le champagne. Il y avait, donc, Vincent St, Mathieu G, Anne-Claire L, Mathilde M, Jérémie G, Caroline M, Vincent Sc, Alban de Ch et Francis C. Nous lûmes Le Héros, de Gracian, publié aux éditions Le Promeneur.
Le troisième rendez-vous soupatoire des Saturniens aura sans doute lieu en juillet. Nous y lirons sans doute Hildegarde, qui vécut à Bingen...
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mercredi, 19 mai 2010
néerlandisme, par Manuel Gerber
Saviez-vous que le néerlandais était une langue très imagée ? Contrairement au français, dont certains mots sont incompréhensibles si l’on ne connaît ni le latin ni le grec, le néerlandais, quant à lui, préfère souvent décrire ce qu’il désigne. Aujourd’hui, nous verrons quelques termes grammaticaux de cette langue. Ils sont de toute beauté et nous aident à comprendre certaines notions de grammaire. Ce court texte se présentera sous la forme de quatre devinettes traduites littéralement du néerlandais. Les réponses se trouvent à la fin.
Woordenschat van de spraakkunst
Trésor (schat) des mots (woorden) de l’art (kunst) de la parole (spraak)
1. Wat is een zelfstandig naamwoord?
Qu’est-ce qu’(wat is) un (een) mot (woord)-nom (naam) indépendant (zelfstandig)?
2. Wat is een werkwoord?
Qu’est-ce qu’un mot qui travaille (werk)?
3. Wat is een lijdend voorwerp ?
Qu’est-ce qu’un objet (voorwerp) qui souffre (lijdend)?
4. Wat is een meewerkend voorwerp?
Qu’est-ce qu’un objet qui collabore (mee : avec, werkend : qui travaille)? Autrement dit, qu’est-ce qui soutiendra l’objet qui souffre?
Réponses:
Vocabulaire grammatical
1. un nom
2. un verbe
3. un complément d’objet direct
4. un complément d’objet indirect
PS : En voilà deux autres pour le plaisir !
5. Wat is een schildpad ?
Qu’est-ce qu’un crapaud (pad) à carapace (schild)?
6. Wat is een handschoen ?
Qu’est-ce qu’une chaussure (schoen) pour la main (hand)?
Réponses :
5. une tortue
6. un gant
Manuel Gerber, Bruxelles
Photo de Sara
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jeudi, 29 avril 2010
Hétérosapiens ? Amour, sexe, filiation et liberté
J’ai eu une discussion très vive hier avec plusieurs excellents amis qui sont venus me voir à l’hôpital. Nous parlâmes de ce nouveau mot étrange : homoparentalité.
Amour, Sexe, Filiation & Liberté
J’ai eu une discussion très vive hier avec plusieurs excellents amis qui sont venus me voir à l’hôpital. Nous parlâmes de ce nouveau mot étrange : homoparentalité.
Mes amis Sauveur et Tatiana défendent quant à eux les « droits des gays », bien qu’ils ne sont pas concernés par cette « communauté ».
Mon amie Esther est intersexuée (je ne sais pas à quel point) ; elle a cependant un point de vue très traditionaliste, catholique et conservateur – je rappelle qu’intersexué est le mot moderne pour hermaphrodite.
Mon amie Hélène est lesbienne mais déteste toute forme de communautarisme et souhaite une société libérale, sociale, universaliste.
Ils ont poursuivi la dispute jusque tard dans la nuit à l’hôtel Saint-Sylvestre où ils étaient descendus. N’ayant pu participer, j’ai poursuivi ma réflexion seul et je voudrais partager mes interrogations ici.
Un mot de fortune sans grande fortune
Selon l’Association des Parents et Futurs Parents Gays et Lesbiens, l’homoparentalité englobe tous les types de situations dans lesquelles un des parents se dit homosexuel. C’est donc un mot qui ne concerne pas le type de filiation, mais la vie amoureuse des parents.
Si deux parents homosexuels ont eu un enfant ensemble, c’est de l’homoparentalité, bien que la filiation soit hétérosexuelle. Ce type d’homoparentalité est loin d’être nouveau : ce n’est que depuis quelques siècles qu’on tente de marier la vie amoureuse et le mariage. Ce qui est nouveau en revanche, c’est d’imaginer une filiation sans hétérosexualité.
Deux choses m’étonnent. La première, c’est de considérer la parentalité du point de vue de la sexualité et de la vie amoureuse des parents.
La seconde, c’est de penser que le fait d’être un parent qui mène une vie privée homosexuelle tranche plus avec la tradition que, par exemple, les familles recomposées, ou encore la famille nucléaire.
