lundi, 17 juillet 2017
Tristesse balnéaire, béton désarmé, stations essence, séniors en culottes courtes
Je parcours ces longues allées de béton. Ni rues, ni routes. Entre les deux. Elles portent les noms d'obscurs anciens responsables politiques qui n'ont rien apporté au monde mais à qui la ville servile, la nation obséquieuse, rend hommage.
Je croise des personnes âgées de soixante ans et plus, marchant deux par deux, la plupart vêtus de shorts. L'expression « en culotte courte », jusque dans les années 1980, désignait les enfants, seuls à porter ces courtes tenues. Point d'enfant ici, ou si peu. Les familles emplies d'enfants ne connaissent pas les moyens financiers de vivre dans une ville qui borde l'Atlantique ! La ville appartient aux retraités, qui se promènent en culottes courtes, exhibant leurs jambes vieilles et bronzées. Ils marchent par deux mais une étude approfondie de la société de cette petite ville me permet de dire que la plupart ne sont pas de vieux couples, mariés depuis leur jeunesse. Ces couples qui peuplent notre ville se sont rencontrés il y a deux ou trois ans, dix ans tout au plus, sur des sites internet de rencontres amoureuses. Chacun des partenaires a connu auparavant au moins un premier mariage, eu des enfants devenus grands aujourd'hui.
Je marche le long des voitures incessantes, je marche le long des maisons laides. L'urbanisme de ce coin de Vendée ne suit aucune ligne esthétique, aucun point de vue solidaire, aucune cohérence historique : l'amas informe de maisons individuelles ou de résidences collectives se prolonge durant des kilomètres. Les points névralgiques de ces entrelacs de béton sans queue ni tête sont les stations essence et les centres commerciaux. Il y a un bourg animé au cœur de la ville, qui fut un port de pêche sémillant, antan. On s'y retrouve pour flâner l'après-midi, on dépense de l'argent dans des restaurants qui refusent les handicapés mentaux, et puis on rentre chez soi regarder la télévision. En short. À soixante-cinq ou soixante-dix ans. Avec son conjoint récent.
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Commentaires
Rien à (re)dire: toujours aussi brillante !
Écrit par : Luc | mardi, 18 juillet 2017
Répondre à ce commentaireCruauté d'une description certes juste. Sables d'Olonne ? La Baule ?
Écrit par : Carcasse priante | mardi, 18 juillet 2017
Répondre à ce commentaireVous êtes déjà comme une étoile au ciel du monde Édith. Elle est présence évanescente mais perspicacité remuante et cérébrale sur le monde tel qu'il est par rapport à ce qu'il a été... et nul ne sait pourtant vraiment ce qu'il en adviendra dans peu de temps maintenant.
Écrit par : Luc | mercredi, 19 juillet 2017
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