jeudi, 15 mai 2014
Mise en route de l'index nominum d'AlmaSoror
AlmaSoror recense désormais ses victimes sur son INDEX NOMINUM. Nous tentons d'indexer tous les noms propres qui hantent les pages d'AlmaSoror ; il nous faut farfouiller à travers huit ans de production irrégulière mais souvent intense, aussi ce vaste chantier n'en est-il encore qu'à son ébauche.
A
Abderrahman III
Il est mentionné dans Le désillusionné
Berhanou Abebe
Il est mentionné dans Sauvetage in extremis.
Alcuin
Il est mentionné dans Une enfance littéraire française : invitation au voyage I
James Allen
Il est traduit dans Ainsi pense-t-il, ainsi soit-il
Jean-Baptiste Amadieu
Il est mentionné dans Auto(?)censure
François Andelkovic
Il est cité dans Les haies
Apostolus
Il est cité dans Quatre entrées en matière, quatre sorties de secours
Il est cité dans J'allais plus loin, et je me disais...
Lotte Arndt
Elle est l'auteur de Die Insel der lesenden ArbeiterInnen
Venexiana Atlantica
Elle est mentionnée dans Les Basaltiques : Critique d'un album musical
Elle est mentionnée dans Hors les murs
Elle est mentionnée dans La dolce vita
Il est citée dans Combattre et vivre libre
Elle est citée dans Parfois j'ai prié
On l'entend dans Psalmodie atone souffle
Elle est citée dans Passage d'une autobiographie incertaine
Elle est mentionnée dans Hors les murs
Elle est l'auteur d'Adieu ma concubine
Elle est citée dans Celle qui ne m'a jamais aimée
Elle est haïe dans Edith de CL
Elle hante en égérie la Saga des voix lactée
Atahualpa
Il est mentionné dans Charte du Mandé, Discours de Seattle, Pièce de la mort d'Athahualpa : des "faux".
Jon Atwood (Voir à Yellow 6)
Sainte Thérèse d'Avila
Elle est mentionnée dans Extase
Elle est mentionnée et citée dans Un dimanche à Avila
Elle est citée dans La nuit
Suite sur l'INDEX NOMINUM ALMASORORIS
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mardi, 14 janvier 2014
Extase
En passant dans ces quartiers branchés, le boulevard de Sébastopol, Beaubourg, la rue Saint-Martin, la rue Rambuteau, nous songions aux vies des gens à la mode, qui s'écoulent dans la vitesse et le scintillement du temps et des événements, nous nous disions que déjà ceux qui hier buvaient des cafés les cheveux en bataille aux lendemains de vernissages trop arrosés dans des bars transformés en backrooms à partir du milieu de la nuit, déjà ceux là sont partis, sont morts, ce sont d'autres qui les remplacent, tout aussi excités, tout aussi hâtifs de toucher à tout, tout aussi prisonniers du va-et-vient de l'actualité parisienne, tout aussi attachés à suivre le fil incessant de « l’événement ». A eux non plus il ne manque aucune classe au regard de ce qui est admirable à Paris, à eux ne manque aucune coquetterie, aucun laisser aller surtout quand celui-ci devient coquetterie, ils ne passent pas à côté du tourbillon parisien, mais peut-être passent-ils à côté de leur vie. Peut-être, peut-être pas. Car la vie trépidante a ses charmes, pourquoi serait-elle inférieure aux vies moins branchées ? Mais toi, disais-tu, tu ne sais pas où être. Tu n'as pas assez de santé pour demeurer éveillée tard dans la nuit, pas assez de folie pour te droguer aux amphitamines, pas assez d'opiniâtreté pour imposer ta présence, sans cesse, en haut lieu, pas assez de courage pour baiser avec n'importe qui – tu aurais peur de te détruire, d'avoir honte de toi au petit matin en trouvant un inconnu désagréable dans ton lit, du pituite au fond de ton bol, et de voir par la fenêtre (dans le meilleur des cas, dans l'élégant et rarissime cas où tu aurais fenêtre sur ville!) la rue qui s'éveille, les gens qui commencent leur journée, tandis qu'au fond de ton ventre macèrent les substances ingurgitées la veille. Oui, malgré un certain romantisme de la vie branchée, tu te sentirais détruite. Dépossédée de la partie de toi que tu préfères, celle des enfances naïves et sages jusque dans leurs bêtises.
Mais ce soir - pourquoi dis-je tout cela ? Mais ce soir - cela n'a pas d'importance. Une étrange mélopée résonne à l'arrière de mon crâne, qu'entends-tu, moi-même, ma sœur ?
Mais ce soir, le tourbillon du monde frappe à la porte de ton âme.