L’hétéroparentalité n’a rien à voir avec l’homosexualité
L’homoparentalité, selon ses promoteurs, c’est le fait d’être homosexuel et parent, quel que soit le type de filiation. Selon cette définition, la vie amoureuse des parents prime pour définir la parentalité plutôt que sur le type de filiation. Or, en quoi la vie amoureuse des parents doit concerner la filiation ?
Et pourquoi ne s’en occuper que dans le cas de l’homoparentalité ? Si un parent couche avec deux partenaires à la fois, il est donc triosexuel. Doit on parler de trioparentalité ?
D’ailleurs, on parle depuis longtemps de monoparentalité : s’agit-il de la solitude du parent ou son asexualité ?
Que fait la sexualité dans la parentalité, quand elle ne fait plus les enfants ?
Je trouverais plus cohérent de parler d’homoparentalité quand la filiation est homoparentale (on escamote un parent biologique pour le remplacer par un parent du même sexe que le premier parent), et d’hétéroparentalité quand les parents sont un homme et une femme, même si ces deux parents vivent chacun en couple homosexuel. En effet, l’enfant a un père, une mère, l’arbre généalogique se fait de la même façon que pour ses ancêtres, dans la continuité. Qu’importent que les parents soient amoureux ou coparents ?
La famille recomposée et l’homofiliation : deux vraies ruptures.
Ce qu’on appelle la « famille recomposée » hétérosexuelle (le fait d’avoir des enfants avec plusieurs partenaires non simultanément) et l’escamotage paternel ou maternel (recours à une banque de sperme ou une mère porteuse) ont en commun de détruire la famille traditionnelle occidentale (un père, une mère et autant que possible des enfants tous de la mère fratrie, un arbre généalogique-type), tandis que l’homosexualité d’un ou des deux parents n’a aucune incidence sur la famille traditionnelle.
La famille recomposée brise beaucoup plus la filiation traditionnelle (fratrie unie, de même origine sociale, au même héritage) que le couple parental formel sans aucune vie amoureuse, où l’enfant est le centre, l’héritier (matériellement et moralement).
Consommation parentale et structure familiale
Si l’on définit la parentalité en fonction de la vie amoureuse parentale, on se base d’un point de vue du parent consommateur. Si l’on définit la parentalité du point de vue de la filiation, on se place du point de vue de la structure familiale, tournée vers l’enfant.
La structure familiale peut laisser libres les choix individuels. L’erreur n’est pas de privilégier une sexualité sur une autre, mais de mettre la vie amoureuse au centre du débat – au lieu de la structure familiale qui entoure l’enfant. Si l’on pouvait revenir à un mode de vie où le couple ne serait pas la structure fondamentale de la société, tant sur le plan économique que psychologique et social, l’homosexualité et tous les autres types de sexualité seraient possibles sans qu’ils interfèrent avec la construction d’une famille. En quoi un homosexuel peut se permettre d’escamoter une mère pour son enfant ? En quoi deux personnes sont obligées d’être amoureuses pour fonder une fratrie ?
Le couple tentaculaire
Ce n’est pas la vie amoureuse qui établissait traditionnellement la filiation, mais la reproduction hétérosexuelle monogame (deux humains de deux sexes différents avaient des enfants ensemble et si possible seulement ensemble).
On a heureusement détruit le modèle unique couple hétérosexuel. Mais pourquoi garder l’idée de couple ? Il semble que le couple s’est incrusté dans tous les cerveaux pour devenir la norme, qu’il soit hétérophile ou homophile. Le couple serait indispensable à une vie adulte heureuse, à l’éducation des enfants, au bon fonctionnement des entreprises. N’est-ce pas aberrant ? Qu’est-ce qu’un couple ? En quoi l’agglutinement financier, amoureux, sexuel et matériel de deux personnes en un foyer serait le fondement de notre société ?
Entériner tout ce qui se vit ?
L’Etat officialise. Que doit-il entériner ? La Vérité révélée ou la structure extérieure de la vie des gens ?
La deuxième solution, pour hypocrite et arbitraire qu’elle soit, est moins totalitaire…
Je reconnais que l’Etat commet une violence quand il refuse d’entériner une situation vécue (refus d’héritage entre homosexuels, par exemple). Mais selon moi il commet une violence aussi grosse quand il entérine toutes les situations vécues puisqu’il est alors omniprésent dans les moindres détails de la vie des gens.
Les mentions Féminin/Masculin, Célibataire/vie maritale/divorcé qu’on nous demande de cocher sur les papiers administratifs publics et privés sont des mentions totalitaires. La plupart du temps, elle ne servent à rien d’autre qu’à cerner le profil de l’individu pour mieux le surveiller.
Souffrance et quête d’acceptation sociale
Les couples homosexuels demandent une reconnaissance sociale, voire une approbation.
Mais si tout le monde la demandait ? Les célibataires ? Les traditionalistes catholiques, souvent tout autant malmenés que les homosexuels ?
