jeudi, 08 janvier 2009
Voeux pour l'an deux-mille-neuf
AlmaSoror vous souhaite une année héroïque
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lundi, 05 janvier 2009
La liberté d'échouer
Henry James
Traduit par Fabrice Hugot
(Première publication : 1903)
Criterion
Par Alexandre Dumas
(Première publication :1846)
Gallimard (La Pléiade)
Ces deux livres décrivent l'amer regret d'avoir échoué la rencontre avec l'être aimé. La lâcheté, l'égoïsme, le manque de foi dans la vie, la complaisance à soi-même ont été les raisons d'un tel désastre. Le personnage du roman, qui est en cause, recule, effrayé, atterré, au moment où - après des années d'aveuglement - il a soudain la vision lucide de son échec. Il résiste furieusement devant l'évidence : il aurait pu se déterminer autrement. Il aurait pu être libre.
"Malheureux ! s'écria Mercédès, si je croyais que Dieu m'eût donné le libre arbitre, que me resterait-il donc pour me sauver du désespoir !" (chapitre CXII. Le Départ). Oui, toute la question est là. La fiancée d'Edmond Dantès aurait-elle du lui rester fidèle au lieu d'épouser son cousin ? Elle a beaucoup de circonstances atténuantes : elle était pauvre, seule. Elle n'avait aucun moyen de sauver son fiancé. Elle ne savait même pas où la police l'avait emmené, dans quel cachot la justice l'avait jeté. Elle n'était même pas sûre qu'il était encore en vie. Quand un demi-siècle plus tard, elle revoit Edmond Dantès devenu le richissime Comte de Monte-Cristo dans toute sa gloire, c'est au moment exact où elle-même chute dans l'opprobre et le malheur. Comment pourrait-elle alors entrevoir qu'elle a librement fait le mauvais choix? Il est plus facile de croire que c'était son destin d'être ainsi broyée. Sauf à sombrer dans le désespoir et la rage impuissante des regrets et des remords.
John Marcher, le héros de La bête dans la jungle, savait qu'un jour, inéluctablement, la "bête"- qu'il sentait rôder autour de lui depuis tant d'années - allait bondir. Mais il ne l'avait pas prévue aussi effrayante, diabolique. "C'était là l'horrible secret, la réponse à tout ce qui s'était passé, la vision dont l'effroyable limpidité le glaça d'un froid aussi grand que celui de la tombe qui était à ses pieds". Cette fulgurante vision c'est qu'il est passé, par sa faute, à côté de la femme de sa vie. Il sait que c'est son arrogance et son égoïsme qui l'ont aveuglé toutes ces années. Il est plus impardonnable que Mercédès. Mais plus qu'elle, il a le courage de la lucidité. "Il avait rempli sa mesure, celle d'un homme à qui rien ne devait jamais arriver. Il aurait pu échapper à son destin en l'aimant, alors, oui, alors, il aurait vécu. C'est ce que la compagne de son attente avait à un moment compris et elle lui avait alors offert d'échapper à son destin." Il avait refusé de le comprendre. La vision "immense et effroyable" de la liberté qu'il avait eu de choisir son malheur le foudroie sur le tombeau même de l'être aimé.
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jeudi, 01 janvier 2009
IN MEMORIAM GANGE
In Memoriam Gange
(lettre à une chienne)

Gange
Mais je sais que nous sommes un poisson
Toi et moi quelque part nous nageons dans l'océan
Tu es je ne sais où, je suis toujours ici
Mais au fond nous sommes un poisson
Ton départ a tout effacé, sauf ta présence.
Tes cendres frémissent dans leur boite,
Sur le piano.
Et je ris lors des grands dîners,
Je ris derrière mon masque.
Car je sais que nous sommes un poisson.
Tu as quitté ton corps,
Dans la mort.
Et j'ai quitté le mien, (l'air de rien)
Pour te suivre.
Voilà comment nous sommes devenues poisson.
Comme toujours, silencieuses,
Et comme toujours, amoureuses
De cet océan seul et immense,
Salé et sans souci
Qui nous noie inlassablement.
Seules certaines musiques
Endiablées mais lentes
Seules quelques musiques
Lancinantes
Laissent le poisson
Coloré
Nager dans l'air chaud du salon
Certains yeux nous voient
Je le vois
Certains yeux nous voient
Faire phe phe phe
Dans les vagues de fumée
Et sans drogue
Soeur de coeur
Sans alcool ni opium
Rien que le souvenir
De ton regard sans fond
Coeur de soeur
Pour rejoindre les fonds
Bas fonds
Tréfonds
De l'océan universel
Dans lequel
Toi et moi,
Le poisson,
Nous nageons.
Oui je sais que nous sommes un poisson
Toi et moi quelque part nous nageons dans le néant
Tu es je ne sais où, je suis je ne sais qui
Et c'est fou, nous sommes un poisson...
Au fond de mes yeux astrologues
Mon amour soeur
De mon ventre océanographe
Mon amour chienne
De mon coeur astrophysicien
Mon amour Gange
Au creux de mes mains géographes
La planète, petite comme une bulle
Ronde comme une pastille dans un tube
Danse
Et l'univers immense et nébuleux
Mène la transe
C'est ainsi que je sais
Que je sens
Que toi que moi que nous
Sommes Une
Nageant
Dans l'océan
Qu'importe que je parle à d'autres gens ?
Que je sois quelque part, à quelque moment ?
Puisque le temps n'est qu'un mirage
Et l'espace invisible...
Si le réel n'est que la vérité,
Nous ne faisons qu'une
Et nous faisons phe phe phe
Ton départ a tout effacé
Sauf mon absence
Et les cendres de mes cigarettes
Près du piano.
Et je ris lors des grands dîners
Je ris derrière mon casque.
Car je crois que nous sommes un poisson.
Certains yeux nous voient
Je le vois
Certains yeux nous voient
Faire phe phe phe
Dans l'écume-fumée.
Edith de Cornulier-Lucinière
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mercredi, 31 décembre 2008
Entrevista con la Lengua
L'Art, la toile, le monde...
Antonio Zamora
Entrevista con la Lengua
—Doña Lengua, ¿es usted la que habla a través de nosotros o somos nosotros los que hablamos utilizándola?
—¿Es la tabla de surf la que transporta al surfista o es él quien la utiliza para deslizarse sobre la ola?
