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mercredi, 30 janvier 2013

Roule ta bille, Gaston le roux ! (Mais qui aime Ivana ?)

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Photo Mavra VN

 

Gaston Leroux

gaston leroux.jpg

(1868-1927)

Normand, il fit ses études dans la ville d'Eu... qui voudrait aujourd'hui changer de nom pour avoir une visibilité web plus grande ! Les .eu en effet pullulent en Europe. Eu veut donc devenir Ville d'Eu. 

château d'Eu sous la neige
Le château d'Eu - Photo trouvée ici

Comme son contemporain Paul d'Ivoi, Gaston Leroux mena une double carrière de journaliste et d'écrivain.

N'est-il pas véritablement le pionnier du polar français ? Il créa le personnage de Rouletabille, qui évolue à travers plusieurs romans.

Il créa également la série des Chéri Bibi.

Enfin, il est le père du célèbre Fantôme de l'opéra.

La série Rouletabille est souvent donnée à lire aux adolescents à l'école (au collège). Chéri-Bibi et Le fantôme de l'opéra sont trop proches de l'horreur. On les lit seuls, lors des longs mois d'été, pour oublier la déception des vacances tant attendues.


AUTOUR DE ROULETABILLE

Le personnage de Rouletabille possède la particularité d'être émouvant, mais pas sympathique. C'est un cas assez rare dans la littérature. On ne peut vraiment l'aimer parce qu'il est trop parfait et trop fermé, peut-être en veut-il un peu à la société, y compris à la société des lecteurs. Peut-être est-il trop fier de son intelligence.
Derrière cette intelligence froide et ce petit sentiment de supériorité, des failles affectives très grandes (Rouletabille n'a pas été élevé par sa mère, ce qu'on découvre au fil de ses enquetes) et l'excuse d'une enfance pauvre et malaimée, nourrissent l'émotion que procure un personnage au physique un peu ridicule, avec une grosse tête toute ronde et des yeux d'enfant seul.

Génial, Rouletabille n'en est pas moins laid, timide, renfrogné. Ce paradoxe du héros imparfait, qui n'est pas non plus un antihéros, existe dans le monde réel depuis toujours, mais cela ne fait pas si longtemps qu'il est entré en littérature. De ce point de vue, Leroux est très réaliste même s'il est par ailleurs un maître du fantastique !

Le génie de Rouletabille ne le rend pas heureux. S'il débrouille toutes les énigmes, c'est pour mieux comprendre qu'il est le fils d'un grand criminel et que sa mère n'a pas voulu de lui.

Les deux meilleurs épisodes de la série, sont les premiers : Le mystère de la chambre jaune et La parfum de la dame en noir. Dans les épisodes suivants, Joseph Rouletabille se marie avec Ivana. Et je n'aime pas Ivana. (Qui aime Ivana ?)

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AUTOUR DE CHERI-BIBI

Chéri-Bibi met en scène un forçat innocent.

Un forçat, c'est un prisonnier que l'on envoie au bagne, en Guyane, à Cayenne, après l'avoir embarqué à l'île de Ré, enchaîné avec ses compagnons de grand malheur, sous les rires et les pleurs des foules mêlées. Les derniers bagnards sont rentrés en France métropolitaine en 1953... (mais depuis la France s'est dotée de la plus grande prison d'Europe : Fleury Mérogis !)

Outre Chéri Bibi, un autre forçat de la littérature est resté célèbre : Jean Valjean, l'ami de Gavroche et de Cosette.

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Le poème «au forçat innocent», de Jules Supervielle.

Solitude au grand coeur encombré par des glaces,
Comment me pourrais-tu donner cette chaleur
Qui te manque et dont le regret nous embarrasse
Et vient nous faire peur?

Va-t'en, nous ne saurions rien faire l'un de l'autre,
Nous pourrions tout au plus échanger nos glaçons
Et rester un moment à les regarder fondre
Sous la sombre chaleur qui consume nos fronts.

Jules Supervielle, 1930

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AUTOUR DU FANTÔME DE L'OPERA

Insipré de faits réels, Le fantôme de l'opéra met en scène le bel opéra Garnier de Paris. Des événements extraordinaires et effrayants y ont lieu.

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Avez-vous vu toutes les adaptations cinématographiques du Fantôme de l'opéra ?

On en trouve, sur Internet, des extraits, gentiment mis à disposition par les internautes vidéomanes :

La première adaptation, c'est celle de 1925, par Rupert Julian.


1925 - Le fantome de l'Opera - Rupert Julian par Altanisetta

La seconde adaptation date 1943. Elle est due à Arthur Lubin


Bande-annonce Le Fantome de l'opéra - Arthur Lubin par Altanisetta

La troisième adaptation : 1962, Terence Fisher

Adaptation de 1989 : Dwight H Little

Il y a aussi la version de 1989, de Dario Argento. Je n'ai pas trouvé, sur les plateformes vidéotes d'échanges, d'extrait où il n'y a pas de scène d'horreur ou de sexe. Mes lecteurs iront s'abreuver tout seuls à ces sources obscures.

Quant à la version de 2004, de Joel Schumacher, on peut en voir le clip à cette e-adresse.
(c'est la version cinéma de la comédie musicale écrite par Andrew Lloyd Weber).

lundi, 28 janvier 2013

Balzac et un verre de Marsannay

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Vue de chez Marie Petitjean


«Il est dans Paris certaines rues déshonorées autant que peut l'être un homme coupable d'infamie ; puis il existe des rues nobles, puis des rues simplement honnêtes, puis de jeunes rues sur la moralité desquelles le public ne s'est pas encore formé d'opinion; puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles, des rues estimables, des rues toujours propres, des rues toujours sales, des rues ouvrières, travailleuses, mercantiles. Enfin, les rues de Paris ont des qualités humaines, et nous impriment par leur physionomie certaines idées contre lesquelles nous sommes sans défense».

Honoré de Balzac, In Ferragus - Histoire des Treize

 

L'histoire des Treize, du très Honoré de Balzac, contient trois histoires. La première, Ferragus, est dédié au musicien Hector Berlioz. La seconde, La Duchesse de Langeais, est offerte à Franz Liszt. Le dédicataire de la troisième, La Fille aux yeux d'or, est le peintre Eugène Delacroix.

Et vous le rouvrirez, ce livre, ou vous l'ouvrirez, un soir avec un verre de Marsannay. Pour l'accompagner, pourquoi ne pas écouter la musique de César Franck ? Mettez le Panis Angelicus. Et quand la musique s'arrêtera, vous serez loin, très loin dans l'Histoire des Treize.

Trilogie balzacienne, premier volet

dimanche, 27 janvier 2013

Si loin d'Olonne...

