mercredi, 01 avril 2015
La salutation au soleil
Voix intimes hantant les mémoires des êtres à la tombée du soir ; poussière dansant dans les obliques rayons de lumière ; dernière fête des couleurs avant l'avancée de la nuit. Tu ne milites plus dans une association de rebelles pour abolir le capitalisme : tu l'abolis dans ton cœur pour éteindre tout désir consumériste. Tu cultives la joie de l'instant et le contentement de toutes choses, puisque l'insatisfaction est le moteur de l'achat, tandis que la tranquille paix du cœur t'en détourne.
Qui est ce chien, qui passe, au fond de la rue ?
Je coexiste avec toi, je m'assois au bord de la route et je ne sais pas s'il fait frais ou chaud, je me demande quels sont mes meilleurs souvenirs. Une chienne et sa complicité tendre sur une prairie en pente devant un étang du bocage, ou sur les marches d'un perron dans une capitale. Des jours entiers à méditer les cours de Nicolas Opritescu pour le CNED et à écouter de la musique en regardant par la fenêtre les toits de la rue Daguerre et des rues avoisinantes. Des cigarettes allumées dans des cafés en écrivant et lisant des poèmes, dans tous les quartiers de Paris, et un weekend au milieu des collines du Var, entre un chai, une piscine et le chemin de la rivière.
MONEYWOMAN, tu me ressembles. Presque une sœur. Une alter-ego.
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jeudi, 31 juillet 2014
Musique d'un exil provincial
Vous lisez un texte qui fut chargé de liens qui coulaient entre ses veinures. Cliquez, visions sonores, images parlantes, qui sait ? L'écriture automatique n'a rien d'un tempo machinal. Mais les liens sont morts. Désactivés.
Les victimes des dictatures du monde entier souffrent de l'exil. Moi je ne fais que hanter les rues d'une province, à quelques heures de train-grande-vitesse de la capitale. Aussi mon exil est-il indicible, et je ne dis rien d'autre que ma joie du soleil. Grande joie du soleil, tu inondes mon être et tu accompagnes cette étonnante prolongation musicale qui a lieu jour après jour depuis la première fois où j'ai mis de la musique dans cet appartement éphémère.
J'ai des périodes planantes, atmosphériques et minimalistes . Dakota Suite. Hammock. Yellow 6. Biosphere
J'ai de longs tunnels de souvenirs. Dire Straits. U2.
J'ai des phases d'ascenseur. Tord Gustavsen Trio.
J'ai des descentes classiques, bien que ce mot ne convienne strictement pas à la musique qu'il englobe. Wagner. Schubert. En fait, il faudrait éliminer ce mot ridicule de classique et orienter les musiques selon d'autres catégories. Je m'y emploie :
Frank Martin, Francis Poulenc, Klaus Nomi et Nina Hagen, tous fils de l'épopée classieuse teintée de punk.
Dans la blancheur presque triste et si monotone de la ville tranquille, les affiches sur les devantures ou les radios dans les cafés parlent du vaste monde. Bombes sur la Palestine, attentats suicides sur Israël, et leurs émules dans les rues de Sarcelles, Paris, Marseille. Guerres importées par l'immigration, guerres exportées par les besoins insatiables du capitalisme en Syrie et en Afghanistan, destruction de pays au nom de la démocratie et des droits de l'homme, catéchisme souillé par ses clercs, comme tous les catéchismes. Christ trahi par les églises, droits de l'homme trahis par ceux qui en vivent (Proudhon : « la pensée d'un homme en place, c'est son traitement »).
Interzone, je te suis dans les méandres mécaniques de ton tempo trop lent. Tu sais détruire les fragiles édifications intellectuelles, tu sais effacer les dialogues trop ressassés.
Vidéos pour faire le vide. Contrairement à une voiture qui s'arrête à des stations essence pour faire le plein, je dois quelquefois cesser toute action pour faire le vide. Le miroir s'enfonce dans le miroir dans un château bourguignon, non loin de Montréal. Des images se succèdent, défilé à peine lyrique des formes pures. Ou quel fou laissa ce bateau amarré voguer quand même de longues minutes sous le joug sonore scandinave ?
