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jeudi, 29 mars 2012

Musiques de notre monde

 Billet dédié à Sara

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Les passions sont létales et les armes fatales. La musique sert souvent d'appât. Pourtant, si elle sait faire chuter, elle peut aussi sauver : elle peut sauver l'individu, l'amour, le monde...

Je ne veux pas classer les musiques en fonction de leur mode de financement et de diffusion, ce qui donnerait : musique contemporaine, musique de film, pop rock & folk, musique du monde, variété...

Mais parler des musiciens que j'ai découverts, qui me sont à peu près contemporains, que j'écoute et que j'aime. Dire deux ou trois choses que je sais d'eux et vous proposer d'écouter...

Simple exposition de quelques musiciens que j'aime écouter, ce tout petit parcours n'est ni exhaustif, ni structuré. En outre, j'ignore dans ce billet la chanson, je me cantonne aux musiques qui ne servent pas de texte (un texte peut éventuellement les servir...)

 

Olivier Greif

« Un jour viendra – je ne serai plus de ce monde – où ma musique vous submergera de son évidence ».
Un pays ? La France. Une religion ? La judaïté, en quelque sorte, et la philosophie indienne. Madame la mort l'a abattu en 2000.

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Trio pour piano :

 

Terje Rypdal


Un pays ? La Norvège. Un métier ? Electro-guitariste et compositeur.
Une religion ? La Nature.

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 Se laisser envelopper par un vaisseau de son et partir en voyage loin, loin dans les profondeurs du monde imaginal.

Double concerto, second mouvement :

 

Planer dans les volutes de l'orgue minéral, se laisser caresser par la guitare qui tente des approches douces et moins douces. Sentir les percussions qui montent des entrailles.

 

Arvo Pärt

Un pays ? L'Estonie. Une religion ? Le christianisme orthodoxe. Une révélation dans sa vie ? Le plain-chant grégorien.

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Da pacem :

 

Anouar Brahem

"C'est la nature de la musique et l'exigence de la composition qui déterminent
le rôle de l'instrument."

Un pays : la Tunisie. Un amour : le oud (luth). Une inspiration : deux ! Le jazz et la musique traditionnelle de oud.

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Astrakhan Café

 

Biosphere

L'homme qui se cache derrière Biosphere s'appelle Geir Jensson.
Un pays ? La Norvège. Une religion ? Deux ! La nature et la technique.

Son site officiel...

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Laïka s'inspire sans nul doute de la pauvre petite chienne qu'AlmaSoror avait évoquée ici. J'imagine que Biosphere a voulu relater l'expérience intérieure de Laïka en musique. Pardonne-nous, Laïka. Qu'Anubis ait ton âme.

 

Ennio Morricone

Le maestro italien de la musique de films, et pas peu des westerns spaghetti. Un pays ? L'Italie. Une religion ? L'Italie (et le catholicisme, il a dédié un oratorio au pape Jean-Paul II).

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Le vent, le cri

 

Henryk Gorecki

Un pays ? La souffrante, la bien-aimée Pologne. Une religion ? Le souffrant, le bien-aimé catholicisme.
Il s'est rendu à la Faucheuse en 2010.

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 Amen

 

Frank Martin

Suisse, fils de pasteur, musicien discret et profond comme le mystère. Caché derrière son élégance et sa beauté physique, le sens de son art se révèle au fur et à mesure des écoutes. Frank Martin est mort en 1974.

 

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 Petite symphonie concertante :


Zbignew Preisner

Un pays ? La Pologne. Un ami ? Le cinéaste Krzysztof Kieślowski. Une originalité ? Il n'a aucune formation musicale académique.

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Tu viendras, morceau issu de la bande originale du film La double vie de Véronique, de Kieslowski.

 

Vangélis

Un pays, la Grèce.Une collaboration : le cinéaste Ridley Scott (sur deux films, Blade Runner et 1492 : Christophe Colomb).

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Voici un extrait de la bande originale du film 1492, intitulé Conquest of paradise.

 

C'était un voyage à travers cette musique que j'aime et écoute si souvent. Je vous remercie de l'avoir partagé.

Edith de CL

 

Merci aux internautes ayant mis en ligne ces vidéos que j'expose ici.

 

 

lundi, 26 mars 2012

L'amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes...

Blaise Cendrars, Moravagine, masochisme, littérature

Après avoir cité L'amour et l'Occident, de Denis de Rougement, et grâce à une idée de Nathann Cohen, qui navigue en eaux littéraires troubles, nous proposons deux extraits de Moravagine, de Blaise Cendrars.
Le premier fragment décrit "l'amour" comme fondamentalement masochiste. Le second éreinte la morale et la littérature et rend sa place à "l'action".

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"L'amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?

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[...]

Au printemps, clôture des paris américains, départ pour la dernière étape du tour du monde; dernière liaison aérienne entre l'Amérique et l'Europe, Londres et Paris après avoir visité Montréal et Québec, quarante-huit heures de vol pour la traversée de l'Atlantique, le grand prix de cent mille livres sterling de l'Union de la presse britannique, etc.

- Toutes les banques marchent. Tu vas voir tout ce que je vais faire rendre à une machine, m'expliquait Moravagine.

Gloire, fortune, honneurs, enthousiasme populaire, délire des foules. Je serai le maître du monde. Je me ferai proclamer Dieu. On foutra tout en l'air, tu vas voir.