Ce soir, c'est la dernière nuit dans cet appartement où j'ai bu le lait maternel, où mon père m'endormait en chantant. Inutile de passer sur le côté obscur d'une vie familiale détraquée de la fin de siècle. C'est ma dernière nuit et je savoure cette mort en attendant demain l'aurore et la renaissance. Forcément, nous avions un loyer plutôt faible au regard des pratiques du quartier, en raison des presque quatre décennies passées ici ; aussi l'héritière de notre appartement s'est-elle immédiatement résolue à se débarrasser de celui-là par la vente, celui-là et pas un autre, même vide. Cette dame connue depuis toujours m'offre par son calcul l'occasion de vivre une si belle nuit. Aucun des sentiments que j'éprouve ce soir ne ressemble à un autre déjà vécu. Tout est neuf, comme l'apocalypse et en même temps tout est si calme... Peu de bruit alentour. Kaspar, le chat du voisin, est venu pointer son roux museau tout à l'heure, mais la nuit domine désormais. Le silence enveloppe mon extase. Si vivre, c'est éprouver intensément, je vis en cet instant plus qu'à nul autre instant. Vide, ce lieu d'habitude si chargé n'est plus qu'un tombeau et j'ai peur : se refermera-t-il sur moi ? Les cheminées paraissent mortes, l'évier si parisien, si ancien, vieux des années 1950, vit probablement ses derniers moments : quel nouvel arrivant pourrait faire autre chose que de raser la cuisine pour en créer une moderne, hygiénique et pratique ?
Tout est cémetérial. L'appartement hier rouge, chaud, palpitant, chatoyant, vibrant, s'est mué en pyramide. Au bout du dédale de couloir, une autre personne dort. Dort ? Insomnie, probablement. Notre morceau de château s'est fait tombeau et nul doute que des fantômes disent une messe funèbre dans l'espace vide qui servait de salle à manger et de bibliothèque. Pourtant, demain, le réveil sonnera tôt. Alléluia ! Cette nuit, ce que j'éprouve est un profond bonheur. Un bonheur inconnu auparavant. Des vibrations inconnues à mes sens me transportent d'exaltation. Sainte Thérèse d'Avila, tes extases ! Sainte Thérèse de Lisieux, tes extases ! Nuit mystique, jamais tu ne t'étais dévoilée à moi avec autant de captation. J'en tressaille. Je voudrais que ces heures durent mille ans, qu'elles ne s'arrêtent jamais. Je voudrais boire encore à cette Nuit finale ! Me sera-t-il donné, dans le temps indéfini qui me reste à vivre, de connaître à nouveau ce niveau de bonheur ? Comme je chante en mon âme. Comme mon corps prie. Comme le silence est oppressant et comme sa marque m'atteint et stimule toutes les parties qu'il écrase sans pitié. Comme la nuit est noire là où elle est noire, comme les lueurs affaiblies des lumières de la ville orange forment des dessins aux desseins émouvants. Plus rien ne compte que nos noces, Ô ma dernière Nuit. Plus rien ne compte que nos noces.
Comment vivrai-je l'aube ? Comment se remettre d'un tel bonheur ? Extase, je t'appelais hystérie quand je ne t'avais pas encore vécu. Désormais, aucun miracle, aucune folie, aucune passion ne me paraîtra plus bizarre car je sais que l'extase EST.
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dimanche, 05 mai 2013
Un dimanche à Avila
Je pense, pour répondre à ta question d'hier, que si j'avais un fils je l'appellerais Judicaël ou Dieudonné, et une fille, Anne.
Je n'ai plus d'inquiétude sur la question d'avoir ou non un enfant... âgée de trente ans, je suis allée dans l'église Saint-Thomas d'Aquin, et j'ai "demandé" d'avoir un enfant à 32 ans. J'ai renouvelé solennellement cette demande intérieure auprès du cercueil de mon grand-père.
Le jour de mes 33 ans, alors que rien ne s'était passé, j'ai éprouvé un cuisant dépit. Je m'en suis voulue d'avoir été si crédule, si ridicule. Dans cette déréliction, soudain, m'est apparue comme gravée sur une pierre imaginaire la phrase de Sainte Thérèse d'Avila :
« Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas ».
(C'est cette phrase qui a inspiré le titre du roman de Truman Capote Answered Prayers).
Je suis donc retournée à Saint Thomas d'Aquin pour exprimer ma gratitude et ma confiance que ma prière était exaucée au mieux quoi qu'il arrive. Depuis, j'ai un poids en moins, une confiance absolue que le mieux m'arrive, m'est arrivé, m'arrivera sur le plan de la maternité.
Il faudrait que je parvienne à atteindre une telle sérénité sur d'autres sujets, tel la vie financière... Mais on ne décide peut-être pas consciemment des prières profondes que l'on lance, des réponses non moins profondes qui nous arrivent.