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Qui suis-je ? Cela importe peu. Pourtant, je me pose parfois la question...

Sables d'Olonne, question existentielle

Phot. MVN

Ces bêtes qu’on abat : Une coche assoiffée

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Une coche assoiffée

 

Voici comment on pourrait définir prosaïquement un abattoir : c’est un lieu où l’on abat des animaux pour la consommation humaine. Cela répond à une demande sociale, qui est celle de consommer de la viande. Notons tout de même qu’il existe des personnes qui ne mangent pas de viande, selon un choix délibéré. Cependant, le passage brutal de la vie à la mort doit s’effectuer avec le moins de souffrance possible. Des responsables d’abattoir font cet effort. Ils agissent ou mettent en place des aménagements qui permettent d’améliorer les conditions d’abattage. Il existe des aménagements qui répondent à un cahier des charges, lui-même parfois établi pour répondre à un objectif de marketing. La prise en compte du bien-être animal dans la publicité séduit souvent le consommateur. Il faut être vigilant et s’assurer que les actions entreprises sont réellement destinées au bien-être des animaux.

 

Truie en très mauvais état, laissée sans soins dans un élevage et emmenée à l’abattoir, déposée encore vivante sur le quai de l’abattoir…
Phot Jean-Luc Daub

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Cette année encore, je remercie les responsables d’abattoirs qui agissent dans leur établissement de façon désintéressée pour éviter un mal-être animal et cela même cinq minutes avant la mort de l’animal. Je sais qu’il n’est pas évident d’installer ou de mener des actions dans ce cadre, alors même que cela ne rapporte pas plus d’argent et qu’aucune personne extérieure à l’abattoir n’est là pour le voir. Mais, chaque effort n’a pas forcément besoin d’être vu et d’être en attente d’une reconnaissance. Le simple fait de l’entreprendre est une démarche humaine qui grandit l’individu.

 

Ô combien il est important pour l’animal de ne pas être mené avec brutalité, d’être abreuvé à son arrivée, de ne pas assister à la mise à mort de ses congénères, d’être isolé des bruits métalliques et des cris poussés par les autres animaux dans le couloir de la mort, d’être étourdi convenablement afin de ne pas être saigné en pleine conscience, d’être abattu avec le matériel approprié et sans brutalité.

 

Truie ne pouvant pas marcher présentant des traces de frottement sur le sol qui sont dues à son chargement coûte que coûte dans le camion qui l’a emmenée à l’abattoir.
Phot Jean-Luc Daub

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Je sais que de nombreux responsables travaillent déjà dans ce sens alors même que les normes sanitaires prennent bien souvent la priorité. L’amélioration des conditions de travail, le respect et la prise en compte de l’animal, permettent à l’individu de participer à une démarche humaine qui, dans un pays développé comme la France, ne devrait aller qu’en s’améliorant.

 

Vache abattue sur place à ma demande car elle ne pouvait plus marcher. Les employés voulaient la traîner vivante avec un petit tracto-pelle jusqu’au poste d’abattage.
Phot Jean-Luc Daub

 

 

Lorsque je visitais un abattoir, un seul animal gisant sur le quai de déchargement où agonisant dans un box retenait toute mon attention. Et cela, même si l’abattage des 500 à 800 cochons tués par heure se déroule normalement.

 

J’ai une pensée particulière pour une coche (une truie, vous le savez maintenant) qui, dans un abattoir, gisait à terre sur le flanc, dans l’incapacité de se relever. L’état dans lequel elle se trouvait n’avait rien à voir avec la responsabilité de l’abattoir (mais elle avait quand même été déchargée, et tirée par un câble actionné électriquement jusqu’au poste d’abattage. Cette coche provenait d’un élevage intensif où, durant sa courte vie, elle était restée prisonnière d’une cage métallique. Le rendement lui imposait de mettre au monde des porcelets à une grande fréquence. Ces porcelets eux-mêmes étaient destinés à grandir dans des élevages concentrationnaires, pourtant autorisés.

 

La pauvre bête était trop usée. Faute de n’avoir pu se reposer entre les mises bas et de n’avoir pu gambader dans des espaces sans barreaux, elle ne pouvait ni marcher, ni se tenir debout. Elle était restée affaiblie et sans soins durant plusieurs semaines sur le lieu d’élevage. Souvent, comme d’autres dans le même état, ces coches ne partent à l’abattoir que lorsque le départ d’un lot entier est prévu. Une économie de transport et de soins vétérinaires peuvent-ils justifier de laisser sur place un cochon ou une coche blessés, en attente du départ d’un camion. Certains abattoirs ou coopératives ont prévu des navettes spéciales pour ce genre d’animaux. Mais cela n’est pas encore répandu.

 

Arrivée à l’abattoir, cette coche attendait son tour dans le local d’abattage. Elle avait auparavant été tirée au bout d’un câble métallique à même le sol, du quai de déchargement jusqu’au poste d’abattage, éraflant un peu plus les plaies qui recouvraient son corps. Son chargement dans le camion s’était effectué de la même façon.

 

Le regard livide et empreint de tristesse reflétait la vie misérable qu’elle avait eue. Même son attente vers la mort ne lui laissait présager aucun réconfort.

 

Il m’était inconcevable de ne rien faire pour elle, même si dans l’absolu, je ne pouvais pas la sauver. La seule chose possible était d’exiger que son abattage intervienne rapidement. Mais avant cela, pris d’un sentiment de pitié (ce qui ne devrait rien avoir d’exceptionnel), je me suis saisi d’un tuyau de nettoyage dont j’ai actionné le robinet. Attirée par l’eau fraîche et claire qui coulait agréablement, la coche à relevé la tête. Je me suis approché d’elle et je l’ai fait boire. J’ai cru qu’elle ne s’arrêterait plus jamais. Pourquoi cette truie était-elle si assoiffée ? Au bout d’un moment, après avoir été observé en train de faire quelque chose de peu habituel, j’ai retiré le tuyau de sa bouche. Elle a reposé sa tête sur le sol. Son regard semblait montrer de l’apaisement. Je ne pouvais rien faire de plus, excepté lui gratouiller la fine peau juste en dessous de ses yeux bleus.

 

J’ai fait ensuite quelques pas en arrière et j’ai laissé le personnel de l’abattoir accomplir son travail.

