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mercredi, 03 mars 2010

Requiem

Biarritz par la fenêtre me parle de leurs deux vies qui se déploient ici quand je n'y suis pas. Je rencontre le frère que je ne connaissais pas. C'est la première fois que je vis dans un appartment qui ressemble à ceux des bandes dessinées et des films qui se passent à New York. La baie vitrée m'offre les toits et le ciel. Quand tombe la nuit, on se sent espionnée par les avions. Au grand matin le soleil apporte le bonheur du jour et je me dis que les années passent trop vite pour sentir vraiment la vie.

 

La langue Bo est morte. Pleurons.

Plage des Sables.jpg

 

 

 Lire l'article sur Survival France

 

Et merci à Tieri Briet pour la triste information.

lundi, 01 mars 2010

René Lalou : les témoignages sur la Guerre V

 

 

J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946, L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages. 
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".


Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).
Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.

 

La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.

Fragments précédents :

sam et marin tesson.jpg
Photo Sara "le monde vu à travers un tesson de bouteille"

 

 

 

V Fin des témoignages des garçons sacrifiés

« Cette guerre a tué le romantisme de la guerre ».

 

Un moment arriva pourtant où il fut admis par la majorité des éditeurs que le public ne s’intéressait plus aux ouvrages sur la guerre.  La riposte fut le prodigieux succès, en 1929, de la traduction du livre de Remarque, À l’Ouest rien de nouveau.



Vers le même temps Norton Cru provoquait un scandale en publiant ses Témoins : les âpres reproches qu’il adressait aux auteurs de livres de guerre étaient souvent justifiés ; mais il méconnaissait le droit qu’a l’artiste de faire des peintures, non des photographies et il refusait d’admettre que le vrai n’est pas toujours vraisemblable. Parmi les livres qui échappaient à ses critiques citons les Carnets d’un fantassin, de Charles Delvert, l’un des défenseurs du fort de Vaux.



Sous le bombardement Delvert écrivait : « cette guerre a tué le romantisme de la guerre ». La phrase pourrait servir d’épitaphe aux trois témoignages parus en 1930 : l’inexorable Ce qui fut sera d’Henri Barbusse, épilogue et synthèse du Feu ; la Peur, de Gabriel Chevallier où l’accumulation des « petits faits vrais », jugés par un disciple de Stendhal, aboutissait au plus cruel réquisitoire ; les tragiques « prises de vue » qui font ressembler le Noir et Or d’André Thérive au film de Pabst, Quatre de l’Infanterie, et laissent la même impression d’une atroce épreuve subie par les hommes mais reniée par l’esprit.
« Le Feu, c’est un beau bouquin. Il est presque vrai. Y a qu’une chose, c’est trop romantique, trop en théâtre » : ainsi parle un des personnages d’Henry Poulaille dans l’hallucinante et minutieuse reconstitution du Pain de Soldat (1937). En nous livrant, la même année, ses Souvenirs de Guerre, le philosophe Alain affirme que ces expériences renforcèrent sa conviction que la tâche la plus urgente était, selon les exemples de Socrate et Descartes, de « massacrer d’abord les lieux communs ».

 


Assurément tous les anciens combattants n’exprimeraient point aujourd’hui le sentiment d’une gigantesque duperie avec la verdeur rabelaisienne que déploie Jolinon dans Fesse-Mathieu et l’Anonyme (1936). Mais on ne saurait étudier la littérature des années 1920-35 sans tenir compte de ces deux faits : elle est pour la plus grande partie d’hommes qui ont connu les souffrances de la guerre ; l’immense majorité de ces hommes est arrivée tôt ou tard à la conclusion que leurs souffrances auraient pu être évitées et qu’elle n’avaient même pas assuré le triomphe des idées pour lesquelles ils avaient lutté.



René Lalou

 

 

 

Fragments précédents du même chapitre du livre de René Lalou :

 

 

mercredi, 24 février 2010

René Lalou : les témoignages sur la Guerre IV

 

J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946, L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages. 
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".


Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).
Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.

 

 

La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.

 

Les premiers fragments de ce chapitre, publiés sur ce blog :

 

I Henri Barbusse, le Feu

II Georges Duhamel, la Vie des martyrs

III Roland Dorgelès, les Croix de bois

 

 

foot tesson.jpg

 

 

 

IV Voix d’hommes meurtris et panorama pêle-mêle d’après-guerre.


… "une attitude originale de l’homme façonné par la guerre".