Du rêve ou du réel, va dire lequel féconde l'autre... Sans leurs noces mystiques rien n'a de valeur en ce monde.
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mercredi, 13 juin 2012
Extase
La vie vaut la peine d'être vécue puisqu'Allegri composa son Miserere et qu'il est audible aujourd'hui, en disque, sur Internet, en concert dans des églises...
J'ai trouvé deux vidéos britanniques, qui reflètent la splendeur de l'éducation anglaise et la grâce de la musique religieuse d'Allegri. Ce Miserere pour neuf voix a capella, composé en 1838 et chanté peu après, était réservé aux matines de la semaine sainte, au Vatican.
Je vous conjure des les regarder et les écouter toutes deux jusqu'au bout.
Voici d'abord le choeur de jeunes adultes. La soprane parait comme une image de Sainte Thérèse, et peut-être une image qui flotte entre les deux Sainte Thérèse.
L'extase de Sainte Thérèse d'Avila, par le Bernin
Voici ensuite une version brève, pour les enfants du même choeur de Cambridge. Ces garçons et adolescents angéliques font honneur au Miserere d'Allegri, dont le génie de Mozart brisa le secret... Car c'est ce Miserere qu'il était interdit, sous peine d'excommunication, de recopier et d'interpréter hors de la chapelle Sixtine.
Âgé de quatorze ans, Wolfgang aimé de Dieu s'en empara par l'oreille : il lui suffit assister à deux offices, pour reporter entièrement la partition de mémoire, et dévoiler le secret du Miserere du Vatican.
Eh quoi, choeurs angéliques ! Vous existiez toujours, et je ne le savais pas ?!
(ECL)
Merci aux internautes qui ont partagé ces moments de magie.
Deep thanks to the inspired souls who youtubed these videos.
Miserere mei, Deus: secundum magnam misericordiam tuam.
Et secundum multitudinem miserationum tuarum, dēlē iniquitatem meam.
Amplius lavā me ab iniquitate mea: et peccato meo mundā me.
Quoniam iniquitatem meam ego cognōscō: et peccatum meum contra me est semper.
Tibi soli peccāvī, et malum coram te fēcī: ut justificeris in sermonibus tuis, et vincās cum judicaris.
Ecce enim in inquitatibus conceptus sum: et in peccatis concepit me mater mea.
Ecce enim veritatem dilexisti: incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi.
Asperges me, Domine, hyssopo, et mundābor: lavābis me, et super nivem dēalbābor.
Auditui meo dabis gaudium et laetitiam: et exsultabunt ossa humiliata.
Averte faciem tuam a peccatis meis: et omnes iniquitates meas dele.
Cor mundum crea in me, Deus: et spiritum rectum innova in visceribus meis.
Ne projicias me a facie tua: et spiritum sanctum tuum ne auferas a me.
Redde mihi laetitiam salutaris tui: et spiritu principali confirma me.
Docebo iniquos vias tuas: et impii ad te convertentur.
Libera me de sanguinibus, Deus, Deus salutis meae: et exsultabit lingua mea justitiam tuam.
Domine, labia mea aperies: et os meum annuntiabit laudem tuam.
Quoniam si voluisses sacrificium, dedissem utique: holocaustis non delectaberis.
Sacrificium Deo spiritus contribulatus: cor contritum, et humiliatum, Deus, non despicies.
Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion: ut aedificentur muri Jerusalem.
Tunc acceptabis sacrificium justitiae, oblationes, et holocausta: tunc imponent super altare tuum vitulos.
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vendredi, 01 juin 2012
La nuit
Phot.Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva
Un billet d'Esther Mar-Adentro
La vie est une nuit. Nous attendons tous l'aube, qui nous délivrera du poids des ténèbres, ténèbres de nos entrailles, ténèbres de nos douleurs, de nos tentatives et de nos échecs, de nos tentations et de nos âmes piégées.
"La vie est un songe", disait Pédro Calderon de la Barca.
"La vie n'est qu'une nuit à passer dans une mauvaise auberge", disait Sainte Thérèse d'Avila.
"La vie est un voyage", disait Ernst von Kleist.
"La vie est un sommeil", disait Alfred de Musset.
"Cette vie est un hôpital", disait Charles Baudelaire.
La vie est une nuit, où la lune brille trop faiblement pour guider nos pas. Nous nous cognons les uns contre les autres, et pour nous venger de notre condition, de nos espoirs déçus, nous bridons l'enfance et malmenons les bêtes.
La vie est une nuit et nous attendons la fin du noir, la venue de l'aube, l'avenue du jour qui se déploie sous nos yeux jusqu'à l'horizon. Alors, que ferons-nous ?
Nous verrons. Pour l'instant, nous geignons et nous prions.
Esther Mar-Adentro
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