 

S’inscrire dans une logique de productivité et d’économie, de procédures administratives, pousse l’homme à devenir lui-même une machine incapable de réagir dans l’immédiat aux situations qu’il n’a pas prévues ou qu’il n’a pas voulu prévoir. En raison du conditionnement, l’homme se dépersonnalise et refoule sa sensibilité sous prétexte de servitude à la production et à l’économie humaine. À tous ceux du milieu de l’élevage, des abattoirs, aux représentants des services d’inspection de ces milieux, je dis qu’aucune action menée pour l’animal n’est futile, inutile et encore moins honteuse. Agir dans ce sens ne déprécie pas l’intervenant, mais au contraire cela permet de faire humblement grandir la personne humaine. De nombreux professionnels sont déjà soucieux du bien-être animal et de son respect, ainsi que de l’application des textes réglementaires relatifs à la protection animale. Mais force est de constater qu’il y a encore beaucoup à faire dans le milieu des abattoirs !

 

Toutefois, l’indifférence anime encore des professionnels qui laissent en situation de souffrance de nombreux animaux.

 

Truie déchargée au treuil, ce qui est interdit.
Phot Jean-Luc Daub

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Notre rôle est de leur faire prendre conscience de ce véritable problème et de les pousser à réagir en faveur de ces êtres innocents et dotés d’une réelle sensibilité.

 

 

 

 

vendredi, 25 janvier 2013

Crachats du temps

Une oeuvre de Hanno Buddenbrook, traduite par le comte Mölln aidé d'Edith de Cornulier-Lucinière

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I

Cendres aux bords des lèvres

 

Je ne sais si je pourrai survivre à la lutte effroyable que je mène contre mon fantôme intérieur. Il veut danser avec moi. Il dit : même les morts dansent, viens avec nous. Je tente de fuir. Je cours dans la rue, je fend la foule, mais partout où je m'arrête pour souffler, pour reprendre haleine, il est là. Il apparaît. Il sourit. Je me réfugie dans mon lit, mais il est là, entouré autour des draps, et il me prend dans ses bras.

Qui est-il ? J'interroge de mon regard angoissé, mais rien ne me répond. Sa voix est livide, son corps flasque. Les autres, que vivent-ils ? Eux, ils sont chacun dans leur cauchemar, comme moi ? Ou suis-je la seule hors du monde, dans un réel à part, où rien ne coule de source, rien n'est beau ni facile ni tendre ? J'interroge les regards qui m'entourent mais aussitôt, les paires d'yeux les portent ailleurs.

Il faut veiller ; il faut prier. Espérer, attendre, et continuer de garder une lumière, ou une lueur, si petite soit-elle, au fond de soi. Car on en aura besoin pour mourir. Veiller et prier, car nous ne savons l'heure ni le jour de notre adieu au monde.

Dans la ville, je marche, et je rêve d'un jour différent, dans un espace libre : une promenade heureuse sous un ciel gris et long comme mon enfance, mais vide de ces mots et de ces machines, de ces fils et de ces idées qui m'ont vieillie. Un ciel gris, bas et long sur des champs boueux. J'aurais des bottes et du vent dans les cheveux, les joues fraiches. Et je pourrais sentir le mouvement en moi, ce mouvement de la vie qui va vers la mort, avec élan.

Ici, dans la ville, nous sommes des restes de vie qui attendons la mort, sans élan.


II

Tabous blancs

 

La manipulation mentale et la torture physique sont si semblables. Je bois ma bière au fond du café, un véritable plaisir. Je sirote,je fumote, je pensote. Les gens passent et m'observent ; je les observe en contrepartie.

On m’a interdit d’avoir des relations incestueuses avec la mort. Je ne sais plus où aller.

Oui, il y a le soleil du ciel

Et il y a le soleil mystique

L’un se pare parfois d’arc en ciel

L’autre est toujours psychédélique

Non mon amour tu n’auras pas

Le regard noir que tu voulais

Depuis que tu es partie, mon amour, la mort ne me fait plus peur. Elle est devenue mon amie. Et de temps en temps, quand la ville tourbillonne et que je m’en éloigne mentalement, j’ai l’impression, au fond d’un bar fatigué, de lui payer un verre.

 

III

Entrailles futuristes

 

Mon rêve est technologicide. Je crée un logiciel libre pour le cerveau et je l'offre au monde. Mes frères lointains, chacun d'entre vous pourra l'utiliser rapidement. Il faut juste vous reconfigurer. Ensuite, cela marche tout seul. Ça permet de rêver et ça permet d'oublier, sans substances interdites. Il faut juste laisser tomber les vieux concepts, ceux qui gèrent votre cerveau depuis l'enfance.

 

Hanno Buddenbrook

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mercredi, 23 janvier 2013

Mémoires d’une voyouse

 mémoires d'une voyouse, Johnny Walker, Edith de Cornulier-Lucinière

 

Avertissement

Enfants, ne lisez pas ce qui va suivre.

C’est une histoire avec des salauds, des délits, des remords.

C’est une histoire pour les filous, pour les méchants, pour les gueux.

 

Hors-la-loi

 

Je suis une gueuse, une malfrate, une hors-la-loi. Si vous connaissiez tous les crimes que j’ai commis, vous fermeriez cette webpage et vous vous enfuiriez en courant vers des sites moins terribles. Ah ! ah ! ah ! Je fais peur aux bonnes gens, aux honnêtes gens, aux petites gens et même aux gens qui ont de l’entregent.

Toutes les histoires que j’ai vécues dans ma vie ont fini comme dans un film noir : course poursuite avec la police, batailles, hurlements, prison. Mais l’histoire que je veux vous raconter tourne différemment.

 

Adieu Johnnie Walker

 

En ce temps là, j’avais arrêté de boire. Quand une hors-la-loi arrête de boire, c’est TRES dangereux.

Pourtant, il le fallait. Le docteur m’avait dit : « c’est Johnnie Walker ou vous ». Johnnie Walker, c’est le type qui est dessiné sur les bouteilles de whisky.

 

  • En êtes-vous sûre, docteur ? Lui demandai-je effrayée.

  • Sûr.

  • Dis-moi la vérité, minable ! Lui hurlai-je en pointant Coco sur son cœur. (coco, c’est mon flingue. Coco était mon meilleur ami).

  • Hélas oui, répondit courageusement le docteur.

J’ai donc dit : Adieu Johnnie Walker. J’ai rempli mon frigo de jus de fruits, de Coca-Cola et de yaourts. J’ai pleuré tous les soirs, mais j’ai tenu le coup.

 

 

Bon anniversaire, pauvre idiote !

 

J’avais une longue vie de voyouse derrière moi.

Grâce à mes cachettes et à mon intelligence, les policiers ne me trouvaient jamais. Les gens qui savaient où j’étais n’osaient pas me dénoncer de peur que je les butte avec Coco.

