samedi, 29 juin 2013
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«Le détachement tend vers un pur néant, car il tend vers l'état le plus haut, dans lequel Dieu peut agir en nous entièrement à sa guise».
Maître Eckhart, Du Détachement (Oeuvres), p. 25.
«Pour arriver à goûter à tout, ne désire avoir goût à rien. Pour arriver à savoir tout, ne désire savoir quelque chose en rien. Pour arriver à ce que tu ne goûtes pas, tu dois aller par où tu ne goûtes pas. Pour arriver à ce que tu ne sais pas, tu dois aller par où tu ne sais pas. Pour arriver à ce que tu ne possèdes pas, tu dois aller par où tu ne possèdes pas. Pour arriver à ce que tu n'es pas, tu dois aller par où tu n'es pas.
Quand tu t'arrêtes en quelque chose, tu cesses de te jeter dans le Tout...»
Saint Jean de La Croix, La Montée du Mont-Carmel, livre I, ch. XIII
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vendredi, 28 juin 2013
Vivre à Spleen-Lès-Nixes (I)
Nous avons demandé à plusieurs habitants de Spleen-lès-Nixes de raconter leur ville, avec leurs mots, leurs maux, leurs habitudes, leurs désirs et leurs déceptions. Sur cette ville, dont on parle beaucoup sans la connaître, ne devrions-nous pas écouter d'abord ceux qui ont accepté de s'y installer ? Leurs motivations, variées, se rejoignaient en ceci que chacun évoque le désir d'une rupture d'avec une vie trop monotone, trop difficile ou, au contraire, trop confortable.
Nous vous présenterons donc désormais régulièrement des témoignages de Nispleenois et de Nispleenoises, qui ont accepté de partager leur expérience dans cette ville new-nouvelle.
Dès la semaine prochaine, vous découvrirez, sur AlmaSoror, les témoignages d'Ozanne Le Boucanier et de Kevin Og Noulste, frère de la regrettée Erika.
En attendant, nous partageons un extrait du roman de Saul Astrée sur Spleen-lès-Nixes, Les amours atlantes.
«Il ouvrait la bouche en se rapprochant d'elle. Il murmurait quelque chose ; sa voix était incroyablement grave et douce.
-Je t'aime, Atlanta.
- Je t'aime aussi, Ananas Noyé, lui répondait-elle.
Elle l'avait appelé Ananas Noyé parce que c'était ce qu'il était inscrit sur les boites de sirop : ananas noyé dans du sirop. Ananas noyé ressortait en belles lettres de couleurs. Si elle avait pu avoir un chien, elle l'aurait appelé aussi comme cela.
Il l'appela Magella car c'était le nom du magnifique robot féminin qui était représenté sur toutes les notices d'utilisation des instruments ménagers. Magella était aussi la voix électronique des ordinateurs. Et ainsi ils s’aimèrent ».
Les amours atlantes, de Saul Astrée, préface de Max Farmsen, éditions FuriBarde, à paraître en 2014.
Outre la rubrique "La ville", qui regroupe tous nos textes et nos images citadinophiles, AlmaSoror avait publié un article d'Axel Randers intitulé La ville de perdition.
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jeudi, 27 juin 2013
Métrodore : les fantômes
– Dis-moi pourquoi tu es là.
– D’accord.
Nous nous étions rencontrés dans le couloir des toilettes. Linérès s’assit près de moi.
– À cause des fantômes, dit-elle dans un soupir.
– Mais qui sont les fantômes ? demandai-je, les yeux écarquillés.
Je m’interrogeai : vivait-elle dans un château rempli de fantômes ? Sa réponse me lamina.
– Les fantômes ? Elle ricana. Ce sont les professeurs, les employés, les infirmiers et les médecins, les psychologues, les ministres et les ouvriers… Tous ceux qui plient l’échine. Ceux qui ne pensent pas par eux-mêmes. Ceux qui n’agissent pas par eux-mêmes. Les dresseurs de cirque, les toreros, les gens qui passent à la télévision. La plupart des jeunes.
– Les jeunes aussi ?
– Tu n’avais pas remarqué ?
Je repensais à mes copains qui n’avaient pas eu le courage de sortir de leur lit pour passer la nuit au square.