—Doña Lengua, parece que la gente que la utiliza no se entiende entre sí. Eso me sugiere una pregunta importante : ¿es usted una única entidad que aparece bajo distintos ropajes llamados idiomas o más bien sucede que hay tantas entidades como idiomas?
—¿Son todas las tablas de surf la misma? ¿Son todas las olas iguales?
—Si es usted Una, ¿dice las mismas cosas en todos los idiomas que la representan ? Y si hay muchas lenguas distintas y usted sólo es la Lengua Española, ¿puede decirme cómo son sus relaciones con sus colegas?
—Las mismas cosas... ¡Nunca digo “las mismas cosas”! Cada vez que me hablan digo cosas distintas, incluso con las mismas palabras. Un mismo giro de la tabla adquiere un sentido distinto según cómo sea la altura, la velocidad y la inclinación de la ola en la que se desliza, según cómo hayan sido los giros anteriores, según cuál sea la intención del surfista, según qué ojos le contemplen. Nunca digo las mismas cosas. Por eso sé que mis hermanas las otras lenguas (somos hijas de la Vida Humana) no dicen lo mismo que yo. Son tablas distintas. Y, sin embargo...
—¿En que tipo de bocas prefiere hablar?
—En las que me hacen sentir viva y amada.
—¿Qué cosas prefiere decir? ¿Hay cosas que odia decir?
—Sufro con la mentira y la manipulación. Cada vez que soy usada para el engaño o el autoengaño, siento que muero un poco. Me gusta deslizarme sobre las olas, no sobre la arena. Me siento viva y amada cuando expreso realidades. No me importa que a veces sean duras y hagan llorar. No me importa que la ola nos derribe, si nuestro esfuerzo para dominarla ha sido honrado. Sirve para aprender. Y para alcanzar la verdad, el conocimiento, el amor. Soy feliz expresándolos. También disfruto mucho con la risa, hasta cuando me hace desaparecer y sólo queda ella, como la pirueta del surfista que abandona voluntariamente su tabla justo antes de ser derribado.
—¿Te gustaria ser utilizada por los otros animales?
—Sería bonito ser amada y amar a los otros animales, y a menudo fantaseo con ello. Pero soy humana. Ellos deben aspirar a otros amores.
—¿Por qué favoreces a los humanos ? ¿Es realmente un favor?
—Nos hemos hecho mutuamente. No es un favor. Me hicieron y les hice. Me hacen y les hago. ¿Por qué favorecen las hojas a los árboles?
—¿Tienes un papel en la felicidad y la pena de la gente ? ¿O no tienes nada que ver con los dramas humanos?
—La Humanidad me necesita para deslizarse por su ola, pero también puede utilizarme para alejarse de ella y ser desgraciada.
—Para terminar, doña Lengua, díganos algo importante.
—…
Antonio Zamora
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lundi, 29 décembre 2008
Hommage à Jean Monnet
AlmaSoror de temps en temps offre un hommage à nos étoiles des temps proches et lointains, veut saluer des êtres dont le souffle, la vision, la parole nous aident à vivre et à penser.
JEAN MONNET
1888-1979par Agnès de Cornulier
« Il y a deux sortes d’Hommes : ceux qui veulent être quelqu’un et ceux qui veulent faire quelque chose »
Dwight Morrow
Le 25 mars 2007 l'Europe célèbre le cinquantième anniversaire du Traité de Rome, qui fonda la Communauté européenne. Jean Monnet en fut l'un des négociateurs.
Jean Monnet est à le contraire d'un idéaliste : ce négociant en cognac et l'un des pères de l'Europe a, toute sa vie, oeuvré en faveur de la paix avec pragmatisme.
Il n'est pas connu car il n'est pas un idéologue et ne s'est jamais mis en avant. Cependant il fut l'artisan de la coopération entre la France et l'Angleterre des deux guerres mondiales.
Il fut aussi à l'origine de l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il donnait les idées et coordonnait dans l'ombre.
L'Europe représentait pour lui le moyen d'instaurer une paix durable et prospère : L'objectif semblait inatteignable aux yeux de ses contemporains, qui voyaient deux fois par siècle l'Europe se déchirer.
1888 : Jean Monnet naît à Cognac le 9 novembre, dans une famille de négociants en Cognac
1904 : Jean Monnet a 16 ans, il arrête ses études et est envoyé à Londres par son père avec le conseil suivant : « N'emporte pas de livres. Personne ne peut réfléchir pour toi. Regarde par la fenêtre, parle aux gens. Prête attention à celui qui est à côté de toi »
"Je ne suis pas optimiste, je suis déterminé »
1919 : Lors de la création de la Société des Nations (ancêtre de l'ONU), Jean Monnet en devient le secrétaire général adjoint. C'est la première union des nations visant à régler pacifiquement les différends. En 1923 il démissionne de cette organisation internationale pour reprendre l'entreprise familiale en difficulté.
« Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes »
1940 : Le premier ministre britannique Churchill l'envoie aux États-unis pour y négocier des achats de matériel militaire.
1950 : En avril, Jean Monnet conçoit le projet du pool du charbon et de l’acier entre l’Allemagne et la France et participe à la rédaction de la « déclaration Schuman » du 9 mai (le 9 mai est devenu le jour de la fête de l'Europe).
« Mieux vaut se disputer autour d’une table que sur un champ de bataille.»
1951 : Six États – l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas – signent le traité créant la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA).
« Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. »
1975 : Après avoir travaillé pendant près de vingt ans à l’approfondissement et l’élargissement de la Communauté économique européenne, Jean Monnet se retire dans sa maison d’Houjarray, dans les Yvelines, où il écrit ses mémoires.
1979 : Il meurt le 16 mars 1979.
« Les nations souveraines du passé ne sont plus le cadre où peuvent se résoudre les problèmes du présent. Et la Communauté elle-même n’est qu’une étape vers les formes d’organisation du monde de demain »
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dimanche, 28 décembre 2008
Enheduanna
« Moi aussi je veux célébrer à souhait la reine des batailles, la grande fille de Sin »
Enheduanna est le plus ancien auteur littéraire dont nous connaissons le nom.
Vers 2300 avant notre ère, elle a utilisé la première personne du singulier dans ses oeuvres : une audace presque étrange pour l'époque.
Elle vécût à Akkad, Cité-Etat de Mésopotamie, au XXIVème siècle avant notre ère. L'Empire d'Akkad domina la Mésopotamie durant deux longs siècles.
C'est le père d'Enheduana, Sargon, qui lança la domination d'Akkad. Après lui Akkad prit la place de Sumer dans son rôle de phare de la civilisation en Mésopotamie.