- ...

- Alors tu ne viens pas avec nous ? Non ? Et bien n'en parlons plus. D'ailleurs c'est trop tard maintenant. Ta place est déjà prise par un réservoir d'huile, ce qui nous permet d'emporter une fameuse réserve d'essence. L'avion est fin prêt. Nous partons dans trois jours...

- ...

- C'est dommage que tu ne viennes pas. Tu aurais tourné la manivelle à bord. J'avais compté sur toi pour emporter un appareil de prises de vues. Nous n'aurons pas le cinéma. Tant pis. A part ça, tout marche à merveille, il n'y a que toi qui cannes... Je comprends bien ton besoin de repos et ton envie de te tremper dans tes livres. Bon Dieu !Tu as encore envie de réfléchir, tu as toujours eu besoin de réfléchir à des tas de choses, de regarder et de voir, de prendre des mesures, des empreintes, des notes que tu ne sais comment classer. Laisse donc ça aux archivistes policiers. Tu n'as donc pas encore compris que le monde de la pensée est fichu et que la philosophie c'est pis que le bertillonnage. Vous me faites rire avec votre angoisse métaphysique, c'est la frousse qui vous étreint, la peur de la vie, la peur des hommes d'action, de l'action, du désordre. Mais tout n'est que désordre, mon bon. Désordre que les végétaux, les minéraux et les bêtes ; désordre que la multitude des races humaines ; désordre que la vie des hommes, la pensée, l'histoire, les batailles, les inventions, le commerce, les arts; désordre que les théories, les passions, les systèmes. C'a toujours été comme ça. Pourquoi voulez-vous y mettre de l'ordre ? Quel ordre ? Que cherchez-vous ? Il n'y a pas de vérité. Il n'y a que l'action, l'action qui obéit à un million de mobiles différents, l'action éphémère, l'action qui subit toutes les contingences possibles et imaginables, l'action antagoniste. La vie. La vie c'est le crime, le vol, la jalousie, la faim, le mensonge, le foutre la bêtise, les maladies, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, des monceaux de cadavres. Tu n'y peux rien, mon pauvre vieux, tu ne vas pas te mettre à pondre des livres, hein ?..."

Blaise Cendrars

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 Nous renvoyons vers ce très beau passage de Carson Mc Cullers, que nous avions cité déjà dans AlmaSoror. Encore une description de l'amour masochiste, tirée de la Ballade du café triste.

samedi, 24 mars 2012

L'amour et l'occident

 

Sara, L'amour et l'Occident, Denis de Rougemont

Sara nous propose trois photos et un fragment de L'amour et l'Occident, de Rougement.

Sara, L'amour et l'Occident, Denis de Rougemont
"Nul besoin d'avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d'avoir entendu l'opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l'empire nostalgique d'un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos films, dans leur succès auprès des masses, dans les complaisances qu'ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes, des mal mariés, des midinettes qui rêvent d'amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point redoutée comme une fièvre maligne ; partout où sa fatalité est appelée, invoquée, imaginée comme une belle désirable catastrophe, et non point comme une catastrophe. Il vit de la vie même de ceux qui croient que l'amour est une destinée (c'était le philtre du Roman) ; qu'il fond sur l'homme impuissant et ravi pour le consumer d'un feu pur ; et qu'il est plus fort  et plus vrai que le bonheur, la société, la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés."

L'amour et l'occident, Denis de Rougemont

 

Sara, L'amour et l'Occident, Denis de Rougemont

 

Voir l'exposition en ligne de la Bibliothèque Nationale de France sur les légendes arthuriennes, dont l'histoire de Tristan et Iseult est issue.

 

mercredi, 21 mars 2012

Le Pommier d'argent

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Nous présentons le Conte du Pommier d'argent, par Marie.

Ce conte est le premier opus d'une nouvelle rubrique d'AlmaSoror intitulée :
"Jeune littérature", dans laquelle nous publierons des oeuvres
de tout jeunes gens de moins de quinze ans.

 

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Il était une fois,
Un roi, riche, puissant, bon
Aimé de tous…
Il avait une femme magnifique, toutes les tenues lui seyaient si bien, qu’on pouvait passer des heures à l’admirer tellement elle était belle !
Mais de plus, elle était merveilleusement belle,
Grâce à ses cheveux d’argent.

Un jour, le roi s’en alla à la chasse avec ses sujets ;
Il leur déclara : allez chasser, je vais m’en promener au grand air !
Ses sujets ne s’en étonnèrent point car le roi aimait
Se promener dans la forêt (il ne s’inquiétait pas, car il n’y avait rien qui puisse être fâcheux dedans).
Le roi s’en alla donc dans la forêt.

En chemin il entendit des cris,
Il alla voir : des va-nu-pieds  qui frappaient une pauvre femme !
Son sang ne fit qu’un tour, il se fraye un chemin à travers les buissons, et chassa les voyous.
-Merci, oh merci ! Seigneur !
Je ne mériterai pas ça, car…
-Car ? Je vous écoute,
-eh bien, je devrai être dans vôtre château, ou plutôt, dans vos cachots : je suis sorcière...
-Je vous laisse la vie si vous promettez de ne pas user de la magie contre mon royaume.
-Je le promets. En échange, vous avez un souhait.
-Avoir un pommier d’argent.
-vous l’avez. Et la sorcière disparut.

