jeudi, 12 mars 2009
Entrevista con un lenguado
ENTREVISTA Con un lenguado
por Antonio Zamora
- ¿Cuándo y en qué circunstancias se dio usted cuenta de que era un lenguado?
Fue hace cuatro días. Yo llevaba mucho tiempo convencido de que simplemente era un delfín pequeño y perezoso. Sobre el arenal en el que vivo juegan a todas horas familias enteras de delfines y yo me paso casi todo el tiempo mirando cómo nadan arriba y abajo. A veces me sonríen desde arriba, y yo les devuelvo la sonrisa desde abajo. Hace cuatro días, desperté con un grupo de jóvenes delfines girando graciosamente una y otra vez sobre mi cabeza y por primera vez sentí el impulso de unirme a ellos. No lo pensé y, de un coletazo, me separé de la arena y comencé ascender con gran excitación. Llegué a su altura y, exultante, seguí subiendo. De repente desaparecieron, ya no podía verlos. Casi al mismo tiempo, advertí que tampoco veía la arena, mi casa. El pánico me paralizó. No sé cuánto tiempo pasé así, pero pensé que me moría. Hasta que, cuando ya lo daba todo por perdido, descubrí que los delfines volvían a estar sobre mi cabeza y, unos segundos después, sentí que mi cuerpo volvía a apoyarse en la arena. Así es cómo supe que soy un lenguado.
- ¿Qué sentimientos le atraviesan cuando usted ve a un humano pasando con botellas y aletas?
Siento una gran compasión. Y un poco de rabia, sobre todo cuando remueven la arena con sus torpes aleteos.
- ¿Podría describirme usted su vida ideal?
Lo que más me gustaría es poder jugar con los delfines. Desde hace cuatro días sé que no puede ser, así que me contento con que la temperatura del agua sea agradable, no haya corriente y el sol ilumine bien los juegos de mis amigos.
- ¿Cuáles son los momentos de su vida favoritos?
Bien lo sabe usted.
- ¿Le gustaría a usted hablar con palabras, como los humanos ?
¡Ah! ¿Ellos también hablan con palabras?
- ¿Qué ha aprendido de los humanos que a veces ve pasar ?
Que siempre hay alguien que está peor que tú.
- ¿Qué le gustaría enseñarles para poder ayudarles?
¿A conformarse con lo que tienen?
- ¿Se parecen los días y las noches en las profundidades del mar?
No se parecen en nada. La noche me da mucho miedo. Todo está oscuro y la paso enterrado en la arena tratando de dormir. Aunque los sonidos son parecidos (el eco de una ola, el golpear seco y sordo de una roca), los de la noche me dan terror. Excepto cuando hay luna llena. Entonces los sonidos y las formas difuminadas y tenuemente plateadas se vuelven un espectáculo tan mágico como el de mis delfines diurnos. Aparecen seres maravillosos que están ocultos a la luz del sol y bailan lentas y misteriosas danzas que yo contemplo inmóvil y extasiado, creyendo adivinar en el espectáculo de esas figuras extramarinas y en las presencias que intuyo más allá el verdadero y sobrecogedor sentido del universo. Y hasta ser un lenguado adquiere su grandeza.
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mardi, 27 janvier 2009
Napoléon
Napoléon
Lire :
1) Mémoires d'outre-tombe, par François-René de Chateaubriand (texte de l'édiition originale 1849), présenté par Pierre Clarac, le Livre de Poche, 1973.
2) La Guerre et la Paix, par Léon Tolstoï (publié en 1878), traduction par Elisabeth Guertic, éditions Fernand Hazan, 1950, 2vol. + étui.
3) Guerre et Paix, film de Serge Bondartchouk réalisé en quatre parties entre 1965 et 1967, projeté pour la première fois en France enaoût 2004, dans son intégralité lors du festival annuel "Cinéma et Littérature russes", au cinéma L'Arlequin, rue de Rennes à Paris.
4) Le site www.napoleonicsociety.com
François de Chateaubriand consacre plus de 200 pages de ses Mémoires d'outre-tombe à Napoléon. Il décrit celui-ci comme un homme qui a su rétablir l'ordre après le bain de sang de la "Terreur". Mais il le déclare un homme de l'ancien régime, démocrate par opportunisme et seulement pour un temps. Il est à la fois admirateur de son "génie" et refroidi par ses crimes. "Je n'ai jamais salué la parole ou le boulet" dit-il et en effet, comme Victor Hugo, il s'est vite éloigné de Napoléon.
Léon Tolstoï écrit en six ans le roman La Guerre et la Paix qui met en scène deux familles d'aristocrates russes au moment où Napoléon envahit l'Europe et se heurte à l'Empereur Alexandre. Le héros, le prince André Bolkonsky, est lui aussi un admirateur de Napoléon jusqu'à la bataille d'Austerlitz où il est blessé : "Comment n'ai-je pas vu ce haut ciel plus tôt ? Et comme je suis heureux de le connaître enfin. Oui ! tout est vanité, tout est mensonge, hormis ce ciel infini." Son point de vue change alors sur Napoléon.
Le film Guerre et Paix tiré du roman et réalisé avec les moyens exceptionnels que l'ancienne URSS avait mis à la disposition du réalisateur Serge Bondartchouk dans les années soixante est l'occasion de magnifier le peuple russe. Le réalisateur fait un montage percutant de certaines scènes, comme celle-ci : la comtesse Rostov devient folle de douleur quand elle apprend la mort de son fils. Après un "cut" brutal sur cette scène bouleversante, l'image d'après montre Napoléon marchant de profil de gauche à droite, inéluctable, indifférent, apportant la guerre et la mort.
À ces deux auteurs du XIX° siècle, Chateaubriand et Tolstoï, qui expriment tour à tour admiration et horreur pour Napoléon, montrant l'ambivalence des sentiments, l'hésitation du cœur et de l'esprit, s'oppose la certitude des passionnés de l'aventure de Napoléon.
Le site des fervents de Napoléon justifie l'assassinat du Duc d'Enghien – kidnappé à l’étranger et fusillé dans les fossés de Vincennes après un procès expédié dans la nuit - et soutient que le procès fait à Napoléon serait une machination indigne. Car Napoléon serait « un homme de paix »…Sur ce site, peu convaincant, le président, dénonce une histoire officielle hostile à Napoléon. D'autres sites existent qui exaltent l'empereur. La plupart, plus raisonnables, et que le lecteur trouvera facilement sur Internet, se contentent de faire des recherches et des reconstitutions historiques comme l' « Institut Napoléon ».
Pourquoi des hommes du début du XXI° siècle ont-ils besoin de s'enthousiasmer pour un mégalomane, même de génie, qui a entraîné dans la guerre des millions de jeunes gens les arrachant à leur famille et les promettant à des morts horribles ? Nous les humains, sommes-nous réellement amateurs de guerres ?
Peut-être serait-il utile de se poser cette question sérieusement à l'heure où les guerres éclatent partout - dans l'oubli des guerres du XX° siècle -, et où des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes gens sont horriblement blessés, souffrent, meurent. Tandis que les chefs de guerre se lèvent toujours plus nombreux, toujours plus excités, et - il ne faut pas l'oublier - de plus en plus éloignés, physiquement, du champ de bataille.
Faut-il relire la "Servitude volontaire" de La Boétie ?
Sara
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mercredi, 21 janvier 2009
Le sexe des anges
Le sexe des anges
H.L. accompagnée d'Edith de CL s'interroge sur deux des plus belles femmes du monde :
Nolimé et Véronique
Voir
un film de Krzysztof Kieslowski
1991
sorti en DVD par MK2 en 2006
Lire et voir
dessins de Béja
Textes de Nataël
Editions Casterman, 1995
Deux œuvres
Comme dans le film La Double Vie de Véronique, la bande dessinée Nolimé Tangéré, grande œuvre littéraire et esthétique, propose une intéressante version d’un certain incertain donjuanisme romantique.
Le film, comme le livre, questionnent le rapport entre l’auteur et ses créatures. L’auteur fictif de la bande dessinée et le marionnettiste du film voudraient entrer dans la vie de leurs personnages mais ils n’osent pas : ils ont peur de briser leur rêve.
Le rêve sera inexorablement brisé.
Dans Nolimé Tangéré, l’auteur voit horrifié sa plus belle idole, son personnage Nolimé, renoncer à sa pureté, sortir de son œuvre pour entrer dans la vie et rejoindre un homme.