« Altière souveraine, Inanna,
Experte à déclencher les guerres,
Tu dévastes la terre et conquiers les pays
Par tes flèches à longue portée
Ici-bas et là-haut, tu a rugi comme un fauve
Et frappé les populations ! »
Fille de Sargon, grand conquérant et roi d'Akkad, son père la nomme prêtresse, « épouse » du dieu Nanna (la Lune). Elle vit dans le temple de la ville sumérienne d'Ur.
« Puisqu'il n'a point baisé la terre devant moi,
Ni, de sa barbe, devant moi, balayé la poussière,
Je vais porter la main sur ce pays provocateur:
Je lui apprendrai à me craindre »
De l'épouse de la Lune une cinquantaine de compositions nous sont parvenues. Hymnes du temple, dont trois hymnes à la déesse sumérienne Innana, connue à Akkad sous le nom Ishtar, qui inspira la figure de l'héroïne biblique Esther. Ces écrits participent à justifier la prépondérance de son père Sargon.
« Aussi ai-je élevé un temple, où j'ai inauguré de grandes choses:
Je m'y suis érigé un tròne inébranlable!
J'y ai donné aux cinèdes poignard et épée,
Tambourin et tambour aux invertis,
J'y ai changé la personnalité des travestis! »
Nous finissons ce court hommage à cette première signature littéraire, ancêtre de tous les poètes de l’Écrit. C'est aussi un hommage à l'Irak, où elle vécut.
Les extraits de cet hymne à la déesse Inanna, attribué à Enheduanna
sont une traduction de Jean Bottéro.
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samedi, 27 décembre 2008
Sumergidos
Sumergidos
por Antonio Zamora
Cegado por el sol, señala hacia abajo con el pulgar y con la mano izquierda activa el mecanismo de expulsión de aire de su chaleco. La pérdida de volumen sumerge su rostro en el agua templada. La realidad se vuelve densa, ingrávida, un silencio azul traspasado por sordos sonidos a cámara lenta. El primer aire exhalado a través del regulador irrumpe anunciando una nueva forma de vida, amortiguada y rítmica. Su pareja de buceo, frente a él, ha realizado los mismos movimientos. A los dos metros la columna de agua se deja sentir sobre sus tímpanos. Un leve pinzamiento de la nariz y el aire sin salida inunda las trompas de Eustaquio compensando la presión. Repiten la operación varias veces mientras descienden en suave caída libre.
A pocos metros del ancla, unos diez de profundidad, los oídos dejan de molestar. Es el momento de lanzar una primera mirada al nuevo mundo en el que se adentran. Sobrevuelan un tupido bosque de posidonias, del que entran y salen multitud de nerviosos pececillos. Más allá, a unos quince metros de distancia, entrevén una enorme piedra junto a la que intuyen ejemplares mayores. Al llegar al ancla, devuelven un poco de aire al chaleco y se dicen que todo va bien formando un círculo con el índice y el pulgar. Antes de iniciar la exploración, se gira unos segundos para contemplar un intenso cielo de plata habitado por burbujas ascendentes que en este momento se cruzan con un oscuro y veloz banco de jureles. Lo señala sonriendo.
Avanzan ahora unos metros hacia la gran roca, aleteando muy despacio, con los brazos extendidos a lo largo del cuerpo. Algo le hace detenerse. Tira del brazo de su pareja mientras señala un punto muy preciso. Al otro lado de la piedra, en la cara que desciende más allá de lo que les está permitido, perfila inmóvil una enorme figura verdosa a punto de confundirse con el profundo azul del que ha emergido. Es el mayor mero que han visto jamás. Lo admiran reverencialmente quietos, hasta que, con un brusco movimiento, la figura se desvanece. Veinte años antes, cuando devoraba un viejo manual de “escafandrismo autónomo” rescatado por casualidad de entre los libros olvidados de la biblioteca familiar, cuando su conocimiento del fondo marino estaba irremisiblemente ligado a la superficie, esta experiencia le habría parecido un sueño irrealizable.
Fue en aquella época cuando conoció a Silvia. Un día de julio, recién terminado su segundo año de Filosofía, acababa de llegar a Florencia para participar en un seminario sobre el pensamiento posmoderno dirigido a universitarios europeos. En un palacete del siglo XVI situado cinco kilómetros al sur de la ciudad, entre un espeso bosque de pinos y un pequeño lago, aislados del mundo, veintitrés alumnos de distintas nacionalidades se disponían a compartir dos semanas de estudio y aventura. Soñaba por entonces con llegar a ser un gran pensador y aquella prometía ser una memorable escala en su lento ascenso a las estrellas. Esa noche era la víspera del comienzo de las clases. Distribuidos en cuatro grandes mesas circulares, cenaban animadamente en compañía de algunos de los profesores, con el inglés como lengua franca. Apenas había tenido ocasión aún ni tan siquiera de fijarse en la mayoría de sus nuevos compañeros. A su lado, un estudiante de Lovaina le enumeraba con entusiasmo una interminable lista de grandes personalidades belgas que el mundo tenía obcecadamente por francesas, y hasta eso resultaba excitante. Entonces alzó la mirada y ya no pudo apartarla. Sus asombrados ojos verdes le cautivaron sin remisión desde la mesa más alejada. No pudo dejar de admirarla hasta que acabó la cena. Más tarde, en el salón de juegos, se armó de valor y la saludó con forzado desparpajo: “¡Hello! ¡I’m Pedro, from Madrid!” “Silvia, de Graná”, contestó ella con una amplia sonrisa que le dejó completamente aturdido. Tardó en reaccionar a su mano extendida. Estudiaba Filología Española y quería ser escritora. Eran los únicos españoles del programa y desde ese momento, hasta el final del verano, fueron inseparables. De día y de noche. En agosto recorrieron juntos las playas de Almería.