En rentrant au  château, il trouve le pommier mais pas sa femme !
Comprenant soudain son erreur,
Il pleure, encore et encore !
Personne ne peut l’arrêter,
Pourtant son fils le prince Alexandre
Annonce à son père le roi : Père, je pars à la recherche de cette sorcière, là je tenterai de réparer l’irréparable !!

Son père le laisse partir à grand regret,
Là sur son fier cheval blanc à crins noir,
Il chevauche par-delà les forêts, traverse de
Nombreux villages, rencontre bien des gens,
Mais c’est encore plus loin qu’il trouve la sorcière !

-Sorcière, je t’ordonne de transformer le pommier d’argent que tu as offert à mon père en ma chère maman.
-J’accepte très volontiers, mais il faut que tu paye pour cela, enfant !! Ricana- t-elle.
-Que veux-tu en échange ?répondit Alexandre, J’ai traversé tant de danger, tant de forêts, tant de personnes ! Je voudrais une réponse, alors ?
-Voilà, rapporte-moi une de ces merveilleuses branches d’olivier !
-Où donc se trouvent-elles ?
-dans la grotte du dragon vert, mais attention,
C’est le fils de la nature même,
Si tu l’offense, il te mangera, et si tu lui échappe,
Il te poursuivra toute ta vie, alors sois aimable ! Sourit-elle.

Alexandre trotta longtemps sur le chemin, se renseignant au passage sur le chemin à prendre.
Ce ne fut que deux jours plus tard  qu’il arriva  devant la grotte du dragon. Cela faisait bien cinq jours qu’il était parti…
Il rentra et appela : Oh, dragon vert, fils de la nature,
Ma mère a été transformée par un souhait malheureux
Que mon père a fait en demandant un pommier d’argent !
-Je sais cela, prince, mais je suppose que tu ne viens pas que pour cela ? répondit-il d’une voix caverneuse.
-en effet, Sire, la sorcière cause de cela accepte de rendre ma mère si on lui donne une de tes branches d’olivier !
-Et tu me demandes de t’en céder une, ou je me trompe ?
-Non tu ne te trompes pas, alors sire ?
-Cette sorcière te met à l’épreuve, elle veut que je te tue !
Prends une branche d’olivier et jette là dans une rivière, puis rentre chez toi, ta mère sera bien vivante et le pommier mort !

Alexandre s’exécuta, il rentra chez lui et le royaume heureux de retrouver sa reine !

 

 

                           Marie de La Roche Saint-André

 

 

 

dimanche, 18 mars 2012

Un brunch à l'atelier

 

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Après une conversation brunchale au café de l'Atelier, un dimanche matin boulevard du Montparnasse, avec Philippe B, j'ai cherché à écrire comment j'accède à l'expérience du bonheur.

 


Qui trop embrasse mal étreint et à chercher le bonheur de tous côtés que trouve-t-on ? Le désarroi, souvent. Peut-être parce que je cherche ce que j'appelle le bonheur sans trop savoir ce qui me rend heureuse. Derrière la beauté du mot « voyage » qu'ai-je vécu ? Beaucoup d'administration, de déplacements sans romantisme, d'incompréhension et de déception. Et il m'en a fallu du temps pour dissocier dans ma tête l'attirance pour le « voyage » et la désapprobation de la réalité des voyages. Que dire des dévoilements qui ont eu lieu lorsque j'ai cherché l'amour, la liberté, la reconnaissance sociale, la réussite professionnelle ? Déceptions, multitudes de déceptions puisque ces mots ne sont que la promesse de belles émotions, comme la beauté, en amour, n'est que la promesse du bonheur.

J'ai laissé le bonheur partir, comme on lâche une croyance en Dieu qui ne nous a apporté que terreurs et fausses routes, et je me suis trouvée seule, sur l'océan des possibles, dont les vagues me faisaient un peu peur.

J'ai écouté la vie : elle s'est tue. J'ai senti que j'éprouvais des sensations. Ces sensations emplissaient les instants de bouffées d'amour, de joie, de liberté ! Je ne tenais plus le bonheur insaisissable dans mes bras débiles : c'était lui qui m'habitait par instants, par instances, et repartait, me laissant régénérée, vivifiée d'avoir été traversée par lui.

Alors j'ai voulu reconnaître quelles sont ces sensations de bonheur, qui me lavent, me ressourcent, me soulèvent, me donnent l'impression de vivre, d'être vivante.

Ces sensations là, il fallait les connaître pour les laisser emplir mon corps, mon cœur, mon esprit, pour favoriser leur naissance au creux de mon être.

La flottaison – ou le flottement


J'aime éprouver la sensation de flotter quelque part entre le ciel et la terre. J'ai identifié cette sensation chez Tieri Briet, à Fontvieille, dans le hamac qui servait de canapé. J'ai compris alors cette fascination que j'éprouve depuis longtemps pour les enfants qui ne savent pas encore marcher : leurs pieds sont gratuits : leurs pieds servent à jouer, à rire, ils flottent dans les airs et ne connaissent pas la responsabilité assombrissante de porter un corps et le cerveau qui l'habite. Cette fascination pour les enfants et leurs pieds inutiles et flottants existait donc parce que j'avais besoin d'éprouver ce sentiment de flottaison et de flottement : flottaison au-dessus de la terre, flottement entre deux instants. La sensation de flotter hors des contingences du temps, de l'espace et de la réflexion mentale, dans un paramonde où la substance du rêve imprègne l'environnement.

