lundi, 30 novembre 2009
Dictionnaire de la délivrance psychique 3
Administration :
L’administration est l’entreprise de l’Etat, dont l’objet est la réification de la langue, de la pensée, de la culture et des êtres humains.
De la naissance à la mort, du nom au genre, de la vie de famille à la vie professionnelle, de la santé à l’éducation des enfants, de la science aux arts, de la vie de la pensée à la vie corporelle, de l’organisation de la maison et du paysage à la religion, des langues parlées sur le sol qu’elle tient sous son emprise aux idées prononcées sur des supports par les gens qu’elle a sous sa domination, aucune parcelle de vie humaine n’échappe à sa discipline.
Ce pouvoir s’exerce de droit et de force. De droit, en vertu d’un contrat léonin qui la lie au nouveau né, contrat qui ne pourra être modifiée que par sa volonté à elle. De force, par l’emploi de la force physique et par l’impossibilité matérielle et psychique de subsister hors de sa surpuissance.
Citations :
« Je sais maintenant que ma patrie est classée dans des dossiers, je l’ai vue sous les espèces de fonctionnaires habiles à effacer en moi les dernières traces de patriotisme. Où donc est ma patrie ? Ma patrie est là où je suis, où personne ne me dérange, où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et ce que je fais. »
(Le Vaisseau des morts)
B Traven
"Un homme dans un fichier est pour ainsi dire déjà un homme mort".
E Von Salomon
Sous la direction de Conan Kernoël
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dimanche, 29 novembre 2009
Dépit noir et blanc
"Les gens sont attirés par les couleurs flashy comme une mouche par une lampe",
Sara (revenant, dépitée, d'un Salon du Livre Jeunesse)
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samedi, 28 novembre 2009
John Peshran-Boor
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jeudi, 26 novembre 2009
Leurs visages, leurs nuques
Il avait passé suffisamment de temps en prison pour les reconnaître dans la foule : leurs visages, leurs nuques, leurs yeux ouverts, leur peur diffuse et habituelle, leur mesquin sadisme et leur domination parfaite. Il marchait sur les routes et tentait d'éviter de faire à nouveau des bêtises. Il s'était battu pour son peuple, sa langue, sa région, sa liberté, et même son peuple l'avait désavoué pour se noyer volontairement dans le peuple, la langue, la nation, l'administration de la France.
Ses amis bretons et ses amis corses passaient comme des ombres au fond de sa mémoire. Eux aussi savaient la douleur d'avoir cru se battre pour les autres et d'avoir lu dans le regard des autres le mépris pour lui, pour lui qui restait fidèle aux combats des aïeux, à leur langue, à leur terre chérie.
Il avait passé suffisamment de temps en prison pour les reconnaître dans la foule : leurs visages, leurs nuques, leurs yeux ouverts, leur peur diffuse et habituelle, leur mesquin sadisme et leur domination parfaite. Les gardiens et les gardiennes de prison ne ressemblaient à personne d'autre et on pouvait les repérer à cet air spécial qu'ils ont tous. "Ils y passent autant de temps que nous", se disait-il en trottant sur la route qui allait vers Lorient, où il savait qu'il pourrait dormir quelque part. "Ils y passent autant de temps que nous, mais il sont de l'autre côté". Et pourtant leur vie à eux aussi était détruite. Quand ils ne devenaient pas fous ou violents ou désespérés, ils plongeaient dans le goût de leur métier, et cela, songeait-il, n'était-ce pas le pire des gouffres où une âme peut tomber ? Et il songeait à sa terre lointaine sur laquelle il valait mieux qu'il ne retourne pas ; à ses aïeux qui avaient ri et chanté dans cette langue qu'il avait voulu sauver ; à ses camarades et à leurs alteregos bretons et corses etc ; et il voyait la société comme une grande feuille de papier trois fois déchirée : la première fine déchirure contenait les juges et les gardiens ; la troisième fine déchirure comprenait les prisonniers et les errants ; la grande frange du milieu, c'était tous les autres : ceux qui ne voient pas. Ceux qui ne savent pas. Ceux qui ne comprennent pas. Et ceux aussi qui voient, qui savent, qui comprennent que les luttes sont toujours perdues pour ceux qui les mènent et toujours récupérées par ceux qui les ont écrasées.
