samedi, 21 mars 2020
قسنطينة poème du printemps 2020
Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.
voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2017 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ;
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ;
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ;
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2018 ;
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ;
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018,
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2019 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2020
Constantine
Sur tes ponts suspendus, Constantine,
Les soleils se couchaient en murmurant à l'âme
Les arcanes d'un présent perpétuel,
Et dans tes rues et dans tes ruelles,
Le silence descendait en menace constante.
Au fond des maisons et des cours,
A travers les feuillages fragiles,
Se glissait un secret que nous n'entendions pas.
Il se faufilait par tes toits,
Ville de l'attente, Constantine !
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mercredi, 17 juillet 2019
Signe de vie
Comme un poème insomniaque, marchant à travers les platebandes de la nuit,
j'ai bu un rêve d'alcool et de glaçons.
J'ai réveillé Satan, le petit chien qui dormait sous l'établi,
et Simplet, le coq aux cent contrefaçons.
Nous avons rassemblé les enfants des montagnes
et les adolescents des plaines
pour traverser les monts, les cratères et les campagnes
jusqu'aux frontières de l'extinction des peines.
Nous chantions en courant à travers les hautes herbes,
heureux, enfin libres.
La mort nous expliquait, en refrains et en proverbes,
que la vie n'était qu'un vieux livre.
Délivrés nous fûmes, de l'injuste et du cruel,
délivrés par la course à la Grande Ourse,
délivrés de la griffe du réel,
nous respirions du rire et de la mousse.
Lointain écho sur les terres d'AlmaSoror : Jour de Sleipnir
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dimanche, 10 mars 2013
5 à 7 début mars, par N Steene
« La pluie percussionne les toits, les trottoirs, les meubles urbains, une lumière d'orage descend sur la ville, en un instant la majorité des gens a disparu sous des auvents, dans des immeubles, et il ne reste que les chevaliers des tempêtes urbaines pour courir sous les gouttes froides. Je t'aime mais tu n'es plus là. Peu importe. La pluie lave tout, emporte tout, sous ses vibrations me voilà en apesanteur. Et j'écoute, j'écoute Chrysler, de Yellow, et j'écoute les Nuits fauves, de Fauve.
Se mêlent dans ma vie la nuit des sens et la musique du monde, la nuit du monde et la musique des sens. J'entends que peu à peu le soir tombe et abaisse ses barrières sur le flux des foules. J'attends en écoutant la pluie et leurs musiques, j'aspire à oublier ta voix, ton ombre, la charnelle présence qui était tienne, mienne, avant le fracas du téléphone. Tous les discours mourront dans le Poème. N'attachons plus d'importance aux idées, futiles comme un pot de nutella. Seul compte l'amour – de l'homme, de l'art, de l'eau.»
Nadège Steene
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lundi, 01 février 2010
Le train rouge
Le train rouge a filé sur les brumes du ciel
et l'enfant qui savait a sucé le bonbon
j'oublie tout des années de silence cruel
je maudis la raison.
les voix coulent ce soir et les coeurs téléphonent
dans l'immense brouillard du restaurant d’hôtel
il a plu sur la ville et les motards frissonnent
en attendant le temps des duels
et nos mains ont voulu recommencer l'amour
mais les yeux trahissaient les rancoeurs du passé
et l’enfant qui savait l’indigence du jour
souriait à la nuit à quelques pas du pré
La nuit n’a jamais sauvé personne
au bout de sa route nous sommes tous demi-loups
Dans le creux de tes bras mon coeur frissonne
et mon âme est partie avec les douze coups
Mon coeur tatonne, mes doigts cherchent l’aurore
Mais l’esprit souffle où il peut.
Et dans le grand désert poussiéreux de mon corps
il n’y a plus de feu.