 

Après ces œuvres maîtresses, le lecteur accueillant ne refusera pas d’entendre d’autres témoignages. La Flamme au poing d’Henry Malherbe lui apportera les notes d’un combattant cultivé groupées autour de trois thèmes : Souvenir, Amour et Mort.
Dans Nach Paris, Louis Dumur, auparavant connu pour d’amusantes peintures du calvinisme genevois, a dressé un réquisitoire contre les atrocités allemandes.


Jean des Vignes Rouges a voulu, dans André Rieu, officier de France, exposer le point de vue des chefs, tandis que Raymond Lefebvre et Paul Vaillant-Couturier, auteurs de la Guerre des soldats, renchérissaient sur l’antimilitarisme de Barbusse.
Adrien Bertrand, dans les récits et conversations de l’Appel du sol ainsi que dans les dialogues de l’Orage sur le jardin de Candide a livré les confidences d’un agrégé de philosophie, disciple d’Anatole France, qui se sent « une cellule de la nation », entend « l’appel de la terre française » et meurt en héros « pour que la France continue ».
Paul Reboux, dont l’inspiration versatile s’était tournée successivement vers Paris, Naples, la Bretagne et l’Espagne, composa en deux volumes les Drapeaux, œuvre de propagande antimilitariste qui tente d’annexer au roman la science des statistiques : peut-être y apporta-t-il à piper les dès un peu de cette adresse qui le fit baptiser « roman nègre » son Romulus Coucou, dont le héros est un mulâtre.
Dans Indice 33, Alexandre Arnoux a construit un récit dramatique ; sa verve de conteur s’atteste aussi bien dans les histoires militaires du Cabaret que dans La Nuit de Saint-Barnabé, alerte document sur l’imagination des gosses parisiens de 1920.
Marcel Berger, dont l’Homme enchaîné avait traité gauchement mais loyalement un problème complexe, raconta dans Jean Darboise la vie en grisaille des hommes du service auxiliaire ; avec les Dieux tremblent, il essaya de matérialiser la haine vengeresse d’un blessé pour ceux que la tourmente a épargnés mais noya cette idée intéressante sous des péripéties mélodramatiques.



Paul Géraldy avec cet art de ramener tout haut sujet à un dialogue de salon dont ses Noces d’argent font la démonstration, décrivit dans
la Guerre, Madame
, une journée à Paris pendant l’automne 1915, suggérant la grandeur des événements, représentant avec une fidèle facilité le snobisme de certains milieux ; il n’épuisa point son sujet puisque Maurice Level put écrire Mado ou la Guerre à Paris, qui tient ce que promet son titre.
On aurait pu attendre de l’expédition à Salonique un renouveau d’orientalisme : À Salonique, sous l’œil des Dieux, de J.-J. Frappa ne nous leurre d’aucun mirage poétique. Quant au passage des Anglo-Saxons en France, Marcel Prévost prit soin qu’il en demeurât au moins un souvenir comique : Mon cher Tommy leur légua une image de jeune fille française à leur usage, en n’omettant point, il est vrai, de leur apprendre qu’en de certaines épreuves « on a besoin de faire appel à toute sa fermeté britannique pour se raidir contre l’arrêt de sa volonté divine ».
Benjamin Vallotton est le créateur de Potterat, commissaire de police en retraite, porte-parole du bon sens vaudois, de sa révolte contre la violation de la neutralité belge et contre la consigne de neutralité suisse. Outre À tâtons, roman sur les aveugles de guerre, il a décrit, dans Ceux de Barivier, l’histoire tragique d’un village savoyard pendant la lutte. On retrouve l’humeur narquoise de Ce qu’en pense Potterat dans son Achille et Cie, satire d’une famille de nouveaux riches installés dans un château historique avec leur singe symbolique. Les ouvrages de Vallotton sont des articles d’exportation.



Il y a dans ces derniers livres beaucoup de littérature, parfois assez inutile. On en rendra donc mieux justice au sobre réalisme du caporal Georges Gaudy dans l’Agonie du Mont-Renaud, au mélange aimable d’humour et d’esprit des Silences du Colonel Bramble, et Discours du Docteur O’Grady par André Maurois, à la verve savoureuse de Pierre Chaine, auteur des Mémoires d’un rat et des Commentaires de Ferdinand, et aux ironiques récits de la vie dans un dépôt que Jean Gaultier-Boissière, l’un des rédacteurs du Crapouillot, a réunis dans Loin de la Rifflette.