Le soir de mon anniversaire, je m’apprêtais à déguster un immense gâteau à la fraise quand je me rendis compte que je n’avais aucun ami. Mon âme éclata en sanglot (mais mon visage resta très dur).

Je me regardai dans la glace et murmurai :

- Bon anniversaire, pauvre idiote !

Je pointai Coco vers mon cœur, mais il refusa de me planter.

- Que ferai-je sans toi ? Me demanda-t-il.

Alors je rangeai Coco dans un tiroir et j’allai me coucher.

Ce soir là, je décidai de transformer ma vie.

 

 

Le procès


J’étais en train de me demander comment devenir honnête quand les journalistes, les juges et les policiers me tombèrent dessus. Cela arriva par un soir de septembre. C’était l’automne et Paris était beau.

On m’arrêta alors que je marchais tranquillement sur le boulevard Raspail.

Mon procès fut rapide. Le juge parla avec éloquence.

Il relata mes crimes:

  • 17 pompiers remplis d’hématomes, tous malmenés par l’accusée à la fin d’une rixe dans le terrible quartier de Pigalle.

  • 4 hommes et 5 femmes séduits et manipulés par l’accusée pour lui donner de l’argent.

  • 480 tonnes de chocolat, bonbons et yaourts à la fraise volés par l’accusée dans 140 magasins.

  • Une vieille femme effrayée et contrainte de laisser l’accusée jouer avec son chien yorkshire.

A la fin du procès, le juge cria : « qu’on jette l’accusée en prison ! » Des applaudissements s’élevèrent dans la salle. On me menotta, on m’emmena.

 

 

Au trou !

 

Au trou (c'est-à-dire en taule, en cabane, au violon, au placard, en prison), je réfléchis beaucoup.

Trois religieux vinrent me parler de Dieu. Cela m’intéressa mais je n’arrivai pas à choisir entre les trois religions, alors je laissai tomber.

Les mois passaient. Peu à peu, j’arrêtai de ricaner en pensant aux coups que j’avais faits.

Au bout d'un moment, je commençai même à lire des livres.

Enfin, je décidai d’arrêter cette vie de perdition et d’écrire l'histoire de ma vie.

 

Ma rédemption

 

J’étais respectée dans toute la prison. Les autres filles me craignaient. Elles me donnaient leur dessert.

L’une d’elle s’appelait Stella. Elle m’apprit à parler avec mon cœur. Nous rêvions de marcher ensemble dans la ville, en liberté.

- Tu sortiras d’ici avant moi, me disait-elle.

- Je préparerai tout pour notre vie, répondais-je. On aura notre frigo, des fenêtres sans barreaux, un chat.

La veille de ma sortie de prison, elle me prit la main. « Je sais que tu m’oublieras, me dit-elle, mais sache que tes yeux ont transformé ma vie ».

« Je ne t’oublierai pas », pensai-je dans ma tête.

 

 

L’amitié

 

Quand je sortis de prison, la lumière de la vie me stupéfia. Lors de mon procès, la société m’avait confisqué sans vergogne mes biens durement volés. Dépitée, je décidai de gagner ma vie honnêtement. Je trouvai un boulot dans un bar.

Le jour, je servais dans un restaurant des assiettes de fromage et des chocolats chauds à d’honnêtes gens.

La nuit, je me réfugiais dans ma piaule, au septième étage d’un immeuble. Par la fenêtre, les toits de la plus belle ville du monde m’apparaissaient éclairés par la lune. J’écrivais ma vie palpitante sur mon ordinateur. Je racontais tous mes coups, toutes mes planques, tous mes secrets, pour publier mes mémoires à titre posthume. Mon œuvre s'appellait : les Mémoires d'une voyouse.

Parfois je regrettais Coco. La vie est si facile quand on peut pointer son flingue sur les gens énervants ! Mais je pensais à Stella. Elle et moi, nous nous étions promis de devenir sages comme des images. Un jour, elle sortirait de prison… Alors la vie serait douce comme l'amitié.

 

FIN

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Edith de CL

Edith de Cornulier-Lucinière, Cornulier-Lucinière, mémoires d'une voyouse

 

 

mardi, 22 janvier 2013

Le balcon de Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva : l'Oiseau de neige

Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva, balcon, neige, Paris, pigeon, trace d'oiseau dans la neige

L'oiseau de neige

 

Addendus : SORTILEGES

"J'ai vu deux oiseaux dans la neige
L'un était noir, l'autre tout blanc.
J'ai vu deux oiseaux dans la neige
La belle rêve au bois dormant...

J'ai vu deux chevaux dans la neige
L'un était noir, l'autre tout blanc.
J'ai vu deux chevaux en cortège,
Ne m'ont pas dit pour quel amant...

J'ai vu deux tombeaux sous la neige.
L'un est-il noir, l'autre tout blanc ?
J'ai vu deux tombeaux - mais que sais-je
Des froides noces des gisants ?

Venez, revenez, sortilèges...
L'hiver est noir et long le temps.
Venez, revenez, sortilèges :
Derrière chez moi, y a un étang".

Didier Rimaud.

Lettre à ma mutuelle

 audiens, mutuelle, mutuelle trop chère, arnaque, augmentation du prix, cotisations élevées, contrat santé, échéance des cotisations, prélèvements automatiques, suspension de prélèvements automatiques, Molière, "il faut manger pour vivre et non vivre pour manger"

Le 21 janvier 2013

Chère madame,

 

Je reçois la lettre par laquelle, en me remerciant de ma confiance, vous m'envoyez l'avis d'échéance de mes cotisations 2013.

Hélas ! Toute ma confiance sera inutile. L'augmentation stupéfiante que vous m'imposez arrive à un moment où mes revenus sont loin de connaître une telle expansion.

Il me sera impossible de m'acquitter de ces grasses cotisations. Je suis dans l'obligation de résilier notre contrat et ai déjà suspendu les prélèvements automatiques.

Je renonce donc à avoir une mutuelle, car, comme l'aurait écrit Molière s'il vivait à notre époque, « Il faut une mutuelle pour vivre et non pas vivre pour avoir une mutuelle ».