Dans la Double Vie de Véronique, la jeune femme sort de son propre rêve pour partager la vie de l’artiste qu’elle inspire.
Les deux oeuvres s'arrêtent avant que l’amant ne se lasse, avant que tout s’écroule. On finit entre deux mondes, dans une tension de réalisation, mais l’héroïne est morte en tant que telle. Elle n’est plus qu’une femme. Ce qui faisait toute la séduction de la femme inaccessible meurt avec son engagement tangible.
Qu’est-ce qu’une femme ?
C’est la question que posent ces œuvres, qui nous peignent des femmes chargées de magnificence.
Dans la vraie vie, c’est si difficile de ressembler à une image d’Epinal qui semble délivrée des charges animales quand on partage plus de 95% de son patrimoine génétique avec les orangs-outangs…
Ces hommes et ces femmes auxquels nous essayons de ressembler, nous, enfants déguisés en adultes, animaux déguisés en humains, nous ne pouvons les rencontrer que dans des œuvres d’art.
Tant qu’on la rêve, une femme est un ange. Quand on la rencontre, avec nos mains, avec notre cœur et notre corps, la femme s’estompe et fait place à l’être humain, l’être humain qui est un animal comme les autres. Alors le rêve est déchu.
“Thanks to the girls who fed me”, Merci aux filles qui m’ont nourri, a écrit Jim Morrison. Mais sans doute ces filles-là n’ont jamais existé. C’est son regard à lui qui les inventait pour ne plus être seul.
Car chacun sait que l’homme et la femme nus ne sont qu’un brillant artifact du passé, chante Leonard Cohen. Everybody knows the naked man and woman, are just a shining artifact of the past...
Mais les hommes aussi sont doubles : des archanges ou des salauds.
Tel cet homme dont parlait Virginia Woolf : le frère affectueux et protecteur envers sa sœur - mais quand elle veut le retrouver dans d’autres hommes, elle découvre son autre face : un brutal méprisant pour les femmes.
Nous sommes métamorphosés par nos maquillages, et ne savons plus retourner à notre vérité naturelle, qui est brisée comme l’enfance est brisée dans l’adulte. Alors, on met des masques, et quand le masque ne tient pas bien certaines se parent volontairement de déchéance : adolescentes libérées, vieilles putes.
A quoi ressemble Véronique quand le film est fini ? Qu'est devenue Nolimé quand la dernière page s'est tournée ?
Impossible rencontre de soi et de la pureté...
Don Juan est épouvanté par lui-même.
A cause de l’horreur du regard tueur ; nous désirons quelque chose, à peine nous l’obtenons, nous n’en voulons plus. Car ce qui est à nous ne peut être bien. L’amour de l’extérieur nous vient souvent de la haine de l’intérieur. Dès lors tout ce que nous touchons, ne peut-être que souillé. La haine de soi à l’extrême se traduit par le mépris de l’autre. L’homme par rapport à l’animal, l’homme par rapport à la femme, la femme par rapport à l’homme, etc.
Don Juan se hait.
Il est assoiffé de lui même, mais se cherche dans l’autre. S’il laisse ses victimes exsangues, sa vie à lui est un long dévidement.
C’est Don Juan vidé de lui-même, qui ne peut jamais croître, en chasse, en survie permanente – Don Juan est un vampire.
Don Juan est éternel
Plus que séducteur, au fond, la particularité de Don Juan est d’être séduit… jamais centré sur lui-même, il est séduit chaque fois qu’il sent palpiter un peu de vie.
Il est le séducteur, il est la séductrice, il est l’ethnologue ou le passionné des enfants : il voudrait ne faire qu’observer, ne peut s’empêcher de posséder et il hait et méprise tout ce qu’il touche.
Don Juan est aux femmes ce que les ethnologues sont aux peuples « primitifs », ce que les scientifiques sont à la terre vierge.
Même la science est Don Juan : la science qui brûle ou casse tout ce qu’elle touche, un peu comme Lenny dans des souris et des hommes, de John Steinbeck, parce qu’il cherche le pur, et le vierge, mais que son regard de vivisectionniste, souille et déflore. Alors, immédiatement déçu, il doit chercher ailleurs la pureté et la virginité, et le charme fugitif de la découverte.
Fuite éternelle de soi : Don Juan est l’être en fuite, tellement apeuré par la mort qu’il s’y précipite deux fois plus vite que les autres.
Nolimé Tangéré et Véronique sont des anges. Leurs amoureux transis croient qu’ils aiment des femmes ; mais les anges n’ont pas de sexe.
H.L. et E de CL
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dimanche, 18 janvier 2009
Les Dames
Les Dames
Lire :
Le Livre de la Cité des Dames
Christine de Pizan
Traduction de l'ancien français en français actuel : Thérèse Moreau et Eric Hicks
Stock
Ecrit en 1404/1405
Une Chambre à soi
Virginia Woolf
Traduit de l'anglais par Clara Malraux
Denoël/Gonthier
Publié pour la première fois en 1929
Au début du XV° siècle paraissait "Le Livre de la Cité des Dames" écrit par Christine de Pizan. Blessée et humiliée par le mépris dans lequel les hommes tiennent les femmes à son époque, Christine de Pizan propose de construire une forteresse imaginaire dans laquelle se regrouperaient toutes les femmes de grande qualité afin de prouver au monde qu'elles ne valent pas moins que les hommes.
Au début du XX° siècle, Virginia Woolf, blessée et humiliée par le sort inférieur fait aux femmes, imagine que ce qui leur manque pour valoir autant que les hommes, c'est "Une chambre à soi", du loisir et de l'argent qui permettent aux femmes de penser, de réfléchir, d'écrire.
Le féminisme est né de cette douleur. L'éphémère journal "Le torchon brûle" des années 68 était tout rempli de ces plaintes.
Aujourd'hui encore, un certain nombre de femmes n'en reviennent pas du sort qui leur est fait. Ou plutôt elles se creusent la tête pour comprendre ce qui fait d'elles des parias, des esclaves, des moins que rien.
La tentation de beaucoup d'entre elles est de considérer que les hommes sont des brutes et que les femmes sont opprimées en vertu de leur supériorité.
Aujourd'hui de nombreuses femmes ont accédé à des postes de pouvoir, certaines sont devenues astronautes, chercheuses, ont traversé l'Atlantique en solitaire, etc…. Il n'est pas de domaines dans lesquels certaines femmes n'ont pas brillé. Les êtres humains de sexe féminin n'ont plus grande chose à prouver à ceux de sexe masculin.
Cependant, nous qui sommes des gens ordinaires, hommes ou femmes, ou mêmes animaux, nous qui avons vu des femmes réussir aux plus hauts postes dans les entreprises ou à l'université, nous avons pu prendre bonne note que, oui, les femmes réussissent admirablement quand elles en ont les moyens ; nous avons pu vérifier également qu'elles ne valent pas mieux que les hommes quand elles sont dans la même situation de pouvoir. Nous avons pu vérifier cent fois qu'il n'y a pas de nature féminine de meilleure qualité que celle des hommes.
La lecture de ces deux livres est essentielle pour comprendre la nécessité, le bien-fondé de la lutte féministe. Il faudrait pourtant changer de point de vue. Il ne s'agirait plus de lutter contre l'oppression de tel ou tel groupe particulier - serait-ce celui des femmes - mais de se battre pour le libre développement de chacun quel que soit son sexe, sa couleur de peau, son origine sociale. Contre la sottise, l'arrogance, la méchanceté, quel que soit le sexe, la couleur de la peau, l'origine sociale de son détenteur.
Sara Univers de sara
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jeudi, 15 janvier 2009
Un voyage féodal
1) Vie de saint Louis par Jean de Joinville (XIII° siècle), Classique Garnier, 1995.
2) Histoire de l'Afrique noire par Joseph Ki-Zerbo (XX° siècle), éditions Hatier, 1978.
3) Abbrégé chronologique ou extrait de l'histoire de France par le Sr De Mezeray (XVII° siècle), historiographe de France, Tome I (et suivants pour ceux qui les trouvent), 1698.
Un seigneur champenois du début du XIII siècle, Jean de Joinville, accompagne le roi saint Louis dans ses croisades pour délivrer le tombeau du Christ. Il en fait la chronique dans son livre, "Vie de saint Louis".