Parmi les récits de combattants, signalons encore Ma Pièce de Paul Lintier et Sous Verdun de Maurice Genevoix ; on pourra ajouter, pour les territoriaux, les Pépères la Victoire du critique Jean Valmy-Baysse et l’Héroïque pastorale de Louis Vuillemin, variations d’un musicien au grand air de la guerre.
La vie populaire pendant la guerre a été peinte dans la Maison à l’abri par Marcel Martinet qui est aussi un poète véhément et l’apôtre d’un « art prolétarien » ; les problèmes moraux de l’immédiate après-guerre ont été évoqués avec une rare loyauté par Jean Schlumberger dans le Camarade infidèle. Mais il faut tirer hors de pair cet extraordinaire manuel d’attention morale qu’est le Guerrier appliqué de Jean Paulhan : devant ce livre où le décor de la guerre apparaît renouvelé par une totale absence d’interprétation, par une exacte vision de ce qui fut, non colorée d’enthousiasme ou de découragement, plus d’un lecteur confessera que son esprit, esclave de trop de préoccupations étrangère, a véritablement manqué la guerre et sentira se réveiller en lui la faculté d’observer précise que tous possèdent et que nul n’a su exercer avec cette infaillible maîtrise.



Au surplus, pendant les années qui suivirent, les échos de la guerre n’ont pas cessé de retentir dans la sensibilité contemporaine, témoin le Sel de la terre, de Raymond Escholier, carnet de route féroce et mystique sous la morne lumière de Verdun, ou cet implacable cauchemar,
Ils étaient quatre
, d’Henry Poulaille. Avant les reportages romancés et précis des Captifs et des Cœurs purs, Joseph Kessel avait prêté, dans l’Equipage, un intense relief dramatique au roman de l’aviation.
Joseph Jolinon a conduit ainsi un héros qui fut d’abord un jeune athlète à travers l’enfer, évoqué dans l’atmosphère de cauchemar sarcastique du Valet de gloire, jusqu’aux vilenies de l’après-guerre stigmatisées dans la Tête brûlée. Les nouveaux problèmes ont encore inspiré à Léon Bocquet son émouvant Fardeau des jours, reprise de la vie dans un village des Flandres, à André Lamandé la grande fresque des Enfants du siècle et Ton pays sera le mien qui peint avec une généreuse loyauté, dans une demeure familiale du haut Quercy, le poignant débat d’un cœur allemand et de l’esprit français.

 

Thierry Sandre a été lui aussi marqué par la tourmente : heureux traducteur ou renouveleur d’ouvrages injustement oubliés, éditeur de l’anthologie des écrivains morts à la guerre, il a conté avec une sobre sincérité ses souvenirs de prisonnier dans le Purgatoire. Surtout, il a réussi à démêler et exprimer dans Mienne, confession d’un être en qui les ressorts de la volonté sont brisés, et dans le Chèvrefeuille, douloureux monologues sur la fragilité de l’amour, une attitude originale de l’homme façonné par la guerre.

 

 

RENÉ LALOU

 

samedi, 13 février 2010

René Lalou : les témoignages sur la Guerre III

 

J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946, L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages. 
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".

Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).
Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.

 

La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.

Lire le premier fragment de ce chapitre, publié antérieurement ICI
Lire le second fragment de ce chapitre, publié antérieurement ICI

 

les canards et dindes.jpg
phot Sara

 

III Les Croix de bois, de Roland Dorgelès

 

Les Croix de bois de Roland Dorgelès apparurent comme une sorte de mise au point du roman de guerre : aucun témoignage de combattant n’avait offert pour ses héros, chefs et soldats, intellectuels et ouvriers, la large impartialité qui distingue les robustes récits de ce livre et du Cabaret de la Belle Femme.
Les chapitres qui décrivaient la vie dans les tranchées et les attaques égalaient les pages tragiques du Feu ; mais jamais l’auteur ne prétendait généraliser rien ; il n’excluait point « la blague divine qui faisait plus forts » ses camarades. Ses traits les plus vigoureux ressuscitaient le réalisme des combattants : « La Marne, c’est une combine qu’a rapporté quinze sous aux gars qui l’ont gagnée ». Courageusement il soulignait la « terrible grandeur » de cet aveu de Sulphart : « J’trouve que c’est une victoire, parce que j’en suis sorti vivant ».