Il s'était battu pour son peuple, sa langue, sa région, sa liberté, mais ses luttes n'étaient plus, n'étaient pas encore à la mode.
Il était basque.
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mercredi, 25 novembre 2009
La cuve
Il est, il est sur terre une infernale cuve,
On la nomme Paris ; c'est une large étuve,
Une fosse de pierre aux immenses contours
Qu'une eau jaune et terreuse enferme à triples tours
C'est un volcan fumeux et toujours en haleine
Qui remue à longs flots de la matière humaine ;
Un précipice ouvert à la corruption,
Où la fange descend de toute nation,
Et qui de temps en temps, plein d'une vase immonde,
Soulevant ses bouillons, déborde sur le monde.
Là, dans ce trou boueux, le timide soleil
Vient poser rarement un pied blanc et vermeil ;
Là, les bourdonnements nuit et jour dans la brume
Montent sur la cité comme une vaste écume ;
Là, personne ne dort, là, toujours le cerveau
Travaille, et, comme l'arc, tend son rude cordeau.
On y vit un sur trois, on y meurt de débauche ;
Jamais, le front huilé, la mort ne vous y fauche,
Car les saints monuments ne restent dans ce lieu
Que pour dire : Autrefois il existait un Dieu.
Là, tant d'autels debout ont roulé de leurs bases,
Tant d'astres ont pâli sans achever leurs phases,
Tant de cultes naissants sont tombés sans mûrir,
Tant de grandes vertus, là, s'en vinrent pourrir,
Tant de chars meurtriers creusèrent leur ornière,
Tant de pouvoirs honteux rougirent la poussière,
De révolutions au vol sombre et puissant
Crevèrent coup sur coup leurs nuages de sang,
Que l'homme, ne sachant où rattacher sa vie,
Au seul amour de l'or se livre avec furie.
Misère ! Après mille ans de bouleversements,
De secousses sans nombre et de vains errements,
De cultes abolis et de trônes superbes
Dans les sables perdus et couchés dans les herbes,
Le Temps, ce vieux coureur, ce vieillard sans pitié,
Qui va par toute terre écrasant sous le pié
Les immenses cités regorgeantes de vices,
Le Temps, qui balaya Rome et ses immondices,
Retrouve encore, après deux mille ans de chemin,
Un abîme aussi noir que le cuvier romain.
Toujours même fracas, toujours même délire,
Même foule de mains à partager l'empire ;
Toujours même troupeau de pâles sénateurs,
Mêmes flots d'intrigants et de vils corrupteurs,
Même dérision du prêtre et des oracles,
Même appétit des jeux, même soif des spectacles ;
Toujours même impudeur, même luxe effronté,
Dans le haut et le bas même immoralité,
Mêmes débordements, mêmes crimes énormes,
Moins l'air de l'Italie et la beauté des formes.
La race de Paris, c'est le pâle voyou
Au corps chétif, au teint jaune comme un vieux sou ;
C'est cet enfant criard que l'on voit à toute heure
Paresseux et flânant, et loin de sa demeure
Battant les maigres chiens, ou le long des grands murs
Charbonnant en sifflant mille croquis impurs ;
Cet enfant ne croit pas, il crache sur sa mère,
Le nom du ciel pour lui n'est qu'une farce amère ;
C'est le libertinage enfin en raccourci ;
Sur un front de quinze ans c'est le vice endurci.
Et pourtant il est brave, il affronte la foudre,
Comme un vieux grenadier il mange de la poudre,
Il se jette au canon en criant : Liberté !
Sous la balle et le fer il tombe avec beauté.
Mais que l'Emeute aussi passe devant sa porte,
Soudain l'instinct du mal le saisit et l'emporte,
Le voilà grossissant les bandes de vauriens,
Molestant le repos des tremblants citoyens,
Et hurlant, et le front barbouillé de poussière,
Prêt à jeter à Dieu le blasphème et la pierre.
Ô race de Paris, race au coeur dépravé,
Race ardente à mouvoir du fer ou du pavé !
Mer, dont la grande voix fait trembler sur les trônes,
Ainsi que des fiévreux, tous les porte-couronnes !