Au milieu du XX° siècle, un historien africain, Joseph Ki-Zerbo (né en Haute-Volta et agrégé d'histoire en France en 1956) sillonne l'Afrique de part en part à la recherche de récits anciens qui dorment dans les bibliothèques, et de traditions orales qu'il recueille auprès de conteurs, de sages… Il écrit une monumentale "Histoire de l'Afrique noire".
La lecture quasi simultanée de ces deux livres entraîne le lecteur dans un incroyable voyage dans le temps du moyen âge, en compagnie des contemporains de cette époque très agitée. Joinville raconte "sa guerre" aux côtés de saint Louis. Joseph Ki-Zerbo cite des voyageurs arabes ou musulmans. Le lecteur compare les dates. Que se passait-il dans telle région d'Afrique noire au moment des Croisades ? Quels regards les uns portaient-ils sur les autres ? Qui étaient ces "seigneurs" européens, ces sultans musulmans, ces rois prêtres noirs qui se ressemblent étonnement, sinon dans les mœurs, du moins dans leur comportement de fauves, de prédateurs, de guerriers : c'est l'époque des grands féodaux. Ils se reconnaissent entre eux, se combattent avec violence, mais ils se respectent. Les fils des rois noirs tués sont élevés à la cour de celui qui les a vaincus. Le cri "cousin du roi" suffit pour que les sarrasins gardent Joinville en vie.
Le troisième livre est plus difficile d'accès : seuls des libraires spécialisés ou bien des sites Internet de livres anciens permettent de le trouver : c'est l'"Abrégé Chronologique ou extrait de l'Histoire de France", de Mezeray. Je n'ai trouvé que le tome I. C'est le livre d'histoire du XVII° siècle. Il retrace la chronologie des rois de France depuis Faramond (418).
Voilà un livre qui se lit avec stupeur et crainte car il décrit l'extrême violence de ces époques. Il fut écrit pour tenter de donner un sens à l'histoire de la royauté française, d'en montrer la cohérence. Il a un autre intérêt, partagé avec le livre de Joinville : c'est celui d'introduire le lecteur dans le système compliqué de la féodalité européenne.
Enfin, ces lectures éclairent du poids de l'histoire les guerres contemporaines du Proche-Orient : cette partie de l'Afrique est devenue chrétienne (II°, IV° siècles) quand l'Empire romain déclinant, s'est converti. Les vieilles religions de l'Antiquité ont alors disparu. Et, très vite après sa naissance au VII° siècle en Arabie, l'Islam envahit toute cette région qui devient musulmane, sauf l’Éthiopie et quelques foyers de résistance, copte en particulier.
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lundi, 12 janvier 2009
Courir le monde
Lire :
Itinéraire de Paris à Jérusalem
François-René de Chateaubriand
Garnier Flammarion
Première parution : 1811
Sites sur lesquels on peut lire des études de chercheurs sur ce livre :
Jules Verne
Le Livre de Poche
Première parution : 1873
Site de la cité des sciences qui propose un "tour du monde en 10 minutes" sur les traces de Philéas Fogg :
Il fallait acheter l'"Itinéraire de Paris à Jérusalem" dans la collection préfacée par l'universitaire autorisé si l'on en croit les articles de chercheurs mis à la disposition des candidats à l'agrégation sur les sites spécialisés. En effet, ce livre est au programme de l'agrégation cette année. J'avais l'autre édition dans ma bibliothèque et m'en suis contentée.
Mais j'ai lu les articles pour ma culture personnelle.
Ce qui étonne dans ce livre, c'est la manière de voyager de François-René de Chateaubriand. Il voyage comme s'il voulait en finir au plus vite. Il part le 13 juillet 1806 de Paris, Il arrive le 23 à Venise après 10 jours de voyage . Il y reste cinq jours, pars en "Chariot" à Trieste pour en repartir le 1er août en bateau. Il visite Athènes, Constantinople (Istanbul), Jérusalem, Alexandrie et retrouve Madame de Noailles le 10 avril à Cordoue. Neuf mois de voyage Il saute d'un bateau à un autre, fait des équipées à cheval pendant des journées de onze heures. Il traverse les ruines, les lieux saints dans une course que rien n'arrête. Certes la récompense du trajet c'est la rencontre tant attendue avec la femme dont il est amoureux !
Pour lui, le voyage, c'est la fuite. Fuite de sa femme qui l'ennuyait un peu. Fuite de son mal, le "mal du siècle", le mal être des romantiques : "toujours se promettant de rester au port, et toujours déployant ses voiles ; cherchant des îles enchantées où il n'arrive presque jamais, et dans lesquelles il s'ennuie s'il y touche ; ne parlant que de repos, et n'aimant que les tempêtes;"
Pendant qu'il se hâtait lentement, l'anglais, Richard Trevithick (1771-1833), fabriquait la première locomotive du monde capable de tracter 10 tonnes (en 1804). Tandis que les premiers bateaux à vapeur ne voient le jour qu'à partir de 1840.
Soixante dix ans plus tard, paraît "Le tour du monde en quatre-vingts jours" dans lequel Philéas Fogg mise toute sa fortune dans un pari contre le temps. Les moyens de transport se sont considérablement améliorés et se multiplient sur la planète. Il estime donc qu'il est possible de faire le tour du monde en 80 journées. Est-ce possible ? La scène se passe en 1872 à Hong-Kong :
"Vous chargez-vous de me conduire à Yokohama ?"
Le marin, à ces mots, demeura les bras ballants, les yeux écarquillés.
"Votre honneur veut rire ? dit-il.
- Non ! J'ai manqué le départ du Carnatic, et il faut que je sois le 14, au plus tard, à Yokohama, pour prendre le paquebot de San Francisco.
- -Je le regrette, répondit le pilote, mais c'est impossible.
- -Je vous offre cent livres (2500 F) par jour, et une prime de deux cents livres, s'y j'arrive à temps.
- - C'est sérieux ? demanda le pilote.
- -Très sérieux", répondit Mr Fogg"
Aider de son fidèle domestique Passepartout, il triomphe de tous les obstacles à coups de volonté et à coup d'argent. On dirai une charmante caricature de l'Itinéraire, une de plus - car il y en a eu, paraît-il, beaucoup au XIX° siècle -. Et au bout du voyage, il y a aussi l'amour de la belle Indoue, Mrs Aouda.
Nous avons changé de civilisation à tout jamais. Tant mieux pour les chevaux. C'est le début de la fin de l'esclavage pour eux : en 1850, la Loi Grammont interdit aux cochers de les maltraiter. Les machines sont là, sans âmes, qui ont pris le relais. Mais le mal-être humain reste le même. L'état d'esprit des voyageurs n'a pas évolué :ces deux livres annoncent le tourisme de masse de notre époque : de nombreuses personnes traversent le monde au pas de charge, rapportant des quantités de "photos" et de propos sur les lieux qu'ils ont "faits" selon la formule maintenant consacrée.
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vendredi, 09 janvier 2009
L'ange et l'archange
Deux adolescents dans la tourmente de la Révolution française...
Lire :
Saint-Just
D. Centore-Bineau
(Première publication : 1936)
Payot 1980
de La Rochejaquelein
1772-1857
Mercure de France,1984
J'ai lu Saint-Just, flamboyante biographie de l'ange de la Terreur, écrite en 1936 par Centore-Bineau. Ensuite, j'ai lu les mémoires de la marquise de La Rochejaquelein, cousine du héros vendéen. Et je reste avec deux souvenirs fracassants, deux jeunesses violemment fauchées en pleine Révolution, deux courages voués et dévoués à une cause. Saint Just, l'archange de la terreur, et La Rochejaquelein, ange de la contre-Révolution. Que de points communs entre ces deux jeunesses ennemies. Tous deux sont morts très jeunes, courageusement, pour une cause à laquelle ils croyaient.
Une époque, deux trajectoires
Racontée avec passion par une historienne et admiratrice, la vie de Saint-Just (les gens de l'époque prononçaient Saint-Je) commence par une enfance et une adolescence douloureuse.
Celle de La Rochejaquelein, racontée par sa cousine, est au contraire une histoire de famille heureuse et compréhensive.
La surprise
Louis Antoine de Saint-Just : il a la surprise de découvrir que dans son innocence d'enfant, on le prend pour un criminel ; pour des broutilles, des désobéissances sans conséquences, la femme qui l'a enfantée et qu'il aime l'enferme en prison. Enfermé par lettre de cachet sur l'ordre de sa mère avant vingt ans...