On trouverait difficilement dans toute la littérature de guerre un résumé des sentiments qu’elle provoqua chez les poilus plus simple et plus complet que les 30 pages qui retracent l’assaut, la descente des tranchées, le défilé glorieux, le sursaut d’orgueil enfin qui justifie un bref commentaire : « Allons, il y aura toujours des guerres, toujours, toujours ». Ce sobre réalisme est bien la qualité maîtresse de Dorgelès : le Saint-Magloire où il raconta l’échec d’un apôtre dans la société d’après-guerre verse dans le journalisme dès que l’auteur n’y observe plus cette discipline qui a donné aux Croix de bois, livre si spontané, une manière de style.

 

RENÉ LALOU

 

Lire le premier fragment de ce chapitre, publié antérieurement ICI (sur Barbusse)
Lire le second fragment de ce chapitre, publié antérieurement ICI (sur Duhamel)

 

vendredi, 05 février 2010

René Lalou : les témoignages sur la Guerre II

 

J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946,L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages. 

En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".

 

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Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).

Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.

 

 

 

La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.

 

 

 

Pour voir les premier épisode de ce chapitre, sur le Feu d'Henri Barbusse, cliquez ICI.

 

 

II Vie des martyrs, de Georges Duhamel

 

 

 

«…la seule chose certaine à cet instant du siècle » : la souffrance humaine.

 

 

 

C’est l’absence d’esprit partisan que l’on aima d’abord chez Georges Duhamel dont la Vie des martyrs confondit tout ceux, « membres de l’Institut, actrices de café-concert, politiciens et vedettes de la prostitution » qui « ont travaillé à donner de la guerre une image littéraire congrue et définitive ».
Il leur opposait « la seule chose certaine à cet instant du siècle » : la souffrance humaine ; il montrait la mort, « intimement mêlée aux choses de la vie ». Il était à la fois le médecin (« sous leurs pansements, il y a des plaies que vous ne pouvez pas imaginer ») et le poète pour qui rien n’est sans importance : « ne perdons rien de leurs humbles propos, décrivons leurs moindres gestes ».

Sans déclamation il peignait les tragédies et les délicatesses de l’hôpital ; sans généraliser, il montrait toutes les nuances de l’émotion jusqu’au « frêle pont » tendu entre lui et un blessé allemand par un motif de l’Eroïca. Avec une puissante sobriété il réclamait seulement que la mémoire de tant de douleurs ne mourût pas ; il appelait de ses vœux « l’union des cœurs purs pour la rédemption du monde malheureux ».

Civilisation faisait plus que continuer Vie des martyrs : il le complétait. Le comique, dansUn Enterrement et l’admirable Cuirassier Cuvelier, y paraissait plus macabre ; la révolte, dans les Maquignons et Discipline, plus âpre. Duhamel y posait plus catégoriquement le problème de la civilisation : « Si elle n’est pas dans le cœur de l’homme, eh bien ! elle n’est nulle part ».
Dix ans après l’armistice, il publia les Sept Dernières Plaies, recueil formé d’éléments très divers qui vont de la brève méditation au long récit dramatique : de toutes ces pages montait la même émotion, le même rappel de la fraternité humaine devant la souffrance.

 

Pour voir les premier épisode de ce chapitre, sur le Feu d'Henri Barbusse, cliquez ICI.

 

 

dimanche, 24 janvier 2010

René Lalou : les témoignages sur la Guerre

 

J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946, L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages. 
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".

Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).
Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.

 

La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.


2Edith.jpg
phot Sara



I Le Feu, d’Henri Barbusse. 

 

(NOTE d'AlmaSoror : Comment un homme traumatisé par les millions de morts de 14-18 peut militer pour une cause qui fera des millions de morts, le Communisme ? Mystère, mystère…)

 

« …des choses épouvantables faites par 30 millions d’hommes qui ne les veulent pas ».

 

L’œuvre « militariste » de Péguy et de Psichari n’était point inhumaine mais évoquait avec gravité des problèmes urgents. De même, le roman de guerre ne fut point, dans l’ensemble, belliqueux. Il aurait fallu être aveugle à la durée et à l’immensité du carnage pour oser s’en réjouir. Les livres qui, de 1914 à 1918, connurent la faveur du public montrent assez bien les fluctuations de l’opinion durant cette période : aucun d’eux n’est coupable de sacrilège envers l’humanité.
Gaspard ne dépasse pas la facilité superficielle qui caractérise toutes les autres productions de René Benjamin : tout y est conventionnel : la guerre et ses à-côtés, les combattants et leurs infirmières. Mais le caractère de Gaspard, marchand d’escargots rue de la Gaïté, Parigot blagueur et héroïque, est de ceux auxquels, depuis Gavroche toutes les sympathies sont acquises. En 1915, on réclamait une détente : on la trouva dans ce journalisme sans prétention.