– Et les parents ?
– Pas tous.
– Mais qui n’est pas un fantôme ?
Elle releva la tête fièrement et ses cheveux se déployèrent sur le mur blafard du couloir.
– Quelques animaux et quelques humains.
Je demeurai quelque temps silencieux. Son expression resplendissait. Comment faisait-elle pour être aussi vivante dans un lieu aussi morne ?
– Raconte-moi ton histoire, lui demandai-je.
Elle baissa les yeux, des larmes perlèrent au bord de ses paupières.
– D’accord, prononça-t-elle dans un souffle.
C’est ainsi que ma vie fut transformée.
Extrait de Métrodore
On peut lire un autre extrait de Métrodore par là
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mardi, 25 juin 2013
Natalène, Part I
Ouverture, par Olympe Davidson
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lundi, 24 juin 2013
Natalène, présentation et refrain
Depuis de nombreux mois, nous travaillons de nuit et sans relâche au film d'AlmaSoror. Le cinéma blogal n'en est qu'à ses débuts, nous tâtonnons comme les autres, plus que les autres certainement, mais nous tenons à ce projet qui réconciliera nos aventures villabareuses et nos déconfitures sagalactiques.
Si vous villabarâtes avec nous, peut-être que vous comprendez quelque chose à ce film.
Si vous n'avez jamais villabaré dans le temps, avec nous autres, y saisirez-vous l'essence du sens ? Peut-être que les lecteurs assidus d'AlmaSoror sauront en tout cas perdre haleine sans perdre pied, perdre pied sans perdre le latin, etc.
Notre film s'appelle Natalène. La cinéaste est Olympe Davidson, comme il se doit, et la scénariste est Édith de CL, comme il se doit aussi, sans doute. Nous regrettons forcément qu'Esther Mar ne bouge plus de ses bords de Marne. La Marne est belle, Esther, mais nous t'aimions, quoi que tu penses et dises.
Pour ce soir, nous présentons le refrain de Natalène. L'ouverture du film sera dévoilée la semaine prochaine. En fonction du montage et de la courbe des humeurs, toujours très variable, de la tenancière d'AlmaSoror, le film sera mis en ligne plus ou moins régulièrement, de façon plus ou moins commentée, dans un ordre plus ou moins réaliste. Tout ceci sera archivé dans la rubrique "Pharus Obscurior", qui, si vous ne l'aviez pas remarqué encore, regroupe nos chroniques cinématographiques.
Bonne nuit les amis, camarades, mesdames et messieurs.
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Trois entrées en matière
Trois ouvertures de romans qu'AlmaSoror voudrait partager avec ses lecteurs inconnus et chéris. L'amer Gorki (1868-1936) (car Gorki est un pseudonyme qui signifie amer...), l'acerbe Kadaré (né en 1936) et le sybillin Luxun (1881-1936) invitent à la danse littéraire dès les premières phrases de la Tempête sur la ville, du Palais des rêves et du Journal d'un fou.
Je me disais : AlmaSoror ! pourquoi ces trois hommes, quel soude les lie ? En rédigeant ce billet, apparut l'année 1936 : année de la mort de Gorki et de Luxun, et de la naissance de Kadaré.
Tempête sur la ville,de Maxime Gorki
traduit du russe par Z. Lvovsky pour Stock
Au milieu de la vallée, en tous sens sillonnée de routes grises, Okouroff, bourg bigarré, s'élève tel un jouet ingénieux posé sur la paume d'une main large et ridée.
C'est quelque part, bien loin dans la Forêt Noire, que la Poutanitza prend sa source, rivière paresseuse et lente qui, se faufilant entre des collines couvertes de labours, dévale vers la ville qu'elle divise en deux parties égales : Shikane, le quartier de l'élite, et Saretz, le fief de la pègre.
Ayant ainsi partagé la ville, la rivière coule, plus lente encore vers le sud-ouest où, son lit s'amincissant petit à petit, elle se perd enfin dans les marais de Lakhoff, couleur de rouille, et les îlots sauvages, plantés de pins grêles qui s'étendent en rangs serrés jusqu'à l'infini. A l'est, ça et là au sommet des collines, tordus et dépouillés par les intempéries, de vieux arbres longent la grand'route qui conduit au chef-lieu du département.