Je vous prie de recevoir, chère madame, l'expression de ma grande considération,

 

Édith de Cornulier

 

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lundi, 21 janvier 2013

sous l'Empire et dans Paris

Honoré de Balzac, Histoire des Treize, 1831, pirates, Melmoth, Faust, Manfred, Achille, Morgan, sous l'Empire et à Paris

«Il s'est rencontré, sous l'Empire et dans Paris, treize hommes également frappés du même sentiment, tous doués d'une assez grande énergie pour être fidèles à la même pensée, assez probes entre eux pour ne point se trahir, alors même que leurs intérêts se trouvaient opposés, assez profondément politiques pour dissimuler les liens sacrés qui les unissaient, assez forts pour se mettre au-dessus de toutes les lois, assez hardis pour tout entreprendre, et assez heureux pour avoir presque toujours réussi dans leurs desseins; ayant couru les plus grands dangers, mais taisant leurs défaites ; inaccessibles à la peur, et n'ayant tremblé ni devant le prince, ni devant le bourreau, ni devant l'innocence ; s'étant acceptés tous, tels qu'ils étaient, sans tenir compte des préjugés sociaux; criminels sans doute, mais certainement remarquables par quelques-unes des qualités qui font les grands hommes, et ne se recrutant que parmi les hommes d'élite. Enfin, pour que rien ne manquât à la sombre et mystérieuse poésie de cette histoire, ces treize hommes sont restés inconnus, quoique tous aient réalisé les plus bizarres idées que suggère à l'imagination la fantastique puissance faussement attribuée aux Manfred, aux Faust, aux Melmoth, et tous aujourd'hui sont brisés, dispersés du moins. Ils sont paisiblement rentrés sous le joug des lois civiles, de même que Morgan, l'Achille des pirates, se fit, de ravageur, colon tranquille, et disposa sans remords, à la lueur du foyer domestique, de millions ramassés dans le sang, à la rouge clarté des incendies».

Honoré de Balzac, Histoire des Treize, 1831

L'histoire des Treize, du très Honoré de Balzac, contient trois histoires. La première, Ferragus, est dédié au musicien Hector Berlioz. La seconde, La Duchesse de Langeais, est offerte à Franz Liszt. Le dédicataire de la troisième, La Fille aux yeux d'or, est le peintre Eugène Delacroix.

dimanche, 20 janvier 2013

Ces bêtes qu’on abat : Des infractions qui ont toujours cours

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Des infractions qui ont toujours cours

 

Je vais vous parler maintenant d’infractions qui perdurent. Le premier grand succès législatif en matière d’abattage, c’est le décret de 1964 qui réglementait la contention et la mise à mort des animaux de boucherie et de charcuterie. S’en est suivi le décret du 1er octobre 1980, du 18 mai 1981, une Directive Européenne de 1993, le décret du 1er octobre 1997 accompagné de l’arrêté du 12 décembre 1997, qui était tout simplement la transcription en droit français de la Directive Européenne.

 

On peut apprécier le décret de 1964 qui rendait obligatoire l’étourdissement des animaux avant leur mise à mort, sauf pour les abattages rituels et la corrida. Mais ce qu’il est important de relever, c’est la difficulté ou la mauvaise volonté à appliquer la réglementation en matière de protection animale, alors même que les Services Vétérinaires se trouvent dans les abattoirs. Depuis 1964, et comme cela est réitéré dans les différentes réglementations, il est interdit de suspendre un animal vivant par les pattes. Pourtant, cela se pratique encore dans certains abattoirs. La Directive Européenne n°93/119 sur les abattages, qui date de 1993 mais qui n’a été retranscrite en droit français qu’en 1997, redéfinit les règles de protection animale qui existaient déjà en grande partie dans les textes précédents. L’arrêté et le décret de 1997 devaient permettre de passer la vitesse supérieure, or cela fait plus de dix ans (depuis ce dernier texte), et en réalité plus de vingt, trente, voire quarante ans que certaines infractions perdurent, laissant souffrir les milliards d’animaux qui passent par l’abattoir.

 

Notons que le Code rural dans son Article 283-1 précise : « Les vétérinaires inspecteurs, qu'ils soient fonctionnaires ou agents contractuels de l'Etat, ont qualité, dans les limites du département où ils sont affectés, pour rechercher et constater les infractions aux dispositions des articles 276 à 283 du présent code sur la protection des animaux domestiques et des animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité et des textes réglementaires pris pour leur application ». C’est donc bien à eux que revient la charge de protéger les animaux dans les abattoirs, cette charge que j’assumais pleinement pour le bien des animaux. Lorsque je venais visiter un abattoir, il m’a souvent été opposé que les agents des services vétérinaires étaient déjà là pour faire ce travail.

 

Pour autant, dans une circulaire interne du Ministère de l’Agriculture en date du 24 juin 1998, le signataire explique la nécessité de mettre en œuvre le décret de 1997, qui reprend pourtant en partie les dispositions précédentes. Je cite la circulaire adressée aux préfets et aux directeurs des Services Vétérinaires : « J’insiste sur la nécessité de veiller particulièrement désormais au respect des conditions de protection animale notamment dans les abattoirs, sur les lieux d’élevage, ainsi que dans les couvoirs. En effet, ces postes ont trop souvent été négligés… ». (C’est moi qui souligne). Un premier constat avoué : « Mais que fait la police ? ».

 

Mais voilà une douzaine d’années que cette circulaire a été adressée à qui de droit, et les infractions persistent. Je ne vais en citer que quelques-unes.

 

  • On constate encore l’absence de contention mécanique obligatoire pour l’abattage rituel des animaux destinés à la consommation religieuse juive et musulmane.

  • Encore beaucoup de boîtiers électriques qui alimentent les pinces à électronarcose sont dépourvus d’un système sonore, lumineux ou d’un voyant indiquant la tension et l’intensité du courant. Ils sont d’ailleurs trop souvent éloignés du lieu de la tuerie.

  • L’intensité et la tension du courant ne sont pas toujours adaptées à l’animal lors de l’électronarcose. Une uniformisation du matériel est nécessaire et une formation à l’utilisation de la pince électrique pas seulement obligatoire mais effective, et ceci afin d’éviter des souffrances aux animaux lors de son emploi. Car en effet, il est constaté une incompétence

    • ou une mauvaise utilisation par le personnel dans le maniement des pinces à électronarcose manuelles.

    • On suspend encore des animaux vivants avant la saignée, surtout dans le cadre de l’abattage rituel, au lieu d’utiliser un piège de contention pourtant obligatoire. Dans ce cas, l’interdiction de procéder à un abattage sans étourdissement devrait être imposée par les services vétérinaires qui sont sur place dans les abattoirs concernés.

    • La suspension des animaux vivants avant la saignée pour accélérer les cadences de production ne doit pas être une pratique banalisée, mais plutôt sanctionnée.

    • On utilise en rituel des box pièges pour des veaux, alors qu’ils sont agréés et destinés à de gros bovins.

    • On met parfois plusieurs veaux dans un box rotatif ou une case en béton, jusqu’à trois ou cinq pour les étourdir, alors qu’il faut tuer les animaux les uns après les autres, et qu’il faut être rapide entre l’étourdissement et la saignée.

