mardi, 10 septembre 2019
Le dépôt vespéral
Avant la fin de la lumière, que ma bouche te dise deux choses, la parole que je te réservais et celle que je n'attendais pas.
Je n'ai pas couvé de rancœur, je n'ai pas conservé de dépit. La lumière des aurores nourrissait mon cœur et les jours défilaient, fatigués, sans drame. La lumière va s'éteindre, ces repas sont nos derniers. J'ai rêvé d'autres que toi mais les autres n'existaient pas. Loin des déserts et des plages, point d'olives ici, ni de vin frais. Mais la lourdeur des alcools forts, les saveurs froides des choux et des fromages.
J'essaie d'oublier les aigreurs, les erreurs, les doutes, pour pénétrer le dernier doute, la porte finale va s'ouvrir. Dans la pénombre, je jette un regard vers l'armoire. Mes papiers ne sont pas en ordre, mais ils brûleront avant la naissance de cet enfant qui descend l'escalier de la ruelle, dans le ventre d'une femme.
Abri d'une âme belle et malade, mon corps touche la poussière qui l'appelle. Leurs noces difficiles prennent fin, et ce soir est un soir d'amour.
Miséricorde, que signifie ce mot ? Quel sens prend-il s'il n'y a pas de Dieu ? C'est pourquoi, je me fie au Christ. Au-dessus de la croix, vole une colombe.
La nuit tombera bientôt, les derniers bruits du soir commencent. Je ne prononcerai pas les mots que j'avais pesés, et les mots que je te dis me donnent une impression d'étrange.
Adieu, tant pis pour les oublis, pour les disputes, pour les ennuis. Adieu, avant que le jour s'éteigne, voici une prière incertaine.
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