Mira el pequeño ordenador asido a su muñeca izquierda y comprueba que ya han alcanzado los 25 metros de profundidad, el máximo previsto. Un vistazo al manómetro que cuelga a su derecha le basta para saber que la presión del aire en la botella es de 110 atmósferas, algo más de la mitad que al comienzo. Todo va bien. Avanzan lentamente, casi sin esfuerzo, a través del denso y silencioso mundo azul. Sólo oyen la rítmica y quebrada salida del aire desde el regulador. La sensación de liviandad es tal que a veces parece que, más que avanzar ellos, son los paisajes los que se suceden ante sus gafas submarinas. Un enorme pulpo sorprendido fuera de su oquedad cambia bruscamente de color cuando pasa a su lado. Poco más allá, una morena acecha amenazante en la negra boca de su cueva. Distraídamente la obliga a retroceder acercando el manómetro a su hocico de bruja. Asciende ahora ligeramente sobre un pasadizo entre dos grandes piedras, hasta que una inesperada depresión deja ante él un extenso valle en el que decenas de salpas platean en busca de alimento entre la vegetación. A la izquierda del valle se alza una pared casi vertical, junto a la que flotan inmóviles, entre majestuosas y fantasmales, algunas familias de mojarras, perfectamente reconocibles por las dos franjas negras que atraviesan los extremos de su aplastada figura grisácea. Los peces más pequeños, los de mayor colorido, juguetean al pie de la pared sobre un fondo salpicado de rojas estrellas de mar y depósitos de conchas y caracolas. Se lanza sin pensarlo sobre el valle, desplazando vida en todas direcciones. Vuelve a girarse para mirar al cielo de plata y suspendido entre columnas de burbujas se deja arrastrar por el torbellino de formas y luces, por la embriagadora sensación de levedad.
De pronto, cae en la cuenta de que hace un rato que ha perdido de vista a su pareja de buceo. Busca alrededor hasta que unas burbujas lejanas le sugieren su presencia. Aletea hacia allí.
Meses después dejó atrás a Sivia. Sin saber muy bien cómo o por qué. Quizás porque vivía demasiado lejos, o porque eran demasiado jóvenes. Y la vida era generosa con él. Cada día había una nueva experiencia que vivir, nuevos amigos que conocer, nuevas mujeres de las que enamorarse, nuevas playas que recorrer. Era fácil. Otros destinos, próximos o lejanos, fueron arrinconando el recuerdo de Florencia y Almería. Nuevas asociaciones fueron acumulándose en su memoria: Rosa y Marruecos; Jorge, Ramón, Clara y los Andes; Alice y las playas de Huelva; Katherina y ese curso en Berlín; su mochila, Australia y aquella muchacha... ¿Cómo se llamaba? En algún momento acabó sus estudios y empezó a trabajar como profesor ayudante en la universidad, mientras preparaba su tesis sobre Heidegger. Tenía menos tiempo, pero también más dinero para viajar. Poco a poco había ido olvidando sus ilusiones de grandeza filosófica y se contentó con la plaza de profesor titular que acabó obteniendo en una universidad madrileña de segunda fila. Eso fue hace cinco años. Lo celebró regalándose un viaje a México con Alejandro, Eva y Luisa, una nueva asociación. Luisa. Aún no sabe qué es lo que falló esta vez. Se entendían muy bien y está seguro de que ella le quería. Sólo recuerda que en algún momento del viaje la contempló en silencio y supo con tristeza que la abandonaría al llegar a Madrid.
Se aproxima aliviado a la figura negra de la que proceden las burbujas. Pero no, no, se ha equivocado... Las aletas que busca son amarillas. Empieza a bucear en círculos, cada vez más inquieto. No entiende cómo ha podido despistarse así. Ahora ni siquiera reconoce el fondo. Sólo ve arena, azul y nada más. No sabe dónde buscarla. Trata de regresar al punto en el que dejaron de verse. Siente que los minutos se aceleran fatalmente cuando comprueba que ya lleva cincuenta de inmersión. Y un nuevo sobresalto: la presión del aire en su botella es de sólo cuarenta atmósferas. Está en la reserva. Solo. Queda muy poco tiempo. ¡Y ahora pita el ordenador! Lo que faltaba, tiene que empezar a ascender si no quiere entrar en descompresión.
Hace un año todo cambió. Maite era alumna suya de primer curso. Siempre se sentaba delante en la clase de Filosofía de la Ciencia. Su figura menuda, bien proporcionada y de una belleza morena extrañamente exótica, le observaba con una mezcla de avidez y sumisión que le desconcertaba. La misma sumisión que leyó en sus ojos cuando una tarde de otoño acudió a su despacho con el pretexto de consultar bibliografía. Fue tan fácil... Ella abandonó a su novio y durante algún tiempo la disfrutó cuantas noches quiso. Hasta que empezó a cansarse de aquella entrega incondicional. Una noche, después de cenar algo, tomaban una copa en el Honky Tonk y, entre sorbo y sorbo, él la besaba mecánicamente. Aprovechó un momento en que ella fue al servicio para intercambiar sonrisas con una rubia que lucía una escueta minifalda en una mesa próxima. A su acompañante no parecía importarle. Cuando Maite volvió, la rubia y él charlaban con evidente complicidad. La chica de la minifalda animó a su amigo a entretener a Maite mientras le invitaba a él a tomar un tequila. Dudó unos segundos, mirando el rostro desconcertado y como a punto de llorar de su alumna. Por fin se dejó llevar como un pelele a la barra, sintiendo que ya no le quedaban límites por traspasar. Poco después, el acompañante de la rubia se acercó a ellos para decirle que su amiga se acababa de ir. Siguió paralizado. No volvió a verla nunca más. Su única respuesta, días después, fue un mensaje de móvil: “Nadie me había hecho tanto daño. Espero no saber nunca más de ti.” Sintió el abismo.
Cuando más desesperado está, siente un tirón en su aleta derecha. Se vuelve y de la alegría casi pierde el regulador. ¡Por fin las aletas amarillas! Se hacen gestos de que hay que volver cuanto antes al punto de partida. Tras largos minutos, con tan sólo veinte atmósferas en las botellas, encuentran el ancla. Inician lentamente el ascenso (la ascesis, se le ocurre pensar). Han traspasado la curva de seguridad y el ordenador indica que tienen que parar durante cinco minutos a diez metros de profundidad. Esperan con calma, dejando tiempo para que el nitrógeno concentrado en sus tejidos pueda ir abandonándolos lentamente sin formar burbujas letales. La sombra de la zodiac se recorta con nitidez en la brillante superficie del agua. Pueden volver a ascender, pero aún deben detenerse tres minutos más a cuatro metros. El ancla es apenas un diminuto punto allá abajo. Por fin, ya casi sin aire, pueden emerger.