    • On effectue un étourdissement dans la nuque des veaux, en lieu et place de la partie frontale, pour ne pas abîmer la cervelle afin de la commercialiser. Cet étourdissement n’est pas réglementaire, il est inefficace et douloureux pour le veau, selon un vétérinaire.

    • En abattage rituel, les bovins sont parfois évacués du box piège et suspendus conscients car, après l’égorgement, les employés n’attendent pas la fin de la saignée avant de les suspendre. C’est pourtant obligatoire. (J’ai déjà vu dans un abattoir, il y a plusieurs années, qu’on commençait à découper la tête ou les pattes alors que les bovins perdaient seulement leur sang et n’étaient pas encore morts).

    • En abattage d’urgence, on constate que les animaux blessés (notamment les vaches) ne sont pas toujours abattus tout de suite, comme il se doit et selon le caractère d’abattage d’urgence, mais qu’ils sont laissés en souffrance dans le local.

      De même, les conditions de chargement et déchargement des animaux blessés reste également à revoir.

      Encore trop de cochons ou de truies, blessés ou dans l’incapacité de se mouvoir ne sont pas abattus là où ils se trouvent comme la loi l’exige, c’est-à-dire dans le camion ou sur le quai. Au contraire, ils sont tirés coûte que coûte au bout d’un câble métallique jusqu’au poste d’abattage, et parfois suspendus au bout d’un treuil. Parfois ces animaux peuvent être laissés sur le quai toute la nuit.


      • Des animaux dont l’inaptitude aux transports est prévue par les textes pour les protéger sont toujours véhiculés jusqu’à l’abattoir, et trop souvent sans retour par un PV que peuvent dresser les services vétérinaires.

      • Il y a aussi le problème de la compétence de certains sacrificateurs en abattage rituel, notamment pour les sacrificateurs musulmans, car il suffit d’une autorisation des Mosquées agréées pour être apte à devenir sacrificateur, sans avoir de réelles compétences. Bien souvent, il est constaté une absence de l’autorisation en cours de validité.

      • Certains abattoirs sont mal équipés pour l’abattage des porcelets.

      • L’abreuvement en eau des animaux en attente n’est pas toujours fait.

      • Etc.

       

      Toutefois, je dois dire qu’il y a une amélioration dans certains abattoirs qui font maintenant attention à l’animal lors de cette étape de la mise à mort. Il y en a qui s’en sont toujours préoccupés, et la demande du consommateur pour un traitement moins mauvais des animaux d’abattoirs rend certains plus vigilants. J’ai visité récemment un abattoir où, dans la bouverie, de la musique celtique était diffusée pour les vaches en attente. Pourquoi pas ? Dans la bouverie, les animaux profitaient de paille propre et d’eau claire à volonté. Mais était-ce vraiment représentatif ? Car j’avais dû prendre un rendez-vous pour effectuer cette visite : elle était programmée par la direction de l’abattoir.

 

 

vendredi, 18 janvier 2013

Celui qui donna naissance à Jud Allan

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Paul d'Ivoi


A cheval entre les XIX° et XX°siècles, Paul d'Ivoi est né Paul Deleutre en 1856 et mort en 1915.

Il a la particularité d'être issu d'une famille où chaque homme, depuis plusieurs générations, écrivait à ses heures libres, en dehors du travail, et signait du pseudonyme Paul d'Ivoi. Son grand-père Edouard Deleutre et son père Charles Deleutre signaient déjà Paul d'Ivoi.


Paul d'Ivoi
mène une double carrière d'écrivain et de journaliste.

Aussi connu que Jules Verne à son époque, il est plus confidentiel aujourd'hui. Pourtant, ses romans restent passionnants à lire. Il reste que sa veine très patriotique et sa vision parfois caricaturale des autres peuples nuisent beaucoup à sa réputation. Il ne serait pas politiquement correct de le faire lire aux enfants d'aujourd'hui.

Paul d'Ivoi écrit des romans à mi-chemin entre le roman d'aventures et le roman policier.
Parmi ses romans, citons Les cinq sous de Lavarède et Jud Allan.

Jud Allan, roi des lads, ou Jud Allan, roi des gamins (selon les éditions...) est susceptibles de vous faire passer de longues et belles soirées d'hiver. Au coin du feu, un whisky fumé sur le guéridon à côté de votre fauteuil, ou au fond de votre lit, une tisane fumante sur la table de nuit, vous vous laisserez bercer par son style poétique et ampoulé, par ses tendances sombres, par ses tendances rouges, par ses tendances mystiques.

UNIVERS DE JUD ALLAN
La route, l'errance
L'aristocratie ou la haute bourgeoisie
Le monde des pauvres, des orphelins
La solidarité internationale des enfants orphelins : comme une sorte d'Oliver Twist français
La pègre, les gangsters, les organisations occultes
La mer, les marins
L'Amérique des grandes étendues sauvages, l'Amérique des villes et du progrès technique
Le Mexique fascinant où s'entremêlent les destins entre les villages indiens et les haciendas
La France paradoxale, et l'Espagne languissante, et l'Angleterre mi-puritaine, mi-voyouse
Les faux-monnayeurs
Les animaux
Les secrets de famille
Le suicide, le meurtre
L'hypnose

 

jud allan, paul d'ivoi

jeudi, 17 janvier 2013

Qu'est-ce que le polar ? - Paralittératures

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Photos de H.L.


Né à l'aube du XX°siècle, le polar a connu un grand essor depuis.

Un jour, nous étudierons la définition de polar, ou roman noir ; ainsi que l'expression "paralittérature".

Nous parlerons de Paul d'Ivoi, à cheval entre le roman d'aventure et le roman policier ; Gaston Leroux, précurseur à la fois du roman policier français et du roman d'horreur et de fantastique ; Maurice Leblanc et son frère-ennemi, sa créature Arsène Lupin.
Nous mentionnerons l'existence de la collection, chez Gallimard, de la Série noire, pour s'introduire dans les arcanes de la collection enfantine de mini-polars Souris noire.

Un soir, nous relirons ensemble plusieurs albums illustrés directement inspirés du polar : La reine des fourmis a disparu, de Roca et Bernard ;
La série des Chatterton, d'Yvan Pommaux ;
Et le scandaleux Petit chaperon rouge, de Sarah Moon.


Qu'est-ce que le polar ?


Le mot polar correspond au mot anglais "thriller".

Avant "thriller", on disait, en anglais, "detective novel".


Pour traduire "detective novel" en français, les Français ont d'abord hésité entre "roman policier" et "roman judiciaire". Selon le Dictionnaire historique de la langue française, l'expression "roman policier" date de 1908.

