samedi, 30 septembre 2017
Avertissement illégitime
AlmaSoror est un bar blogal et à notre zing virtuel poussiéreux nous servons toutes les bières, même celle que la réglementation interdit ou surtaxe ! Par delà les frontières idéologiques, nous cherchons la beauté et, si nous en sommes capables, l'intelligence. Nous avons soif d'une eau qui ne donne plus jamais soif, mais en attendant l'ultime conversion de notre cœur, nous nous désaltérons aux spiritueux littéraires naturels, non trafiqués, surtout s'il n'y a pas de codes barres sur leurs bouteilles.
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jeudi, 28 septembre 2017
Un appartement non loin d'un lac
J'écris ces histoires de personnes qui habitent le même immeuble et se parlent tous les jours et partagent de grands laps de vie et s'entraident et s'entraiment et s'entredétestent, mais moi je ne connais pas le prénom de mes voisins, nous nous saluons sans même nous regarder. Et pourtant nous n'habitons pas un immense immeuble d'une mégapole, mais un petit immeuble provincial, dans une ville en bordure de forêt. Telle est ma vie de scénariste, qui scribouille des histoires rocambolesques et chaleureuses en menant une vie monotone et dépouillée.
Chaque après-midi, je sors marcher. Je fais le tour du lac des Rémiguières, pour fuir l'atroce semi-obscurité de mon bureau et la luminosité obsédante de mon ordinateur. Je prends un bain de lumière qui vivifie mes yeux, ma peau, mes muscles. Puis je rentre me connecter à mes mails professionnels et je reprends l'écriture des épisodes de séries que je dois rendre sous peu.
Telle est ma vie de scénariste qui fait courir les personnages dans des vies variées, rocambolesques, fascinantes, assis voûté face à l'écran qui avale ma vie, à écrire des histoires qui un jour bougeront sur d'autres écrans pour happer la vie de millions de téléspectateurs qui ne connaissent pas mon nom.
Revoir sur AlmaSoror : Patio
et
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mercredi, 27 septembre 2017
Frater
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dimanche, 24 septembre 2017
Silentium
(Ami défunt qui écrivais un poème pour chaque saison, il fallait bien que quelqu'un prenne ta suite. Il y eut le poème de l'hiver 2017. Il y eut le poème du printemps 2017. Il y eut le poème de l'été 2017). Voici celui de l'automne, qui vient de commencer).
Silentium
Je te cherche à travers la rousseur,
Silence qui ressembles à la paix.
Froide, la main qui écarte les persiennes,
Douce la plante brune de l'oubli.
Filles et garçons dansent dans le hangar ;
J'ai passé l'âge de ces ébats.
Des enfants sommeillent au creux des chambres,
Baptisés de prénoms insolites.
Crépuscules d'automne matinaux,
Vos fumées grises comme des tombeaux
Alimentent l'âme jusqu'aux feux vespéraux.
Je range ma connectique numérique.
Aux crailles des corneilles, mes pas nus se traînent
Vers les feuilles mortes de mes idéaux.
Les saisons 2017 :
Hiver, Le vieux majordome
Printemps, Fazil
Été, Dans la chambrée
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mercredi, 20 septembre 2017
Délirium très mince II
Qui a pu nous plonger, tous, dans l’illusion de la séparation ? Le temps !
Nous avons des rides et que nous allons mourir parce que le temps tel un miroir nous renvoie cette image. Mais c’est lui ! C’est lui qui est vieux. C’est lui qui est laid. C’est lui qui meurt à chaque instant, et nous demeurons vifs et puissants. Le temps jaloux s’ingénie à nous faire croire que nous sommes vieillissants à son image. Pauvre temps. Tu ne nous berneras plus longtemps ! Nous ferons tomber ton masque et tu t’enfuiras seul.
Si nous expérimentons le temps, alors lui aussi nous expérimente. Rien ne se passe qui n’est pas réciproque. Nous sommes noyés dans la danse du temps, du mouvement et de l’espace. Les horloges croient emprisonner, posséder, émaner le temps. Pourtant, la nature intime du temps est à trouver au plus profond de l’expérience.
On peut lire Delirium très mince I par ici.
