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mardi, 30 mars 2021

Journal de Kevin Motz-Loviet, les 30 mars

30 mars 2014, extrait

(Il est tard dans la nuit, je suis dans le lit de ma chambre chez Renaud) : L'océan, le sable, le train, les rails, les cris de la mère et de l'enfant, la gare, le bus, la foule, Bastille, Charonne, le boulevard Voltaire, Emmanuel et la Chine au cinquième étage, le resto-cantine de la rue d'en bas, le métro, la ligne 9, station Robespierre, la rue Barbès, la rue Raspail, la rue Marceau, l'hôte et sa belle voix grave, l'heure qui s'étire, les yeux qui s'écarquillent, le lit m'appelle - le lendemain est déjà là).

 

30 mars 2017, extrait

quel est l’intérêt du journal de Baude Fastoul ? Je pense malheureusement qu’il n’est pas littéraire : je m’y répète, je n’écris pas si bien, avec des lourdeurs. Ce n’est pas construit puisque j’écris ce qui me vient à certains moments. Ce n’est pas stylisé puisque je m’interdis de le retoucher, hors pour corriger des fautes de frappe ou d’orthographe. Même lorsque j’ai honte de ce qui est écrit, lorsque j’ai changé d’avis, je laisse tel quel les entrées des jours passés. J’y suis toujours sincère, profondément sincère, mais pas exhaustif, je préfère me taire que travestir et je n’ai pas envie de tout dire, de tout montrer. Ce n’est donc pas l’histoire complète d’une âme, ni celle d’une vie. C’est un journal imparfait à tous les égards. Quel est, donc, son intérêt ? Pour moi, celui de me souvenir d’événements et d’états d’esprit de ma vie passée. Pour d’hypothétiques lecteurs ? Mystère !

vendredi, 19 mars 2021

Sils (poème de l'hiver 2020)

Sils Maria, 1999 : naissance d'un amour au bar de l'hôtel, écriture du dernier roman du siècle.

Sils 1999, point sur une droite, convergence des lignes.

Ta neige innombrable.

 

Europe, suite d'alternance entre la renaissance classique et la mystique médiévale. Homme et femme, l'homosexualité n'est qu'un répit dans votre guerre de cent ans sans cesse recommencée. Une trêve du sexe déguisée en sexe.

Ton sperme glacé.

 

Et Crécy en Ponthieu, et les Thermopyles, sont nos combats renouvelés. Et perdre des batailles peut faire gagner la guerre ! Les trêves de dieu sont des jachères du sang.

Ton sang séché.

 

Le stratège Alexandre, l'Afrikakorps, nous ramènent au grand frère copte, le fils du pharaon, le frère du prêtre Jean.

L'eau de leur Nil.

 

Ni Sodome, ni Lesbos ; Nuremberg est l'Allemagne et l'erreur est comprise dans les calculs centraux. Nos corps à nouveau nus, notre vie revêtue de sens.

Ta peau très claire.

 

Déserts créés par les brûlis, maintenant vous avez soif et jalousez les champs gras, les sous-bois, les averses de France. L'histoire du monde est aiguillon de jalousie.
Ton désir inassouvi.

 

Dans douze années précises, 2033, un 20 mars encore, à Sils Maria, quelle heure ? Un rayon de soleil indompté, dans lequel danseront des éclats de poussière, un troupeau impalpable sous tes yeux fatigués.

Physique de la lumière, chimie des cendres, géométrie des particules.

Ta force latente.

 

Infatigable quête du nombre d'or de nos vies. Mes cheveux seront d'argent, tes cernes fanées. 34 ans se seront écoulés au service d'une discipline inutile, la seule qui vaille, l'équation des limons, la logique des pruines, l'arithmétique de la poussière.

Ta carotide fêlée.

 

Aujourd'hui, en toute sincérité, les montagnes paraissent dormir dans le canton des Grisons. Une pandémie de peur encombre les hôpitaux du monde, des couvre-feux dévalent les métropoles. Loin d'ici. Dans nos vallées, rien ne se ressent, rien ne se dit.

Ta voix oubliée.

 

Sils Maria, 2021, mort d'un amour au dernier matin de l'hiver, entre la fête de Joseph et le cinquième dimanche de carême.

Sils 2021, un salon d'hôtel silencieux, un programme informatique pour une sonde orbitale.

Nos neiges lumineuses.

 

Nota bene :

C'était le poème de l'hiver 2021

Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.

voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2017 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2018 ; 
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2019 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2020
Voici
قسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020

mercredi, 17 mars 2021

La circulation

Il y a un an, nous perdions notre liberté de circulation, cette insouciance du déplacement qui nous était habituelle, naturelle comme la respiration.

Je parie que nous la retrouverons un jour, malgré deux grandes ombres : la dictature sanitaire et antiterroriste avec ses bras de biotechnosurveillances, l'amour des humains pour le joug avec l’œil de la morale qui le maintient.

Quand je quitterai ce monde, ce soir ou dans quarante ans, je sais qu'il sera plus agréable, plus esthétique et plus calme que ces derniers temps.

jeudi, 11 mars 2021

"L’Église vit aujourd’hui un Vendredi saint."

J’ai mesuré à cette occasion que la vérité finit toujours par triompher sur le mensonge. Il ne sert à rien d’entrer dans de grandes campagnes de communication. Il suffit d’avoir le courage de rester vrais et libres.

Quel plaisir de lire cette belle entrevue avec le très profond et très spirituel cardinal Sarah.

lundi, 01 mars 2021

Ton épouse encore vierge

Il y a quelques années, David Hamilton, dont les photographies sont très belles, s'est suicidé suite à des accusations publiques et au désormais traditionnel tribunal médiatique. Je reconnais toute l'immonde salacité des vieux dégueulasses, qui n'étaient d'ailleurs pas si vieux lorsqu'ils sévissaient, mais pourquoi soudainement vouer aux gémonies des idoles qu'on a encensées exactement pour la même raison, c'est à dire pour une sulfureuse licence sexuelle ? Adulation et surtolérance ne sont que l'autre face de la détestation et de l'intolérance : l'expression de la lâcheté et d'une absence absolue de discernement.

Le monde entier est devenu une grande ligue de vertu. Mais il ne s'y trouve pas plus de morale et de Bien qu'hier...

Une photo d'Hamilton :

david  hamilton

(La sieste, de David Hamilton)

 

Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit :  » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,

Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard !  »

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal