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mercredi, 02 octobre 2019

Bâtir pour tuer l'espérance : l'architecture d'aujourd'hui

Merci à monsieur Guillaume Blanc pour son article désespéré et lucide sur l'architecture des bâtiments publics d'aujourd'hui et l'état de l'université :

Au cœur d'une université d'excellence.

En gare de Nantes, tout à l'heure, ma compagne de voyage et moi-même soupirions en observant la misère profonde des bâtiments de béton qui poussent d'année en année, de manière désorganisée, sans plan, sans vision... et qui sont si laids qu'ils donnent envie de mourir.
Je me suis souvenue d'il y a quelques années, j'étais avec cinq inconnus dans un compartiment ; arrivés en gare de Paris-Montparnasse, l'un des voyageurs a ricané en évoquant la laideur des immeubles et chacun a acquiescé. Ce fut notre seul échange, après quatre heures silencieuses sur les rails à travers la France.

Une illustratrice de ma connaissance, qui a animé beaucoup d'ateliers dans des écoles des périphéries des villes, m'avait raconté cette fillette pour qui les maisons, les immeubles, n'existaient pas. Pour elle, tout était "des bâtiments". En effet, cette enfant vivait dans un bâtiment, étudiait dans un bâtiment, était soignée dans un bâtiment, sa vie se déroulait au milieu des bâtiments, dans des bâtiments, tous en béton, tous laids, tous désespérants.

Sur AlmaSoror nous avons déjà souffert avec vous, dans des bâtiments, par les bâtiments :

entasser un nombre maximal d'êtres humains

Fascisme, non sans beauté

Laideurs du monde moderne

Errants des mégapoles d'Europe

Le bien-être des porcs

Coches en élevage intensif

Un chariot de lapins blancs

La première porte de garage

Tristesse balnéaire, séniors en culottes courtes

Encore un adieu

Zig-Zag

Mourir, sourire à chaque instant

La belle vie

Cactus sur béton

Cathédrale de plastique

Le flot urbain

Les champs de persil

Par des matins brisés

L'exode urbain et l'art

Autour du périphe

L'homme des mégalopoles

La ville qui vient

de commencements en commencements

dimanche, 09 septembre 2018

de commencements en commencements

Les idées de Hassan Fathy (Egypte, 1900-1989) feront des petits. En Europe, bientôt, les architectes (avec ou sans diplôme) bâtiront des maisons inspirées des maisons médiévales européennes, avec des matériaux anciens et neufs, mêlés.

Une architecture qui chante avec le soleil et danse avec le froid.

Demain, pourquoi pas ? Mais cette maison mienne existe déjà, avec ses portes qui attendent d'être poussées, ses cheminées qui attendent d'être allumées. Elle m'attend et j'arrive très très lentement, mais sûrement.

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mardi, 03 mars 2015

fascisme, non sans beauté...

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Fascisme, non sans beauté, de l'architecture des grands ensembles. Le spectre esthétique propose toutes les options de la laideur, mais parfois, l'on y décèle quelque chose qui apaise le regard, des lignes, des blocs, un mode de vie qui nous sauverait de toute angoisse. A moins que cela ne soit qu'une illusion, l'illusion de quelqu'un qui passe en rêvant. Quelqu'un qui ne sait plus quoi faire de ses journées : solitude et chômage peuplent les heures. Tant qu'il y aura des parpaings empilés, se posera comme un dépôt, au fond des âmes vides, la question fondamentale de l'existence de l'individu.

mercredi, 03 avril 2013

...pour y entasser un nombre maximal d’êtres humains

 

 

architecture, fascisme, modernité, abattoirs, prisons, urbanisme, banlieues, villes nouvelles

A quoi pensaient les architectes des villes nouvelles et des banlieues ? N’habitaient-ils pas dans de magnifiques maisons anciennes, réaménagées de façon contemporaine, avec goût ? N’élevaient-ils pas leurs enfants dans de beaux quartiers où les ruelles anciennes s’ouvrent sur des places élégantes bordées d’églises et de boulangeries aux odeurs frémissantes, où les gens qui marchent dans la rue ne craignent pas les crachats d’individus plantés debout sur le pas des immeubles, où les femmes libres marchent à côté des hommes et conversent, sur des thèmes variés, sans censure ni contrainte, en toute égalité ?