Grâce à l'abondance des eaux dans la région, l'air y est saturé en été d'une humidité tiède et odorante, le ciel presque toujours pâle et voilé, le soleil terne, le crépuscule étrangement pourpre. Et la lune, à son lever, montre une face énorme, rouge comme la chair vive.
Le palais des rêves, d'Ismaël Kadaré
traduit de l'albanais par Jusuf Vrioni pour Fayard
Les rideaux laissaient filtrer la clarté trouble du petit jour. Selon son habitude, il remonta la couverture pour somnoler encore un peu, mais il eut tôt fait de se rendre compte qu'il n'y parviendrait pas. La pensée que l'aube qui se levait annonçait une journée exceptionnelle suffit à lui ôter toute envie de dormir.
Un instant plus tard, cherchant ses pantoufles au pied du lit, il eut l'impression que son visage encore engourdi était effleuré d'un petit sourire ironique. Il s'extirpait du sommeil pour aller assumer ses fonctions au Tabir Sarrail, le fameux Bureau qui s'occupait précisément du sommeil et des songes, ce qui aurait suffi à susciter chez tout autre un rictus bien particulier. Mais lui se sentait par trop angoissé pour pouvoir franchement sourire.
Du rez-de-chaussée montait l'arôme agréable du thé et des rôties. Il savait que sa mère et sa vieille nourrice l'attendaient avec empressement et il s'efforça de les saluer avec le plus de chaleur possible.
- Bonjour, maman. Bonjour, Loke !
- Bonjour, Mark-Alem. Tu as bien dormi ?
Dans leurs yeux aussi se lisait cette légère excitation liée de quelque manière à sa nouvelle nomination. Peut-être, comme lui-même peu auparavant, s'étaient-elles dit que c'était la dernière nuit durant laquelle il avait pu goûter le sommeil ordinaire des simples mortels. Désormais, il ne faisait aucun doute que quelque chose dans sa vie allait changer.
Le Journal d'un fou, de Luxun (c'est un pseudonyme).
Très étonnamment le nom du traducteur n'apparait pas dans cette édition (Bibliothèque cosmopolite Stock). Que s'est-il passé ? Seul le préfacier est mis en avant, mais c'est un traducteur de l'anglais ! Je crois que la traductrice est Michelle Loi, je cherche à vérifier. Notons que Luxun a emprunté son titre à Gogol... Lui qui n'ignorais pas la littérature russe, puisqu'il a traduit Gorki en chinois.
La lune est éclatante, cette nuit.
Il y a plus de trente ans que je ne l'avais vue ; aussi, lorsque je l'ai aperçue aujourd'hui, me suis-je senti extraordinairement heureux. Je commence à saisir que j'ai passé ces trente dernières années dans le noir ; il faut que je me tienne sur mes gardes. Sinon, pourquoi le chien de la maison des Tchao m'aurait-il regardé par deux fois ?
J'ai mes raisons de craindre.
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24 juin : billet d'anniversaire
AlmaSoror, que faisiez-vous le 24 juin 2013 ?
Je publiais cet extrait de l'enquête de Jean-Luc Daub dans les abattoirs de France : Un bouc pas comme les autres.
Le jeudi 24 juin 2010, vous appreniez à Rompre en parlant suédois, avec Manuel Gerber.
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dimanche, 23 juin 2013
Éden
à ceux qui paradent le jour et prennent la poudre d'escampette la nuit,
à ceux qui veulent s'enfuir avec leur amour là où nul dépit n'est possible, là où l'angoisse n'existe pas,
fraternellement.
Tu marches sur le trottoir de la rue du Quotidien, quand soudain une femme t'interpelle. Différente de toutes et de tous, bien qu'elle ne cherche pas à attirer le regard. Belle, son regard pur et doux déploie son rayon d'intelligence sur le monde, son allure invite ton cœur au voyage, sa voix suscite chaque partie de ton corps invécue. Son mouvement quelquefois te donne un coup de fouet, quelquefois fait fondre tes hanches. Ses mains évoquent des passions anciennes que tu devines. Ses mots soulignent sa majesté suprême. Elle est une forteresse imprenable. Un secret l'habite et tu sais que ce mystère t'habitera toujours toi aussi désormais.
