Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 28 septembre 2019

ND des sept douleurs à Saint-Eugène

Notre-Dame des sept douleurs, messe du 15 septembre 2019, dans cette église Saint-Eugène où le maître de chapelle, Henri Adam de Villiers, propose à ses choristes, paroissiens amateurs, de déchiffrer le matin même un stabat mater de Marc-Antoine Charpentier pour les religieuses, qu'il faudra chanter pendant la longue procession de communion.

Clotilde Cellier entame la partie de soliste et les trois choristes qui sont venues ce matin prennent les strophes en alternance.

Le vicaire est monté en chaire tout à l'heure, il a évoqué divers aspects de la mariologie, insistant sur le fait que la mère du Christ est co-rédemptrice. Puis il évoque les lois dites bioéthiques à venir et les nouveaux modèles familiaux qui ont cours dans la société.

Que penser ? Que le chant sacré nous délivre du profane et que la morale n'est belle que lorsqu'elle est dénuée de moralisme.

Que choisir ? Je n'ai jamais rien choisi. C'est pourquoi, ma voix retenue se mêlant aux deux autres voix, je retiens mes larmes, enveloppée dans le halo du vitrail.

 

Sur le site de la Schola Sainte-Cécile, un article

lundi, 23 septembre 2019

Humus

Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.

Alors voici,  après Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2017 ;
après Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
après Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
après Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
après Héroïne, le poème de l'hiver 2018 ; 
après Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
après Portrait d'été, le poème de l'été 2018
après Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
Après Spectre, le poème de l'hiver 2019 ;
Après Les champs de persil, poème du printemps 2019
;
Après Antigua, poème de l'été 2019,

Voici le poème de l'automne 2019. Il s'intitule Humus.

 

Loin des marrons d’automne, dans la ville qui efface les saisons,

Ton âme monotone consume son poison.

Je te regarde écrire à l’heure des premiers cafés,

Mon regard laconique éveille tes soupçons.

 

Tes soupçons de langueur distillent des effluves

D’angoisse pure.

Ma saison préférée n’a pas cours dans ce quartier

Dont les arbres, bouleaux, érables, ont été décimés.

 

Tout le béton du monde s’étend sous nos yeux.

Qui pourra nous rendre les odeurs campagnardes,

D’étang grouillant de grenouilles et de terre mouillée,

Humides, humbles, d’humus précieux ?

 

Une plante d’intérieur posée sur cette table

Ignore la joie des racines profondes.

Mes parents sont nés dans un monde d’ancrage,

Mes enfants se fabriquent avec des pincettes, dans des éprouvettes.

 

Il faudra cependant oublier Tchernobyl,

Loin, derrière nous, ces écoulements chimiques,

Ces villes dures, ce métal dressé vers le ciel,

Que seule la lune embellit, certains soirs de clarté.

 

Il faudra retrouver le chemin des œillets,

Le sentier immuable des natures secrètes,

La lenteur des maisons sans électricité

Et la nécessité de dormir côte à côte.

 

Malgré la répulsion.

 

mardi, 10 septembre 2019

Le dépôt vespéral

Avant la fin de la lumière, que ma bouche te dise deux choses, la parole que je te réservais et celle que je n'attendais pas.

Je n'ai pas couvé de rancœur, je n'ai pas conservé de dépit. La lumière des aurores nourrissait mon cœur et les jours défilaient, fatigués, sans drame. La lumière va s'éteindre, ces repas sont nos derniers. J'ai rêvé d'autres que toi mais les autres n'existaient pas. Loin des déserts et des plages, point d'olives ici, ni de vin frais. Mais la lourdeur des alcools forts, les saveurs froides des choux et des fromages.

J'essaie d'oublier les aigreurs, les erreurs, les doutes, pour pénétrer le dernier doute, la porte finale va s'ouvrir. Dans la pénombre, je jette un regard vers l'armoire. Mes papiers ne sont pas en ordre, mais ils brûleront avant la naissance de cet enfant qui descend l'escalier de la ruelle, dans le ventre d'une femme.

Abri d'une âme belle et malade, mon corps touche la poussière qui l'appelle. Leurs noces difficiles prennent fin, et ce soir est un soir d'amour.

Miséricorde, que signifie ce mot ? Quel sens prend-il s'il n'y a pas de Dieu ? C'est pourquoi, je me fie au Christ. Au-dessus de la croix, vole une colombe.

La nuit tombera bientôt, les derniers bruits du soir commencent. Je ne prononcerai pas les mots que j'avais pesés, et les mots que je te dis me donnent une impression d'étrange.

Adieu, tant pis pour les oublis, pour les disputes, pour les ennuis. Adieu, avant que le jour s'éteigne, voici une prière incertaine.

vendredi, 06 septembre 2019

Adieu, Julien Gauthier, compositeur, et bonjour éternel à ta musique

Malheureusement, je n'assisterai pas demain à l'hommage rendu au compositeur Julien Gauthier, qui était aussi l'homme qui aimait et était aimé d'une chère amie. L y sera pour nous deux.

C'est pourquoi, ce soir, j'écoute sa symphonie australe. Il l'avait composée après avoir passé de longues semaines en résidence aux îles Kerguelen, à enregistrer les sons des animaux et des éléments.

C'est au cours d'un autre voyage du Nord, un périple au Canada, où il enregistrait encore les sons de l'environnement, que Julien Gauthier est mort, d'une mort stupéfiante. Au petit matin, un grizzly est entré dans sa tente et l'a emporté.

Thou, nature, art my goddess; to thy law
My services are bound.


Ô nature, tu es ma déesse ; c'est à ta loi que sont voués mes services. Ainsi parle Edmund dans le Roi Lear, de Shakespeare. La nature prend alternativement les noms de Désir et de Cruauté.

Julien, un beau regard, une pensée solide, profonde, que nous pensions revoir et confronter encore.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

Des yeux sans nombre ont vu l'aurore.

Ils dorment au fond des tombeaux

Et le soleil se lève encore !

 

Les siens, d'yeux, étaient clairs, comme sa musique qui mariait élégamment la tradition sonore et l'exploration contemporaine.

 

L'écouteriez-vous ? Elle est par ici, sur une page de la grande toile des vivants et des morts, tous éternels.

Le premier mouvement attire avec séduction et douceur, et, à la fin du grand voyage symphonique austral, le cinquième mouvement ressemble à une injonction à vivre debout.

Le monde entier des formes s’use et se renouvelle. Toi seule ne passes pas, immortelle musique. Tu es la mer intérieure. Tu es l’âme profonde.