Henri de La Rochejacquelein : il a la surprise de découvrir que la douceur du nid familial, régional, imaginaire est assassinée par une violence que rien de ce qu'il a vu ne justifie. Les circonstances éclatent son bonheur en mille morceaux avant ses vingt ans.
La révolte
Louis-Antoine : il se révolte contre les enfermeurs, les exploiteurs, les moralistes, les riches...
Henri : il se révolte contre les blasphémateurs, les tueurs, les immoraux, les arrivistes...
L'élection
Les paysans et ouvriers de la région de Louis-Armand venaient à lui pour qu'il mène la révolte. Il leur offre son intelligence intrépide.
Les paysans de Vendée s'en vinrent chercher Henri afin qu'il les mène à la bataille. Il redresse la tête, accepte et s'engage.
Etrange destin de ces jeunes hommes de vingt ans qui par leur charisme inconscient recueillent une responsabilité dont ils mesurent avec peur la portée, et qu'ils acceptent.
Le Choix
Louis-Antoine et Henri : il font le choix de défendre les opprimés et de leur offrir leur vie.
Le courage
Louis-Antoine et Henri : ils trouvent le courage d'assumer leur choix. De demeurer honnêtes malgré les roublards qui s'empressent de récupérer leur cause.
Jusqu'au bout...
Louis-Antoine : « Je ne suis d'aucune faction. Je les combattrai toutes »...
Henri : « Si je recule, tuez-moi ; si j'avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ».
La Mort
Louis-Antoine : à 28 ans, il marche courageusement à la guillotine, lui qui avait voté la mort du roi : « On ne juge pas un roi. On le tue ».
Il avait peu à peu perdu tous ses amis, parce qu'il était resté fidèle à sa cause et inflexible. « Celui qui dit qu'il ne croit pas à l'amitié ou qui n'a point d'amis, est banni » ( avait-il pourtant écrit dans ses Fragments sur les Institutions républicaines).
Henri : il est tué à la bataille... Fauché à 22 ans.
Il avait, raconte la mémorialiste, changé de visage et d'attitude à l'instant où il avait répondu « oui » à ceux qui lui demandaient d'entrer dans l'armée. Il portait des petits mouchoirs à son habit pour que les paysans de l'armée vendéenne – amateurs se battant à la fourche - reconnaissent leur chef.
L'expérience, l'attitude et l'idéologie
Les personnalités sont indépendantes des idéologies. Ceux qui confondent leur personnalité avec leurs idées se trompent.
Il y a plus de ressemblance entre Saint-Just et La Rochejaquelein – leur courage, leur détermination – qu'entre Saint-Just et les plupart de ses corévolutionnaires, qu'entre La Rochejaquelein et les contre-révolutionnaires.
Si ce n'est la personnalité qui détermine l'idéologie, peut-être alors est-ce l'expérience de vie de la personne ?
Deux expériences, deux choix
Saint-Just, enfermé par lettre de cachet sur la demande de sa mère, hait les pratiques de l'Ancien Régime. Très jeune il est rongé de l'intérieur par la révolte et l'injustice.
La Rochejaquelein, choyé par sa famille, éprouve une grande confiance dans les valeurs qu'on lui inculque. Il est en accord avec le monde qui l'entoure.
Les familles de ces jeunes gens n'ont-elles pas eu les attitudes déterminantes de leur choix ?
L'expérience que nous vivons au fond de nous-mêmes – la confiance, ou bien une douleur insurmontable... - pèse sans doute plus lourd dans nos choix idéologiques que notre appréciation intellectuelle. L'appréciation intellectuelle n'est qu'une justification a posteriori.
Vieux roublards et jeunes héros
Les vieux fauteurs de guerre roublards et hypocrites manoeuvrent et embrigadent de jeunes courageux qui meurent de croire en leur idées.
Aujourd'hui, les ex-militants d'Action Directe croupissent depuis vingt ans en prison, y souffrent et meurent. Mais leurs inspirateurs vivent tranquilles, hurlant des idées qu'ils transforment au fil des modes, sachant se reconvertir ou se faire oublier quand il le faut.
Certaine jeunesse est trop intègre : elle agit et se perd par honnêteté. Elle se rend compte trop tard – s'il lui en reste le triste loisir - qu'il ne faut jamais faire ce qu'on dit, qu'il ne faut jamais dire ce qu'on fait : c'est seulement ainsi qu'on survit et qu'on s'enrichit.
Et c'est pourquoi Brassens, qui croyait plus en la réalité fraîche et simple des gens tels qu'ils sont dans leur vie quotidienne qu'aux grands idéaux qu'ils proclament, rappelant que ceux qui crient le plus la vertu laissent des innocents payer son prix, chantait « Mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente, d'accord, mais de mort lente ».
Edith de Cornulier-Lucinière
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jeudi, 08 janvier 2009
Voeux pour l'an deux-mille-neuf
AlmaSoror vous souhaite une année héroïque
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lundi, 05 janvier 2009
La liberté d'échouer
Henry James
Traduit par Fabrice Hugot
(Première publication : 1903)
Criterion
Par Alexandre Dumas
(Première publication :1846)
Gallimard (La Pléiade)
Ces deux livres décrivent l'amer regret d'avoir échoué la rencontre avec l'être aimé. La lâcheté, l'égoïsme, le manque de foi dans la vie, la complaisance à soi-même ont été les raisons d'un tel désastre. Le personnage du roman, qui est en cause, recule, effrayé, atterré, au moment où - après des années d'aveuglement - il a soudain la vision lucide de son échec. Il résiste furieusement devant l'évidence : il aurait pu se déterminer autrement. Il aurait pu être libre.
"Malheureux ! s'écria Mercédès, si je croyais que Dieu m'eût donné le libre arbitre, que me resterait-il donc pour me sauver du désespoir !" (chapitre CXII. Le Départ). Oui, toute la question est là. La fiancée d'Edmond Dantès aurait-elle du lui rester fidèle au lieu d'épouser son cousin ? Elle a beaucoup de circonstances atténuantes : elle était pauvre, seule. Elle n'avait aucun moyen de sauver son fiancé. Elle ne savait même pas où la police l'avait emmené, dans quel cachot la justice l'avait jeté. Elle n'était même pas sûre qu'il était encore en vie. Quand un demi-siècle plus tard, elle revoit Edmond Dantès devenu le richissime Comte de Monte-Cristo dans toute sa gloire, c'est au moment exact où elle-même chute dans l'opprobre et le malheur. Comment pourrait-elle alors entrevoir qu'elle a librement fait le mauvais choix? Il est plus facile de croire que c'était son destin d'être ainsi broyée. Sauf à sombrer dans le désespoir et la rage impuissante des regrets et des remords.
John Marcher, le héros de La bête dans la jungle, savait qu'un jour, inéluctablement, la "bête"- qu'il sentait rôder autour de lui depuis tant d'années - allait bondir. Mais il ne l'avait pas prévue aussi effrayante, diabolique. "C'était là l'horrible secret, la réponse à tout ce qui s'était passé, la vision dont l'effroyable limpidité le glaça d'un froid aussi grand que celui de la tombe qui était à ses pieds". Cette fulgurante vision c'est qu'il est passé, par sa faute, à côté de la femme de sa vie. Il sait que c'est son arrogance et son égoïsme qui l'ont aveuglé toutes ces années. Il est plus impardonnable que Mercédès. Mais plus qu'elle, il a le courage de la lucidité. "Il avait rempli sa mesure, celle d'un homme à qui rien ne devait jamais arriver. Il aurait pu échapper à son destin en l'aimant, alors, oui, alors, il aurait vécu. C'est ce que la compagne de son attente avait à un moment compris et elle lui avait alors offert d'échapper à son destin." Il avait refusé de le comprendre. La vision "immense et effroyable" de la liberté qu'il avait eu de choisir son malheur le foudroie sur le tombeau même de l'être aimé.
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mercredi, 31 décembre 2008
Entrevista con la Lengua
L'Art, la toile, le monde...
Antonio Zamora
Entrevista con la Lengua
—Doña Lengua, ¿es usted la que habla a través de nosotros o somos nosotros los que hablamos utilizándola?
—¿Es la tabla de surf la que transporta al surfista o es él quien la utiliza para deslizarse sobre la ola?