La puissance


Le sentiment de puissance m'est extrêmement revigorant. Il peut venir de la contemplation d'un frigo bien rempli, de l'action de poster un message sur l'AlmaSoror blog ou sur Twitter, c'est la joie vitale d'avoir un impact sur le monde, de transformer quelque chose sur cette terre, ou bien la satisfaction de faire face à de nombreuses possibilités et d'avoir l'abondance des choix possibles. Un compte en banque à flots et une carte bancaire disponible me procurent également ce sentiment.

L'exaltation

Souvent, elle vient du vent et de la lumière, mais peut aussi naître de la nuit. L’exaltation emplit mon cœur d'une joie de vivre qui étire les traits du visage en un sourire épanoui, donne envie de crier comme des enfants qui entrent dans les vagues. Les très bonnes nouvelles sont génératrices de sentiments d'exaltation très forts.

La détente


Sentir que rien n'est urgent ni pressé, que je peux étaler mes jambes, laisser aller mon esprit où il veut, entrer dans la lecture gratuite et distrayante de deux ou trois épisodes de Tintin en buvant des tisanes et mangeant des cracottes tartinées de beurre. Savoir que je peux faire quelque chose ou ne rien faire, à ma guise : tout est libre, le temps est disponible.

La prière


J'appelle « prière » cet adoucissement du cœur qui vient parfois dans une église belle et recueillie, où l'on peut abandonner les attitudes physiques et mentales qui ont cours dans la société pour se tourner vers Jésus (par exemple) comme un enfant, c'est un amollissement, un attendrissement du cœur, qui procure une profonde détente, un soulagement, un renoncement total à tout ce qui parasite l'amour pur. Quelque chose fond dans mon cœur, comme si le métal rigide qui l'entourait et l'enserrait fondait sous l'action d'une grande chaleur et le cœur alors se répand, se dilate, se réjouit. Les larmes coulent d'émotion, sans violence.

Le calme


Le calme se distingue de la détente, car il relève plus du sentiment que de la sensation. Le calme, c'est une attitude du corps, de l'âme, de l'esprit, qui consiste à regarder le monde avec beaucoup de recul et à ne pas réagir affectivement aux événements qu'il contient. Le calme s'apparente à la puissance, cependant il ne contient pas cette charge d'émotion égotique, ni cette envie d'action sur le monde : dans le calme l'ego se tient à sa toute petite place. C'est une sorte de retrait du monde par sagesse, où le détachement et la présence tiennent chacun une place égale.

Le rire


Être traversée par l'envie de rire, sentir son corps et son cœur se dilater sous l'effet d'un rire frais et franc, qui jaillit aussi naturellement qu'une source, est l'un des plus grands plaisirs qui peut arriver dans une journée. Il faut que ce rire ne soit pas lié à une situation sociale de défi ou d'ego : c'est un rire gratuit, comme un oiseau qui passe.

La stimulation physique


La stimulation physique à faire quelque chose (que ce soit marcher, nager, faire la cuisine, ranger) est agréable puisque elle donne la satisfaction de l'effort mais prend sa source dans le désir. Quel beau cadeau qu'un désir naturel dont le résultat est aussi bon que s'il venait d'un effort volontaire. Car le désir est plus agréable à éprouver que la volonté de l'effort. S'il donne les même fruits, bonheur et productivité se conjuguent. C'est magique.

La stimulation mentale, intellectuelle


Sentir que mon cerveau est entrain de découvrir quelque chose, de chercher quelque chose, de modifier quelque chose dans l'ordre de ses connaissances, me rend heureuse.

L'hygiène, l'ordre


Lorsque j'accomplis des actes dont la gratification immédiate est une plus grande hygiène, un plus grand ordre (ranger mon bureau, me laver les dents), je m'offre de petites satisfactions qui ne sont pas négligeables et leur accumulation au cours de la journée permet de donner à celle-ci un tour plus positif.

La reconnaissance de ces sensations permet de les favoriser et surtout de savoir ce que je cherche vraiment : je ne cherche pas tant des éléments concrets que leurs sensations correspondantes, et l'obtention d'un résultat concret ne m'apporte aucun bonheur si aucune sensation positive n'en découle.

Éprouver souvent ces sensations augmente considérablement ma bonne humeur, mon bonheur, et le travail sur mes sensations m'apporte donc bien plus qu'un travail direct sur la réalité. Toutefois il faudrait ajouter à cette concentration sur les sensations une attention portée aux situations de la vie qui procurent de belles sensations. Par exemple, se trouver dans un lieu très esthétique, vivre un moment de partage, de rencontre, faire face à une période de temps libre sans culpabilité en arrière-plan... Cela permettrait de multiplier ces situations et d'améliorer considérablement la qualité de ma vie.

