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dimanche, 05 mai 2013

Un dimanche à Avila

sainte thérèse d'avila

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Je pense, pour répondre à ta question d'hier, que si j'avais un fils je l'appellerais Judicaël ou Dieudonné, et une fille, Anne.
Je n'ai plus d'inquiétude sur la question d'avoir ou non un enfant... âgée de trente ans, je suis allée dans l'église Saint-Thomas d'Aquin, et j'ai "demandé" d'avoir un enfant à 32 ans. J'ai renouvelé solennellement cette demande intérieure auprès du cercueil de mon grand-père.
Le jour de mes 33 ans, alors que rien ne s'était passé, j'ai éprouvé un cuisant dépit. Je m'en suis voulue d'avoir été si crédule, si ridicule. Dans cette déréliction, soudain, m'est apparue comme gravée sur une pierre imaginaire la phrase de Sainte Thérèse d'Avila : 

« Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas ». 

(C'est cette phrase qui a inspiré le titre du roman de Truman Capote Answered Prayers).


Je suis donc retournée à Saint Thomas d'Aquin pour exprimer ma gratitude et ma confiance que ma prière était exaucée au mieux quoi qu'il arrive. Depuis, j'ai un poids en moins, une confiance absolue que le mieux m'arrive, m'est arrivé, m'arrivera sur le plan de la maternité.
Il faudrait que je parvienne à atteindre une telle sérénité sur d'autres sujets, tel la vie financière... Mais on ne décide peut-être pas consciemment des prières profondes que l'on lance, des réponses non moins profondes qui nous arrivent.

Du rêve ou du réel, va dire lequel féconde l'autre... Sans leurs noces mystiques rien n'a de valeur en ce monde.

samedi, 04 mai 2013

La route

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La nuit

La nuit, l'enfance s'efface complètement. Les diables sortent par la porte de derrière ; les fées se drapent de tulle rouge et les rangées de serviteurs proposent des verres de champagnes à nos mains tremblantes.

Tu t'appelles je ne sais pas encore comment. Tes lèvres frissonnent de peur, de tendresse ou de froid, peut-être, bien qu'il fasse chaud au creux du bar du Temps. Demain j'ai 35 ans mon amour, accompagne-moi sur cette pente raide où tant d'amis ont dégringolé pour ne plus jamais remonter à la surface verte des jeunesses.

L'aube

L'aube, l'oubli des veilles nous guette. Ton bras suspendu sur le vide s'arrête. Le long des jambes, sur la surface des ventres, se balance l'espoir frêle qu'un jour, dans mille jours, nos mains presseront la même cafetière avant le chant du coq.

Aube nouvelle dans notre vie où se chante la liturgie des ouragans. Vatican III, danse avec moi !

 

L'après-midi

Route des vacances, j'ai fait toutes tes stations d'essence, tellement plus tard, bien après l'époque des petits Lu. J'y ai retrouvé pourtant les sensations d'une épopée de mon enfance, ressurgie ainsi au croisement des quatre voies contradictoires. Mais est-ce vraiment le temps de songer à ces nécropoles perdues, est-ce vraiment le lieu d'évoquer ce chemin en sens inverse ?

Le soir

Quand tout l'amour, tout l'argent, toute la gloire nous entourent, qu'est-ce qui nous pousse à partir en haillons par un soir de décembre et descendre l'escalier de la ville qui mène au banc des clochards ?

L'appel du vide, l'appel de Dieu, l'appel du Diable.

 

Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva, Edith de Cornulier Lucinière, Robert Desnos, j'ai tant rêvé de toi, Frédéric Hunter

photos Mavra NN - vidéos chouravées poliment sur le web.

(La nuit d'Henri Tachan
Le Grand Meaulnes, de Jean-Gabriel Albicocco
Robert Desnos par Frédéric Hunter)

jeudi, 02 mai 2013

Rage

rage

 

à Sébastien Ithiopia...

 C'est le ressac infini de mes rages que vous entendez dans le soir tombant. Les bruits de la cuisine et ceux de la terrasse ne peuvent étouffer les vagues noires de l'amertume. L'alcool qui coule en rivières dans vos verres, le train là-bas qui revient et nous rapporte les deux de province, la musique qu'Elle vient de mettre sur la chaîne hifi performante et l'horloge qui chahute qu'il est 21h15 ne nous trompent pas. Plus rien ne dissimule le flot sombre, cracheur de rage.

(Quelqu'un s'enfuit pour écrire sur l'ordinateur du garage).

 C'est le retour infini de mes saccages que je maudis en veillant les fourneaux. Les paroles des voisins et les rires des enfants n'atteignent plus mon être au centre glacé comme un fjord. Vos bons mots, vos maux mal cachés, les noix et les chips qui circulent à travers les mains lavées pour le soir, la chanson qui invoque la mémoire des noyés ne nous apaisent pas. Vous savez que je suis partie trop loin pour être sage.

(Cet imbécile qui vient souvent tente d'embrasser la mystérieuse près du buffet).

 C'est le reflux infini du remord qui me ronge quand je me tourne vers vous. Mon sourire rouge artificiel ne piège plus vos croyances erronées. Nul ne brise la convenance morte. Seul, cet homme tendre à la joyeuse tristesse ment à tire larigot, et personne ne songe à le contredire. Il est des appartements où le mensonge a tous ses droits. Il est des terrasses que seule la joie criarde maquille encore. Il est des amas de naufragés déguisés en assemblée conviviale. Il est des ruines de rêve, ce soir, qui baignent la pièce et le jardin de leur odeur cendrée.