En 1916 parut le livre qui fut le plus grand succès de librairie de notre temps : le Feu, d’Henri Barbusse. Vingt ans avant, Barbusse avait débuté avec un recueil de poèmes, les Pleureuses, où se manifestait une sensibilité prompte à s’émouvoir devant les nuances les plus fugitives de la réalité moderne, mais qui ne parvenait point à les traduire sous une forme définitive. Le poème La Lettre, si proche encore dHenry Bataille :


Je t’écris et la lampe écoute.
L’horloge attend à petits coups
Je vais fermer les yeux sans doute
Et je vais m’endormir de nous…


montre assez clairement les bornes de ce lyrisme familier. Dans L’Enfer, Barbusse se posait en successeur de Zola, et ce roman renfermait de vigoureuses descriptions. Mais l’écrivain avait en même temps cédé au désir d’y dresser une espèce de somme philosophique de son époque. C’était là de sa part un contre-sens sur son propre talent : s’il existe des esprits pour qui les idées ne comptent que selon leur valeur abstraite, Barbusse représentait l’autre extrême. Il appréhende des idées leur rayonnement sentimental ; en face d’une notion intellectuelle, il déploiera toutes les notions d’un cœur généreux, jamais il ne la peindra dans son impartiale nudité. La pensée de l’auteur de l’Enfer égalait en simplicité celle de la Couturière qu’il a chantée :


Elle croit à la beauté,
Elle croit à l’harmonie,
Elle se sent infinie,
Les lèvres dans la clarté.



Nous avons rappelé l’énorme succès du Feu : peut-être le dut-il d’abord à son extraordinaire accent de sincérité ; pour la première fois un écrivain apportait à ses lecteurs, sans aucune interposition littéraire, la vérité, une description exacte de la vie dans les tranchées. Mais cette popularité ne fut point un triomphe de surprise : le Feu réunit en effet toutes les qualités du réalisme humanitaire de Barbusse. Dans ce « journal d’une escouade », il s’est presque toujours interdit de dépasser son expérience personnelle et le point de vue du simple soldat ; de là, l’intensité des pages où, racontant une journée sans incident, une corvée ou une attaque, il évoque avec le relief de leur précision concrète la durée, la boue, les instincts élémentaires. Son émotion, assez vibrante pour dédaigner tout artifice, ressuscite, avec une sympathie virile ou un humour attendri, ses compagnons de combat qui ne furent point des héros, mais, plus glorieusement, des hommes. Même l’âpre satire qui stigmatise la division de la patrie en « deux pays étrangers, l’avant et l’arrière », n’est point une opposition factice : elle naît de cent petits faits qui gardent leur force. Surtout elle est dominée par le sentiment poignant que, si les civils oublieront vite ce qu’on souffert pour eux les combattants, ces derniers eux-mêmes n’en garderont point une mémoire intacte : « on est plein de l’émotion de la réalité au moment, et on a raison. Mais tout ça s’use dans vous. »


Le Feu représentait la guerre dans toute son horreur, plus haïssable encore d’être peinte avec cette tragique sobriété. Barbusse eût failli à l’honnêteté en ne cherchant point quel remède éviterait le retour « des choses épouvantables faites par 30 millions d’hommes qui ne les veulent pas ». Quelques pages du Feu indiquaient nettement sa volonté de pacifisme : une aube d’espoir se levait sur ce champ de bataille sinistre. Il était donc inévitable que Barbusse apparusse à beaucoup d’anciens combattants comme un guide et qu’il lui fût impossible de se soustraire à cet honneur. Persuadé par l’exemple de Zola que le roman peut devenir un instrument d’apostolat politique, il écrivit Clarté où l’affabulation romanesque voile mal son dessein de démontrer que, selon la conclusion des Paroles d’un combattant, « la seule voix humaine qui s’harmonise avec la nature elle-même, la musique pensante de l’aube et du soleil, c’est le chant de l’Internationale ». Tout jugement sur la portée d’ouvrages comme Élévation ou sa biographie de Staline dépend de l’opinion que l’on professe envers l’activité de militant à laquelle il a tout subordonné ; mais ses plus violents adversaires ont dû reconnaître la générosité avec laquelle Henri Barbusse a servi jusqu’à sa mort la cause du progrès humain qu’il prenait déjà l’engagement de défendre dans les admirables Lettres à sa femme (1914-1917).