Flot hardi qui trois jours s'en va battre les cieux,
Et qui retombe après, plat et silencieux !
Race unique en ce monde ! effrayant assemblage
Des élans du jeune homme et des crimes de l'âge ;
Race qui joue avec le mal et le trépas,
Le monde entier t'admire et ne te comprend pas !
Il est, il est sur terre une infernale cuve,
On la nomme Paris ; c'est une large étuve,
Une fosse de pierre aux immenses contours
Qu'une eau jaune et terreuse enferme à triples tours
C'est un volcan fumeux et toujours en haleine
Qui remue à longs flots de la matière humaine ;
Un précipice ouvert à la corruption,
Où la fange descend de toute nation,
Et qui de temps en temps, plein d'une vase immonde,
Soulevant ses bouillons, déborde sur le monde.
Auguste Barbier
(il vécut entre l'an 1805 et l'an 1882)
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mardi, 24 novembre 2009
Rémy de Gourmont à propos du célibat II
Après les premiers regards, les aveux plus ou moins déguisés, les légers contacts, les amants cherchent invinciblement à satisfaire le désir de mutuel plaisir qui crie en eux. Et le " terme de l'amour " est atteint. La nature n'en demande pas plus, et Don Juan non plus, qui lui obéit avec scrupule. Mais Don Juan est un peu borné. Cet homme, qui a mordu à tant de femmes, n'en a peut-être savouré aucune. Au fond, c'est un sot. Il a connu beaucoup de femmes, il n'a pas connu la femme, qui ne se donne jamais toute du premier coup. Figurez-vous un amateur de livres qui passerait en se promenant dans une bibliothèque, allongerait la main çà et là, ouvrirait, remettrait en place, continuerait son chemin en répétant toujours le même geste et qui aurait la prétention d'avoir lu, d'avoir rêvé, d'avoir médité ! C'est le Don Juan, amateur de femmes. Le Don Juanisme n'est qu'une suite de viols plus ou moins consentis. Ce n'est pas ainsi que se conduit l'amant. L'être qui lui donne du plaisir est aussi celui qui lui donne du bonheur et il sait que le bonheur ne s'épuise pas comme on vide un verre de vin. La femme qu'il a conquise, il veut en dépecer longuement l'âme et le corps, apprendre à lire dans ces yeux changeants, que le rêve clôt à demi et que la volupté agrandissait. On dirait parfois qu'elles marchent au supplice. La montée est douloureuse. Elles voient le sommet et l'atteignent rarement du premier vol. Il faut un peu d'habitude et que l'amant devine les caprices physiologiques de la chair et quels mots et quelles caresses l'âme et les nerfs attendent pour s'épanouir. Car le véritable amour n'est pas égoïste ou l'est tellement qu'il ne desserre l'étau que sur une proie broyée et ruisselante. Alors l'âme des femmes s'épanche comme une fontaine. Malheureusement le moment parfois leur semble propice pour s'égarer en confidences sur leur prochain chapeau. Ce sont les charmes de l'intimité. Niais on devine parfois aussi que ce système de bavardages n'est qu'une manière d'alibi. La femme a la pudeur de sa joie, puis elle ne trouve pas, comme l'homme, des mots pour chanter sa volupté, ou elle ne trouve pas les mêmes. " Mon chapeau sera très très joli " veut souvent dire : " Mon amour, je t'adore. " Il faut savoir cela.
Il arrive nécessairement, quand on est entré dans la forêt charnelle, qu'on repasse si souvent par les mêmes sentiers que les feuilles, les fleurs et les odeurs s'effacent, pâlissent, s'atténuent. On s'habitue aux épanchements, aux gestes, aux discours. Le cri que l'on prévoyait arrive toujours dans la même modulation, et un jour vient où d'un commun accord on espace les rendez-vous en attendant le jour où on les oublie. Puis, on se sourit sans étonnement et sans embarras, quand on se rencontre. C'est qu'on a déjà recommencé une autre partie au grand jeu de l'illusion. Et la vie passe. Mais je n'ai pas parlé des cas où l'un des amants s'est lassé plus tôt que l'autre. Ce sont probablement les plus fréquents. On n'est pas arrivé à obtenir le synchronisme de deux pendules. Comment pourrait-on l'exiger de deux cœurs ? Il y a là pour l'un des amants de petites ou grandes heures difficiles à passer. C'est une des rançons de l'amour. Aussi bien, on s'y attendait un peu. Les vrais amants n'aiment pas les tragédies. " Je ne sais compter que les heures aimables ", me disait une femme de beaucoup d'esprit et qui a le sens véritable de la vie.