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samedi, 09 septembre 2017
Extrait du journal de Kevin Motz-Loviet
Extrait du journal de Baude Fastoul (entrée du 23 septembre 2012) de Kevin Motz-Loviet. La confrérie de Baude Fastoul, créée en 2012, se dévoile par ici.
« Je me suis éveillé tôt ce matin, ou plutôt pas trop tard pour quelqu'un qui s'était couché tard, après une soirée arrosée chez Florence Nimorfman et Servan Rassoir, au bout de la rue Godefroy Cavaignac. Éveillé tôt, mais resté deux ou trois heures au lit sans le courage de me lever. Je me sentais mal à cause d'hier soir : ces mondanités me pèsent, la brutalité de Florence, la passivité de Servan, m'ont déprimé. Sensation d'avoir raté ma vie, qui est ma « gueule de bois » à moi, si fréquente les lendemains des dîners en ville.
Aussi ne suis-je pas sorti de la journée, malgré le beau temps et mon amour de l'automne. Je dors en ce moment dans la pièce qui me sert de bureau parce que Judicaël est à Paris et peut rentrer dormir à tout moment, autant lui laisser mon grand lit ; par ailleurs, des travaux sur le toit nécessitent des échafaudages juste devant la fenêtre de ma chambre.
J'ai vu Élisabeth, Sergiane et Judicaël au cours de cette journée, qui m'a apporté quelques satisfactions
Après le dîner, Élisabeth et moi écoutâmes le Miserere d'Allegri en priant pour Véronique des Echasses, notre voisine et amie, qui meurt doucement d'un cancer, croyons-nous, bien que « doucement » soit le contraire d'un adjectif approprié. Je dis « croyons-nous » parce que la famille ne se rend peut-être pas compte, ou ne le veut pas, de l'état de gravité du mal. Ce moment de méditation partagé avec Élisabeth m'a fait un bien profond. La musique du Miserere est d'une beauté profonde et l'enregistrement que j'ai trouvé est inspiré : parfait techniquement, cependant la technique n'est là que pour servir la musique et la beauté du recueillement.
Ce soir, une grande pluie m'a remplie de vie, j'en ai filmé un peu de cette averse, dans la petite cour avec mon caméscope, et la bougie qui vacillait dans sa « petite maison » sur la table de jardin emplissait la nuit pluvieuse de beauté et de rêve. Mais je bougeais beaucoup je crois en tenant la caméra.
Je me souviens de ma jeunesse. Je me sentais très malheureux alors mais avec des moments d'exaltation, de rêve, d'enthousiasme, et même de colère pure, que je ne connais peut-être plus. La vision des enfants hier soir (la petite Luna et la petite Philippine) et la fierté des couples parentaux ou tout simplement mon mal-être m'ont donné la nostalgie.
J'ai beaucoup soupiré d'un air las, et commencé des débuts de dépression que j'arrêtais net par un effort de volonté, du fait de l'atmosphère d'hier soir...
Pourtant, en rentrant du dîner d'hier en métro avec Ernesto Ökraf, cet homme profond et mystérieux m'a initié à l'astrologie, que j'avais toujours considérée de très loin, sans préjugé ni attirance... Et maintenant je veux ouvrir cette porte ».
Sur AlmaSoror, un autre extrait du journal de Kevin M-L.
Et puis encore un autre extrait.
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vendredi, 01 septembre 2017
Septembre
Septembre, poème de Georges Chennevière (1884-1927)
La ville tout doucement crie.
Ô murmures le long des rues.
Une femme lave du linge
Dans une cour qui s'assombrit.
C'est déjà la nuit de sept heures,
Celle qu'on avait oubliée,
Qui s'avançaient depuis des mois
Sous les beaux soirs qu'elle rongeait.
Mais qu'importe le flux de l'ombre !
Je t'adore, charme rompu.
La fin du jour s'emplit de cris
Qui se gonflent comme des muscles.
La ville dans le noir des plaines
Brille de sa lumière à soi,
Et mes yeux gardent le trésor
De toutes les fleurs de l'été.
Des visages nouveaux s'allument
Aux devantures des boutiques,
Le moindre regard que l'on croise
Est si doux qu'il serre le cœur.
Georges Chennevières
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