Je constate autour de moi que beaucoup de gens se marient, ont des enfants, manœuvrent une carrière professionnelle en vue d'obtenir un bonheur ; mais ce bonheur est rarement atteint, en dépit de tous les accomplissements réels. Le niveau de bonheur général n'est pas augmenté avec la réalisation de ces projets. En effet, nous croyons de façon automatique que ces éléments portent en soi leur charge de bonheur. Il n'en est rien. Ainsi, un directeur de cabinet ministériel, ou même un ministre, peut n'éprouver jamais la moindre sensation de puissance, parce qu'il est au quotidien dans des situations d'obéissance (à des contingences, à un emploi du temps, aux « supérieurs hiérarchiques », voire aux exigences des « inférieurs hiérarchiques »), alors qu'un maçon couvreur, debout sur son toit, dominant la ville et sachant que chacun de ses gestes améliore concrètement un toit, peut éprouver et vivre la puissance de façon beaucoup plus féconde. De même, être en couple avec une personne charmante, intelligente, raisonnable, peut n'apporter aucune sensation de tendresse en dépit de tous les gestes et les événements partagés, si la connexion entre les émotions de chacun n'a pas été trouvée, ou si l'on paye cher en renoncements à ce que l'on aime cette situation de couple. Alors que vivre dans la tendresse sans cesse renouvelée via des romans, via l'amour pour la beauté des étoiles, via la rencontre avec des amis peut donner un sentiment de confiance en soi, d'épanouissement émotionnel et de connexion amoureuse beaucoup mieux déployé.

Edith de CL

 

 

jeudi, 15 mars 2012

Ainsi soit-il, ainsi pense-t-il

 

James Allen, As a man thinketh, 1902

AlmaSoror a entrepris la traduction depuis l'anglais du fameux opuscule publié en 1902,  As a man thinketh, de James Allen. James Allen est le grand inspirateur du développement personnel et des méthodes de "self-help", de travail autonome sur soi en vue de se créer une vie meilleure. On trouve peu d'informations sur lui sur la Toile francophone, ceux qui parlent anglais seront plus gâtés.

Nous proposons aujourd'hui le premier chapitre, l'opuscule complet étant lisible ici.

L'esprit est le pouvoir qui façonne et créée,
Et l'homme est esprit, et de plus en plus il s'empare de l'outil de la pensée ; et, modelant ce qu'il désire, suscite mille joies, mille maladies : - il pense en secret et la chose advient : le milieu qui l'entoure n'est que son miroir.

Sommaire

 

Avertissement

La pensée et le caractère

 

Avertissement

Ce petit volume (le résultat de la réflexion et de l'expérience) n'est pas conçu comme un traité exhaustif sur le très ressassé sujet du pouvoir de la pensée. Plus suggestif qu'explicatif, son intention est d'aider les hommes et les femmes à découvrir et percevoir cette vérité :

«Nous sommes nous-mêmes nos propres créateurs »...

… par les pensées que nous choisissons et encourageons. L'esprit est le maître-tisserand, de la toile interne de son caractère, comme de la toile externe des circonstances de sa vie. Et si nous avons jusqu'ici tissé dans l'ignorance et la douleur, nous pouvons maintenant tisser dans la lumière et le bonheur.

James Allen

Avenue du Grand Parc
Ilfracombe, Angleterre

 

Ainsi pense-t-il, ainsi soit-il

La pensée et le caractère

Cet aphorisme : « L'homme est comme les pensées de son âme» (Proverbes 23-7) ne concerne pas seulement l'être humain dans son intégralité, mais s’étend aux conditions et aux circonstances de sa vie. Un homme est littéralement ce qu'il pense ; sa personnalité résulte de la somme de toutes ses pensées.

De même que la plante vient de la graine et n'existerait pas sans elle, chaque acte d'un homme vient des graines secrètes de sa pensée et n'aurait pu avoir lieu sans elles. Ceci s'applique autant aux actes dits spontanés, ou non prémédités, qu'à ceux qu'on exécute délibérément.

L'action est la floraison de la pensée ; la joie et la souffrance en sont les fruits. Ainsi, l'homme recueille-t-il les fruits, doux et amers, de son jardinage.

(En notre esprit la pensée nous a conçus, ce que nous sommes fut forgé et édifié par la pensée.
Si l'esprit d'un homme contient des pensées diaboliques, la douleur vient sur lui comme la charrue derrière le bœuf.
S'il persiste dans la pureté de pensée, la joie le suivra comme son ombre – c'est certain).

L'homme n'est pas une création artificielle, il croît selon les lois de la nature, et le rapport entre la cause et l'effet est aussi absolu et implacable dans le royaume caché de la pensée qu'il l'est dans le monde des choses visibles et matérielles. Un caractère noble et divin n'est pas une faveur, ou une chance, mais le résultat naturel d'efforts continuels pour penser juste, la conséquence de la fréquentation assidue de divines pensées. En vertu du même processus, un tempérament ignoble et bestial ne résulte que de l'entretien continuel de pensées serviles.

L'homme se fait ou se défait lui-même. Dans l'arsenal de sa pensée, il forge les armes qui le détruiront ; il y façonne également les outils au moyen desquelles il se construira les célestes manoirs de joie, de force et de paix. Par ses choix justes, par la pertinence de sa pensée, l'homme s'élève à la perfection divine ; tandis que l'abus, le manque de diligence dans la pensée l'abaissent au niveau de la bête. Tous les échelons de la personnalité humaine se situent entre ces deux extrêmes, et chaque homme en est créateur et maître. Parmi les merveilleuses vérités se rapportant à l'âme humaine que notre époque a restaurées et amenées à la lumière, aucune n'est plus réjouissante que celle-ci – l'homme est le maître de ses pensées, le sculpteur de son caractère, le façonneur de ses conditions, de son environnement, de son destin.