Tout cela ne vous emportera peut-être pas aussi loin que mon rêve. Chacun, nous avons nos rêves, qui qui sait d'où ils viennent et où ils iront. La vie qui nous est donnée est courte et amputée déjà, dès le départ, par l'atrophie des pensées et des sentiments. Nos sensations nous blessent ou nous exaltent, mais les voilà déjà parties. Je me regarde dans la glace comme la plupart de mes contemporains, cette foule sans idéaux, et je ne sais pas qui je suis. Peu importe, le temps passe, la mort viendra bien, bien avant que j'aie tenté quelque chose. À moins que je n'essaye dès aujourd'hui ? Lire, écrire, penser, agir, construire quelque chose, là où la loi a oublié de l'interdire, là où le regard d'autrui ne songe pas à se poser.
Ils reviennent de vacances et déploient leurs photographies mais je n'ai aucun album à dévoiler de mon grand voyage intérieur. Pourtant j'ai vu des choses, sombres et pleines de lumière, le matin et le soir, et j'ai vaincu le Temps.
Peut-être aussi que j'écoute les départs pour oublier le Départ ; peut-être que je fuis les tropiques parce que j'attends les Tropiques. Peut-être que je vois des bulles pour être soûle, soûle, soûle. Peut-être qu'une étoile m'a ouvert des portes de la perception ?
C'était l'époque où je cherchais partout quelqu'un que je ne rencontrais pas, quelqu'un qui ait du charme, un charme fou et irrécupérable. C'était l'époque des arbres teintés de tous les verts nacrés dans la forêt touffue d'un décembre doux. Une forêt montagnarde où les feuilles des arbres ne tombent pas. Je voudrais réussir cette acrobatie, d'être fière de moi sans que personne ne soit jaloux de moi. Je voudrais vous éclabousser de mes rêves et de mes toiles d'araignée, de mes baisers de pluie, de mes rires éclatants, sans que vous en preniez ombrage. Les charismes nés de tromperies ou de mensonges ont des postérités désagréables.
Un autre jour ou dans un autre cauchemar (comment savoir?) une femme commentait négativement sa vie. L'insatisfaction se focalisait sur le destin qu'elle n'avait pas choisi. Il faut choisir, choisir, car toutes les erreurs valent mieux que l'aigreur d'avoir laissé passer les événements sans jamais rien en décider. Mieux vaut mille erreurs que l'aigreur. Mieux vaut des nuits sur le bitume que sur une couette trop d'amertume. Si tu ne choisis rien, choisis au moins de ne pas choisir, et que ton sacrifice soit consenti en héros qui porte sa croix.
Mar desconocido, mer inconnue, mer intérieure, mer amère et trop profonde, mer silencieuse de méandres et d'abysses, mer muette, mer peuplée de poissons et de créatures qui se désintègrent dès que la lumière les capture. C'est toi que je veux conquérir, toi qui brasses tes tonnes aquatiques à l'intérieur de mon corps, et pour cela je n'ai qu'à fermer les yeux. Tous les tours du monde trompent l'ennui. Toi, tu es brute, trop brute, étrangère à la tricherie. Tu m'appelles, tu m'attends, je te crains et je t'aime.
Tu m'emporteras.
Mais pour l'heure, le soleil tourne dans la cour comme un moulin. Le vent écoute sa propre voix. Au loin les passants conversent sans y penser, sur le chemin de la ville qui mène aux dunes.
Une femme écrit un texto qui mentionne « une couleur, une ampleur, une musique jusque-là inconnues ». Je crois entendre la poésie magnétique qui nous garde, enlacé(e)s à l'existence comme un fruit à son arbre.