Hace unas horas, la persiana a medio cerrar dejaba entrar en la habitación los primeros rayos de la mañana y por unos instantes no hubo nada más que rumor de mar y luz. Cuando el universo se recompuso, comprendió que hacía mucho tiempo que no se sentía tan bien. Recordó que habían llegado ayer de Madrid, una rápida escapada al apartamento de la playa en busca de horizonte. Salió al balcón y agradeció una vez más la familiar placidez con la que se mostraba la vieja bahía de Mazarrón, iluminada desde las montañas de levante con suaves reflejos de melocotón. Agradeció, sobre todo, que ella hubiera vuelto a su vida para devolverle la ilusión, para salvarle. Sería un buen día de buceo.
Sale a la superficie y la mira. Se ha quitado ya las gafas y sus ojos verdes le sonríen. Esos ojos, esa sonrisa, siguen teniendo la facultad de aturdirle. Se quedan así, sonriéndose, mientras el mar los mece suavemente.
Antonio Zamora
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jeudi, 25 décembre 2008
Les Italiennes
Cette chronique se propose d'offrir au lecteur un choix de livres et de films lui permettant des voyages dans le temps, dans l'espace ou dans les idées grâce à un principe simple : lire simultanément des livres aux points de vue différents, d'époques variées, avec comme objectif de construire son propre regard sur le monde.
Les Italiennes
et Florence
par Stendhal (1826),
Gallimard Folio, 1987.
par Jean-François
Revel (1958),éditions
René Julliard, 1958.
sur l'Italie
par DH Lawrence
(écrit en 1916),
traduit de l'anglais
par André Belamich,
Gallimard, 1954.
Le voyage en Italie est une tradition. J'ai voulu le faire, moi aussi. Mais le temps m'a manqué. Je me suis résolue à voyager autour de ma chambre grâce aux récits de quelques écrivains.
J'ai bien sûr choisi dans ma bibliothèque Rome, Naples et Florence de Stendhal dont je gardais un bon souvenir. Puis Pour l'Italie de Jean François Revel dont je me souvenais de quelques phrases à l'emporte-pièce. Mais je n'ai pu choisir parmi les trois livres relatant les voyages méditerranéens de D. H. Lawrence : Sardaigne et Méditerranée, Promenades étrusques et Crépuscule sur l'Italie. Ce sont mes préférés.
À la lecture de ces trois auteurs, le sentiment qui domine est celui-ci : pour ces trois hommes, leur intérêt pour l'Italie s'efface à certains moments devant le sort fait aux Italiennes. Sur deux siècles, les contraintes qui pèsent sur elles s'aggravent en sens inverse de la libération des mœurs. De légères au début du XIX° siècle, les Italiennes deviennent des êtres affolés de leur destinée au milieu du XX° siècle. Du début à la fin, l'humain de sexe masculin est l'alpha et l'oméga de leur vie, la condition de leur existence.
Dans son récit Rome, Naples et Florence, Stendhal désire rompre avec les écrivains qui l'ont précédé et qui, dit-il, ne décrivent que des ruines. C'est la société italienne qu'il veut peindre, mais pas n'importe quelle société, celle des bourgeois, celle de la bourgeoisie montante.
Il note alors que "Le ridicule, pour une jolie femme en ce pays-ci, c'est de ne pas avoir de tendre engagement…On dit, en haussant les épaules : "è una sciocca" (c'est une oie), et les jeunes gens la laissent se morfondre sur sa banquette". Une Italienne, selon lui, se doit d’être légère. Sans cette condition, tous la fuient.
Un siècle et demi plus tard, Jean François Revel réside quelque temps en Italie et écrit, en 1958, Pour l'Italie. La situation des femmes ne s'est pas améliorée. Son héroïne explique qu'une femme qui n'est pas mariée n'existe pas. À l'attention tendre et étonnée de Stendhal devant cette même condition féminine, succède la brutalité et la vulgarité des propos de Jean François Revel sur les rapports des femmes italiennes avec les hommes, son mépris arrogant pour leur personne ("Une Italienne est toujours jalouse d'une cour que vous devriez lui faire en vain, et qu'elle sous-entend que vous lui faites, même quand vous ne jetez jamais les yeux sur elle").
Le laid, le souffrant DH Lawrence fait preuve, au contraire d'une grande sensibilité aux conditions de vie des êtres humains qu'il rencontre en ce début du XX° siècle. Ce sont les hommes autant que les femmes qu'il décrit. Comme les deux autres écrivains, il décrit cette même contrainte qui sévit sur les esprits et sur les corps, ces relations difficiles entre hommes et femmes. Il s'en émeut. Loin de les mépriser ou de porter des jugements durs sur eux, il les comprend, il analyse leur âme, il a confiance en leur possible rédemption. Il les respecte.
Au lecteur déconfit par les relations humaines, il reste, de ces cinq livres, les paysages, les musées et les ruines. On s'y promène finalement avec délices.
Sara
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mercredi, 24 décembre 2008
Laïka
Avant de s’aventurer lui-même dans l’espace, l’homme a envoyé des sous-hommes : des animaux.
Laïka n’est pas le seul animal à avoir été envoyé dans l’espace. Mais elle, on l’avait baptisée et on connaissait son nom.
Le 3 novembre 1957, elle est partie dans sa fusée soviétique Spoutnik 2. Elle est sans doute morte quelques heures après, de panique et de chaleur. Mais l’expérience prouva qu’on pouvait survivre en apesanteur.
Elle portait une combinaison dans une très étroite cabine ; des chaînes l’empêchaient de faire trop de mouvements. Aucun dispositif n’avait été prévu pour son retour : elle était donc vouée à la mort. Ses réactions physiques étaient surveillées de loin. On peut encore écouter son cœur battre au Memorial Museum of Cosmautics et sur des sites Internet.
La question de l’utilisation de l’animal par la science est si simple qu’elle pourrait être drôle.
Ils nous ressemblent assez pour servir de modèles, de brouillons, de cobayes ; ils nous ressemblent assez pour être sacrifiés à notre place. Mais ils nous dissemblent trop pour que nous nous en inquiétions.
Quelle honnêteté intellectuelle y a-t-il à, d’un côté, invoquer la ressemblance entre l’animal et l’homme pour justifier scientifiquement une expérience, et, de l’autre côté, évoquer la dissemblance pour justifier éthiquement la douleur et la maltraitance qu’impliquent ces expériences ?
Le scientifique Oleg Gazenco, qui a participé à l’envoi de Laïka dans l’espace, a dit : "Plus le temps passe, plus je suis désolé à son sujet. Nous n'aurions pas dû le faire... Nous n'avons pas appris suffisamment de cette mission pour justifier la mort de la chienne."
