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mardi, 29 juin 2010

Couple

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De toutes façons, il aurait fallu que tu ne lises pas le journal tous les matins en buvant ton café. Le monde est toujours moderne pour les gens qui y vivent, puisque les autres, ceux du passé, sont morts. Nous sommes donc tous, depuis la nuit des temps, des gens modernes dans un monde moderne et ton coach ne faisait que te répéter des choses rabâchées que tu aurais dû connaître de toi-même. Tu avais grandi en banlieue parisienne, dans un monde de gymnase et de piscine, avec des vacances en mobile home. Nous ne nous comprenions que très peu, et pourtant nous vivions ensemble, parce qu’aujourd’hui on se rencontre et on se sépare comme si on était tous pareils. Tu voulais la télévision et un garage pour deux voitures. Je ne pouvais comprendre la façon dont tu faisais des économies et des dépenses. Tu te sentais à l’aise dans les supermarchés. Et les gens qui nous entouraient trouvaient ça bien qu’on soit différents. Mais nous, nous avions des scènes et cet appartement de la rue Saint-Antoine était vide de sens à nos quatre yeux. Alors tu as repris tes appareils à raclette et j’ai repris mes vieux livres inutiles et nous continuons chacun notre vie toi dans la solitude de ton immeuble moderne et moi dans le néant d’une vieille cour du boulevard Voltaire. Tout cela n’a servi à rien, à rien d’autre qu’à prouver qu’on ne prescrit pas la vie, on ne prescrit pas les amitiés ni les amours, on les subit comme on subit son propre corps, qui est nous et sans lequel nous ne sommes rien, que nous n’avons pas choisi et que, bien souvent, nous n'aimons pas tant que ça.

 

Marin Dupondt

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