Rougevent (mardi, 28 août 2012)
Souffle le vent rouge, sur la plaine ouverte comme un cœur enfantin. Dort le fils, au fond de la maison. Murmure la femme, une douce chanson. D'anciennes paroles fendent la campagne, personne ne les entend. Dans la chapelle close la Vierge pleure doucement. Elle attend. Moi j'erre dans ce monde mort, dans ma vie moderne et sans chaleur. J'ai mon casque de motarde et mes bottes de ville. Je marche sur la route qui déchire les champs d'orge. Ce soir, lune d'orge.
Le vent rougeoie. Il n'a pas d'haleine, ni de tiédeur. Il n'a pas d'odeur. Il souffle sans cesser de songer aux mauves et aux violettes qu'il faut aérer. Les boutons d'or montrent leur or et disent souriants qu'ils ont droit aussi à la chaleur caressante du vent.
Pourquoi les hommes frissonnent-ils à la porte du bar dont le rideau métallique s'ouvre ou se ferme ? Le vent n'apporte pas le froid.
Et le fils dort, et l'homme est loin, et la femme chante, et les oiseaux picorent des brindilles et des graines. Je vais partir ce soir. La plaine ne se plaint pas dans sa solitude. Aujourd'hui le vent est rouge.
Edith CL
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Commentaires
j'envoie ce lien sur google+ car c'est sûrement un web site très jolie
Écrit par : assurance auto | mercredi, 29 août 2012
Je crois que c'est la peur de la solitude qui fait frissonner les hommes lorsque les bars ferment.
Mais peut-être le vent y est-il pour quelque chose ?
Écrit par : Henri-Pierre | jeudi, 30 août 2012
Oui, c'est sans doute la solitude. Je crois que le vent est aux frissons ce que les oignons sont aux larmes : un prétexte, une possibilité de préservation de l'intime.
Écrit par : Hélène Lammermoor | mardi, 04 septembre 2012
Merci, Henri-Pierre et Hélène de votre visite. Et à la lune d'orge, en septembre, quand la moisson est finie, que les vendanges ont lieu trop loin, que l'amour trop timide se cogne contre les portes du silence, le vent et la solitude s'emparent des villages dépeuplés. Mais ces hommes, sûrement, ont quelque chose au creux d'eux mêmes qui les réchauffent et c'est ce mystère que je cherche.
Écrit par : AlmaSoror | mardi, 04 septembre 2012
Je pense à deux choses en relisant ce billet et ces commentaires :
La chanson d'Anne Sylvestre : "Maman, le vent me fait la cour..."
Le film "Chocolat" où les héroïnes apparaissent et disparaissent portés par les vents
Écrit par : Henri-Pierre | dimanche, 09 septembre 2012
"Fille folle amante du vent
Boucle ton corset
Baisse bien la tête
Méfie-toi : qui aime le vent
Engendre la tempête
Engendre la tempête"
Écrit par : L'éternelle | dimanche, 09 septembre 2012
Oui, l'Ėternelle, c'est ça :-)
Écrit par : Henri-Pierre | lundi, 10 septembre 2012
Lune d'orge, lune de septembre, lune des moissons. Je ne savais pas que c'était aussi la lune des vents rouges. Où ceux ci soufflent-ils ?
Je découvre la chanson de Sylvestre et de son amour vent. Cela me rappelle une autre chanson, dont je reproduis les paroles ci-dessous.
J'ai envie d'aimer une femme vent et que nous engendrions une tempête. On est dimanche, le matin s'étire encore un peu.
La Dame du palais du vent
La Dame du palais du vent
A les mains claires des fontaines.
La Dame du palais du vent
A les mains claires d’un étang.
Et le vent, et le vent
Quand la nuit descend,
Et le vent, et le vent
Et le vent l’attend.
La Dame du palais du vent
A les yeux gris couleur de brume.
La Dame du palais du vent
A les yeux gris couleur du temps.
Et le vent, et le vent
Quand la nuit descend,
Et le vent, et le vent
Et le vent l’attend.
La Dame du palais du vent
A les chevaux des grands nuages.
La Dame du palais du vent
A les cheveux de l’ouragan.
Et le vent, et le vent
Quand la nuit descend,
Et le vent, et le vent
Et le vent l’attend.
La Dame du palais du vent
Un soir sur un rayon de lune.
La Dame du palais du vent
S’en est allée tout en chantant.
Et le vent, et le vent
Quand la nuit descend,
Et le vent, et le vent
Et le vent l’attend.
Écrit par : Damage Machine | dimanche, 16 septembre 2012
Le vent serait-il constant ?
Écrit par : Henri-Pierre | dimanche, 16 septembre 2012