—Doña Lengua, parece que la gente que la utiliza no se entiende entre sí. Eso me sugiere una pregunta importante : ¿es usted una única entidad que aparece bajo distintos ropajes llamados idiomas o más bien sucede que hay tantas entidades como idiomas?
—¿Son todas las tablas de surf la misma? ¿Son todas las olas iguales?
—Si es usted Una, ¿dice las mismas cosas en todos los idiomas que la representan ? Y si hay muchas lenguas distintas y usted sólo es la Lengua Española, ¿puede decirme cómo son sus relaciones con sus colegas?
—Las mismas cosas... ¡Nunca digo “las mismas cosas”! Cada vez que me hablan digo cosas distintas, incluso con las mismas palabras. Un mismo giro de la tabla adquiere un sentido distinto según cómo sea la altura, la velocidad y la inclinación de la ola en la que se desliza, según cómo hayan sido los giros anteriores, según cuál sea la intención del surfista, según qué ojos le contemplen. Nunca digo las mismas cosas. Por eso sé que mis hermanas las otras lenguas (somos hijas de la Vida Humana) no dicen lo mismo que yo. Son tablas distintas. Y, sin embargo...
—¿En que tipo de bocas prefiere hablar?
—En las que me hacen sentir viva y amada.
—¿Qué cosas prefiere decir? ¿Hay cosas que odia decir?
—Sufro con la mentira y la manipulación. Cada vez que soy usada para el engaño o el autoengaño, siento que muero un poco. Me gusta deslizarme sobre las olas, no sobre la arena. Me siento viva y amada cuando expreso realidades. No me importa que a veces sean duras y hagan llorar. No me importa que la ola nos derribe, si nuestro esfuerzo para dominarla ha sido honrado. Sirve para aprender. Y para alcanzar la verdad, el conocimiento, el amor. Soy feliz expresándolos. También disfruto mucho con la risa, hasta cuando me hace desaparecer y sólo queda ella, como la pirueta del surfista que abandona voluntariamente su tabla justo antes de ser derribado.
—¿Te gustaria ser utilizada por los otros animales?
—Sería bonito ser amada y amar a los otros animales, y a menudo fantaseo con ello. Pero soy humana. Ellos deben aspirar a otros amores.
—¿Por qué favoreces a los humanos ? ¿Es realmente un favor?
—Nos hemos hecho mutuamente. No es un favor. Me hicieron y les hice. Me hacen y les hago. ¿Por qué favorecen las hojas a los árboles?
—¿Tienes un papel en la felicidad y la pena de la gente ? ¿O no tienes nada que ver con los dramas humanos?
—La Humanidad me necesita para deslizarse por su ola, pero también puede utilizarme para alejarse de ella y ser desgraciada.
—Para terminar, doña Lengua, díganos algo importante.
—…
Antonio Zamora
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samedi, 27 décembre 2008
Sumergidos
Sumergidos
por Antonio Zamora
Cegado por el sol, señala hacia abajo con el pulgar y con la mano izquierda activa el mecanismo de expulsión de aire de su chaleco. La pérdida de volumen sumerge su rostro en el agua templada. La realidad se vuelve densa, ingrávida, un silencio azul traspasado por sordos sonidos a cámara lenta. El primer aire exhalado a través del regulador irrumpe anunciando una nueva forma de vida, amortiguada y rítmica. Su pareja de buceo, frente a él, ha realizado los mismos movimientos. A los dos metros la columna de agua se deja sentir sobre sus tímpanos. Un leve pinzamiento de la nariz y el aire sin salida inunda las trompas de Eustaquio compensando la presión. Repiten la operación varias veces mientras descienden en suave caída libre.
A pocos metros del ancla, unos diez de profundidad, los oídos dejan de molestar. Es el momento de lanzar una primera mirada al nuevo mundo en el que se adentran. Sobrevuelan un tupido bosque de posidonias, del que entran y salen multitud de nerviosos pececillos. Más allá, a unos quince metros de distancia, entrevén una enorme piedra junto a la que intuyen ejemplares mayores. Al llegar al ancla, devuelven un poco de aire al chaleco y se dicen que todo va bien formando un círculo con el índice y el pulgar. Antes de iniciar la exploración, se gira unos segundos para contemplar un intenso cielo de plata habitado por burbujas ascendentes que en este momento se cruzan con un oscuro y veloz banco de jureles. Lo señala sonriendo.
Avanzan ahora unos metros hacia la gran roca, aleteando muy despacio, con los brazos extendidos a lo largo del cuerpo. Algo le hace detenerse. Tira del brazo de su pareja mientras señala un punto muy preciso. Al otro lado de la piedra, en la cara que desciende más allá de lo que les está permitido, perfila inmóvil una enorme figura verdosa a punto de confundirse con el profundo azul del que ha emergido. Es el mayor mero que han visto jamás. Lo admiran reverencialmente quietos, hasta que, con un brusco movimiento, la figura se desvanece. Veinte años antes, cuando devoraba un viejo manual de “escafandrismo autónomo” rescatado por casualidad de entre los libros olvidados de la biblioteca familiar, cuando su conocimiento del fondo marino estaba irremisiblemente ligado a la superficie, esta experiencia le habría parecido un sueño irrealizable.
Fue en aquella época cuando conoció a Silvia. Un día de julio, recién terminado su segundo año de Filosofía, acababa de llegar a Florencia para participar en un seminario sobre el pensamiento posmoderno dirigido a universitarios europeos. En un palacete del siglo XVI situado cinco kilómetros al sur de la ciudad, entre un espeso bosque de pinos y un pequeño lago, aislados del mundo, veintitrés alumnos de distintas nacionalidades se disponían a compartir dos semanas de estudio y aventura. Soñaba por entonces con llegar a ser un gran pensador y aquella prometía ser una memorable escala en su lento ascenso a las estrellas. Esa noche era la víspera del comienzo de las clases. Distribuidos en cuatro grandes mesas circulares, cenaban animadamente en compañía de algunos de los profesores, con el inglés como lengua franca. Apenas había tenido ocasión aún ni tan siquiera de fijarse en la mayoría de sus nuevos compañeros. A su lado, un estudiante de Lovaina le enumeraba con entusiasmo una interminable lista de grandes personalidades belgas que el mundo tenía obcecadamente por francesas, y hasta eso resultaba excitante. Entonces alzó la mirada y ya no pudo apartarla. Sus asombrados ojos verdes le cautivaron sin remisión desde la mesa más alejada. No pudo dejar de admirarla hasta que acabó la cena. Más tarde, en el salón de juegos, se armó de valor y la saludó con forzado desparpajo: “¡Hello! ¡I’m Pedro, from Madrid!” “Silvia, de Graná”, contestó ella con una amplia sonrisa que le dejó completamente aturdido. Tardó en reaccionar a su mano extendida. Estudiaba Filología Española y quería ser escritora. Eran los únicos españoles del programa y desde ese momento, hasta el final del verano, fueron inseparables. De día y de noche. En agosto recorrieron juntos las playas de Almería.
Mira el pequeño ordenador asido a su muñeca izquierda y comprueba que ya han alcanzado los 25 metros de profundidad, el máximo previsto. Un vistazo al manómetro que cuelga a su derecha le basta para saber que la presión del aire en la botella es de 110 atmósferas, algo más de la mitad que al comienzo. Todo va bien. Avanzan lentamente, casi sin esfuerzo, a través del denso y silencioso mundo azul. Sólo oyen la rítmica y quebrada salida del aire desde el regulador. La sensación de liviandad es tal que a veces parece que, más que avanzar ellos, son los paisajes los que se suceden ante sus gafas submarinas. Un enorme pulpo sorprendido fuera de su oquedad cambia bruscamente de color cuando pasa a su lado. Poco más allá, una morena acecha amenazante en la negra boca de su cueva. Distraídamente la obliga a retroceder acercando el manómetro a su hocico de bruja. Asciende ahora ligeramente sobre un pasadizo entre dos grandes piedras, hasta que una inesperada depresión deja ante él un extenso valle en el que decenas de salpas platean en busca de alimento entre la vegetación. A la izquierda del valle se alza una pared casi vertical, junto a la que flotan inmóviles, entre majestuosas y fantasmales, algunas familias de mojarras, perfectamente reconocibles por las dos franjas negras que atraviesan los extremos de su aplastada figura grisácea. Los peces más pequeños, los de mayor colorido, juguetean al pie de la pared sobre un fondo salpicado de rojas estrellas de mar y depósitos de conchas y caracolas. Se lanza sin pensarlo sobre el valle, desplazando vida en todas direcciones. Vuelve a girarse para mirar al cielo de plata y suspendido entre columnas de burbujas se deja arrastrar por el torbellino de formas y luces, por la embriagadora sensación de levedad.