La phrase du scientifique oscille. Faire souffrir utilement un animal est acceptable ; faire souffrir inutilement un animal ne l’est pas. Le plus curieux est sans doute que l’utilité (et donc la moralité) pouvant être calculée après la mission scientifique, en fonction des résultats. C'est-à-dire que, quelque soit son action sur l’animal, un scientifique saura au moment des conclusions de l’expérience s’il a été quelqu’un de bien ou un salaud.
Mais l’éthique, n’est-ce pas justement faire passer le respect de l’autre avant l’utilité qu’on peut en tirer ?
Il parait qu’ « ils ne ressentent pas l’affection, ils ne souffrent pas comme nous ».
Haleter, se déshydrater, hurler au secours, se convulser dans la solitude d’une cabine, révèle pourtant une certaine indigence sentimentale des êtres humains.
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lundi, 22 décembre 2008
DE L INCOMPREHENSION NOTOIRE DE L'HOMME
DE L INCOMPREHENSION NOTOIRE DE L'HOMME QUANT A L'EVOLUTION DE LA HIERARCHIE DES ESPRITS DU MONDE
par Barynsflook
Pas de questions sur l'évolution de tout un chacun, l'histoire des peuples, l'histoire des communautés, l'histoire des individus... Toutes les erreurs notables sont déjà notées quelque part. Et pourtant ils s'obstinent, ça les excite de revivre ces passes palpitantes de l'histoire, de la vie, de l'histoire de la vie. Incalculables vertus causant d'incalculables torts, indénombrables vices pour le plaisir de tous. L'arbre se courbe devant celui qui voudra bien chercher à lui faire courber l'échine, et bien peu malins mais nombreux ceux qui en sont capables.
Accalmie des bons jours, dangereuses bourrasques de ceux pendant lesquels tu règnes... Du sentir au toucher, le dictat de toujours, tu t'es toujours trompé, rien jamais ne te perdra et pourtant tu as déjà perdu.
J'ai créé l'armée du désespoir afin de te détrôner immonde parasite du monde des gentils. Seuls les grands ont pu observer la vérité, car cette dernière ne se sait jamais, elle s'observe... Tu aurais du comprendre, tu aurais du m'entendre. Tu verras la lumière quand tes fautes expiées tu auras renoncé à rejoindre ce gué. Le gué de l'astre mort le gué du mirador noir à cent lieues des humains, moi je t y attendrai, et tu pourras crier, forcer ou attaquer mais le soleil jamais ne te laissera passer. Ainsi, tu vois, sans même lever d'armée, sans trop de vies renier, sans les faire soupirer, j'ai ressaisi ma chance d'être de ces grands esprits, qui, dans l'histoire des Mondes ont su harmoniser les émotions, les vies, celles la même que tu t'évertuais à annihiler, aigri par la longueur des ères.
Barynsflook
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samedi, 20 décembre 2008
Poussière de Cantor...
La Page mathématique de Laurent Moonens
ERRATUM
"La raison qui pousse à faire la seconde étape décrite dans la vidéo, pour définir la longueur d'une courbe, n'est pas celle exposée.
Comme l'auditeur attentif l'aura noté, il est possible de recouvrir un segmentde longueur 1 par deux disques de diamètres inférieurs à trois quarts, à savoir deux disques de diamètre 1/2, dont la somme des diamètres égale un.
La raison qui pousse à considérer la limite pour des échelles de plus en plus petites des longueurs à ces échelles, est exposée dans 'Un problème variationnel' (ci-dessous nommé "la ligne droite") et est d'une autre nature. Le nombre (très proche de zéro) d'heures de sommeil que nous avions eues la nuit précédent l'enregistrement de cette vidéo suscitera, j'espère, la clémence des lecteurs-internautes pour ce mensonge, désormais fixé à son support numérique".
Laurent Moonens.
Pour compléter la vision de cet article sur la poussière de Cantor, AlmaSoror vous conseille deux lectures :
Un problème variationnel, où comment se fait-il que le chemin le plus court soit le moins long...
Par ailleurs, vous pouvez accéder aux autres vidéos mathématiques d'AlmaSoror en cliquant, sur la colonne de gauche, sur la rubrique "Maths de Laurent Moonens".
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jeudi, 18 décembre 2008
Les brisés de l'école
Les brisés de l’école
Aux nuls. Aux ratés. Aux rêveurs.
Quoi de plus indestructible que la certitude intérieure des profs d’avoir raison dans leurs jugements ?
Les nuls en classe, les imbéciles, les lents, les « dans la lune » forment la horde des méjugés qui n’ont aucune défense puisque, le système étant juste et formel, ils sont objectivement mauvais.
Comment peut-on noter ?
Comment peut-on croire que l’on fait autre chose que de servir un système qui privilégie un certain type de gens pour mieux léser les autres ?
Pour ceux qui ont réussi, moyennement ou très bien, la nullité scolaire des autres est incompréhensible. Le parcours qualifié de « normal » leur a paru si évident !
Un ami me raconte que les professeurs disaient à ses parents qu’il était bon travailleur mais manquait d’intelligence et n’irait jamais loin.
Une amie me raconte sa révolte lorsque en classe (en France) de CM1, elle découvrit la signification scolaire du mot « choix ». Choisir la bonne réponse consistait à trouver la bonne réponse. Un tel dévoiement d’un mot qui représentait la liberté la plongea dans un abattement stupéfait.
Une amie qui visite les classes me raconte comme les profs disent de leurs élèves « ils n’ont pas d’imagination ». Mais l’imagination, pour ces profs, n’est qu’une discipline scolaire. Pour un imaginatif, ce qu’ils appellent imagination n’est qu’un exercice scolaire de plus.
Les mots invention, imagination, choix, art, créativité sont dévoyés par l’école : ce sont des mots scolarisés. Il vaudrait mieux qu’elle renonce à les utiliser. Ainsi que les mots « intelligence, raisonnement, argumentation, culture ». Car elle n’a rien à voir avec cela.
L’école est un système de mesure. Certains esprits ne comprennent pas les chemins de réussite au sein de ce système de mesure. Alors, qu’ils connaissent par cœur l’œuvre de Byron, qu’ils consacrent leur vie libre à l’étude de et qu’ils lisent Thucydide avec passion ne leur apportera rien au regard de la scolarité ni de la vie sociale. Ils sont des savants non agrées.
Quant à ceux que rien n’intéresse mais qui comprennent le système de mesure scolaire, ils peuvent étudier dans les plus grandes écoles, emporter tous les concours, et les grandes voies de la réussite sociale leur sont ouvertes, quelle que soit leur réelle culture et la profondeur de leur intelligence. Ils sont des savants agréés par l’Etat.
