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mardi, 31 mai 2011

Vieilles fringues, vieux clodos

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"Aux vêtements comme aux hommes nous redonnons de l'emploi".
Emmaüs

Comme c'est gentil, bon Emmaüs. Vous réutilisez les vieux habits et les vieux paumés. Vous irez au paradis pour votre grande, grande charité.

(Jean Bouchenoire)

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vendredi, 27 mai 2011

Soror Dolorosa

Soror Dolorosa, Catulle Mendès, AlmaSoror, Edith de Cornulier-Lucinière

Phot. La belle aux rues vivantes, d'Edith Morning

Mon enfant chéri, lis d'abord un sublime texte de Catulle Mendès, qui vécut au XIXème siècle et mourut à peine le XXème s'était levé.

Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir morne et délicieux.

Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...

Ô calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes.

Catulle Mendès

 

Ecoute, avec le bruit du vent par cette nuit d'orage aux rousses blessures d'automne, la musique de Soror Dolorosa "Autumn wounds" et la chanson de Charlélie Couture, "Comme un avion sans aile".

 

Et vois ce que les méchants hommes et les femmes de la Publicité font de tes soeurs :

déréliction féminine

(Phot. Déréliction féminine, par Edith Morning)

 

Sache aussi, enfant bien-aimé, petit coeur pur, amour infant, sache qu'il y a des frères pour toi dans le monde. Tu les trouveras parmi les hommes, tu les trouveras parmi les chiens, ces anges blessés dont la force peut encore sauver le monde, l'esprit et l'amour.

Edith Morning

Phot : Kitchen, de la série Anges de l'aurore, d'Edith Morning

(Mon chéri, le monde est un rêve à l'aurore, une enfance qui ne finit jamais. Mon amour, tu verras comme les chants t'envelopperont. Ne laisse pas la publicité, l'argent et les jeux de scène t'arracher à la chair fragile du poème).

 

Deux chansons : Autumn Wounds, de Soror Dolorosa et Comme un avion sans ailes, de Charlélie Couture


Charlélie couture comme un avion sans aile par indemtencoise

 

C'était un billet des deux Edith : Morning & de CL

mardi, 24 mai 2011

Jeunesse éternelle

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La publicité ment. La publicité manipule. La publicité formate. La publicité nargue nos intelligences, tous les jours, dans toutes les rues du monde. La publicité crée l'esclavage. La publicité déforme le goût. La publicité se moque de l'enfance et de l'amour. La publicité est notre grande, grande honte.

mensonge, publicité

dimanche, 22 mai 2011

L'intelligence contre le diplôme

 

Paul Valéry, en 1936, dans une conférence intitulée le bilan de l’intelligence, livre une critique belle et sévère du diplôme. Voici justement l'extrait qui concerne le diplôme.

 

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Phot. Sara pour VillaBar (on reconnaît Florian Guy)

Je n’hésite jamais à le déclarer, le diplôme est l’ennemi mortel de la culture. Plus les diplômes ont pris d’importance dans la vie (et cette importance n’a fait que croître à cause des circonstances économiques), plus le rendement de l’enseignement a été faible. Plus le contrôle s’est exercé, s’est multiplié, plus les résultats ont été mauvais.
Mauvais par ses effets sur l’esprit public et sur l’esprit tout court. Mauvais parce qu’il crée des espoirs, des illusions de droits acquis. Mauvais par tous les stratagèmes et subterfuges qu’il suggère ; les recommandations, les préparations stratégiques, et, en somme, l’emploi de tous expédients pour franchir le seuil redoutable. C’est là, il faut l’avouer, une étrange et détestable initiation à la vie intellectuelle et civique.
D’ailleurs, si je me fonde sur la seule expérience et si je regarde les effets du contrôle en général, je constate que le contrôle, en toute manière, aboutit à vicier l’action, à la pervertir… Je vous l’ai déjà dit : dès qu’une action est soumise à un contrôle, le but profond de celui qui agit n’est plus l’action même, mais il conçoit d’abord la prévision du contrôle, la mise en échec des moyens de contrôle. Le contrôle des études n’est qu’un cas particulier et une démonstration éclatante de cette observation très générale.

 

Le diplôme fondamental, chez nous, c’est le baccalauréat. Il a conduit à orienter les études sur un programme strictement défini et en considération d’épreuves qui, avant tout, représentent, pour les examinateurs, les professeurs et les patients, une perte totale, radicale et non compensée, de temps et de travail. Du jour où vous créez un diplôme, un contrôle bien défini, vous voyez aussitôt s’organiser en regard tout un dispositif non moins précis que votre programme, qui a pour but unique de conquérir ce diplôme par tous moyens. Le but de l’enseignement n’étant plus la formation de l’esprit, mais l’acquisition du diplôme, c’est le minimum exigible qui devient l’objet des études. Il ne s’agit plus d’apprendre le latin, ou le grec, ou la géométrie. Il s’agit d’emprunter, et non plus d’acquérir, d’emprunter ce qu’il faut pour passer le baccalauréat.

Ce n’est pas tout. Le diplôme donne à la société un fantôme de garantie, et aux diplômés des fantômes de droits. Le diplômé passe officiellement pour savoir : il garde toute sa vie ce brevet d’une science momentanée et purement expédiente. D’autre part, ce diplômé au nom de la loi est porté à croire qu’on lui doit quelque chose. Jamais convention plus néfaste à tout le monde, à l’Etat et aux individus (et, en particulier, à la culture), n’a été instituée. C’est en considération du diplôme, par exemple, que l’on a vu se substituer à la lecture des auteurs l’usage des résumés, des manuels, des comprimés de science extravagants, les recueils de questions et de réponses toutes faites, extraits et autres abominations. Il en résulte que plus rien dans cette culture adultérée ne peut aider ni convenir à la vie d’un esprit qui se développe.

