Sils (poème de l'hiver 2020) (vendredi, 19 mars 2021)

Sils Maria, 1999 : naissance d'un amour au bar de l'hôtel, écriture du dernier roman du siècle.

Sils 1999, point sur une droite, convergence des lignes.

Ta neige innombrable.

 

Europe, suite d'alternance entre la renaissance classique et la mystique médiévale. Homme et femme, l'homosexualité n'est qu'un répit dans votre guerre de cent ans sans cesse recommencée. Une trêve du sexe déguisée en sexe.

Ton sperme glacé.

 

Et Crécy en Ponthieu, et les Thermopyles, sont nos combats renouvelés. Et perdre des batailles peut faire gagner la guerre ! Les trêves de dieu sont des jachères du sang.

Ton sang séché.

 

Le stratège Alexandre, l'Afrikakorps, nous ramènent au grand frère copte, le fils du pharaon, le frère du prêtre Jean.

L'eau de leur Nil.

 

Ni Sodome, ni Lesbos ; Nuremberg est l'Allemagne et l'erreur est comprise dans les calculs centraux. Nos corps à nouveau nus, notre vie revêtue de sens.

Ta peau très claire.

 

Déserts créés par les brûlis, maintenant vous avez soif et jalousez les champs gras, les sous-bois, les averses de France. L'histoire du monde est aiguillon de jalousie.
Ton désir inassouvi.

 

Dans douze années précises, 2033, un 20 mars encore, à Sils Maria, quelle heure ? Un rayon de soleil indompté, dans lequel danseront des éclats de poussière, un troupeau impalpable sous tes yeux fatigués.

Physique de la lumière, chimie des cendres, géométrie des particules.

Ta force latente.

 

Infatigable quête du nombre d'or de nos vies. Mes cheveux seront d'argent, tes cernes fanées. 34 ans se seront écoulés au service d'une discipline inutile, la seule qui vaille, l'équation des limons, la logique des pruines, l'arithmétique de la poussière.

Ta carotide fêlée.

 

Aujourd'hui, en toute sincérité, les montagnes paraissent dormir dans le canton des Grisons. Une pandémie de peur encombre les hôpitaux du monde, des couvre-feux dévalent les métropoles. Loin d'ici. Dans nos vallées, rien ne se ressent, rien ne se dit.

Ta voix oubliée.

 

Sils Maria, 2021, mort d'un amour au dernier matin de l'hiver, entre la fête de Joseph et le cinquième dimanche de carême.

Sils 2021, un salon d'hôtel silencieux, un programme informatique pour une sonde orbitale.

Nos neiges lumineuses.

 

Nota bene :

C'était le poème de l'hiver 2021

Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.

voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2017 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2018 ; 
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2019 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2020
Voici
قسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020

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