Mascara (mercredi, 01 mai 2013)
«Ils ont découvert l'enfant en suivant les traces de l'ogre».
Raoul Vaneigem
Paul, est-ce toi qui m'a appris à porter un masque ? J'ai mille masques, qui ne sont qu'un seul masque. Ce masque avec lequel je dis des choses drôles dans des dîners en ville, ce masque avec lequel je courais dans les manifs noires et rouges à la Bastille, ce masque que je portais pour oser pénétrer dans le local des Apaches.
C'est avec ce masque que j'entrerai dans la grande salle pour siéger majestueuse parmi mes pairs ; c'est avec ce masque que j'abattrai les barrières entre deux corps transis de se mêler.
Paul, je t'ai démasqué.
Anne, est-ce toi qui m'as appris à donner mes trésors aux enfants étrangers, à cacher mes butins sous la terre du côté de l'étang, à pleurer sur la plage des Sables un premier mai, à sauter par la fenêtre en croyant qu'un filet va surgir pour me sauver ?
Anne, je t'ai surpassée.
Mascara, masacarade. Vous étiez si étranges, tout le monde le dit. L'ange blond et la brune triste perdus dans ce monde pour lequel vous n'aviez pas été dressés. Frères et soeurs morts en bandoulière contre vos coeurs, rage de passer à l'épée le décor de vos enfances détraquées.
Satan et Chiquita, que reste-t-il de votre cavale ?
Une saltimbanque, une européenne, un mousquetaire : trois adultes qui se souviennent à peine. Des photos déchirées dans un jour de colère. Des vinyles et des bouquins.
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Commentaires
Une belle collection de bouquins et une belle collection de disques, d'ailleurs, il m'ensouvient.
Écrit par : Bernard | jeudi, 02 mai 2013
Yep !
Écrit par : Edith | jeudi, 02 mai 2013
Tout n'est qu'interprétation.
Écrit par : Mounir & Jean | jeudi, 23 mai 2013
Yep !
Écrit par : Edith | vendredi, 24 mai 2013
"On est de son enfance comme on est d'un pays", disait St-Exupéry, mais les enfances les plus cruelles sont peut-être celles qui se déroulent sans joie. Ce n'est pas l'absence de souffrance qui fait le bonheur et donne la possibilité de vivre, c'est la présence de joies. Il est des enfances sans joie, sans nostalgie, sans univers à rêver. Celle décrite ici a connu tout ce qu'il faut de joie et d inspiration.
Écrit par : Axel Randers | mardi, 28 mai 2013