Elle te hante.
Tu cherches sur Internet en ces temps virtuels du deuxième millénaire ; tu cherches et tu trouves la clef qui ouvre la porte du paradis.
Tu parcours les murs hauts d'un un merveilleux jardin, dont le charme et la luxuriance, la fraîcheur et la tiédeur t'enivrent ; couleurs, senteurs, t'éblouissent. Nulle part, la trace d'un serpent ; nulle part, la trace d'une entrave.
De ce jardin dont tu n'avais pas la clef, tu te croyais exclu(e) à jamais ; tu serres désormais la clef contre ton coeur. Où est la porte ?
Tes pas t'amènent devant la porte dérobée à laquelle tu n'osais pas croire. Tu entres dans cet Eden.
Magie de ton souffle qui se transforme sous l'effet de la beauté ; magie de la beauté qui se métamorphose sous ton souffle. Tes premiers pas t'immergent au creux du paradis.
Alors la voix du Vide injecte ces paroles dans ton sang : «N'entre pas. C'est trop parfait, impie. Tu trahis tes deux cannes, l'Orgueil et le Sarcasme !» - et tu fais demi-tour.
Rue du Quotidien, seul le Vide ricane. Personne ne remarque rien de tes yeux horrifiés par ta propre démission.
Tu ne te regardes pas dans les vitres des magasins pour ne pas lire sur ton visage livide la cruelle question que te pose ton âme sans répit : «Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?»
Photos de VillaBar, La dernière auberge
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samedi, 22 juin 2013
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«La figure est le langage de tout ce qui, absolument invisible, règne pourtant jusque dans le visible, et le fonde : le langage de l'âme et de Dieu. Elle procède d'un esprit et en garde la marque ; c'est en elle, à travers elle, que l'on passe du visible à l'invisible, sans que l'on ait à transposer comme pour passer de la carte routière à la route. C'est un battant de porte qui suggère et, une fois rabattu, manifeste son autre face. Cette continuité entre l'image et ce qu'elle représente, essentielle au symbole, à la figure, est caractéristique de la langue de l'Ecriture. Et, comme il s'agit de la manière dont la Parole divine a voulu se révéler, il paraît au moins superflu de vouloir faire de ce mode d'expression l'apanage d'une race ou d'un peuple ; retenons plutôt que c'est le langage de tous ceux que Dieu a choisis comme des instruments chargés de porter sa Parole, dans la mesure même où ils la portent plus fidèlement».
Jean de Menasce, Quand Israël aime Dieu, p. 138.
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vendredi, 21 juin 2013
Rage II
«Si la rage avait du poids, ce billet de blog vous pèterait à la gueule comme une grenade».
Esther Mar
La rage monte en moi, lentement, sûrement. Elle est là, je le sais, elle est énorme, elle gronde en silence et serait capable de dévaster des vies plus sûrement qu'un ouragan. Elle est tournée vers quelqu'un, (de temps en temps, pour changer, vers quelqu'un d'autre), mais je sais que je suis entièrement responsable de la situation qui la fait naître.
J'essaie de rester polie, d'accomplir le minimum requis pour que les événements se déroulent du mieux possible.
J'essaie de la contenir, de la diminuer, de la transformer.
Elle monte, pourtant. Elle est énorme, c'est une lame de fond dont s'élèvent des vagues de rancoeur, de haine. Née de mon impuissance, de mes incapacités multiples, elle cherche à punir les soi-disant coupables.
Mais je la contiens. Pour l'instant, je la contiens et j'avance masquée, bien qu'on puisse apercevoir, à certains moments, un rictus qui se fige un instant.
Edith
AlmaSoror avait déjà publié Rage
Pour ne pas sauter dans le vide, sautons dans le fou. Expérimentons l'expérimental avec Jeanne Liotta.
Si nous craquons et finissons internés aux urgences de l'âme, au moins aurons-nous quelques idées d'une psychose transformée en expérimentoeuvre.
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Solstice d'été ou la Saint-Jean
«Que nul à la fête de saint Jean ne célèbre les solstices par des danses et des chants diaboliques».