 

René Lalou

 

vendredi, 08 janvier 2010

La marche des villageois

 

 

une ruelle.jpg

 

 

Et la musique s'élève et nous entoure tous. Vous marchez autour de moi. Le  village ressemble aux autres jours, sans la pluie, sans le morne du quotidien. Le cortège nous rend somptueux. Notre marche de groupe, solennelle, fait de chacun de nous un morceau de héros.

Ma personnalité imparfaite s'efface et la batterie des coeurs ensemble implose mes rêves. Il n'y a plus de moi, de toi, il n'y a plus que nous qui marchons sur la route des fleurs et de l'espoir. Notre espoir nous appelle, notre confiance nous porte, notre peur est finie pour toujours.

Les tambours et les cors chantonnent des valses berçantes et dynamisantes. Bercés, nos coeurs coulent d'amour. Dynamisés, nos jambes courent au tempo des lendemains qui chantent. Les enfants marchent avec nous : plus de femmes, plus d'hommes, plus d'âges : toutes les barrières sont mortes et la vie et sa liberté immense ont pris toute la place. Aux carrefours des chemins la musique reprend de plus belle et c'est toujours la plus grande route qui appelle. Nous marchons sans penser, le village est loin derrière nous maintenant et nous ne pensons qu'aux nuages qui nous précèdent.

Nous partons à la guerre.

 

 

José Vengeance Dos Guerreros, le lundi 4 janvier MMX, Paris le soir glacial.

lundi, 04 janvier 2010

Le courage et l'amour

 

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« Il m’ont tout ôté, hors mon cœur, qui me restera toujours pour vous aimer ».



Marie-Antoinette

 

mercredi, 23 décembre 2009

Commentaire de Mirimonde sur une Vanité

 

Commentaire d'Albert-Pomme de Mirimonde,
in Le langage secret de certains tableaux du Musée du Louvre
Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1984

 

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Vieillard en méditation

Peintre : Ferdinand Bol

Hollande XVIIème siècle (1616-1680)

 

Ce tableau fournit un bon exemple de "vanité à personnage". Pour animer l'allégorie de la vie, les artistes ont choisi, tour à tour, un bébé insouciant de l'avenir, un jeune garçon ou une jolie femme méditant sur la condition humaine ou un vieillard désabusé jugeant les activités illusoires de son existence. Les rembranesques étaient restés fidèles à ce thème : ce tableau en fournit une interprétation caractéristique.

 

La composition est soigneusement ordonnée et met en valeur les divers éléments du sujet. Les objets, symboliquement les trois vies possibles, sont posés sur une table recouverte d'un riche tapis. La vita pratica est consacrée à la recherche de la fortune, des honneurs et du pouvoir. Ici, un casque militaire, au plumet impressionnant, et une écharpe soyeuse, insigne de commandement, rappelle le rôle joué par celui qui les porta jadis. La vita voluptuaria se passe à assouvir les désirs des sens et l'amour charnel. Les "enfants" de Vénus qui s'y livrent éprouvent une passion pour la musique en raison de son influence aphrodisiaque. Comme l'a montré M. Bergström, dans les tableaux moralisateurs, les instruments ne sont pas une allusion à l'art sonore, mais à la luxure. Ici, le choix est significatif. La flûte traversière, placée devant le livre, suggère, comme la flûte à bec, une métaphore phallique - qui subsiste encore dans le langage populaire. Ce sens grivois transparaît dans les nombreuses Leçons de flûte peintes par de petits Maîtres au XVIIème siècle. Quant au beau luth, couché sur sa face, au second plan, il était le complice des séducteurs pour charmer les belles ou apitoyer les cruelles qui affectaient l'indifférence ou simulaient le dédain. Bien en vue, ouvert sur un pupitre, un grand livre, que nul ne consulte plus, laisse apercevoir des feuillets froissés. La vita contemplativa consacrée à l'étude est, elle aussi transitoire, donc décevante.

 

Une chandelle éteinte indique que la vie touche à son terme. Au premier plan, un crâne édenté semble ricaner en guettant le vieillard assis devant lui. Frileusement vêtu d'une robe de chambre, les mains appuyées sur une canne devenue indispensable pour faciliter sa marche, le vieil homme tient sans le regarder un papier - peut-être quelque memento mori. Il se détourne pour ne plus voir les épaves de son passé : honneurs abolis, amours défuntes, savoir périmé. Tout ceci va retourner au néant et il en a conscience. Immobile, solitaire, entouré d'une pénombre qui s'épaissit, il regarde fixement le vide. Sans rien de théâtral, l'oeuvre retrace le drame qui marque la fin d'une vie mal vécue, lorsque l'homme, laissé à lui-même, n'a plus le secours des gestes quotidiens et qu'il aperçoit la futilité de ce qu'il a tenté. Impuissant, il survit à ses illusions : amère leçon. Au fond, l'artiste a placé une sphère, symbole du monde, pour attester l'universalité de cet enseignement destiné à mettre en garde les spectateurs.