Bande originale de cette errance :
Because our lie breathes differently - par Dakota Suite
I can almost see you - par Hammock
Maré - par Yellow 6 (alias Jon Atwood)
Laïka - par Biosphere (alias Geir Jenssen)
Water of Love - par Dire Straits
Numb - par U2
Being there - par Tord Gustavsen Trio
Extrait des pèlerins de Tannhauser - par Richard Wagner
Standchen (Sérénade) - par Franz Schubert
Messe pour double chœur - par Frank Martin
Finale du Dialogue des Carmélites - par Francis Poulenc
The Cold Song de Purcell - interprété par Klaus Nomi
Naturträne - par Nina Hagen
Interzone - par Serge Teyssot-Gay et Khaled AlJaramani
Spiegel im Spiegel, d'Arvo Pärt - interprété par Esmerine au château de Monthelon
Between Signal & Noise - par Eivind Aarset et Nils Petter Molvaer
Le départ - par Amandine Maissiat
Tropiques - par Amandine Maissiat
Soule - par Amandine Maissiat
Film :
The third & the seventh - par Alex Roman
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samedi, 01 février 2014
La vie tranquille de Dylan-Sébastien M-T
Tu t'appelles Dylan-Sébastien M-T et tu vis dans une maison du port des Sables, qui comporte trois étages d'une pièce chacun (le salon-bar, la chambre, le bureau-chambre d'ami), une toute petite cave, un jardin ; tu te lèves vers huit heures chaque matin et tu bois ton café en caleçon et T-shirt, en regardant l'activité du port de pêche. Tu te douches en écoutant Fare Well, de Terje Rypdal, ou encore les ballades de Nick Cave ou la musique des Shudder to think, c'est du moins ce que tu faisais quand j'étais là. Mais peut-être écoutes-tu parfois Niel Young, Patricia Kaas ou The Doors.
Tu allumes ton ordinateur et te mets au travail. Tu plonges dans le code informatique, je sais que ton projet est de créer des ponts entre le langage mathématique et le langage informatique, afin de simplifier leurs relations. Tu cherches un langage universel qui permettrait de « mathématiser » en ligne, au-delà des langues humaines. Pour créer une grande toile de création et d'information mathématique universelle. Tu t'y mets plusieurs heures et quand la musique s'éteint tu ne la rallumes pas ; tu es trop absorbé. Pendant ce temps, tes deux chiens beagles, en fonction du temps, farfouillent dans le jardin ou bien dorment, étendus lascivement sur le canapé en cuir noir qu'ils ont élu comme le leur.
Mais ils savent qu'à onze heures environ, vous irez tous trois, toi sur un vélo, eux à tes côtés, saluer les plages et l'océan, jusqu'aux dunes de l'Orbestier. Au retour, du feras une omelette à la ciboulette, un peu de fromage, une crème au caramel et un café, puis tu t'installeras dans un hamac pour lire, sous la conduite musicale douce et orientale d'Anouar Brahem. Tu liras peut-être Carpentier ou Faulkner, ou Marai, ou Franketienne, comme un voyage en Amérique, en Hongrie, en Haïti... Avant de te remettre à l'ordinateur.
A l'heure de l'apéritif, tu sors ta guitare électrique et tu sirotes ta bière, tu fumes un joint et tu joues en te prenant pour Jon Atwood de Yellow 6, parfois pour John Abercrombie, parfois encore pour Ry Cooder. Cela te fait plaisir et tu n'es pas si mauvais, même si c'est le moment où tes chiens préfèrent sortir respirer l'air frais du jardin – du jardin où herbes folles et herbes de cuisine mêlent leurs odeurs délirantes entre chien et loup. Thym, ciboulette, menthe, persil, diffusent leurs fragrances alentour et font frétiller les naseaux de Safran et Lune.
Souvent, tu sors dîner vers 20h, dans le port, sur le remblai ou dans la ville, avec tes quelques copains qui vivent sur la baie d'Olonne. Vous parlez de choses et d'autres, vous mentionnez divers événements de la ville ; Nico raconte ses virées en moto sur la D 85 ; Indiana ne dit rien mais chacun sait qu'il passe tout son temps libre à mater des mangas. Vanille se souvient de son amoureux de l'année dernière et imagine celui de l'été prochain.
Tu marches un peu dans le port à la nuit, admirant les étoiles, et puis tu rentres enfin. Dans ton lit, tu téléphones à ta sœur, puis tu lis ou tu envoies des sms aux copains de Nantes, de La Rochelle, de Paris et de Nancy. Puis tu t'endors doucement et tu ne fais presque jamais d'insomnies.
Bien sûr, le jeudi, tu te lèves plus tôt pour aller donner, toute la journée, des cours à la faculté de Nantes. Bien sûr, le dimanche tu te couches très tard car tu dois envoyer, avant de t'endormir, le billet d'humeur au site Internet InfoRmathématik. Mais ces deux obligations professionnelles, qui t'ennuient peut-être quelquefois, sont la condition de ta vie parfaite, de ta vie impeccable, de ta vie sans souci.