Saint Eloi
(Phot : Tovaritch et ses deux amies, années 70)
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jeudi, 20 juin 2013
Chronoposologie des Orteaux
Entre un coup de soleil et un orage, on voyait là-bas les tours de Bagnolet, on entendait dans la pièce la musique de Cantemir par Jordi Savall.
Après quelques verres, on découvrait l'angélique sourire d'une coloc voyageuse.
Encore plus tard on approfondissait l'apprentissage tâtonnant des symphonies fantastiques dans une pénombre qui laissait distinguer le visage émouvant d'une amatrice de hiatus.
L'aurore se levait quand même au bout d'un long silence.
Debout devant la baie vitrée, en face des étagères de bandes dessinées, on lisait un texto écrit par un revenant.
Plus tard (toujours plus tard), devant un café bizarre, un banc portait nos rêves vagues. Je refoulais les inquiétudes, je bravais le gris du ciel. Ton joli sourire flottait au milieu de ton mystère. Attendais-tu quelque chose ?
Dans les rues, la pluie lavait les traces de flou. Sous l'auvent du métro peut-être, des mots interdits dormaient au fond d'un coeur.
Personne ne connait le numéro du bus qui t'emporta, même pas toi.
C'était Paris, un jour de juin. C'était Paris. Alors pourquoi me souvenais-je d'un piano ancien, d'une maison de Saumur ?
Il semblerait qu'à vingt ans de distance, les instants fragiles s'appellent et se répondent.
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mercredi, 19 juin 2013
Évangélisation et assimilation
«Ne mettez aucun zèle, n'avancez aucun argument pour convaincre ces peuples de changer leurs rites, leurs coutumes et les moeurs, à moins qu'elles ne soient évidemment contraires à la religion et à la morale. Quoi de plus absurde que de transporter chez les Chinois la France, l'Espagne, l'Italie ou quelque autre pays d'Europe !
N'introduisez pas chez eux nos pays, mais la foi, cette foi qui ne repousse ni ne blesse les rites ni les usages d'aucun peuple, pourvu qu'ils ne soient pas détestables, mais bien au contraire veut qu'on les garde et les protège. Il est pour ainsi dire inscrit dans la nature de tous les hommes d'estimer, d'aimer, de mettre au-dessus de tout au monde les traditions de leur pays et le pays lui-même.
Ne mettez donc jamais en parallèle les usages de ces peuples avec ceux de l'Europe : bien au contraire, empressez-vous de vous y habituer».
Pape Alexandre VII, 1659, aux Missions Étrangères de Paris.
(Trouvé sur la feuille paroissiale de l'église Saint-François-Xavier dans laquelle, tout à l'heure, l'orgue tonnait sa puissante splendeur musicale sur les bancs déserts.
Photo de Sara, prise au Louvre en 2010).
Thèmes apparentés dans AlmaSoror :
L'humanisme et les droits de l'homme au regard des langues quechua et tahitienne
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lundi, 17 juin 2013
17 juin : billet d'anniversaire
AlmaSoror, que faisiez-vous le 17 juin l'année dernière ?
Je publiais un chapitre de l'enquête de Jean-Luc Daub dans les abattoirs français, intitulé Ces bêtes qu'on abat : des images qui marquent.
Que faisiez-vous le 17 juin 2011 ?
Je dormais. Le 17 juin 2010 et 2009, je dormais aussi.
Auparavant, AlmaSoror était un journal mensuel, qui arrivait dans vos boites le 20 du mois.
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samedi, 15 juin 2013
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«Toutes les réalisations divines doivent, par force, être transcrites par nous dans les termes inaptes et décevants d'un langage qui a été fait pour s'adapter à l'expérience normale de l'homme mental ; exprimées ainsi, elles ne peuvent être réellement comprises que par ceux qui savent déjà et qui, sachant, sont capables de donner à ces pauvres termes extérieurs un sens nouveau, intérieur et transfiguré».
Shrî Aurobindo, La Synthèse des Yogas, p.79.
«Les mystiques ont arrangé un langage que ne comprennent pas ceux qui n'ont pas leur expérience spirituelle, en sorte que lorsqu'ils expriment leurs états et stations, celui qui est dans le même état comprend, mais celui qui n'y participe pas, le sens lui est interdit».
Lahiji, Commentaire du Goulchan-î-Râz
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