 

jeudi, 03 décembre 2009

Engels et le dépérissement de l'Etat


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photo Sara

Etrange de savoir à quel point Engels croyait à l'abolition de l'Etat quand le communisme nous a réalisé le contraire... 
 

"Le prolétariat s'empare de la puissance de l'Etat et transforme les moyens de production tout d'abord en propriété de l'Etat. Mais par là il s'abolit lui-même en tant que prolétariat ; par là, il abolit toutes les différences et tous les antagonismes de classe, et par là aussi, l'Etat en tant qu'Etat. L'ancienne société qui se mouvait dans les antagonismes de classes, avait absolument besoin de l'Etat, c'est à dire d'une organisation de la classe exploitrice de l'époque, faite pour assurer la persistance de ses conditions extérieures de production, notamment, en conséquence pour maintenir par la force la classe exploitée dans des conditions d'oppression exigées par le mode de production existant (esclavage, servage, travail salarié). L'Etat était le représentant officiel de la société toute entière, sa synthèse en un corps visible, mais il ne l'était que dans la mesure où il était l'Etat de la classe qui elle-même représentait pour son époque la société toute entière : dans l'Antiquité, Etat des citoyens propriétaires d'esclaves ; au moyen âge, Etat de la noblesse féodale ; de nos jours, Etat de la bourgeoisie. Mais, du fait qu'il devient enfin le représentant effectif de la société toute entière, lui-même se rend superflu. Dès qu'il n'y a plus de classe sociale à maintenir dans l'oppression ; dès qu'avec la domination de la classe et la lutte pour l'existence individuelle antérieurement fondée sur l'anarchie de la production, disparaissent aussi les collisions et les excès qui en résultaient, il n'y a plus à réprimer rien de ce qui rendait nécessaire un pouvoir spécial de répression, un Etat. Le premier acte par lequel l'Etat se manifeste réellement comme représentant de la société toute entière, la prise de possession des moyens de production au nom de la société, est en même temps son dernier acte caractéristique d'Etat. L'intervention d'un pouvoir d'Etat dans les rapports sociaux devient superflue dans un domaine après l'autre, et entre ensuite d'elle-même en sommeil. Le gouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction d'opérations de production. L'Etat n'est pas aboli ; il meurt". 

 

Engels, in Anti-Dühring

vendredi, 20 novembre 2009

François-Joseph Westermann

 

La rubrique Exterminator rappelle que certains hommes sont fous et qu'ils obtiennent souvent un grand succès. 
 

L'extermination d'autrui a toujours été une activité prisée.

AlmaSoror crée aujourd'hui la rubrique EXTERMINATOR en hommage aux exterminés ; nous espérons aussi, par cette série de courtes citations des bourreaux, contribuer à mettre au jour les méandres intérieurs de ce personnage très présent dans l'histoire des hommes : Exterminator. 

 

Qui est Exterminatator ? Après avoir présenté Exterminator Sennacherib, qui massacra la population de Bablylone, voici Exterminator Westermann, l'homme qui écrasa la Vendée, en éventrant, incendiant, passant les chairs à la baïonnette.

 

couloir du Kot.jpg

Phot de Sara

 

 

« Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé ».

 

(lettre au comité de salut public)

 

F-J Westermann, Révolutionnaire français, surnommé le boucher de la Vendée, a une rue dans le vingtième arrondissement de Paris.

dimanche, 15 novembre 2009

Du prisme de Sennacherib

La rubrique Exterminator rappelle que certains hommes sont fous de sang et de destruction ; et qu'ils obtiennent souvent un grand succès. 
 

L'extermination d'autrui a toujours été une activité prisée.

AlmaSoror crée aujourd'hui la rubrique EXTERMINATOR en hommage aux exterminés ; nous espérons aussi, par cette série de courtes citations des bourreaux, contribuer à mettre au jour les méandres intérieurs de ce personnage très présent dans l'histoire des hommes : Exterminator. 

Qui est Exterminatator ? Nous commençons avec Sennachérib, l'homme qui se vanta d'avoir rasé Babylone sans laisser de survivants. 