Être de pouvoir, d'intelligence et d'amour, Seigneur de ses propres pensées, l'homme possède la clef de chaque situation, en lui se trouve l'organisme de transformation et de régénération qui lui permettra de devenir ce qu'il veut.

L'homme est toujours le maître, même dans son état le plus faible, le plus abandonné, le plus dissolu. Car dans sa faiblesse et sa dégradation, il est le maître insensé qui dirige sa maison de travers. Lorsqu'il se met à réfléchir sur sa condition, à rechercher diligemment la loi qui régit son être, il devient alors un maître sage, orientant ses énergies avec intelligence, façonnant ses pensées pour des aboutissements féconds. Ainsi agit le maître conscient. Et l'on ne devient ce maître conscient qu'en découvrant à l'intérieur de soi-même les lois de la pensée ; cette découverte est affaire d'application, d'autoanalyse et d'expérience.

Comment sont obtenus l'or et les diamants ? Par la recherche, par l'extraction en profondeur. Et les hommes peuvent trouver toute vérité raccordée à leur être s'ils creusent à fond la mine de leur âme. Ils éprouveront de manière infaillible qu'ils sont les maîtres de leurs caractères, les sculpteurs de leurs vies, les bâtisseurs de leurs destins, s'ils s'attachent à observer, à contrôler, à ajuster leurs pensées, en traquant les conséquences de ces pensées sur eux-mêmes et sur autrui, sur leur vie et sur les circonstances, en découvrant les liens entre les causes et les conséquences par la pratique et l'investigation, en utilisant chaque expérience, même la plus triviale, même la plus quotidienne, comme un moyen d'obtenir cette connaissance de soi qui est intelligence, sagesse et pouvoir. C'est dans cette direction, plus que dans aucune autre, que l'on retrouve la loi absolue : « Cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l'on vous ouvrira » (Évangile) ; c'est en effet par la patience, par la pratique, par l'incessante sollicitation que l'homme peut passer la Porte du Temple de la Connaissance.

 James Allen, 1902

James Allen

 Traduction d'édith de CL

 L'intégralité de la traduction est disponible sur cette page.

 

lundi, 12 mars 2012

Le menu de Pythagore

sara, porphyre, pythagore, alimentation, grèce antique

Sara nous envoie ce passage de la vie de Pythagore, par Porphyre. Nous y apprenons comment l'auguste mathématicien s'alimentait, cinq siècles environ avant notre ère. AlmaSoror engage ses visiteurs à s'alimenter comme le Maître pendant une semaine, et à nous envoyer le retour de leur expérience. 

Au déjeuner, des rayons de cire ou du miel ; au dîner, du pain de mil, de la galette, des légumes bouillis ou cru, rarement de la viande de victimes sacrificielles, et encore non pas de toutes les parties. Le plus souvent, quand il devait pénétrer dans un sanctuaire des dieux et passer là un certain temps, il usait de nourritures qui arrêtent la faim et la soif ; contre la faim, il faisait un mélange de graine de pavot, de sésame, d’écorce de scille lavée avec soin jusqu’à ce qu’elle eût perdu son suc, de tiges d’asphodèles, de feuilles de mauve, de farine, d’orge, de pois chiche, tous ingrédients qu’il coupait en portion égales et arrosait de miel de l’Hymette ; contre la soif, il mêlait graine de concombre, raisin gluant dont il avait enlevé les pépins, fleur de coriandre, mauve - la graine également -, pourpier, fromage râpé, fleur de farine de blé, crème de lait, le tout mélangé avec du miel des îles."

Porphyre, Vie de Pythagore

Traduction Ed. des Places, Les Belles Lettres, 1982

 

 Nous avions déjà mentionné Pythagore dans un article sur la condition animale et les défenseurs de la vie des animaux...


 

sara, porphyre, pythagore, alimentation, grèce antique

Pythagore

 

 

vendredi, 09 mars 2012

Méditation contrebaroque

Edith de CL, méditation, contrebaroque, Hélène Lammermoor, traduction, traductologie, langue hawaïenne, hawaïen

2 photos de Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva


On sait qu'Hélène Lammermoor écrivait toujours assise, couchée vers la Croix du Sud. Elle se souvenait de la lumière poussiéreuse de l'Atlantique d'Olonne, une voix intérieure lui dictait des textes dont elle avouait ne pas saisir le sens d'ensemble.

 

J'ai entrepris la traduction de cette méditation contrebaroque à une époque de ma vie où les réminiscences de rêve dont ce texte est chargé faisaient écho à des émois en moi profonds. Je l'offre ici tel que je l'ai traduit à cette époque, nu, sans correction, sans addendum, sans explication. L'oeuvre d'Hélène Lammermoor se goûte quand on n'a plus goût à rien. Alors la magie vitale de la littérature allume à nouveau le creux du ventre, et le lecteur se redresse et marche ressuscité sur la route du monde.

 

Édith de CL, 2010


 

 

Méditation contrebaroque

Edith de CL, méditation, contrebaroque, Hélène Lammermoor, traduction, traductologie, langue hawaïenne, hawaïen


I

J'ai retrouvé des traces.

La poussière du temps, des pierres, des volets. Les ruines vivantes. Les pins, la lande, leurs odeurs ; au fond du sentier, l'ouverture sur la mer salée. La bague transmise, les poèmes naissants, la longue après-midi qui s'écoule sans souci.