(- C'est Arnaud, là-bas ?

- Il arrose les fleurs avant la nuit complète.)

 Mon Dieu, ma Rage, pourquoi inondez-vous ainsi ma vie ? Vos vagues bientôt nous recouvriront tous. J'irai m’enfuir aux antipodes de la fête, recroquevillée sur la chaise de la salle de bains, face à la lune éclatante qui fait du naturisme de l'autre côté de la fenêtre.

(Nous n'avons pas encore repeint les persiennes du mur condamné).

 Quand reviendras-tu, mon mage ? Ta main de chaleur, ton épaule de douceur, ta voix de basse qui me prenait, me portait, m'emportait, vers le lit de mes souvenirs. Sans toi mes fêtes sont si vides, mes amis si flous, mes membres si froids, sans toi rien ne tient vraiment debout.

(Qui vient de changer la musique ?)

 Mais te voici, rhum. Te voilà, punch. Exilé de Marie-Galante, tu irrigues mes veines mieux que mon sang. Tu institues en moi le règne du Sourire Parfait. Tu m'habites, tu m'habilles et mes joues rosissent, le rouge à lèvres tombe, obsolète ; je me tourne vers autrui, je tends les mains, je lève les bras, je chante avec eux. L'océan se calme, les dernières vagues meurent dans tes gouttes ambrées. La rage évanouie, je peux commencer à danser.

 Edith

cuisine, rage

Zestes de jeunesse (Qui sont les charmeurs de serpents ?)

Gange, Edith de Cornulier, Edith Lucinière

Quelquefois je reste assise, j'imagine le ciel, j'essaie de faire éclater ces verrous qui maintiennent nos pensées dans des cadres sans envergure.
En pensée, je brise toutes les vitres pour que l'air entre et balaye les préjugés qui restent en dépot et encrassent mon être. Comme sont précieux les gens qui par leur regard ou une phrase nous apportent une délivrance.

Je ne comprends pas pourquoi c'est impossible de se noyer dans l'azur, de se dissoudre dans un ciel bleu et pur.

Ne ressemblons-nous pas parfois à des serpents envoûtés qui se tordent dans un panier en rêvant de fuir ! fuir ! fuir !

Qu'est-ce qui nous retient ? Le corps ? Des liens ? Qu'est-ce qui nous retient ?

Tout au bout des insomnies, qui sait si on finit par trouver la méthode du souffle psychédélique...

gange baiser.jpg

mercredi, 01 mai 2013

Te revoilà, Tieri !

Tieri Briet, Edith de Cornulier Lucinière

Mon cher Tieri,

Ta zone m'ozone.

C'est un vrai soulagement de retrouver ta prose fracassante, j'avais passé tant de temps à hanter Où sont les enfants ? et Histoires d'une passion. Ta webdisparition me désolait. Heureusement qu'il y a eu votre visite et ce dîner au coin d'un feu après Effraction, alors qu'Orso barbotait encore dans le ventre de Noémie. Heureusement qu'il y a eu cette nuit de feu où je me sentais si proche d'Arles en arpentant Insomniapolis. Heureusement qu'il y a eu quelques lettres et ma visite à l'ourson.

Dosta le silence !

Si petite zone, si vaste déchirure qui tire vers la délivrance. Frasques, poèmes, murs et cris gravés. Fresque d'une dissidence multiforme. Flip photolittéraire. Incendie orange, cendres martiennes, braises de l'enfer, ça recommence ?  Ah ah ah ! Sombre frère en littérature !  Joie d'une retrouvaille, en attendant un passage parisien de votre petite caravane.

Edith de CL qui t'embrasse

 

Tieri sur AlmaSoror :

La naissance des ours

Réponse à une question

Beauté des affiches des deux bouts de la politique

La carte du tendre

Les commentaires de TB sur AS, avec Luke Ghost au piano

Mascara

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«Ils ont découvert l'enfant en suivant les traces de l'ogre».
Raoul Vaneigem

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Paul, est-ce toi qui m'a appris à porter un masque ? J'ai mille masques, qui ne sont qu'un seul masque. Ce masque avec lequel je dis des choses drôles dans des dîners en ville, ce masque avec lequel je courais dans les manifs noires et rouges à la Bastille, ce masque que je portais pour oser pénétrer dans le local des Apaches.
C'est avec ce masque que j'entrerai dans la grande salle pour siéger majestueuse parmi mes pairs ; c'est avec ce masque que j'abattrai les barrières entre deux corps transis de se mêler.

Paul, je t'ai démasqué.

Anne, est-ce toi qui m'as appris à donner mes trésors aux enfants étrangers, à cacher mes butins sous la terre du côté de l'étang, à pleurer sur la plage des Sables un premier mai, à sauter par la fenêtre en croyant qu'un filet va surgir pour me sauver ?

Anne, je t'ai surpassée.

Mascara, masacarade. Vous étiez si étranges, tout le monde le dit. L'ange blond et la brune triste perdus dans ce monde pour lequel vous n'aviez pas été dressés. Frères et soeurs morts en bandoulière contre vos coeurs, rage de passer à l'épée le décor de vos enfances détraquées.

Satan et Chiquita, que reste-t-il de votre cavale ?

Une saltimbanque, une européenne, un mousquetaire : trois adultes qui se souviennent à peine. Des photos déchirées dans un jour de colère. Des vinyles et des bouquins.

1980.Noël.LesSables.Paul&édithauloin.jpg