Édith de CL
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mardi, 29 décembre 2009
Venise
À Venise qui choit dans la lagune
J'ai oublié mes rêves américains
J'ai pleuré à minuit sous la lune
En froissant de longs doigts dans mes mains
J'ai eu peur de ces êtres qui passent
Et vous marquent la peau de leurs dents
J'ai toujours fui les nuits où l'on chasse
Un fantôme à étreindre un moment
Pourtant, loin des immenses déserts
Que traversent des villes géantes,
J'ai aimé sous un vieux lampadaire
Un garçon vénitien de vingt ans
Et je traîne la mémoire ardente
De ville en port, de forêt en dune,
Le souvenir d'un halo de lune
D'un frisson dont renaissent mes trente ans
À Venise qui choit dans la lagune
J'ai oublié mes rêves américains
J'ai frémi à minuit sous la lune
En froissant de longs doigts dans mes mains
Édith de Cornulier-Lucinière
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mardi, 30 juin 2009
L'homme des mégalopoles...
Le rêve de liberté
Chateaubriand
Mon rêve de liberté commence avec l’espace. J’ouvre les yeux à l’aube et veux me mouvoir : un mur me fait face, mais il comporte une fenêtre. J’ouvre la fenêtre, écarte les volets. Point de ciel : un mur, celui de l’immeuble d’en face. Je descends les escaliers. Je prends une clef, pour remonter. Je prends une carte bleue, pour acheter.
Je marche, et les rangées d’immeubles élèvent un couloir en haut duquel un fin rectangle de ciel brille.
Mon rêve de liberté se fracasse sur l’angoisse de nos jours bétonnés.
L’homme des mégalopoles : il marche.
Des panneaux le guident dans les endroits permis, le détournent des sens interdits.
Il marche, pieds emprisonnés dans des chaussures, sur l’asphalte gris où rien de vert ne pousse. Entourés de grillages, un arbre, tous les deux mètres, décore la rue. Avenues, boulevards, rues, impasses, qui a imaginé pareils couloirs ? Sur de grandes rangées filent les voitures. Les humains, sur les trottoirs qui bordent ces rangées, filent moins vite. Savent-ils tous où ils vont ? Cela dépend de leur esprit. Certains ont l’esprit éteint, mais leurs jambes savent, elles, et leurs chaussures et leurs pantalons se déplacent mécaniquement. D’autres ont l’esprit miné par les questions : la porte sera-t-elle ouverte ? Ai-je bien les informations qu’on me demandera ? Vais-je retrouver Derek ? L’homme à l’esprit rêveur erre. Il n’a ni rendez-vous, ni convocation, ni but, ni ami. Il tourne, suit une avenue, traverse la vaste rangée de voitures qui, au signal d’une lumière rouge, se sont arrêtées. Il avance, recule, tourne, hésite, s’engouffre.
Dans le labyrinthe de la ville, l’homme des mégalopoles se réfugie dans son labyrinthe intérieur.
Mon rêve de liberté se poursuit dans la rue quand l’aube fait place au jour et que les boutiques s’ouvrent.
Je déambule dans un grand magasin. Des photographies prises dans le monde entier dominent mon être. Pyramides, Macchu Picchu, et les étalages de merveilles ressemblent aux jardins de Babylone.
A la porte du magasin, un panneau d’affichage porte deux affiches. Un vaisseau spatial, une femme nue qui appelle le passant dérangé. Au pied du panneau dort un clochard. Ni les affiches, ni le clochard n’appellent mon cœur.
Mon rêve de liberté se fracasse sur la béance du regard blasé.
L’homme des mégalopoles marche sans cesse. Quand la fatigue le saoule, après des milliers de pas, monte en lui une vision agraire de la ville.
Alors les champs de bars s’étendent à perte de vue… Et, le long des sillons de la ville, défilent des tracteurs de pollution. Le temps des semences est éternel.
Le tournoiement obsessionnel, fulgurant, magnifique, scintillant des phares et des réverbères de la mégalopole entrecoupe les rêves d’angoisse, noie la pensée réaliste, mais fait aussi jaillir la réflexion.
Quand on marche longtemps, la fatigue harasse le cerveau de nouvelles idées : juger de la valeur des êtres en fonction de leur espèce est aussi idiot que de les juger, au sein d’une espèce, en fonction de leur race : ne sommes nous pas tous chair perdue dans le béton froid des constructions ou dans la sauvagerie brûlante de la nature ?