Au loin, dans une bâtisse qui résonne, des frères disent la messe. La grosse cloche lancine.

 

II

Ferme les yeux. Écoute la voix d'un rêve qui vient de loin.

Dans la ville où tu marches, les pierres pensent. Les femmes sont silencieuses et les hommes te sourient. De grandes bêtes sauvages se baladent parmi les hommes. Et tous, tous respectent le pouvoir immense des salamandres. Elles sont cachées dans les feuillages, vivant une vie de mystère, à côté de ton cœur.

Tu vois des vignes pousser sur les places et sur les murs des maisons, tu vois les enfants jouer, leurs cris nettoient ton sang. Et soudain tu comprends que tu es un être merveilleux, toi aussi tu hantes la ville et tu fascines ceux qui écoutent les sens du dimanche après-midi.

 

III

Dans la nuit de ton corps, d'un coup tout devient bleu. Les cris des dauphins surgissent de nulle part. Ils jouent dans les vagues, ils nagent, sautent, plongent, leurs éclats de rire résonnent dans ta peau.

Au-dessus de la mer, les mouettes fascinées hurlent, glissent entre les vagues – les dauphins leur disent Venez ! Venez ! Venez voler au sein de nos éclats de rire ! Et les mouettes s'en vont danser dans l'horizon, s'en vont montrer qu'elles sont belles. Les dauphins les contemplent, les oublient, reprennent leurs jeux.

 

IV

Un homme, il ressemble à un ange, s'approche de toi. Il te veut donner la main, cela te fait rire, tu lui prends la main. Vous marchez vers la haute porte de la ville, pour rejoindre la forêt. Vous parlez une nouvelle langue, que tu comprends très bien. C'est la langue hawaienne, peut-être, d'où naîtra la dernière vague du monde. Des bulles flottent autour de vous et dans le ciel. Des enfants venus d'Islande voyagent en montgolfières. Les bruits des insectes prennent toute la place et tes jambes sont contentes de marcher sur des touffes d'herbe. Tu te retournes ; derrière toi, la ville s'efface.

 

Hélène Lammermoor

 

mercredi, 07 mars 2012

1974, discours d'Arlette Laguiller

 

Nous choisissons ce discours d'une dame étonnante pour effectuer une petite manipulation informatique, chose qui nous paraît insurmontable mais que nous devons accomplir absolument. Bien que vous n'y compreniez rien, 9NSC8E8CVDNQ devait apparaître dans l'un de nos billets !

 

En espérant que cette étrange manip ait marché, nous vous souhaitons de beaux rêves, des rêves qui transforment un être, un jour, une vie.

 

9NSC8E8CVDNQ

Reconstitution

Ceci est une exclusivité !

Jürgen Chêne, Edith de CL, Cornulier-Lucinière, AlmaSoror, Stella Mar, mystique, art, reconstitution

phot. Carvos Loup. Edith de CL apprenant la mort de Jürgen Chêne

 

AlmaSoror vous livre l'extrait de Reconstitution, le second film, demeuré inachevé, du cinéaste prodige Jürgen Chêne, dont l'unique oeuvre, Dying Cinema, a radicalement bouleversé notre vie esthétique.

Les exégètes de l'oeuvre et de la personnalité de Chêne savaient qu'il existait un deuxième film que, par déception, le jeune cinéaste écorché avait détruit. Cet extrait de Reconstitution donne une idée de l'évolution qu'aurait suivie l'oeuvre de Jürgen Chêne, s'il avait pu la poursuivre jusqu'au bout.

Nous livrons la notice biographique de Chêne qu'on trouve dans Sens et Mystique des sens, l'encyclopédie de l'art euro-américain des années 2030-2070 :

 "Jürgen Chêne
Cinéaste maudit, Jûrgen Chêne réalisa à l’âge de 19 ans le film chef d’oeuvresque, Dying Cinema. Il ne parvint plus jamais à réaliser un film entier et de désespoir se retira de la vie artistique. On ne sait pas ce qu’il est devenu."

Cette encyclopédie avait d'abord été publiée sous la forme d'un feuilleton estival dans le Newropeans Magazine.
Elle est aujourd'hui consultable dans son intégralité à cette adresse d'AlmaSoror.

 

Enfin, pour ceux qui veulent aller plus loin dans la réflexion et la connaissance sur les mouvances artistiques de ces années sublimes, nous proposons de revoir cette conférence privée d'Edith de CL, organisée et produite par Stella Mar, petite fille de notre bien-aimée correspondante Esther Mar.

dimanche, 04 mars 2012

Qu'un sang pur abreuve nos fantasmes !

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Chevreaux et agneaux, mes frères, mes petits martyrisés, voici comment Philostrate le sophiste parlait de vous et trouvant son propre foie trop chargé de bile pour contenir des indications sur l'avenir, vous vouait, vous autres, aux sacrifices.

Ah ! Le temps des religions qui égorgent n'est pas fini ! Et quand ce ne sont pas les religions, c'est l'arrogance et l'argent qui vous sacrifient sur l'autel de la consommation.

Je profite de ce billet pour rappeler quelques textes qu'AlmaSoror fit pour les animaux, et pour donner quelques liens vers de plus fraternelles pensées envers les bêtes.