Les SadoMasochistes ? Les monosexuels ? Les colocataires élevant ensemble un enfant d'un copain mort ? Les végétariens ? Les mangeurs de viande crue ?
Ne vaudrait-il pas mieux lutter ensemble pour la libéralisation psychologique, affective et sexuelle plutôt que pour un entérinement par l’Etat de toutes les situations vécues ? Ne vaut-il pas mieux diminuer le contrôle social plutôt que de le resserrer ?
Quant au rejet dont certaines communautés sont victimes, il faut le condamner en tant que rejet d’êtres humains libres, non en tant que rejet d’un groupe qui pourrait être représenté en tant que tel dans des instances politiques. Car alors l’individu seul perd de sa valeur et doit se fondre dans un groupe donné pour la retrouver.
La vie sera toujours un combat individuel contre la dictature collective. Si la violence est contrôlable dans une certaine mesure, elle est inéluctable. Vouloir éliminer le problème de la violence sociale, c’est vouloir l’étatiser. On sait ce que ça donne… Les hôpitaux psychiatriques et les prisons deviennent obèses.
Axel Randers, 2006
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mardi, 16 mars 2010
SATUMAA Tango finlandais
Lennä laulu sinne missä siintää satumaa
Sinne missä mua oma armain odottaa
Vole, ma chanson, là où brille le pays imaginaire
Là où mon chéri m’attend
Aujourd’hui, je me souviens du voyage en Finlande, pour retrouver Manuel. Il vivait dans un foyer étudiant à la périphérie d'Helsinki et il était le seul parmi les centaines d'étudiants du foyer à apprendre et parler le finnois au quotidien. Il adorait ce pays qu'il découvrait. Toutefois, certaines choses le gênaient, et parmi elles le fait que les Finlandais ne mettent pas de parfum. Manuel, jeune homme élégant qui avait hanté les hauts lieux du Paris nocturne, se mettait trois fois plus de parfum en Finlande qu'à Paris, pour conjurer le sort. Il n'en détonnait que plus.
Un jour, avec un autre ami, nous prîmes le bateau pour aller à Tallin, la très jolie capitale estonienne, qui ressemble à une ville de poupées. Dans le bateau, les Finlandais si sombres et silencieux le jour se mirent à danser. C'était une danse valsante, différente de toutes les valses que j'avais connues. Et Manuel m'expliqua que c'était le tango finlandais. Un tango volé par la Finlande à l'Argentine, un tango devenu nordique. Cette soirée à glisser sur la mer glacée en observant les Finlandais s'ajoute à tous mes autres souvenirs de bateau. J'en parlerai à d'autres moments - pour le moment, voici, proposées par Manuel, les paroles d'un tango finlandais :
"je vous propose de découvrir l’un des tangos finlandais les plus célèbres. Imaginez que l’on y danse sur un rythme lent et avec des pas simples. Les couples s’enlacent sans se regarder. Il faut se laisser envahir par la mélodie et les paroles et oublier qu’il fait froid et sombre l’hiver. Les relations humaines sont difficiles à cette période-là. Le sentiment d’être « prisonnier de la terre » et de porter un lourd fardeau est assez répandu chez nos amis finlandais. Comment peut-on être léger quand le climat est si hostile ? Comment peut-on être de bonne humeur quand il fait nuit toute la journée pendant presque deux mois ?
Je vous laisse donc découvrir cette chanson que j’ai traduite pour vous".
Aavan meren tuolla puolen jossakin on maa
Missä onnen kaukorantaan laine liplattaa
Missä kukat kauneimmat luo aina loistettaan
Siellä huolet huomisen saa jäädä unholaan
Oi jospa kerran sinne satumaahan käydä vois
Niin sieltä koskaan lähtisi en linnun lailla pois
Vanki olen maan
Vain aatoksin mi kauas entää
Sinne käydä saan
Lennä laulu sinne missä siintää satumaa
Sinne missä mua oma armain odottaa
Lennä laulu sinne lailla linnun liitävän
Kerro että aatoksissain on vain yksin hän
Le pays imaginaire
Au large, il existe un pays
Où une vague caresse la lointaine rive du bonheur
Où les plus belles fleurs toujoursgardent leur éclat
Où les soucis du lendemain peuvent rester dans l’oubli
Oh si seulement un jour quelqu’un pouvait aller dans ce pays imaginaire
Alors je ne le quitterais jamais comme un oiseau
Mais sans ailes, je ne peux pas voler
Je suis prisonnier de la terre
C’est à l’aide de mes pensées voyageuses
Que je peux y accéder
Vole, ma chanson, là où brille le pays imaginaire
Là où mon chéri m’attend
Vole, ma chanson, comme un oiseau glissant
Dis-lui qu’il est le seul dans mes pensées
Traduction et présentation de Manuel Gerber
Bruxelles
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