Peu à peu, "roman policier" s'est imposé, on a cessé de dire "roman judiciaire".
Et puis, pour parler plus vite, on dit, "un policier" pour désigner un roman policier.

Enfin, de façon argotique, "policier" est devenu "polar".
Selon le Dictionnaire historique de la langue française, le mot "polar" date de 1970.

ROMAN NOIR
Une autre expression est employée en français pour parler du polar, c'est le "roman noir". Noir, parce que l'univers de cette littérature est sombre. Les événements s'y déroulent souvent la nuit, dans les quartiers laissés à l'abandon, dans des zones oubliées par la société. Ce qui est blanc est assimilé à la lumière, ce qui est noir à la nuit. De plus, à l'instar du polar américain, le polar a souvent une connotation sociale : on y dévoile les aspects les moins reluisants de la société, on y dénonce la corruption.
Le monde du polar est le monde du sombre, du caché, du ténébreux, l'inframonde, celui que les "gens normaux" ne voient pas ou ne veulent pas voir.

ESTHETIQUE
Enfin, sur le plan éditorial, le polar est lié à une certaine esthérique, noire et blanche avec un peu de rouge, pour le sang. L'identité visuelle du polar est présente dès la couverture du roman. Souvent, les auteurs jouent avec cette identité, s'habillant en noir, ayant des airs de personnages de leurs romans.

FESTIVAL
Il existe plusieurs Salon du polar en France. Le plus connu est celui qui a lieu dans la ville de Cognac, en Charente.

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La ville de Cognac :

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(Photo volée ici)

 

La boisson "Cognac" :

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Paralittératures

Qu'est-ce que la paralittérature ?
Le mot désigne les littératures populaires, celles qui ne sont pas considérées par les "élites" comme de la vraie littérature.
Un prestige est attaché à la littérature. Aussi, tout ce qui est écriture mais n'accède pas à ce prestige est taxé de paralittérature.

Ce mot a été inventé pour désigner le roman populaire, celui qui connait des tirages de masses, un grand succès populaire, écrit par des auteurs dénués d'élitisme.
Exemples au XIX°siècle : Alexandre Dumas, Eugène Sue. Eux, ont fini par être reconnus comme des écrivains à part entière.

Exemples de paralittératures :

Littérature pour les enfants
Roman noir (ou polar)
Science-fiction
Fantastique (fantasy)
Littérature érotique
Roman photo
Bande dessinée
Roman historique

Bien que la poésie ne soit pas vraiment de la littérature, on ne la classe pas dans les "paralittératures", car elle a un grand prestige.


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ROMANS DE GARE

Pour cette littérature dite facile (facile à lire, soi-disant facile à faire !), on emploie aussi l'expression "romans de gare" : les romans qu'on achète dans une gare pour se distraire lors d'un voyage en train.
Faciles à lire, ce sont, soit des romans policiers, soit des histoires d'amour à l'eau de rose (sirupeuses).

Exemple : Les écrivains Guy des Cars et Jean des Cars, auteurs très populaires, méprisés par les élites, étaient souvent appelés par les critiques "Guy des Gares" et Jean des Gares, pour souligner qu'ils ne faisaient pas de la vraie littérature, mais des romans de gare.

Le cinéaste Claude Lelouch a tourné un film intitulé Roman de gare... Qui raconte l'histoire d'une écrivain de romans policiers.

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En bref, le mot paralittérature a d'abord servi pour décrire tout ce qui, dans le domaine littéraire, recevait le mépris des universitaires.
Puis, peu à peu, un intérêt s'est accru pour les littératures populaires. Alors le mot paralittérature a pris le sens de "littératures marginales".
Mais, bientôt, avec Internet, l'affluence des oeuvres multimédia, il y aura certainement moins besoin de séparer radicalement la "littérature noble et pure" des autres littératures.

Alors, comment fera-t-on pour établir une différence entre l'art des élites, respectable, et l'art des masses, pitoyable ? Bah, on inventera autre chose !

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mercredi, 16 janvier 2013

La vérité comme une bombe

xavier de maistre

Xavier de Maistre, écrivain (1763-1852) était bien différent de son frère Joseph, dont nous nous souvenons mieux. Pourtant, Xavier, auteur du Voyage autour de ma chambre, n'est-il pas infiniment plus subtil et raffiné ?

xavier de maistre


Nous étions heureux par nos erreurs - et maintenant - ah ! Ce n'est plus cela : il nous a fallu lire, comme les autres, dans le coeur humain, et la vérité, tombant au milieu de nous comme une bombe, a détruit pour toujours le palais enchanté de l'illusion.

Xavier de Maistre

lundi, 14 janvier 2013

Maître de Ravenswood : soirée Rouge Célibat

Nous accueillons, pour la première fois, le Maître de Ravenswood. Il interviendra tous les lundis soirs sur AlmaSoror pour nous donner une idée de soirée à passer, seul ou accompagné.


Laissons-lui la parole.

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Soirée Rouge célibat

Chers frésoeurs d'AlmaSoror,

Je vous propose de passer une soirée Rouge célibat.

Rouge, parce que vous boirez une boisson rouge. Vin rouge (par exemple le Démon de midi languedocien ou bien le Rasteau d'élodie Balme), ou toute autre boisson rouge (tel un jus de fruits rouges).
Vous aurez un szlaszeck aux champignons (végétarien), acheté quelque part ou confectionné par vos soins, et une galette des rois pour une personne. Si vous n'aimez pas la cuisine syldave, remplacez le szlaszeck par un beignet aux champignons.

Célibat parce que vous baignerez dans l'étymologie de ce mot beau comme l'amour, comme le sang, comme la révolution : caelebs. Le célibat, c'est la vie céleste... C'est la vie de celui qui ne s'appuie pas sur l'autre.

Vous rentrerez chez vous et éteindrez toutes les lumières vives pour ne laisser qu'une lampe suffisante à la lecture.

Vous allumerez une bougie que vous installerez dans un coin obscur de la pièce, et que vous pourrez voir depuis l'endroit où vous serez installé.

Vous vous munirez des Mémoires d'outre-tombe, de François René de Chateaubriant et vous lirez, toutes les dix pages, trois paragraphes.