 

Extrait de la Vie d'Apollonios de Tyane

 

"Il est concevable que des animaux dépourvus de raison, du fait même qu'on les égorge alors qu'ils n'ont aucune idée de la mort, aient des entrailles dépourvues de trouble, parce qu'ils ignorent le sort qui les attend ; mais un être humain, qui a toujours la crainte de la mort présente à l'esprit, même lorsque celle-ci n'est pas menaçante, comment penser que, lorsqu'elle est là sous ses yeux, il sera capable de donner, par ses entrailles, des indications sur le futur, ou même qu'il est susceptible d'être offert aux dieux ?

 

Pour te prouver que ma conjecture est exacte et conforme à la nature, je te prie, Seigneur, de réfléchir à ceci : le foie, où, selon les praticiens de cet art, réside comme le trépied de leur divination, n'est pas composé de sang pur - tout le sang pur, en effet, est contenu dans le cœur, qui l'envoie, par les canaux sanguins, à travers tout le corps ; la bile qui est enfermée dans le foie est enflée par la colère et, sous l'action de la peur, rentre dans les cavités du foie. Bouillonnant sous l'action d'excitants, incapable de demeurer à l'intérieur de son réceptacle, elle déborde et se répand dans tout le foie, ce qui fait que la bile occupe toutes les parties lisses et prophétiques des entrailles ; inversement, sous l'action de la peur, elle se rétracte et condense en elle en même temps la lumière qui brille dans les parties lisses, car ce qu'il y a dans le foie de sang pur se retire alors, ce sang qui gonfle le foie en coulant sous sa membranes extérieure et qui recouvre sa partie turbide. À quoi bon, alors, un meurtre, si les entrailles ne doivent donner aucun présages ? Or, la nature humaine fait qu'elle a conscience de la mort et que les victimes au moment de mourir, si elle périssent courageusement, sont remplies de colère et, si elles se laissent abattre, meurent dans la crainte. C'est pourquoi l'art divinatoire, sauf chez quelques barbares ignorants, conseille d'immoler des chevreaux et des agneaux, car ce sont des animaux stupides et presque dénués de sensibilité, mais considère que les coqs, les porcs, les taureaux, qui sont des animaux d'un tempérament passionné, ne sont pas aptes à servir à ses mystères."

Philostrate le Sophiste, "La vie d'Apollonios de Tyane

 

Sur nos terres de poussières virtuelles, allez lire :

L'abattoir, dans l'album poétique d'AlmaSoror

Persona Grata

La phrase qui ouvrit l'année 2010

Une marche humaine...

 

Ailleurs, vous trouverez des hérauts frissonnants d'horreur et de nervosité qui se battent au milieu des silences et des fêtes pour les autres animaux, ceux qui ne parlent pas.

L'oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir

L214, éthique animale

La Protection mondiale des animaux de ferme

 

En musique, écoutons ensemble :

Tribunal animal

Un jour ordinaire

The Animal Film, la musique d'un documentaire sur toutes les formes d'exploitation animale par le musicien Robert Wyatt

The Red Paintings, groupe de rock animaliste

 

LIVRES à explorer...

Eternel Treblinka

De Charles Patterson

Sur les camps de concentration et de massacre pour animaux (l'analogie est de l'écrivain Isaac Bashevis Singer)

 

Ethique animale

De Jean-Baptiste Jeangène Vilmer



Quand les éléphants pleurent

De Jeffrey Moussaieff Masson

Sur la vie émotionnelle des animaux

Ces bêtes qu'on abat : journal d'un enquêteur dans les abattoirs français

de Jean-Luc Daub

 

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jeudi, 01 mars 2012

Miroirs

Spiegel im Spiegel - Miroir dans le miroir - est une berceuse du musicien estonien Arvo Pärt.

Elle a inspiré de belles compositions qu'on trouve en flânant sur youtube, après le déjeuner, quand il n'y a rien à faire.

J'en présente quelques unes ici, en remerciant les inconnus qui les ont créées et partagées sur la grande Toile virtuelle qui unit nos solitudes.

Si vous en avez le temps, si vous voulez bien prendre le temps d'une longue promenade en musique et en images, voilà quelques versions à regarder et écouter, l'une après l'autre. Qui sait où partira votre esprit ? Qui sait quelle aventure naîtra de cette ballade au fond de vos labyrinthes intérieures ?

Le quadrant de Johari dit que la personnalité de chacun d'entre nous peut se "diviser" en quatre : une partie que je suis la seule à connaître et que les autres ignorent. Une partie que moi et les autres nous connaissons. Une partie que les autres connaissent mais que j'ignore. Et une partie que ni moi ni les autres ne soupçonnons. C'est à celle-ci que Spiegel im Spiegel s'adresse, bien sûr. Et c'est celle-ci qui peut surgir au détour d'un silence, au bord d'un instant.

 

Le couple et l'abîme

 

Pour Lhasa de Sela

Deux hommes et des oiseaux

 

AlmaSoror avait déjà mentionné la berceuse lors de l'annonce de la naissance d'un enfant nommé Orso, au moment où s'ouvrait 2012.

 

Addendum du 6 mars.

Emma du Songe Italien nous explique dans un commentaire sous ce billet que deux grands cinéastes ont joué sur les Miroirs d'Arvo Pärt. Voici donc Andreï Tarkovski (1975) :

Sur le fameux site du cinéclub de Caen, on trouve une analyse de ce film.

 

Et voilà Gus Van Sant (2002) :