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lundi, 23 novembre 2009
Terra libra
Je cherche une terra libra, je cherche ma terra libra
Où vivre grande et forte et belle, plantée sous les étoiles du soir, plantée sur la terre au zénith, les bras tendus vers le ciel et les cheveux bardés de vent.
Terra libra, tes rivages dorment au fond d’une mer inexplorée,
Et tes enfants croquent aux fruits des arbres, leurs jambes ruissellent de l’eau des sources et leurs yeux songent avec sérieux
Terra libra, je te rejoins quelquefois.
Ta musique fait peur et fait du bien, elle réveille toutes les images qui dormaient dans mon cœur, je laisse partir les maux de ma vie d’adulte, je laisse partir les mots de l’administration, les mots de la soumission, et je rejoins ta latitude splendide, d’où pleuvent des montagnes encore vierges.
Ta musique fait trembler et tes rythmes nous entraînent, nous sommes fascinés, emmenés dans ton monde ex mundo.
Des joues amies se tendent pour être embrassées ; des mains s’approchent de mon visage et prennent mes mains ; des meutes de loups hurlent et courent à perdre haleine dans tes collines peuplées de forêts. Et nous plongeons dans tes lagons aux deux crépuscules du jour. Ta longitude s’allonge infiniment, tes cotes se déploient indéfiniment, tu es la terre des êtres libres, tu es la terre des rêves morts nés, ils ont trouvé refuge dans tes cheveux d’herbe folle, dans les bras de terre glaise, dans tes chemins de cendre et de galets.
Et quelque fois il neige, quelque fois la neige te recouvre entièrement, Terra libra. Alors tu deviens blanche comme aux premiers temps du monde et tu purifies tes entrailles. Tu ressembles à une terre sainte, à un poisson géant étendu sur une mer de sel, le ventre au ciel crevé. Des guitares dans le ciel tintent, des flocons tombent, terra libra, je siffle sur tes routes et mes pas ne laissent aucune trace.
Et quelques fois tes flûtes s’en mêlent et papillonnent un air de danse qui fait tomber des éclats de rire !
Tes enfances sont douces et elles sont éternelles. Elles font pleurer souvent, quand la chair des pommes est pourries ou qu’on rencontre une souris morte. Elles font rire quand les jeux se prolongent bien au-delà du jour, bien au-delà du temps, là où il n’y a plus de bornes à l’espace.
Et qu’ils sautillent, ces doux enfants, dans leurs habits de pourpre et de fumée ! Ils enjambent, ils tournent, ils dansent sans chercher à danser. Ils savent comment on prie sans prier. Ils ne connaissent pas les rivages pourris des quérulences et des sexualités. Ils n’ont que leurs jolis manteaux d’étonnement, leurs doux sourires d’hiver, leurs mains petites et malhabiles qui apprennent à créer.
Tes enfances poussent et elles sont éternelles.
Mais j’entends une voix. C’est sur terra libra qu’elle chante. Elle habille le paysage d’un chant qui conte le temps des temps qui n’en finit pas, le conte des contes, le matin des matins, l’ultime monde, celui qu’on cherche tous au fond de notre prison de larmes et de sueurs, ce monde du jour perdu, le jour parfait qui nous habite et nous traverse sans jamais nous dévorer, le jour où nous sommes enfin guéris de la douleur d’amour.
Violons, accompagnez parfois la voix libre de Terra libra. C’est une voix de femme et les mains qui tiennent vos archers sont masculines. Mais seuls les enfants frôlent de leurs pieds parfaits le sol immaculé de Terra Libra.
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dimanche, 22 novembre 2009
Du théorème de Bolzano au théorème de Brouwer
En mai de l'an 2007, Laurent Moonens nous proposait un article mathématique intitulé "du théorème de Bolzano au théorème de Brouwer". Le voici en pédéhaif ici :
Les amis Bolzano, Brouwer et leurs théorèmes
Pour en apprendre plus sur Laurent Moonens, voici sa page ; et quelques vidéos de lui sont visibles ici.