Peut-être pendant la lecture, ou bien plus tard, quand vous aurez lu une ou deux heures, vous pourrez écouter Standchen, de Franz Schubert, et Red Wind de Jan Gabarek. Les voici :

Et vous vous demanderez : «laquelle de ces musiques me fait oublier une vision du monde bâtie sur les notions sociales d'échecs et de réussite ? Laquelle me rapproche le plus de l'intelligence universelle qui nous embrasse tous dans le grand baiser du Poisson immense ? Laquelle m'emporte là où l'on ne voit plus que les âmes des êtres ?» Impossible en ces terres spirituelles de distinguer le grand ou le petit, le riche ou le pauvre, le moraliste ou le délinquant, l'homme ou la femme, l'animal ou l'homme. Seules les âmes se meuvent et palpitent. Certaines sont déchiquetées. Certaines sont douces. Certaines sont grandes. Certaines sont monstrueuses. Sans visages, on ne voit plus que leur vérité pure, et on pleure de savoir que c'était cela, et ce n'était que cela, la vérité : l'âme telle qu'elle est.

Alors, la bougie dans le coin qui vous fait face, le halo lumineux de la lampe au-dessus de votre livre, la pénombre alentour, vous finirez le vin rouge et les miettes qui restent de la galette. Et vous aurez la fève, et vous vous couronnerez, et vous choisirez la plus belle âme du monde pour votre roi, pour votre reine.

Rouge est le célibat des amis de Maître Ravenswood.

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Une Marche humaine (un texte de 2007)

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Les conditions d’existence des animaux sont très dégradées depuis que l’homme a pris les commandes de toute la surface terrestre. La manière de les traiter fait débat, et les tenants de tous les camps se battent à coup d’arguments biologiques, philosophiques, religieux. Pour chacun, il s’agit de prouver la véritable place de l’homme et les droits que cette place lui confère.

Faut-il alors se persuader, comme dans la Ferme des animaux de George Orwell, que « tous les animaux sont égaux, mais il y a des animaux plus égaux que d’autres » ? Ou penser, avec Marguerite Yourcenar, que « La protection de l’animal, c’est au fond le même combat que la protection de l’homme » ?

 

La procession des voix pour les sans voix

« Je continuerais à me nourrir de manière végétarienne même si le monde entier commençait à manger de la viande. Cela est mon opposition à l’ère atomique, la famine, la cruauté - nous devons lutter contre. Mon premier pas est le végétarisme et je pense que c’est un grand pas ». Isaac Bashevis Singer

Une procession aura lieu le 24 du mois de mars de l’année 2007. Elle partira à deux heures de l’après-midi de la place du Panthéon.

Des êtres humains se rassembleront pour demander à ce que leur dignité humaine soit respectée, et qu’on ne massacre plus en leur nom.

La cause animale est une très vieille cause, mais elle n’a jamais fait l’objet de grands débats publics dans nos sociétés, ou bien ces débats ont sombré dans l’oubli. Elle est parfois couverte de ridicule, comme si la cause animale était une passion enfantine. Pourtant, comme le disait Emile Zola, « la cause des animaux passe avant le souci de me ridiculiser ».

La nature animale ou les individus animaux

Il y a plusieurs façons de vouloir protéger les animaux. Deux grandes tendances se dégagent du paysage varié de la réflexion sur la condition animale en terre humaine.

La première est globale : les associations de défense de la nature représentent ce courant : on y défend les loups parce qu’ils font partie de la nature. Il s’agit de préserver la diversité des espaces et la capacité de la terre d’accueillir la vie sauvage.

La seconde est fondée sur le respect de l’être animal. Il représente un « humanisme élargi ». Ainsi, les fondations qui prônent cette vision ne défendront pas une politique visant à réintégrer des ours dans une région, parce que cette politique privilégie le groupe des ours au détriment des individus qui seront sacrifiés (transports, adaptation...) à la cause du groupe. Cette fraternité-là envers les animaux leur reconnaît une identité de « personne ».

Mais ces deux tendances, globale et individuelle, sont souvent appelées à soutenir les mêmes causes.

Une fraternité élargie

« Très jeune j’ai renoncé à manger de la viande et le temps viendra où les hommes regarderont les meurtriers d’animaux avec les mêmes yeux que les meurtriers d’êtres humains ».Léonard de Vinci

Une des premières réactions qui nuit à la défense des animaux consiste à penser que leur protection se ferait sur le dos d’êtres humains. Ce n’est pas le cas ; la plupart des associations se situent dans une ligne résolument humaniste. De grands philanthropes ont soutenu la cause des bêtes, tel le médecin Albert Schweitzer, l’astrophysicien Hubert Reeves, ou encore le Mahatma Gandhi, qui disait : "Je hais la vivisection de toute mon âme. Toutes les découvertes scientifiques entachées du sang des innocents sont pour moi sans valeur."

De façon moins soucieuse et plus cruelle, on reproche aux défenseurs des animaux de faire montre d’une sensiblerie niaise, faible. Mais l’aventurier Mark Twain, qui prit des risques de toutes sortes au cours de sa vie, prit aussi celui du « ridicule » : "Peu m’importe que la vivisection ait ou non permis d’obtenir des résultats utiles pour l’homme. La souffrance qu’elle inflige à des animaux non consentants est le fondement même et la justification pour moi suffisante de mon aversion, un point c’est tout."

Assimilation et opposition de l’animal et de l’homme

Quelle propagande nous a construit ces croyances auxquelles nous nous accrochons comme à une bouée de sauvetage ? Celle qui oppose à l’Art, la nécessité ; celle qui oppose à l’affection, l’instinct ; celle qui oppose à la pensée verbale, le néant ; et celle qui oppose à la souffrance humaine, l’insensibilité animale ?

Nous avons déjà bien montré que nous sommes capables des pires atrocités, sur nous-mêmes, les hommes, sur les bêtes et sur la nature. Il nous reste à témoigner de nos aspirations à la liberté, à la beauté de la nature, au pacifisme de l’Art et au respect de la vie.

S’il faut absolument s’extraire du monde animal, plutôt que par l’assassinat et l’exploitation massifs, optons pour l’attitude fraternelle de celui qui a les moyens de maîtriser ses propres besoins et peut tendre une main amie.

La fête sanglante

Mais pour cela, il faut d’abord contempler le monde tel qu’il est au risque de le voir plus horrible que ce que l’on voulait imaginer. Comme l’écrit Florence Burgat, « lever le silence qui entoure ce massacre trouble impardonnablement une fête qui en passe par le sacrifice animal. Mais notre luxe le plus profond tient surtout dans la douleur tonitruante d’animaux dont nous avons manqué la rencontre, et qui, au fond de leur cachot, attendent quelque chose que nous ne leur donnons pas ».

Déserte est la nuit de l’homme abstrait.
Raoul Vaneigem

Le 24 mars 2007, à Paris, des humains rassemblés défileront silencieusement par solidarité envers ceux qui n’ont point la parole.

Car de nos jours où tout est bétonné, enserré, mécanisé, qu’il soit homme ou bête, désert est le jour de l’animal concret.

 

Edith de CL

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