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"Dans les rues et sur les places traînaient des corps, que personne n’enterrait. La ville a été prise par la famine. Alors commença la tuerie. Je n' ai pas épargné les habitants, ni vieux, ni jeunes. J’ai couvert de leurs corps tous les quartiers. J' ai tout raflé et tout détruit, les maisons ont été ravagées par le feu des fondations aux toits. J’ai creusé des fossés le long de la ville, j’ai inondé ce lieu, j’ai détruit les bâtiments jusqu'aux fondations. J'ai anéanti (Babylone) plus que le déluge ne l’avait fait"

 

Sennacherib (vers 700 avant Jésus Christ)

Propos extrait du prisme de Sennacherib, conservé au musée de Chicago.

 

( On peut lire, en anglais, les ouvrages de Daniel David Luckenbill ; en polonais, celui de Piotr Biziuk)

mercredi, 28 octobre 2009

Il fallait. Sur un air de Radiohead

 angoulème place de hotel.jpgPhot. Hôtel d'Angoulême, par Sara

 

 

Il fallait. 

C'est la phrase que tu as dit lorsque nous l'avons découvert dans cet état. 

Et c'est la phrase qui accompagne mes insomnies, depuis. 

Il fallait.

Il fallait que la chanson Exit Music enveloppe tout l'immeuble cet après-midi là. 

Il fallait que tes mains soient gantées ; il fallait que mes épaules se recroquevillent de froid. 

Il fallait que la douche soit grise, il fallait que l'hiver soit dur, il fallait que le vent souffle trop vite sur nos vies. 

Il fallait que la voix de cet anglais décadent ait bercé nos amours et nos gestes, il fallait qu'elle accompagne aussi ce moment là. 

Et dans son appartement où tout traînait sens dessus dessous, la fin de la chanson nous parlait trop durement. 

Mais je l'aimais, et j'espérais qu'elle nous avait aimés. 
 

Edith de CL

mardi, 27 octobre 2009

Amour trop triste

 

 

 

 

Tu sais, je n’écris plus jamais de lettres d’amour. C’est trop triste. Nos coeurs battent et crèvent d’aimer et d’être aimer et plus jamais nous ne pouvons croire en vrai à une histoire belle quand nous avons connu la brisure de l’âme. Alors ne m’en veuilles pas si je ne sais pas bien quoi te dire. J’aime que nous soyions proches et que nous soyions ensemble même lorsque nous sommes loin. J’aime l’idée que cela pourrait continuer encore longtemps. J’ai peur quelquefois d’être tout seul au moment de ma mort. Il n’y aurait personne autour et plus tard mon corps ne serait qu’une histoire anonyme et hygiéniste pour ceux qui le retrouveraient. On se dirait alors que c’est bien triste, mais ce qui est triste c’est surtout et plutôt cet amas d’histoires avortées. J’avais lu ce livre d’un libertarien américain, how to disappear completely and never be found, et j’avais pensé à tous ces abandonnés aux peines immenses et béantes à jamais. Moi, je ne disparaitrai jamais sans rien dire. C’est la seule chose que je peux te promettre. Pour le reste, je suis désolé. 


Et toi tu veux faire comme dans ce film de Pedro Almodovar, La Ley del deseo - la loi du désir : tu veux écrire une lettre d’amour parfaite et me l’envoyer pour que je la signe et te l’envoie. Et ça te faire rire jaune et ça me fait rire noir et tout est blanc autour de nous. Nous n’avons pas les mêmes histoires passées : nous n’avons pas d’autre solution que d’essayer de partager ce temps qui nous est offert en tâchant de nous comprendre et de nous pardonner. 


David Nathanaël Steene

 

Requiem La RSA/requiem vendéen

 

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podcast

Musique d'édith de CL

Photo de Sara

 

Vous écoutez une démo de l'introït du Requiem La RSA (vendéen). 

 

Le requiem La RSA (ou requiem vendéen) est brut, et c’est exprès.

C’est comme de la psalmodie très ancienne. On n’a pas encore développé l’art des mélismes, ces syllabes qui, comme la feuille d’automne, tourbillonnent en ondes avant de toucher le sol. Mais l’air est là, il est clair et facile. Le rythme ne passe pas par l’intellect. Un cousin, un fils non musicien peuvent le chanter. 

Quant aux paroles, qu’en dire ? Celles de la traditionnelle missa pro defunctis sont intemporelles, comme la vie, comme la mort, comme la foi. Il y a aussi l’ave maris stella, éclos au moyen-âge. La consécration à la Vierge de Saint Louis Marie Grignon de Montfort. Et une belle prière du Frère Christian de Chergé, de Tibhirine.