De pronto, cae en la cuenta de que hace un rato que ha perdido de vista a su pareja de buceo. Busca alrededor hasta que unas burbujas lejanas le sugieren su presencia. Aletea hacia allí.
Meses después dejó atrás a Sivia. Sin saber muy bien cómo o por qué. Quizás porque vivía demasiado lejos, o porque eran demasiado jóvenes. Y la vida era generosa con él. Cada día había una nueva experiencia que vivir, nuevos amigos que conocer, nuevas mujeres de las que enamorarse, nuevas playas que recorrer. Era fácil. Otros destinos, próximos o lejanos, fueron arrinconando el recuerdo de Florencia y Almería. Nuevas asociaciones fueron acumulándose en su memoria: Rosa y Marruecos; Jorge, Ramón, Clara y los Andes; Alice y las playas de Huelva; Katherina y ese curso en Berlín; su mochila, Australia y aquella muchacha... ¿Cómo se llamaba? En algún momento acabó sus estudios y empezó a trabajar como profesor ayudante en la universidad, mientras preparaba su tesis sobre Heidegger. Tenía menos tiempo, pero también más dinero para viajar. Poco a poco había ido olvidando sus ilusiones de grandeza filosófica y se contentó con la plaza de profesor titular que acabó obteniendo en una universidad madrileña de segunda fila. Eso fue hace cinco años. Lo celebró regalándose un viaje a México con Alejandro, Eva y Luisa, una nueva asociación. Luisa. Aún no sabe qué es lo que falló esta vez. Se entendían muy bien y está seguro de que ella le quería. Sólo recuerda que en algún momento del viaje la contempló en silencio y supo con tristeza que la abandonaría al llegar a Madrid.
Se aproxima aliviado a la figura negra de la que proceden las burbujas. Pero no, no, se ha equivocado... Las aletas que busca son amarillas. Empieza a bucear en círculos, cada vez más inquieto. No entiende cómo ha podido despistarse así. Ahora ni siquiera reconoce el fondo. Sólo ve arena, azul y nada más. No sabe dónde buscarla. Trata de regresar al punto en el que dejaron de verse. Siente que los minutos se aceleran fatalmente cuando comprueba que ya lleva cincuenta de inmersión. Y un nuevo sobresalto: la presión del aire en su botella es de sólo cuarenta atmósferas. Está en la reserva. Solo. Queda muy poco tiempo. ¡Y ahora pita el ordenador! Lo que faltaba, tiene que empezar a ascender si no quiere entrar en descompresión.
Hace un año todo cambió. Maite era alumna suya de primer curso. Siempre se sentaba delante en la clase de Filosofía de la Ciencia. Su figura menuda, bien proporcionada y de una belleza morena extrañamente exótica, le observaba con una mezcla de avidez y sumisión que le desconcertaba. La misma sumisión que leyó en sus ojos cuando una tarde de otoño acudió a su despacho con el pretexto de consultar bibliografía. Fue tan fácil... Ella abandonó a su novio y durante algún tiempo la disfrutó cuantas noches quiso. Hasta que empezó a cansarse de aquella entrega incondicional. Una noche, después de cenar algo, tomaban una copa en el Honky Tonk y, entre sorbo y sorbo, él la besaba mecánicamente. Aprovechó un momento en que ella fue al servicio para intercambiar sonrisas con una rubia que lucía una escueta minifalda en una mesa próxima. A su acompañante no parecía importarle. Cuando Maite volvió, la rubia y él charlaban con evidente complicidad. La chica de la minifalda animó a su amigo a entretener a Maite mientras le invitaba a él a tomar un tequila. Dudó unos segundos, mirando el rostro desconcertado y como a punto de llorar de su alumna. Por fin se dejó llevar como un pelele a la barra, sintiendo que ya no le quedaban límites por traspasar. Poco después, el acompañante de la rubia se acercó a ellos para decirle que su amiga se acababa de ir. Siguió paralizado. No volvió a verla nunca más. Su única respuesta, días después, fue un mensaje de móvil: “Nadie me había hecho tanto daño. Espero no saber nunca más de ti.” Sintió el abismo.
Cuando más desesperado está, siente un tirón en su aleta derecha. Se vuelve y de la alegría casi pierde el regulador. ¡Por fin las aletas amarillas! Se hacen gestos de que hay que volver cuanto antes al punto de partida. Tras largos minutos, con tan sólo veinte atmósferas en las botellas, encuentran el ancla. Inician lentamente el ascenso (la ascesis, se le ocurre pensar). Han traspasado la curva de seguridad y el ordenador indica que tienen que parar durante cinco minutos a diez metros de profundidad. Esperan con calma, dejando tiempo para que el nitrógeno concentrado en sus tejidos pueda ir abandonándolos lentamente sin formar burbujas letales. La sombra de la zodiac se recorta con nitidez en la brillante superficie del agua. Pueden volver a ascender, pero aún deben detenerse tres minutos más a cuatro metros. El ancla es apenas un diminuto punto allá abajo. Por fin, ya casi sin aire, pueden emerger.
Hace unas horas, la persiana a medio cerrar dejaba entrar en la habitación los primeros rayos de la mañana y por unos instantes no hubo nada más que rumor de mar y luz. Cuando el universo se recompuso, comprendió que hacía mucho tiempo que no se sentía tan bien. Recordó que habían llegado ayer de Madrid, una rápida escapada al apartamento de la playa en busca de horizonte. Salió al balcón y agradeció una vez más la familiar placidez con la que se mostraba la vieja bahía de Mazarrón, iluminada desde las montañas de levante con suaves reflejos de melocotón. Agradeció, sobre todo, que ella hubiera vuelto a su vida para devolverle la ilusión, para salvarle. Sería un buen día de buceo.
Sale a la superficie y la mira. Se ha quitado ya las gafas y sus ojos verdes le sonríen. Esos ojos, esa sonrisa, siguen teniendo la facultad de aturdirle. Se quedan así, sonriéndose, mientras el mar los mece suavemente.
Antonio Zamora
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jeudi, 25 décembre 2008
Les Italiennes
Cette chronique se propose d'offrir au lecteur un choix de livres et de films lui permettant des voyages dans le temps, dans l'espace ou dans les idées grâce à un principe simple : lire simultanément des livres aux points de vue différents, d'époques variées, avec comme objectif de construire son propre regard sur le monde.
Les Italiennes
et Florence
par Stendhal (1826),
Gallimard Folio, 1987.
par Jean-François
Revel (1958),éditions
René Julliard, 1958.
sur l'Italie
par DH Lawrence
(écrit en 1916),
traduit de l'anglais
par André Belamich,
Gallimard, 1954.
Le voyage en Italie est une tradition. J'ai voulu le faire, moi aussi. Mais le temps m'a manqué. Je me suis résolue à voyager autour de ma chambre grâce aux récits de quelques écrivains.
J'ai bien sûr choisi dans ma bibliothèque Rome, Naples et Florence de Stendhal dont je gardais un bon souvenir. Puis Pour l'Italie de Jean François Revel dont je me souvenais de quelques phrases à l'emporte-pièce. Mais je n'ai pu choisir parmi les trois livres relatant les voyages méditerranéens de D. H. Lawrence : Sardaigne et Méditerranée, Promenades étrusques et Crépuscule sur l'Italie. Ce sont mes préférés.
À la lecture de ces trois auteurs, le sentiment qui domine est celui-ci : pour ces trois hommes, leur intérêt pour l'Italie s'efface à certains moments devant le sort fait aux Italiennes. Sur deux siècles, les contraintes qui pèsent sur elles s'aggravent en sens inverse de la libération des mœurs. De légères au début du XIX° siècle, les Italiennes deviennent des êtres affolés de leur destinée au milieu du XX° siècle. Du début à la fin, l'humain de sexe masculin est l'alpha et l'oméga de leur vie, la condition de leur existence.