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samedi, 21 novembre 2009
Canada Valentina
Valentine morning se souvient de son enfance montréalaise dans cet enregistrement à la radio bordure de 2062. La nièce d'Edith Morning y raconte sa vie montréalaise après la mort de ses parents, chez sa tante qui les avait recueilli, elle et ses frères. Elle chante ensuite la chanson que leur mère bordure leur chantait pour les endormir, en leur parlant de son lointain pays.
Nous remercions l'institut de conservation des archives radiophoniques de Bordurie de nous permettre cette (rare) retransmission.
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vendredi, 20 novembre 2009
L’eau de vie de pomme (et les archives d’AlmaSoror)
Sais-tu que je bois de l’eau de vie, le soir, en dégustant mes bons fruits cuits, en écoutant le piano tendre de Ludovico Einaudi, mp3 volés à ma soeur un jour où je squattais son ordinateur, et sais-tu que je repense aux amitiés blessées, brisées, et aux rêves que je faisais lorsque j’avais quinze ans ? Et le piano accompagne ces moments lents et beaux et le feu crépite dans la vieille cheminée du vieil appartement du 13. Et la voix de mon frère dans ma mémoire, et le rire de ma soeur dans ma mémoire, et la présence-tension de mon père dans ma mémoire flottent autour de moi alors que leurs corps et leurs coeurs vivent leurs vies dans leurs villes.
Et le caméscope filme : car je succombe aux règles de l’art individualiste qui ne chante plus son Dieu, mais son image dans le miroir. J’installe la caméra et je dîne aux chandelles, seule avec le film que je suis en train de faire et qui dévoilera ce que fut une vie anodine, esthétisée par goût et par nécessité.
Et la musique se balance, nostalgique, tandis que mon regard intérieur remonte le temps, traverse ces années écoulées, retourne au Pérou, à la Casa Elena. Souvenir de visages et de voix si éloignées de ceux qu’on trouve par ici.
Quelquefois j’ai l’impression que la vraie solitude, la plus belle, la plus pure, la plus déroutante, la plus dangeureuse, est une invention européenne. Une des grandes découvertes qui ont détruit et construit le monde.
C’est au creux de cette drôle de solitude, frustration créatrice en mouvement insaisissable, que sont nées certaines photos et certains textes qu’AlmaSoror a publiés, depuis sa naissance en septembre de l’an 2006.
Et je voudrais me ressouvenirs des jours où je reçus, dans mon électro-boite aux lettres, ces textes qui firent le miel d’AlmaSoror et qui demeurent ses fondations.
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François-Joseph Westermann
La rubrique Exterminator rappelle que certains hommes sont fous et qu'ils obtiennent souvent un grand succès.
L'extermination d'autrui a toujours été une activité prisée.
AlmaSoror crée aujourd'hui la rubrique EXTERMINATOR en hommage aux exterminés ; nous espérons aussi, par cette série de courtes citations des bourreaux, contribuer à mettre au jour les méandres intérieurs de ce personnage très présent dans l'histoire des hommes : Exterminator.
Qui est Exterminatator ? Après avoir présenté Exterminator Sennacherib, qui massacra la population de Bablylone, voici Exterminator Westermann, l'homme qui écrasa la Vendée, en éventrant, incendiant, passant les chairs à la baïonnette.
« Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé ».
(lettre au comité de salut public)
F-J Westermann, Révolutionnaire français, surnommé le boucher de la Vendée, a une rue dans le vingtième arrondissement de Paris.
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jeudi, 19 novembre 2009
Dictionnaire de la délivrance psychique 2
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mardi, 17 novembre 2009
L'amour en trois volets
"le bonheur ne saurait se trouver qu'aux deux pôles des
relations humaines, - là où les mots n'existent pas encore et là où
ils n'existent plus - dans le regard et dans l'étreinte. Là seulement
se situent l'inconditionnel, la liberté, le mystère, l'élan
irrépressible"
Thomas Mann
I
Lutte contre le soliloque mental perpetuel
la vie intellectuelle polémique est comme une tentation du démon. Elle veut nous détourner de la bonne bouffe, des relations agréables avec les humains, les chats et les chiens qui nous entourent, des étoiles qui scintillent à l’écart des villes et de la construction d’une belle oeuvre suivie au long cours. Elle brandit de séduisants hameçons auxquels il est difficile de ne pas prendre et la plupart de ces hameçons sont pourvus de vers pêchés dans l’actualité.