Tu réfléchis : si tu rencontrais une amoureuse, si elle voulait avoir un enfant avec toi, dirais-tu oui ? Oh, mais bien vite tu mets un album musical – par exemple un album de Biosphere ou de Yellow 6 – et la question se noie dans les volutes d'accords mineurs.
J'aimerais te ressembler, frère.
(On peut aller lire, sur l'Encyclopédie de l'agora, un article intéressant de Bernard Lebleu, "Le loisir entre oisiveté et désoeuvrement").
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mardi, 04 juin 2013
Le Temps, l'Ennui, la Mort
3 extraits sur le Passage du Temps, une photo de Sara, une musique de Biosphere
Ainsi s'écoule toute la vie ; on cherche le repos en combattant quelques obstacles et si on les a surmontés le repos devient insupportable par l'ennui qu'il engendre. Il en faut sortir et mendier le tumulte ; car ou l'on pense aux misères qu'on a ou à celles qui nous menacent. Et quand on se verrait même à l'abri de toutes parts, l'ennui de son autorité privée ne laisserait pas de sortir du fond du coeur où il a ses racines naturelles, et de remplir l'esprit de son venin.
Ainsi l'homme est si malheureux qu'il s'ennuierait même sans cause d'ennui par l'état propre de sa complexion. Et il est si vain qu'étant plein de mille choses essentielles d'ennui, la moindre chose comme un billard et une balle qu'il pousse suffisent pour le divertir.
Blaise Pascal - Pensées (Divertissement, IX, 168)
Plus je vais, plus je m'aperçois que la seule chose essentielle pour les hommes, c'est de tuer le temps. Dans cette vie dont nous chantons la brièveté sur tous les tons, notre plus grand ennemi, c'est le temps, dont nous avons toujours trop. A peine avons-nous un bonheur, ou l'amour, ou la gloire, ou la science, ou l'émotion d'un spectacle, ou celle d'une lecture, qu'il nous faut passer à un autre. Car que faire ? C'est là le grand mot.
Alfred de Vigny - Journal d'un poète
L'étude d'un vieillard, s'il lui en reste encore à faire, est uniquement d'apprendre à mourir, et c'est précisément cela qu'on fait le moins à mon âge ; on y pense à tout, hormis à cela. Tous les vieillards tiennent plus à la vie que les enfants, et en sortent de plus mauvaise grâce que les jeunes gens. C'est que, tous leurs travaux ayant été pour cette même vie, ils voient à sa fin qu'ils ont perdu leurs peines. Tous leurs soins, tous leurs biens, tous les fruits de leurs laborieuses veilles, ils quittent tout quand ils s'en vont. Ils n'ont songé à rien acquérir durant leur vie qu'ils pussent emporter à leur mort.
Jean Jacques Rousseau - Rêveries du promeneur solitaire (Troisième Promenade)
Lire sur AlmaSoror,
A propos d'ennui et de la quête lascive d'un bonheur inaccessible :
Le désillusionné (sur Abderramane III)
à propos de Vigny :
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mardi, 22 janvier 2013
Lettre à ma mutuelle
Le 21 janvier 2013
Chère madame,
Je reçois la lettre par laquelle, en me remerciant de ma confiance, vous m'envoyez l'avis d'échéance de mes cotisations 2013.
Hélas ! Toute ma confiance sera inutile. L'augmentation stupéfiante que vous m'imposez arrive à un moment où mes revenus sont loin de connaître une telle expansion.
Il me sera impossible de m'acquitter de ces grasses cotisations. Je suis dans l'obligation de résilier notre contrat et ai déjà suspendu les prélèvements automatiques.
Je renonce donc à avoir une mutuelle, car, comme l'aurait écrit Molière s'il vivait à notre époque, « Il faut une mutuelle pour vivre et non pas vivre pour avoir une mutuelle ».
Je vous prie de recevoir, chère madame, l'expression de ma grande considération,
Édith de Cornulier
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jeudi, 18 octobre 2012
Apnéiste des villes du Nord
Une journée d'octobre
Par David Nathanaël Steene
Dimanche... Rien à faire... Mais l'ordinateur est allumé.