Cet humain lambda, qui déambule dans une mégalopole moderne, longe les boucheries où pendent des cadavres, traverse des rayons où des bouts d’êtres sont à vendre dans des emballages de plastic. Il accélère son pas pour oublier les pensées « ridicules » de fraternité pour les animaux : sa solitude, le balancement entre, d’un côté, la normalité et son confort, et de l’autre, son cœur. Et le voilà qui trébuche contre un frère humain, errant allongé dans sa misère sur le macadam. L’alternance entre les émanations grouillantes de la ville et sa pensée lancinante, devient presque obsession.
Pour celui qui veut s’exprimer, pour celui qui veut agir, quelle est la voie la plus fluide ?
L’angoisse de la technique, c’est la difficulté des outils qui fait barrage à mon envie de réalisation.
L’angoisse de l’administratif, c’est la peur de ces droits qu’on me donne et qui se traduisent par des processus administratifs, des passes, des puces, des chiffres et des mots secs.
Je refuse mon nom, je refuse mon sexe, je refuse ma nation, parce que ce ne sont pas les miens : on me les a scellés sur mon passeport.
Mon rêve de liberté se fracasse sur l’identité dans laquelle on m’a enfermée.
Il marche. Il observe. Il entoure. Tout le suffoque. Il marche. Dans le labyrinthe de la mégalopole, l’homme marche.
Il s’enfonce à chaque pas plus profondément dans le labyrinthe, et cherche à entendre les choses qui parlent. Mais la nature n’est plus, et les objets sont raides et vides, muets. Odeurs, sirènes, klaxons, scintillements, font bourdonner sa tête mais n’effacent pas le questionnement qui monte comme une chanson obsédante.
Loin du ciel et loin de la terre, au milieu des voitures, des lumières, du béton et des ondes, l’homme des mégalopoles ferme les yeux. Il rêve.
L’homme des mégalopoles n’a pas couru depuis longtemps sur une étendue vide.
L’homme des mégalopoles n’a pas contemplé depuis longtemps un horizon total.
Dans le labyrinthe de la ville, l’homme des mégalopoles se réfugie, se noie, se perd dans son labyrinthe intérieur.
L’homme des mégalopoles est un aventurier ?
Qu’est l’aventure ?
C’est un chemin intérieur de découverte. Découverte de la beauté et de la douleur du monde.
Que l’on voyage à travers le monde ou que l’on reste chez soi, enfermé, ne change rien.
Comme le rêve de la rencontre idéale, le rêve de liberté mène à la réalité du rêve fracassé.
L’espace est mental ; l’espace est psychique ; l’espace est visuel ; l’espace est physique ; l’espace est intérieur et extérieur : l’espace est vital.
Après la nuit qui m’a lavée de la connaissance du jour, j’ouvre les yeux à l’aube et je veux me mouvoir. Mon rêve de liberté commence avec l’espace.
Edith de Cornulier-Lucinière
Décembre 2006
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vendredi, 06 février 2009
Désir du soir
Quand la ville entre dans le noir, tes yeux s’allument différemment.
Alors a lieu une fable nocturne.
Les rideaux du soir s’ouvrent sur le théâtre de la nuit. Les personnages entrent en scène.
Le soulographe, la prostituée, l’enfant fugueur. Quelques soldats en uniforme, désoeuvrés. Les masques sont fabuleux ; le rouge à lèvres déchire la nuit.
Un cri : un chien veut témoigner mais les mots ne lui viennent pas. On sait qu’il sait. Il sait qu’il sait, il sait qu’on sait qu’il sait. Entre la souffrance et la communication, naît le monde de la poésie. Nous rêvons tous d’un ange, nous sentons une présence, nous attendons. Le temps s’installe, assis dans la nuit, patient. Le sommeil me fait peur : je veux retourner à Insomniapolis.
L’aube est à l’autre bout du monde.
!
Hélène Lammermoor
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