Dans son récit Rome, Naples et Florence, Stendhal désire rompre avec les écrivains qui l'ont précédé et qui, dit-il, ne décrivent que des ruines. C'est la société italienne qu'il veut peindre, mais pas n'importe quelle société, celle des bourgeois, celle de la bourgeoisie montante.
Il note alors que "Le ridicule, pour une jolie femme en ce pays-ci, c'est de ne pas avoir de tendre engagement…On dit, en haussant les épaules : "è una sciocca" (c'est une oie), et les jeunes gens la laissent se morfondre sur sa banquette". Une Italienne, selon lui, se doit d’être légère. Sans cette condition, tous la fuient.
Un siècle et demi plus tard, Jean François Revel réside quelque temps en Italie et écrit, en 1958, Pour l'Italie. La situation des femmes ne s'est pas améliorée. Son héroïne explique qu'une femme qui n'est pas mariée n'existe pas. À l'attention tendre et étonnée de Stendhal devant cette même condition féminine, succède la brutalité et la vulgarité des propos de Jean François Revel sur les rapports des femmes italiennes avec les hommes, son mépris arrogant pour leur personne ("Une Italienne est toujours jalouse d'une cour que vous devriez lui faire en vain, et qu'elle sous-entend que vous lui faites, même quand vous ne jetez jamais les yeux sur elle").
Le laid, le souffrant DH Lawrence fait preuve, au contraire d'une grande sensibilité aux conditions de vie des êtres humains qu'il rencontre en ce début du XX° siècle. Ce sont les hommes autant que les femmes qu'il décrit. Comme les deux autres écrivains, il décrit cette même contrainte qui sévit sur les esprits et sur les corps, ces relations difficiles entre hommes et femmes. Il s'en émeut. Loin de les mépriser ou de porter des jugements durs sur eux, il les comprend, il analyse leur âme, il a confiance en leur possible rédemption. Il les respecte.
Au lecteur déconfit par les relations humaines, il reste, de ces cinq livres, les paysages, les musées et les ruines. On s'y promène finalement avec délices.
Sara
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jeudi, 11 décembre 2008
Fredy Ortiz takiq rimachkan : uyarisun !
L'art, la toile, le monde
Rubrique d'art, d'Internet, de culture
Entretien en quechua avec Fredy Ortiz, chanteur du groupe péruvien Uchpa
Fredy Ortiz takiq rimachkan : uyarisun !
Uchpa (cendres, en quechua) est un groupe musical péruvien connu qui fait de la musique rock
et dont le chanteur, Fredy Ortiz, s'exprime en quechua, langue amérindienne - et non en espagnol.
Fredy Ortiz (l'homme au chapeau) explique ici ce choix original.
Imapitaq yuyarayarqanki rockta, qinallataqmi bluesta runasimipi takinapaq?
ñuqa maqtallaraq kaptiy, taytay apawarqa iglisia evangelikaman, chaipi takichiwarqa runasimipi sumaq takichakunata taytachapaq, chaipin yacharqani chay hukman takikunata countri hina, ichapas chay gospel nisqan hina, llaqtaypiqa riki, huayno(folklor andino) huaynullatan uyariniku, maqta masiykuna huaynullatan yacharqaku, ñuqañataqmi hukman takikunata, chaymantan qallarin bluschata gustuy, manaraq yachachkaptiy ima ninanmi karqa chay blues, chaymantaqa ocobamba llaqtaymanta pasakuni andahuaylas llaqtaman, chaypiqa ña, karqa radiupas, ocobamba llaqtaypiqa manan karqachu ni carrupas, andahuaylas llaqtapi kachkaptiyñan riksiruni iman kasqa rock, chay timpupin uyarini sumaq takichakuna chay inglaterra maqtapa jeff beck guitarranta huknin maqtawan rod stuart takiqta, blues hinaraq, riksikurqa chay iglisia evangilica takiptiy, chaymantapunin gustawarqa chay takichakuna, qinallataqmi riksikun aswanqa huk takichaman QARAWI sutiyuq, yaqa waqastinñan takinku iskay paya warmikuna kay llaqtakunapi, Apurimac, Ayacucho, Huancavelicapi, chaytan ñuqaña sutirachini blues andino nispa, yaqa yaqa blues americano kaqllañan; kaypi, maqtakunata inglispim munanku takiyta mana inglista yachaspa, aswanqa ñuqa pinsarani, mana inglista atiptiykuqa, aswanqa sumaqta cabirachisaq runasimichapiña riki, nispaymi kay uma muyuta qallariruni, qinallataqmi nini, kay Peru Andispin riksikun riksikunpunin wak karu llaqtapi takinkunata,, aswanqa kay llaqtaypi takiqkunan chay huayno, qarawichakunan ñakarisqan runakunapan qinallataqmi wak america llaqtapipas, chay yana runakunapa ñakarisqa runakunapan, uyariwaq Tayata CHIMANGO (musico andino quechua) violinninta, JIMI HENDRIX (musico americano) jajuyninqa kaqllañan, chaymanta chay arpaviolin tukaqkunan , manaraq fista qallarimuchkaptin arpanta violinta traguchata millpuchinku, qinallataqmi apukunaman rimaykukunku sumaq kananpaq ,danzanti tijirasmantapas qampatuta mikun, chaynallataqmi huknin hatun llaqtapi huk maqta ALICE COOPER sutiyuq, chaynapunin kaqllata misas negras sutichasqa, chayma ñuqa sutirachini extremos parecidos nispa.
Runa simi rimaqllapaqchu takinki? icha llapanpaqchu?
llapanpaqmi takini, yachaqpaq qinallataqmi mana yachaqpaq, mana yachaqkunaqa yachachun kay pachapi huk sumaq miski rimay kasqanta.
Pikunan rin cunciertuykiman? pasña maqtakunachu? llaqta runachu?, icha campisinukunachu?
llapanmi rin, maqtakunapas, campisinukunapas, llaqta runakunapas, sumaqmi, qawaptiy campisinu mamakuna tusuptin, waqtallanpitaq maqta llaqta runakuna tusuptin.
(Uchpa : Rock, huayno, quechua, danza tradicional)
Sunqu musqu ukuykimanta, imatan munankiman runa simipaq, qamuq watakunapaq? Iman manchasunki runa simipaq?
munayman, mana chinkananta, sapa punchaumi aswan aschallañan rimanku kay sumaq rimayta, chaynaqa riki manchakuni chinkananta, warmakunaqa manañan rimankuchu, icha aswanqa manañan munankuchu rimayta.
Ima willaytan ninkiman, tukuy runakunaman kay pachapi?
tukuy runakuna kay pachapi, yachananmi, huk sumaq miski rimaymanta, riksinanmi kay pachapi runa simi quechua, rimaymanta, INKA, rimasqanta; ama ya qunqaychikchu kay wakcha runakunamanta quechua rimaq , qinallataqmi ama ya wikapaq hina rikuriychikchu kay cultura andina , yachawaq sumaq sunqunchikta, kuyakuyallañan kaniku.
Fredycha, anchata aradisikuyki chay sumaq simiykikunamantam.
Sumaqllaña purikuy, sumaqllaña takikuy.
Edith de Cornulier-Lucinière
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Entrevista con Fredy Ortiz
Entrevista con Fredy Ortiz
Del grupo Uchpa
(version español)
Fredy Ortiz, del grupo de rock y blues quechua Uchpa (cenizas), habla de su decision de cantar en quechua
Qué idea tuviste para cantar rock y blues en quechua?
Cuando todavia era niño, mi papá me llevaba siempre a la iglesia Evangelica, ahí me hacia cantar himnos en quechua mas o menos parecidos al countri o gospel, en mi pueblo solo escuchan huayno(folclor andino),mis compañeros solo sabian huayno, y yo algo de otro genero, de ahí es que comienza a gustarme el blues, sin saber que existia el genero blues ; despues salí de mi pueblito Ocobamba a la provincia de Andahuaylas, donde habia incluso emisora de radio, en mi pueblo no habia ni carros, ahí es que escuche por primera vez lo que era el Rock, en ese tiempo escuche por primera vez al guitarrista ingles, JEFF BECK, con la voz de ROD STUART, y se parecia a lo que yo cantaba en la iglesia evangelica, y claro que me gusto y encajó a mi gusto, además se parece a un genero andino de nombre QARAWI, donde cantan las dos mujeres mas antiguas casi llorando, en esta zona de Apurimac, Ayacucho, y Huancavelica, y a eso lo llamo el blues andino, porque se parece mucho al blues americano.