 

Paul Valéry, in Le Bilan de l’intelligence, 1935

 

lundi, 16 mai 2011

La ville des écrivains

moineville,écriture,littérature,alcool

 

"Sur la littérature universelle plane un nuage d'alcool".

Michael Krüger

 

"L'abus d'alcool est dangereux ; consommez avec modération".

Loi Evin

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Voici un billet d'Edith, qui a répondu à son tour aux questions d'une interview du journaliste de pop/rock/punk/techno musiques Jon Savage

 

 

What was your favourite childhood book?

Les maisons de Dame Souris, de Smith & Mendoza

 

Which book has made you laugh?

Les palmes de monsieur Schütz, de J-N Fenwick

 

Which book has made you cry?

Lova, la BD de Servais

 

Which book would you never have on your bookshelf?

Aucun. Tous les livres, les bons et les méchants, sont les bienvenus sur mes étagères.

 

Which book are you reading at the moment?

Machine Soul, de Jon Savage

 

Which book would you give to a friend as a present?

Propaganda, de Bernays, préfacé par Baillargeon, ou Les derniers géants de François Place

 

Which other writers do you admire?

Truman Capote, Carson McCullers, Thomas Mann, Tolstoï, Paul d'Ivoi, Paul Féval, Jean de La Ville de Mirmonts.

 

Which classic have you always meant to read and never got round to it?

Dostoïevski et Gogol

 

What are your top five books of all time, in order or otherwise?

Guerre et Paix, de Tolstoï

Les 7 piliers de la sagesse, de T.E. Lawrence

Le pays où l'on n'arrive jamais, d'André Dhôtel

La balade de la mer salée, de Hugo Pratt

Nolimé Tangéré, de Béja et Nataël

 

What is the worst book you have ever read?

Le journal d'Anne Frank

 

Is there a particular book or author that inspired you to be a writer?

La comtesse de Ségur ; Sans Famille, d'Hector Malo ; Bandini, de John Fante

 

What is your favourite time of day to write?

A l'heure où l'heure s'efface et qu'il ne reste que la flottaison dans l'espace.

 

And favourite place?

Dans le halo de lumière du jour qui a pénétré dans la pièce

 

Longhand or word processor?

N'importe

 

Which fictional character would you most like to have met?

J'hésite entre Arsène Lupin et Sir Jerry. Auraient-ils été gentils avec moi ?

 

Who, in your opinion, is the greatest writer of all time?

Saint Jean, l'Aigle ? Ruteboeuf ?

 

Which book have you found yourself unable to finish?

La guerre du Pélopponèse, ce que je regrette.

 

What is your favourite word?

Aurore

 

Other than writing, what other jobs or professions have you undertaken or considered?

Aviatrice, tenancière de bar.

 

What was the first piece you ever had in print?

Un conte de Noël, quand j'avais 13 ans, dans un journal des enfants du groupe où travaillait ma mère.

Adulte, un documentaire sur les langues pour les 9/13 ans

 

What are you working on at the moment?

Un roman qui ressemble à ce qu'on écrira quand la littérature aura changé de forme

 

 

 

samedi, 07 mai 2011

Tango & tao pour un printemps

Iwan Harlan et Isabella Cremer tanguent au rythme d'une chanson du musicien poète argentin Daniel Melingo.

 

Yogas, porte de la sagesse : un livre du Britannique John Blofeld, publié aux belles éditions Dervy en 1986 (6 ans après sa sortie en langue anglaise). John Blofeld écrit bien, admirablement suivi sur ce point par son traductreur Pierre Dupin. Voilà qu'il nous explique la disposition d'esprit idéale du taoïste. Cette description rappelle un peu le stoïcisme grec ou encore un texte comme l'Imitation de Jésus Christ. Blofeld, lui, trouve que les idées du philosophe américain Ralph Waldo Emerson ressemblent à celles des sages taoïstes qu'il a rencontrés.

 

"L'adepte taoïste arrive à ressembler aux Trois Amis de l'Hiver. Comme le pin, il peut espérer parvenir à une bonne longévité. Comme le prunier d'hiver avec ses pétales pourpres miroitant sur la neige, il fleurit dans l'adversité, sereinement imperturbable au froid et à un environnement hostile. Comme le bambou, il est à la fois si fort et si flexible qu'il se courbe sans effort devant le souffle passager des circonstances et, loin d'en être brisé, il se redresse avec une élasticité sans égale".

"Être tendu, rigide, raide, désobligeant, guindé dans le comportement et les opinions, bigot, sans humour, vite offensé, facilement déconcerté, vite déprimé, ravagé d'inquiétude, aller se lamentant, accablé par l'adversité - tout cela est le contraire des qualités taoïstes. Les gens qui s'enorgueillissent de savoir nager à contre-courant, de graver contre le grain du matériau, ne feront jamais de bons taoïstes s'ils ne changent pas de disposition d'esprit. Le taoïste conserve son état énergie en s'accordant et en s'adaptant à chaque situation. Il peut avoir une volonté aussi forte que le courant d'un torrent de montagne, cela ne l'amène pas pour autant à pousser inutilement sur des obstacles infranchissables qui peuvent être facilement contournés d'une autre manière. Comme il se moque de ce qu'on peut penser de lui, il ne tire pas gloire de l'héroïsme, cherchant donc les voies les plus faciles. Ce n'est pas qu'il renonce facilement à un objectif, mais il ne cherchera pas l'impossible et ne dépensera pas plus d'énergie qu'il n'en faut exactement pour parvenir à ce qui est possible. Loin d'être paresseux, il économise ses pouvoirs afin de les utiliser au maximum".

 

John Blofeld