10h49, je m'assois avec un café. J'écoute un documentaire sur l'océan abyssal, quelque fois je regarde les images. Je suis amer, car je ne suis pas chasseur de corail, ni plongeur « no limit ». Je suis cadre commercial et j'habite rue Berthillot.
Le café est presque froid.
Midi 57
Je me lève du fauteuil et me rends compte alors que j'étais assis de façon très inconfortable. Que s'est-il passé ? Ah oui, un café, un peu de musique et puis... La rêverie s'est installée. D'elle, j'ai tout oublié.
Je vais, je viens, dans le couloir, dans la cuisine, j'ai faim sans courage de manger, je cherche des choses à faire.
13h12
Je m'habille
13h26
J'ouvre le frigidaire, je mange des choses un peu à l'envers et je ris en songeant à certaines scènes de la semaine passée. Je ne me souviens plus de ce qui se passa hier. J'aimerais être avec quelqu'un, sans être pourtant trop dérangé.
14h14
Je regarde l'heure, elle est symétrique. Il y a un vieux carnet d'il y a dix ans, qui traîne depuis tout ce temps. Je vais écrire un poème.
16h
Assis, puis debout, puis assis, allant chercher de temps en temps de la lumière du dehors à la fenêtre surélevée des toilettes, j'écris un poème. J'en pleure presque. Il est raté, mais cela lui donne une certaine beauté.
Je suis revigoré par cette création ; je vais faire un café.
17h01
J'ai bu du café, relu mon poème, ouvert des livres et je viens de mettre une liste musicale sur mon ordinateur. Le premier morceau coule : C'est Mom's Mercedes, des Shudder to Think.
18h49
Oh la la, quelles musiques viennent de couler dans cette pièce tellement vide que j'ai presque l'impression de ne pas exister.
Shudder to Think, Patti Smith, Biosphere, Schubert, Eric Serra, Monteverdi, Maurice Fanon, The Doors, Tom Waits, Louise Attaque, Carlo d'Alessio, Craig Armstrong, Christophe Bertrand, Nino Rota.
Je vais me changer, pour être beau ce soir.
19h37
Je me suis douché, changé, rasé et je suis beau, prêt à sortir dans la ville. J'ai l'air fort dans le miroir, ce qui me fait sourire.
20h23
En fait, je ne vais pas aller à la soirée d’Édith de Cornulier-Lucinière. Elle me fait peur avec ses nouvelles idées, et puis je ne supporte pas les conversations du dimanche soir. Je vais rester ce soir chez moi, et j'ouvre la bouteille de Meursault d'oncle Thomas.
J'écoute une musique des Voyageurs des 7 songes et Francis Coffinet. Le Meursault s'invite et modifie l'essence même de la musique et du poème.
...« révolution de chair et de conscience au coin du plexus solaire »...
Alliage étrange de Meursault et de Francis Coffinet : la nuit s'ouvre doucement. Le feu intérieur se consume, avale le vide extérieur. Je suis l'apnéiste des villes du Nord.
DN Steene
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mardi, 28 août 2012
Rougevent
Souffle le vent rouge, sur la plaine ouverte comme un cœur enfantin. Dort le fils, au fond de la maison. Murmure la femme, une douce chanson. D'anciennes paroles fendent la campagne, personne ne les entend. Dans la chapelle close la Vierge pleure doucement. Elle attend. Moi j'erre dans ce monde mort, dans ma vie moderne et sans chaleur. J'ai mon casque de motarde et mes bottes de ville. Je marche sur la route qui déchire les champs d'orge. Ce soir, lune d'orge.
Le vent rougeoie. Il n'a pas d'haleine, ni de tiédeur. Il n'a pas d'odeur. Il souffle sans cesser de songer aux mauves et aux violettes qu'il faut aérer. Les boutons d'or montrent leur or et disent souriants qu'ils ont droit aussi à la chaleur caressante du vent.
Pourquoi les hommes frissonnent-ils à la porte du bar dont le rideau métallique s'ouvre ou se ferme ? Le vent n'apporte pas le froid.
Et le fils dort, et l'homme est loin, et la femme chante, et les oiseaux picorent des brindilles et des graines. Je vais partir ce soir. La plaine ne se plaint pas dans sa solitude. Aujourd'hui le vent est rouge.