Aqui los jovenes quieren cantar en ingles sin saber hablar, entonces pensé cantar mejor en quechua, y encajó mejor, muy bién, y de ahí es que empezó esta locura de cantar en quechua, entonces digo que la musica andina se parece bastante de paises lejanos, ademas pertenecen a dos clases sociales marginadas, como es al de la gente andina, y al otro lado a los negros esclavos, si escuchas a CHIMANGO(violinista andino quechua) un solo de violin con musica del peru profundo, y a JIMY HENDRIX (guitarrista americano) se asemejan sus solos de sus instrumentos musicales, la misma mistica, y tambien por ejemplo las ceremonias que hacen los arpistas y violinistas andinos, antes que comience la fiesta, haciendoles beber trago a los instrumentos musicales, y comiendo sapos los danzantes de tijera, y casi de igual manera al otro lado ALICE COOPER, hace sus misas negras, por eso los llamo los extremos parecidos.
Cantas solo para los quechua hablantes? O para todos?
Canto para todos, para los que saben y para los que no saben, y para los que no saben, que sepan que existe una dulce y expresiva lengua o idioma.
Quienes van a tu concierto? Los jovenes? Personas de ciudad? O solo campesinos?
Van todos, los jovenes urbanos, tambien los campesinos, los de la ciudad, todos, me alegro cuando veo que estan bailando mujeres andinas quechuahlantes y al costado hay jovenes rockeros.
Desde el fondo de tu corazón y tus sueños, qué quisieras para el futuro del quechua? Y qué te asusta para el quechua?
Quisiera que no se pierda este dulce gran idioma, todos los dias que pasan aceleradamente hablan menos personas, por consiguiente es que tengo miedo que se pierda, los chicos ya no hablan, o simplemente no quieren hablar.
Qué mensaje quisieras dar a toda la gente del mundo?
Todas las personas de este mundo tienen que saber que existe una dulce y expresiva lengua, tiene que saber, que en esta tierra hay gente que habla el quechua el idioma del Inka, y no se olviden de nosotros la minoria, y no vean como marginados a la cultura andina, si supieran nuestros corazones de inmenso amor.
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samedi, 29 novembre 2008
L'humiliation (Chronique mêlée de deux ouvrages)
L'humiliation
Les Papiers de Stresemann (Six années de politique allemande), Editions Plon 1932
Le questionnaire, Ernst von Salomon, Editions Gallimard 1953
L'humiliation d'une nation a fait les preuves de son efficacité destructrice. L'humiliation appelle la revanche sinon la vengeance, qui, comme le dit le dicton, est un plat qui se mange froid. Quand elle se trouve conjuguée au sentiment de culpabilité, elle fait des ravages dans le mental de générations. À moins que le temps ne fasse son travail - les atrocités commises dans les combats entre Protestants et Catholiques ne sont presque plus pour nous qu'une horrible vieille histoire.
Je propose la lecture de deux livres qui s'étendent de la fin de la guerre de 1914-1918 à la fin de la guerre de 1940-1945 pour tenter de comprendre - ou plutôt d'éprouver - ce que c'est que cette terrible notion, la "nation" qui soulève les peuples en même temps qu'elle les fait sombrer. Deux livres écrits par des nationalistes.
La nation, c'est une terre
"La raison de nos graves inquiétudes, et pour ainsi dire la preuve que la France ne poursuit pas une politique de réparations, ce sont les expulsions inouïes auxquelles elle procède dans le territoire envahi. Je n'insisterai pas sur le sort qui en pleine paix menace des milliers de fonctionnaires, des familles entières. Cela ne révèle-t-il pas une intention politique ? Ne prépare-t-on pas l'annexion en expulsant les chefs intellectuels, économiques et politiques du peuple allemand fréquemment sans motif ? (…) On veut étouffer les voix qui protestent contre cette façon de transformer la Rhénanie en un pays francophile."
Gustav Stresemann a mené une politique acharnée pour sortir son pays de l'ornière dans laquelle il était tombé, après la première guerre mondiale, en particulier avec le problème des réparations, ruineuses pour le peuple, et de l'occupation de la Ruhr par la France. Dans ses "Papiers", il décrit ses efforts pour tenter d'empêcher l'Allemagne de tomber dans les pièges du racisme hitlérien, à droite, et du communisme, à gauche. Il s'est heurté à l'intransigeance de Raymond Poincaré et n'a trouvé un interlocuteur qu'en la personne d'Aristide Briand - ils reçoivent tous les deux le prix Nobel de la Paix en 1926. Sa mort est un drame : c'est un barrage de plus qui s'effondre devant la montée du nazisme.
L'humiliation de l'Allemagne signée lors du Traité de Versailles l'a menée, et l'Europe dans son sillage, à la catastrophe de la deuxième guerre mondiale.
La nation, ce sont des êtres humains
Entre 1945 et 1946, l'écrivain allemand Ernst von Salomon est interné dans un camp américain en Allemagne. Nationaliste de droite, il refuse d'adhérer au nazisme, mais défend certain ami qualifié de tel. Dans ce livre, il dénonce les injustices et les mauvais traitements infligés aux Allemands par les Américains. En même temps, il y décrit le sentiment d'une curieuse satisfaction d'être "pour une fois" dans le camp des victimes et non celui des bourreaux. Il met très intelligemment et drôlement en scène l'imbécillité des vainqueurs en faisant un livre énorme de ses "réponses" au "questionnaire", document comprenant 131 questions auxquelles tout citoyen allemand dut répondre pour établir ses éventuels liens avec le régime nazi. On découvre que celle qu'on croit être sa compagne est la fiancée cachée d'un autre homme. Cachée, avec un faux nom parce que juive et sauvée ainsi. Pointe dans ce livre brillant et trouble, l'humiliation.
"8. Couleur des cheveux : voir pièce jointe
ad8 : Aiguiser la conscience, nous dit Hamlet, voilà l'intérêt du pouvoir qui aime, pour sa tranquillité, commander à des lâches. Le meilleur moyen pour y arriver a toujours été la présomption des administrations.
Depuis toujours, aussi, les administrations connaissent la force magique du pouvoir qui, en l'enregistrant, fascine le plus sûrement l'individu. L'enregistrement est la forme parfaite dont découleront toutes les suites du régime de la terreur. Un homme dans un fichier est pour ainsi dire déjà un homme mort.
(…) Rien ne révèle mieux le caractère de signalement de ce questionnaire et sa bassesse que la question concernant la couleur des cheveux".
Ce livre a eu un grand succès à sa parution en Allemagne.
La question reste : comment un Allemand peut-il "supporter" l'immense et humiliante culpabilité qui pèse sur son pays ?
La nation, c'est une idée fragile
Il ressort de cette "nation" qu'elle anime les cœurs des humains, les réunit, les soulève. Mais en même temps, elle les enferme. Elle les assimile. Ceux qu'elle englobe de son exigeante sollicitude ne peuvent plus lui échapper. Ses échecs sont leurs échecs. Les générations qui suivent se doivent d'endosser la responsabilité de crimes qu'elles n'ont pas commis, de lâchetés qu'elles n'ont pas eues, de bassesses qu'elles n'ont pu imaginer. L'individuation républicaine de la "faute" n'a pas court. Pendant ce temps, ceux qui appartiennent à une nation "vertueuse" sont auréolés d'une grandeur qui les transporte tous : peu importe à l'individu ses fautes personnelles, ses traîtrises, son crime secret. Il endosse la vertu nationale. Il est vertueux par essence.
Aujourd'hui, les "nations" de "peuples" semblent se diluer dans les régionalismes ou les communautarismes des "peuplades" - qui sont des petits nationalismes sans grand danger encore parce que sans grands crimes encore. La démarche est facile à comprendre. Les individus humains veulent bien s'unir autour de valeurs qui les grandissent personnellement. Ils ne voient pas pourquoi ils devraient s'unir autour de crimes qu'on leur impute et qui les humilie, personnellement.
À moins que, coupable pour coupable, l'idée de "nation" ressurgisse, plus extrême, plus brutale, puisqu'il n'y a plus de vertu à perdre.
Ces deux ouvrages ne sont pas réédités (toujours pas en 2012) ; on les trouve cependant d'occasion, en cliquant sur ces vignettes.
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