Pourquoi construisaient-ils des halls d’immeubles voués à devenir pissotières ?

Comment imaginaient-ils, confortablement lovés dans leurs beaux fauteuils, ces blocs de béton qui ressemblent à des prisons, ces barres de fer qui rappellent les camps de concentration, ces longs couloirs qui évoquent les abattoirs pour y entasser un nombre maximal d’êtres humains qui ne se ressemblent ni dans leur mode de vie, ni dans leurs aspirations ?

Il y a un mystère des architectes du XXème siècle, un grand mystère qu’il faudra éclaircir un jour. De qui sont-ils les messagers ? Quel art les inspire, quelles écoles les formèrent, quelles politiques les missionnèrent ?

 

DN Steene

 

mercredi, 04 août 2010

Encore un peu d'Hopper ?

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"transat au 13", photographie de Sara

 

"Il est difficile de peindre en même temps un extérieur et un intérieur".

Edward Hopper

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"Le dessein de Hopper était de peindre la lumière ; en réalité, il a peint l'éclairage".

Ivo Kranzfelder

 

AlmaSoror vous invite à lire quelques extraits du sociologue Richard Sennett et quelques phrases du peintre Edward Hopper. Sans se rencontrer, ils auraient vécu dans le même atelier new-yorkais, Sennett après Hopper bien sûr puisque il est d'une génération plus tardive. L'un a-t-il peint ce que l'autre a décrit ? (Comme c'est drôle cette expression : l'idéologie de l'intimité).

 

"La chaleur humaine est devenue notre divinité"

"Aujourd'hui, l'idée qui domine est que la proximité est une valeur morale en soi. L'autre aspect dominant, c'est l'aspiration à épanouir son individualité par l'expérience de la chaleur humaine et la proximité des autres...

Domine aussi le mythe selon lequel l'anonymat, l'aliénation et la froideur seraient responsables de tous les maux de la société. De ces trois aspects découle l'idéologie de l'intimité : les relations sociales quelles qu'elles soient sont d'autant plus réelles, crédibles, authentiques qu'elles se rapprochent des besoins psychiques profonds de chacun. Cette idéologie de l'intimité transforme toutes les catégories politiques en catégories psychologiques. Elle définit l'humanité d'une société sans dieux : la chaleur humaine est devenue notre divinité."

"La disparition des murs augmente l'efficacité du travail"

"Le concept de "mur transparent" est utilisé par les architectes non seulement pour la structure extérieure des constructions mais aussi à l'intérieur. Le décloisonnement des bureaux entraîne la suppression de tout ce qui gêne la vue ; l'étage entier devient un espace unique et ouvert ou un espace central entouré d'une couronne de bureaux cloisonnés. La disparition des murs augmente l'efficacité du travail, nous assurent les concepteurs, car chez les gens qui travaillent toute la journée sous le contrôle visuel des autres, la tendance à entamer une conversation baisse et la concentration s'accroît. Lorsque chacun se sent surveillé par l'autre, la sociabilité diminue parce que le silence apparaît alors comme le seul moyen de se protéger".

Richard Sennett

 

"Les loisiristes sont emprisonnés dans l'absurdité de leur conduite".

"Le temps libre apparaît chez Hopper tout aussi désolant que le travail (...). Chez Hopper, les "loisiristes", comme les appellent Horkheimer et Adorno dans leur Dialectique de la raison (1947) sont emprisonnés dans l'absurdité de leur conduite. (...) Les hôtels représentent un domaine intermédiaire, celui du travail comme celui du loisir. La différence entre comportement dans le travail et comportement dans le loisir est une pure fiction : les personnes se comportent finalement presque toujours de la même manière, quel que soit le lieu où elles se trouvent. (...) Selon Hopper, tout changement de résidence est lui-même une fiction. La condition humaine est immuable."

Ivo Kranzfelder, in Hopper (éditions Taschen)

 

"Très peu de ce qui est important est créé par l'esprit conscient".

"Tant de choses dans l'art sont l'expression de l'inconscient que j'ai l'impression parfois que presque toutes les qualités importantes sont d'origine inconsciente et que très peu de ce qui est important est créé par l'esprit conscient. Mais c'est aux psychologues de débrouiller ces problèmes".

Edward Hopper