Edith CL
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jeudi, 29 mars 2012
Musiques de notre monde
Billet dédié à Sara
Les passions sont létales et les armes fatales. La musique sert souvent d'appât. Pourtant, si elle sait faire chuter, elle peut aussi sauver : elle peut sauver l'individu, l'amour, le monde...
Je ne veux pas classer les musiques en fonction de leur mode de financement et de diffusion, ce qui donnerait : musique contemporaine, musique de film, pop rock & folk, musique du monde, variété...
Mais parler des musiciens que j'ai découverts, qui me sont à peu près contemporains, que j'écoute et que j'aime. Dire deux ou trois choses que je sais d'eux et vous proposer d'écouter...
Simple exposition de quelques musiciens que j'aime écouter, ce tout petit parcours n'est ni exhaustif, ni structuré. En outre, j'ignore dans ce billet la chanson, je me cantonne aux musiques qui ne servent pas de texte (un texte peut éventuellement les servir...)
Olivier Greif
« Un jour viendra – je ne serai plus de ce monde – où ma musique vous submergera de son évidence ».
Un pays ? La France. Une religion ? La judaïté, en quelque sorte, et la philosophie indienne. Madame la mort l'a abattu en 2000.
Trio pour piano :
Terje Rypdal
Un pays ? La Norvège. Un métier ? Electro-guitariste et compositeur.
Une religion ? La Nature.
Se laisser envelopper par un vaisseau de son et partir en voyage loin, loin dans les profondeurs du monde imaginal.
Double concerto, second mouvement :
Planer dans les volutes de l'orgue minéral, se laisser caresser par la guitare qui tente des approches douces et moins douces. Sentir les percussions qui montent des entrailles.
Arvo Pärt
Un pays ? L'Estonie. Une religion ? Le christianisme orthodoxe. Une révélation dans sa vie ? Le plain-chant grégorien.
Da pacem :
Anouar Brahem
"C'est la nature de la musique et l'exigence de la composition qui déterminent
le rôle de l'instrument."
Un pays : la Tunisie. Un amour : le oud (luth). Une inspiration : deux ! Le jazz et la musique traditionnelle de oud.
Astrakhan Café
Biosphere
L'homme qui se cache derrière Biosphere s'appelle Geir Jensson.
Un pays ? La Norvège. Une religion ? Deux ! La nature et la technique.
Son site officiel...
Laïka s'inspire sans nul doute de la pauvre petite chienne qu'AlmaSoror avait évoquée ici. J'imagine que Biosphere a voulu relater l'expérience intérieure de Laïka en musique. Pardonne-nous, Laïka. Qu'Anubis ait ton âme.
Ennio Morricone
Le maestro italien de la musique de films, et pas peu des westerns spaghetti. Un pays ? L'Italie. Une religion ? L'Italie (et le catholicisme, il a dédié un oratorio au pape Jean-Paul II).
Le vent, le cri
Henryk Gorecki
Un pays ? La souffrante, la bien-aimée Pologne. Une religion ? Le souffrant, le bien-aimé catholicisme.
Il s'est rendu à la Faucheuse en 2010.
Amen
Frank Martin
Suisse, fils de pasteur, musicien discret et profond comme le mystère. Caché derrière son élégance et sa beauté physique, le sens de son art se révèle au fur et à mesure des écoutes. Frank Martin est mort en 1974.
Petite symphonie concertante :
Zbignew Preisner
Un pays ? La Pologne. Un ami ? Le cinéaste Krzysztof Kieślowski. Une originalité ? Il n'a aucune formation musicale académique.
Tu viendras, morceau issu de la bande originale du film La double vie de Véronique, de Kieslowski.
Vangélis
Un pays, la Grèce.Une collaboration : le cinéaste Ridley Scott (sur deux films, Blade Runner et 1492 : Christophe Colomb).
Voici un extrait de la bande originale du film 1492, intitulé Conquest of paradise.
C'était un voyage à travers cette musique que j'aime et écoute si souvent. Je vous remercie de l'avoir partagé.
Merci aux internautes ayant mis en ligne ces vidéos que j'expose ici.
Publié dans L'oiseau | Lien permanent | Commentaires (3) | | Facebook | Imprimer |