« Tu n’en feras jamais d’autres ». « Peut mieux faire ».
Faut-il espérer un changement ? Assez désespéré, je pense que tout système de sélection est pervers et minant pour certains.
Impossible de vouloir retourner dans un monde où la sélection se fait par la force physique, par la naissance…
Aux professeurs, faut-il préférer l’armée de psychologues, assistants sociaux, pédopsychiatres et éducateurs qui bâtissent ensemble l’Empire psychologique qui nous colonise de son idéologie insaisissable un peu plus chaque jour ?
Non. La régulation sociale par un Ordre psychologique dominant n’est pas meilleure.
Sachons simplement que les nuls, les ratés, les minables, les bons, les intelligents, les adaptés changent de camp en fonction des instruments de mesure de la société.
Axel RANDERS
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mardi, 16 décembre 2008
Indult Agatha Christie
Voici la requête que Yehudi Menuhin, Agatha Christie, Graham Greene, et d'autres artistes et intellectuels souvent non catholiques signèrent... pour sauver la messe traditionnelle de l'Eglise catholique, qui "appartient ainsi à la culture universelle aussi bien qu’aux hommes d’Église et aux chrétiens pratiquants".
Sous l'appel, vous trouverez la liste des signataires.
Introïbo ad altàre dei...
... Ad Deum qui lætíficat juventútem meam.
Dans les années 1960, le Concile de Vatican II transforma radicalement la liturgie catholique.
Au delà de la messe et des prières fondamentales (le Notre-Père), l'esthétique et le déroulement de la vie des villes et villages à majorité catholique en ont été entièrement transformés.
Quelques artistes et intellectuels anglais réagirent par une lettre au Pape.
Pour Agatha Christie, Yehudi Menuhin (non catholiques), Graham Green et d’autres, la « modernisation » de la messe traditionnelle, célébrée depuis l’antiquité et codifié par Pie V en 1570, était une catastrophe pour l’histoire de l’esprit humain.
En effet, le chant grégorien et une immense partie de la musique classique, une grande part de l’inspiration littéraire européenne, sont issus de la sancta missa. Mais le déroulement de la messe lui-même constitue un patrimoine littéraire et liturgique immense.
A la suite de cette pétition, le pape autorise, par un indult, à prononcer la messe traditionnelle exceptionnellement. Ce texte est appelé l’« indult Agatha Christie », signataire la plus marquante de la requête pour sauver la messe traditionnelle en Angleterre.
Appel pour demander le maintien de la Messe traditionnelle.
« L’un des axiomes de la publicité contemporaine, aussi bien religieuse que profane, est que l’homme moderne en général, et les intellectuels en particulier, sont désormais pleins d’intolérance pour toutes les formes de la tradition et n’aspirent qu’à les supprimer pour les remplacer par quelque chose d’autre.
Mais comme bien d’autres affirmations de nos machines à publicité, un tel axiome est faux. Aujourd’hui, tout comme dans le passé, les hommes cultivés sont à l’avant-garde chaque fois qu’il s’agit de reconnaître la valeur de la tradition, et ils sont les premiers à sonner l’alarme lorsqu’elle est menacée.
Si quelque décret déraisonnable devait ordonner la destruction complète ou partielle des basiliques ou des cathédrales, ce seraient évidemment les hommes cultivés quelles que soient leurs croyances personnelles qui se dresseraient, pleins d’horreur, pour s’opposer à une telle possibilité.
Or, c’est un fait que ces basiliques et ces cathédrales ont été bâties pour la célébration d’un rite qui, il y a quelques mois encore, représentait une tradition vivante. Nous voulons parler de la messe catholique romaine. Pourtant, si l’on en croit les dernières informations en provenance de Rome, il existe un plan destiné à supprimer cette messe dès la fin de cette année.
En ce moment, nous n’envisageons pas l’expérience religieuse et spirituelle de millions de personnes. Le rite en question, dans son magnifique texte latin, a également inspiré quantité d’œuvres d’art inestimables, non seulement des œuvres mystiques, mais aussi des œuvres de poètes, philosophes, musiciens, architectes, peintres et sculpteurs, dans tous les pays et à toute les époques. Il appartient ainsi à la culture universelle aussi bien qu’aux hommes d’Église et aux chrétiens pratiquants.
Dans la civilisation matérialiste et technocratique qui menace de plus en plus la vie de l’âme et de l’esprit dans son expression créatrice originale — la parole, — il semble particulièrement inhumain de priver l’homme de formes verbales dans l’une de ses plus grandioses manifestations.
Les signataires de cet appel, qui est entièrement œcuménique et apolitique, proviennent de toutes les branches de la culture moderne en Europe ou ailleurs. Ils désirent attirer l’attention du Saint-Siège sur l’effrayante responsabilité qu’il encourrait dans l’histoire de l’esprit humain s’il refusait de permettre la survie de la messe traditionnelle, même si ce n’était que côte à côte avec d’autres formes liturgiques ».
Liste des signataires :
Harold Acton,
Vladimir Ashkenazy,
John Bayler,
Lennox Berkeley,
Maurice Bowra,
Agatha Christie,
Kenneth Clark,
Nevill Coghill,
Cyril Connolly,
Colin Davis,
Hugh Delargy,
Robert Exeter,
Miles Fitzalen-Howard,
Constantine Fitzgibbon,
William Glock,
Magdalen Gofflin,
Robert Graves,
Graham Greene,
Ian Greenless,
Joseph Grimond,
Harman Grisewood,
Colin Hardie,
Rupert Hart-Davis,
Barbara Hepworth,
Auberon Herbert,
John Jolliffe,
David Jones,
Osbert Lancaster,
F.R. Leavis,
Cecil Day Lewis,
Compton Mackenzie,
George Malcolm,
Max Mallowan,
Alfred Marnau,
Yehudi Menuhin,
Nancy Mitford,
Raymond Mortimer,
Malcolm Muggeridge,
Iris Murdoch,
John Murray,
Sean O’Faolain,
E.J. Oliver,
Oxford and Asquith,
William Plomer,
Kathleen Raine,
William Rees-Mogg,
Ralph Richardson,
John Ripon,
Charles Russell,
Rivers Scott,
Joan Sutherland,
Philip Toynbee,
Martin Turnell,
Bernard Wall,
Patrick Wall,
E.I. Watkin,
R.C. Zaehner
(Traduction la Documentation Catholique)
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samedi, 13 décembre 2008
Que faire de nos forces vitales ?
