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samedi, 30 avril 2011

Voyageurs, sédentaires, nous partirons tous un jour

 

 

chauvesouris sara.jpg

photo de Sara

 

La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence.

Miles Davis


« Nous ne croyons pas que réussir sa vie c’est se marier, avoir des enfants, gagner de l’argent, être député, écrire des livres célèbres ; nous savons que réussir sa vie c’est quelquefois être jugé comme un inutile parce qu’on ne sait pas arriver à ces choses ; réussir sa vie c’est souvent mourir dépouillé de tout, être jugé comme un échec vivant, ...tel le Christ à l’heure de sa mort. »

Philippe Ariès

 

Nous n'avions peur de rien, ni des loups, ni du vide, pas même des chauves-souris gantées et casquées, qui chaviraient leurs coeurs suspendus dans l'aube naissante des sagas hivernales.

Hanno Buddenbrook

jeudi, 28 avril 2011

Les vieux écrivains (L’hypocrisie et la lâcheté)

Depuis le 8 avril il ne se passait plus rien sur l'AlmaSoror blog. Nous en demandons pardon à ceux qui viennent souvent ici, cueillir des fleurs. Nous avons été occupés, surtout moi, Edith, occupés par des activités qui nous laissaient trop peu d'espace mental pour venir faire la cuisine d'AlmaSoror.

restaurant le Fumoir, Sara

 

Voici, présente et proposé par Sara, un texte de Piotr Rawic, écrivain qui détesta Mai 68 et raconte une scène 68arde qui ne manque pas de piquant. Un écrivain regrette que le Louvre n'ait pas été fracassé par les Révolutionnaires !

 

 

L’hypocrisie et la lâcheté

 

L’auteur avoue dans une post-face qu’il n’est pas “contre-révolutionnaire” mais se contente de rapporter des propos critiques ou moqueurs de ses amis sur les événements de mai 1968 au moment où ils le vivaient.

Peu sympathique, ambigu et mal écrit, ce livre est cependant intéressant puisqu’il donne les points de vue d’intellectuels parisiens tels qu’ils les exprimaient en privé. C’est rare.

 

musée du Louvre, Sara

Récit de X. :

“Littérature et Révolution” à la nouvelle Faculté de médecine, le 27 juin au soir :

Que de mesquineries, que d’ambitions non assouvies, que de demi-gloires qui n’aspirent qu’à devenir gloires “à part entière” fût-ce grâce à des soirées de cette sorte !

-   Une dame fanée, parée de fleurs fanées, déguisée en fleur fanée invoque sa participation à la “prise” de l’hôtel Massa comme un acte d’héroïsme révolutionnaire ;

-   un représentant connu du “nouveau roman” se prévaut des “coups de pied au cul” reçus à l’âge de seize ans d’un patron fasciste et de la modicité de ses droits d’auteur (“inférieurs à ce que vous autres les étudiants gagnerez dans quelques années quand vous serez médecins”) et se justifie, s’excuse humblement d’être le propriétaire d’une petite voiture ; un prix Goncourt pousse des hurlements car, dans cette salle, toute banalité devient “révolutionnaire” à condition d’être accompagnée de puissants effets acoustiques ;

-   une vieille dame, présentée comme critique littéraire, n’oublie pas de souligner qu’elle écrit “aussi” des poèmes ;

-   une autre dame âgée ( la plus convenable et la plus lucide de toutes) souligne avec volupté que “nous autres, les vieux, nous n’avons rien à vous apprendre, car toutes nos révolutions ont été loupées...”

 

Du côté des jeunes on use et on abuse du langage ordurier :

-   Tais-toi, vieux con ! Tu as été dans la Résistance, à ce que tu dis... On s’en fout !

 

Messieurs les écrivains font de la lèche. Ils cherchent à imiter le langage “vigoureux” des étudiants. Des deux côtés, les mots “révolution” et “socialisme” sont maniés comme si leur signification était claire et concrète. Comme s’ils recouvraient un espace sémantique, un contenu humain bien connus et bien déterminés. Un vieux monsieur qui ose rappeler les assassinats d’écrivains commis après Octobre, au nom du socialisme, se fait traiter de “contre-révolutionnaire”... sans aucune aménité.

Il y aurait pour un sociologue (si cette engeance survit) une étude à faire sur les rapports entre les “révolutions” et les effets acoustiques.

 

M.S. (soixante ans, lunettes cerclées de métal, vétéran du mouvement trotskiste ; sa pomme d’Adam ne cesse de bouger ce qui met en évidence sa maigreur surnaturelle) :

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de morts (sauf quelques accidents) ni de vraies destructions. La Sorbonne, Notre-Dame, le Louvre sont toujours debout...

Eh bien, la foi de ceux qui combattaient n’était pas assez forte. J’aurais été désolé, bien sûr, pour le Louvre. J’y passe mes dimanches. Mais la faiblesse de la foi est mauvais signe. C’est le signe de la dégénérescence...”

 

Bloc-notes d’un contre-révolutionnaire ou la gueule de bois, de Piotr Rawicz (pour voir qui est cet écrivain : http://www.fundacioars.org/dictionnaire/rawicz.html), Gallimard, 1969

 

Sara (billet et photos)

 

vendredi, 08 avril 2011

parfois j'ai prié

Sara

Phot Anglet, par Sara

 

"j'ai toujours accepté de combattre, dans la solitude et dans l'échec, dans le rêve et la douleur, dans la joie et la réussite. J'ai toujours choisi de combattre et vivre libre. Il s'agissait de sauver ma tête, sauver mon coeur, sauver mon corps, sauver mon âme. J'ai fui le salariat au risque de devenir la lèpre de la société. Car, comme le servage et l'esclavage, le salariat n'est point digne de l'homme. J'ai repoussé avec violence les médias qui prostituaient leurs espaces à la publicité ; je me suis tenue éloignée de tout supermarché, de toute multinationale, de toute usure. J'ai chômé le dimanche, et parfois j'ai prié. J'ai combattu. Je ne dirai plus rien. J'ai tout dit".

 

Venexiana Atlantica

mardi, 05 avril 2011

Internet et le bain qui coule

Mavra Paris.JPG

Phot. Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva


 

(Un billet de Katharina F-B)

 

Le principal impact d’Internet dans ma vie (outre la découverte de langues (apprentissage inachevé du maori), d’univers musicaux, d’idées politiques, la plongée dans la littérature mondiale, la possibilité de créer et diffuser un journal, l’aventure de la rencontre virtuelle avec des centaines d’inconnus, l’étonnement face à la liberté d’expression et aux censures), a été la réduction subjective du temps que l’eau met à couler dans ma baignoire.

Auparavant, je vaquais à mes occupations, et encore aujourd’hui, lorsque l’ordinateur est éteint, j’erre, effectue diverses tâches, pour aller sans cesse constater que la baignoire est à moitié vide. Mais, si j’ouvre le robinet pour aller me réinstaller face à mon ordinateur et naviguer sur Internet, alors, quelques espaces-temps plus tard, je cours à la salle de bains pour éteindre l’eau juste à temps !

 

Katharina Flunch-Barrows

samedi, 02 avril 2011

La traque