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mardi, 05 janvier 2016

L'air nécessaire pour commencer à vivre

Notre société est organisée savamment en vue de te faire sentir que tu as raté (sur le plus grand nombre de domaines possibles : familial, diplôme, catégorie socio-professionnelle ; finances).

Tu as raté pour deux raisons paradoxales.

D'un côté, tu as « raté » parce que tu ne te distingues pas : rien ne te distingue de la masse obscure et informe.

De l'autre côté, tu as « raté » parce que tu ne te conformes pas : tu n'as rien coché des cases familiale, professionnelle, financière et académique de base, nécessaires à obtenir non pas la considération mais le simple droit au respect.

La première des résistances est de ne pas souscrire à cette conclusion, ni pour toi-même, ni pour les autres. De te rendre compte que si tu en viens, à ton propos ou à celui d'un autre, à de telles considérations, c'est que tu es au sommet d'un échafaudage intellectuel ni fait ni à faire, à partir duquel tu ne pourras bâtir qu'un Sam Suffit de béton qui ne passera pas le temps et ne remplira même pas son office d'abri.

Ce paradoxe de conformisme et de distinction, c'est le lieu même de l'imposture. Face à l'imposteur, tu as raté, car il feint d'avoir matérialisé son bonheur conforme et sa brillance particulière : ton décalage et ton insignifiance éclatent au grand jour et tu as honte.

Face à l'imposture parfaite, tu as honte de ton authenticité imparfaite.

Ce n'est pas quand les critères de conformité et de distinction de la société sont enfin atteints, que la liberté intérieure et la puissance personnelle se déploient ; mais au contraire, elles commencent à pouvoir naître là où ces critères n'ont pas cours et n'existent pas.

Là où ne soufflent pas les vents miasmatiques de la conformité et de la distinction, liberté et puissance peuvent sortir leurs premières tiges.

Dans ce lieu pur, il n'y a pas de rivalité, car la petitesse et la grandeur sont comme la marguerite qui éclot et le soleil qui brille : deux miracles qui se reconnaissent et qui s'aiment.

 

Unité, poème de Victor Hugo :

Par-dessus l'horizon aux collines brunies,
Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,
Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ;
Une humble marguerite, éclose au bord d'un champ,
Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,
Blanche épanouissait sa candide auréole ;
Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
Regardait fixement, dans l'éternel azur,
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle.
«Et, moi, j'ai des rayons aussi !» lui disait-elle.

 

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Commentaires

« Le sauvage vit en lui-même, l’homme sociable, toujours hors de lui, ne sait vivre que dans l’opinion des autres, et c’est pour ainsi dire, de leur seul jugement qu’il tire le sentiment de sa propre existence. » Jean-Jacques Rousseau

Écrit par : Athos | mercredi, 06 janvier 2016

Merci, athos.

Écrit par : AlmaSoror | mercredi, 20 janvier 2016

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