Par David Nathanaël Steene
Pour des raisons d’hygiène, de sécurité, de bienséance sociale, on est obligé, à moins d’habiter dans une belle campagne loin des voitures, d’empêcher, la plupart du temps, les enfants de faire tout cela :
Marcher où ils veulent, dans un périmètre de plus de 100 mètres carrés
Courir
S’amuser
Chanter à tue tête
S’asseoir ou s’allonger
Rêver de longues heures
Toucher, explorer tactilement l’environnement
La plupart des enfants dans notre société n’ont accès que très rarement à ces activités naturelles, à cette liberté d’être.
Nous-mêmes, adultes, aurions-nous la possibilité d’esquisser un pas de danse dans la journée, au boulot, dans la rue ? D’entonner une chanson ? De rire d’une belle voix forte ? De s’allonger tranquillement sur une voiture ou une table ?
Non. Accomplir ces activités est réservé à des temps de vacances. Le long du jour de labeur, ou dans les lieux publics, nous passerions pour des fous.
La liberté dans notre société est cérébrale. Elle est certes importante. Mais que deviennent nos forces vitales ?
David Nathanaël Steene
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jeudi, 11 décembre 2008
Fredy Ortiz takiq rimachkan : uyarisun !
L'art, la toile, le monde
Rubrique d'art, d'Internet, de culture
Entretien en quechua avec Fredy Ortiz, chanteur du groupe péruvien Uchpa
Fredy Ortiz takiq rimachkan : uyarisun !
Uchpa (cendres, en quechua) est un groupe musical péruvien connu qui fait de la musique rock
et dont le chanteur, Fredy Ortiz, s'exprime en quechua, langue amérindienne - et non en espagnol.
Fredy Ortiz (l'homme au chapeau) explique ici ce choix original.
Imapitaq yuyarayarqanki rockta, qinallataqmi bluesta runasimipi takinapaq?
ñuqa maqtallaraq kaptiy, taytay apawarqa iglisia evangelikaman, chaipi takichiwarqa runasimipi sumaq takichakunata taytachapaq, chaipin yacharqani chay hukman takikunata countri hina, ichapas chay gospel nisqan hina, llaqtaypiqa riki, huayno(folklor andino) huaynullatan uyariniku, maqta masiykuna huaynullatan yacharqaku, ñuqañataqmi hukman takikunata, chaymantan qallarin bluschata gustuy, manaraq yachachkaptiy ima ninanmi karqa chay blues, chaymantaqa ocobamba llaqtaymanta pasakuni andahuaylas llaqtaman, chaypiqa ña, karqa radiupas, ocobamba llaqtaypiqa manan karqachu ni carrupas, andahuaylas llaqtapi kachkaptiyñan riksiruni iman kasqa rock, chay timpupin uyarini sumaq takichakuna chay inglaterra maqtapa jeff beck guitarranta huknin maqtawan rod stuart takiqta, blues hinaraq, riksikurqa chay iglisia evangilica takiptiy, chaymantapunin gustawarqa chay takichakuna, qinallataqmi riksikun aswanqa huk takichaman QARAWI sutiyuq, yaqa waqastinñan takinku iskay paya warmikuna kay llaqtakunapi, Apurimac, Ayacucho, Huancavelicapi, chaytan ñuqaña sutirachini blues andino nispa, yaqa yaqa blues americano kaqllañan; kaypi, maqtakunata inglispim munanku takiyta mana inglista yachaspa, aswanqa ñuqa pinsarani, mana inglista atiptiykuqa, aswanqa sumaqta cabirachisaq runasimichapiña riki, nispaymi kay uma muyuta qallariruni, qinallataqmi nini, kay Peru Andispin riksikun riksikunpunin wak karu llaqtapi takinkunata,, aswanqa kay llaqtaypi takiqkunan chay huayno, qarawichakunan ñakarisqan runakunapan qinallataqmi wak america llaqtapipas, chay yana runakunapa ñakarisqa runakunapan, uyariwaq Tayata CHIMANGO (musico andino quechua) violinninta, JIMI HENDRIX (musico americano) jajuyninqa kaqllañan, chaymanta chay arpaviolin tukaqkunan , manaraq fista qallarimuchkaptin arpanta violinta traguchata millpuchinku, qinallataqmi apukunaman rimaykukunku sumaq kananpaq ,danzanti tijirasmantapas qampatuta mikun, chaynallataqmi huknin hatun llaqtapi huk maqta ALICE COOPER sutiyuq, chaynapunin kaqllata misas negras sutichasqa, chayma ñuqa sutirachini extremos parecidos nispa.
Runa simi rimaqllapaqchu takinki? icha llapanpaqchu?
llapanpaqmi takini, yachaqpaq qinallataqmi mana yachaqpaq, mana yachaqkunaqa yachachun kay pachapi huk sumaq miski rimay kasqanta.
Pikunan rin cunciertuykiman? pasña maqtakunachu? llaqta runachu?, icha campisinukunachu?
llapanmi rin, maqtakunapas, campisinukunapas, llaqta runakunapas, sumaqmi, qawaptiy campisinu mamakuna tusuptin, waqtallanpitaq maqta llaqta runakuna tusuptin.
(Uchpa : Rock, huayno, quechua, danza tradicional)
Sunqu musqu ukuykimanta, imatan munankiman runa simipaq, qamuq watakunapaq? Iman manchasunki runa simipaq?
munayman, mana chinkananta, sapa punchaumi aswan aschallañan rimanku kay sumaq rimayta, chaynaqa riki manchakuni chinkananta, warmakunaqa manañan rimankuchu, icha aswanqa manañan munankuchu rimayta.
Ima willaytan ninkiman, tukuy runakunaman kay pachapi?
tukuy runakuna kay pachapi, yachananmi, huk sumaq miski rimaymanta, riksinanmi kay pachapi runa simi quechua, rimaymanta, INKA, rimasqanta; ama ya qunqaychikchu kay wakcha runakunamanta quechua rimaq , qinallataqmi ama ya wikapaq hina rikuriychikchu kay cultura andina , yachawaq sumaq sunqunchikta, kuyakuyallañan kaniku.
Fredycha, anchata aradisikuyki chay sumaq simiykikunamantam.
Sumaqllaña purikuy, sumaqllaña takikuy.
Edith de Cornulier-Lucinière
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