Ne plus penser, étouffer la profusion de mots afin que surgisse le silence. Les mots qui coulent dans la tête toute la journée, pollution mentale, nous tuent. Le mental est pollution, il devrait se taire la plupart du temps.
II
noyade et délivrance
(écoutez La voix vibrante de Loreena Mc Kennit)
L’homme écoutait sans cesse la voix de l’Irlandaise chanter “tango to Evora”. Il sombrait dans la folie de se noyer dans une voix inconnue et cela rappelait la bande dessinée pour les enfants, en deux volumes : Marion Duval et La voix d'Elisa Beauchant ; Athaque à Ithaque (un autre homme y sombre pour une autre voix).
La voix faisait taire tout ce qui parle et pense et laissait monter les sensations. la voix était sensation, et se fondre en elle, c’était retrouver le chemin de la petite enfance, l’époque de l’observation des fourmis loin des autres enfants, et surtout, loin des grands. Quand le temps et l’argent n’avaient pas encore mangé le rêve de la vie.
III
L'amour, la fumée
...et c'est ce que nous recherchons, tous, dans l'amour. Nous voulons nous noyer dans un être plus beau et plus grand que les autres. Nous voulons oublier les détails qui tuent. Nous cherchons à broyer nos biles pour entrer dans la lumière, la belle lumière du monde incréé.
... et c'est ce que nous recherchons, tous, dans l'amour : la fumée des premiers jours.
XY, alias José Vengeance Dos Guerreros
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lundi, 16 novembre 2009
Effigies
Par Marin Dupondt-M
A ma soeur bleue marine
Je t’aime, je te quitte, ta guitare m’a trahi en chantant ce sommeil qui nous tint à l’écart, qui nous tint éloignés l’un de l’autre, l’un de l’autre, trop de temps.
Je viens, tu repars, et les drogues qu’on achète n’éssuient plus ce chaos, ce chaos qui oppresse, qui opprime nos poitrines en roulant sur les bords des instants.
Toi, tu regardes dans la brise nos écarts et les chiens te comprennent, et les chiens te soutiennent et je reste, bien trop seul bien trop cuit, bien trop noir pour tes chants.
Rire, dans le ciel, pleurer, dans les vagues, crier dans le drame des corps qui cherchent l’éclaboussure de joie, et c’est toi, ma tendresse qui disais, qui disait il fait froid, il fait faim, prends moi dans tes bras. Et c’est toi, ma tendresse, qui disais, qui disait il fait froid, il fait faim, prends-moi dans tes bras.
Marin Dupondt
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dimanche, 15 novembre 2009
L'Occident
... Et l'astre qui tombait de nuage en nuage,
Suspendait sur les flots son orbe sans rayon,
Puis plongeait la moitié de sa sanglante image,
Comme un navire en feu qui sombre à l'horizon ;
Et la moitié du ciel pâlissait, et la brise
Défaillait dans la voile, immobile et sans voix,
Et les ombres couraient, et sous leur teinte grise
Tout sur le ciel et l'eau s'effaçait à la fois ;
Et dans mon âme aussi pâlissant à mesure,
Tous les bruits d'ici-bas tombaient avec le jour,
Et quelque chose en moi, comme dans la nature,
Pleurait, priait, souffrait, bénissait tour à tour ! ...
Ô lumière ! où vas-tu ? Globe épuisé de flamme,
Nuages, aquilons, vagues, où courez-vous ?
Poussière, écume, nuit ; vous, mes yeux ; toi, mon âme,
Dites, si vous savez, où donc allons-nous tous ?
À toi, grand Tout, dont l'astre est la pâle étincelle,
En qui la nuit, le jour, l'esprit vont aboutir !
Flux et reflux divin de vie universelle,
Vaste océan de l'Etre où tout va s'engloutir !
Alphonse de Lamartine
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