Humus (lundi, 23 septembre 2019)

Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.

Alors voici,  après Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2017 ;
après Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
après Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
après Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
après Héroïne, le poème de l'hiver 2018 ; 
après Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
après Portrait d'été, le poème de l'été 2018
après Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
Après Spectre, le poème de l'hiver 2019 ;
Après Les champs de persil, poème du printemps 2019
;
Après Antigua, poème de l'été 2019,

Voici le poème de l'automne 2019. Il s'intitule Humus.

 

Loin des marrons d’automne, dans la ville qui efface les saisons,

Ton âme monotone consume son poison.

Je te regarde écrire à l’heure des premiers cafés,

Mon regard laconique éveille tes soupçons.

 

Tes soupçons de langueur distillent des effluves

D’angoisse pure.

Ma saison préférée n’a pas cours dans ce quartier

Dont les arbres, bouleaux, érables, ont été décimés.

 

Tout le béton du monde s’étend sous nos yeux.

Qui pourra nous rendre les odeurs campagnardes,

D’étang grouillant de grenouilles et de terre mouillée,

Humides, humbles, d’humus précieux ?

 

Une plante d’intérieur posée sur cette table

Ignore la joie des racines profondes.

Mes parents sont nés dans un monde d’ancrage,

Mes enfants se fabriquent avec des pincettes, dans des éprouvettes.

 

Il faudra cependant oublier Tchernobyl,

Loin, derrière nous, ces écoulements chimiques,

Ces villes dures, ce métal dressé vers le ciel,

Que seule la lune embellit, certains soirs de clarté.

 

Il faudra retrouver le chemin des œillets,

Le sentier immuable des natures secrètes,

La lenteur des maisons sans électricité

Et la nécessité de dormir côte à côte.

 

Malgré la répulsion.

 

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