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jeudi, 24 janvier 2019

Ultra violence

Pourquoi donc les extrêmes politiques gagnent du terrain dans les esprits ? Parce que la politique des gouvernements devient de plus en plus extrémiste. Radicale, implacable, sans pitié, avec un sourire lisse et dynamique et des effets pervers à retombées interminables.

Le mode de gouvernance actuel, c'est l'ultra-violence. Une ultra violence qui n'exige pas du violent qu'il assume sa cruauté ; il l'exerce en souriant, en serrant des mains, en écrivant des phrases sur un ordinateur. Pourtant, le résultat n'est pas moindre qu'une salve de kalashnikov, bien qu'il soit plus confus. La fermeture d'une usine rentable, pour des raisons obscures de gestion des coûts, a des conséquences en cascades : alcoolisme, divorce, misère, destruction des familles, errance des jeunes, sinistrose d'une ville... Un décret qui passe inaperçu va se traduire en crise de larmes, nuits d'angoisses, scènes de désespoir, renoncements à en crever le cœur, chute du niveau de vie et de l'espérance, et ce dans des centaines, des milliers, des dizaines de milliers, parfois des centaines de milliers de foyers.

On entend ici et là des gens de bonne volonté dire : attention aux extrêmes ! Ne votez pas extrémiste ! Mais nous avons déjà voté extrémiste et nous payons le prix fort de l'extrême. Mercredi matin, une femme de 70 ans et sa fille d'environ 40 ans, avec des tas de valises autour d'elles et un matelas de fortune, dans une rue du vingtième arrondissement. A force de copier les manies financières des anglo-saxons, nous aboutissons à jeter dans les rues et les "centres sociaux" invivables des gens qui, en France, il y a dix ans, n'y auraient jamais abouti.

"J'assume totalement cette politique", dit le bel homme souriant, de sa chaleureuse voix calme. Il est doux. Il respecte les droits de l'homme. Il refuse le fascisme, l'antisémitisme, le racisme, le sexisme et l'homophobie. Il n'a sans doute jamais frappé personne. Son ultra-violence est douce comme une pluie de chlore dans des millions de poumons humains.

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Le choléra de 1832 à Paris

Nous reproduisons ci-dessous un fragment d'un chapitre du livre de Louis Chevalier, historien natif de l'Aiguillon-sur-Mer, Classes laborieuses et classes dangereuses, publié en 1958, dans cette belle collection dirigée par Philippe Ariès, Civilisation d'hiver et d'aujourd'hui, qui vit fleurir les œuvres de Michel Foucault, de Victor-Lucien Tapié, de Louis Chevalier et de Philippe Ariès lui-même.

On y découvre à quel point Paris a changé : les quartiers alors pauvres, vus comme infréquentables, sont aujourd'hui huppés et proprets. Mais ce que l'on ne trouve point modifié, c'est la frontière invisible et pourtant implacable que créée l'argent. Ni la Révolution, ni la République, avec leurs grands discours et leurs crimes "justifiés", n'ont aboli cette frontière. Parfois, elles l'ont même rendue encore plus efficace en niant son existence.

Mortalité cholérique et mortalité normale

Catastrophe exceptionnelle, sans doute, que ce choléra de 1832 qui succédait à une longue période, pendant laquelle on pouvait croire que de tels fléaux s'étaient à jamais évanouis. "Les grandes mortalités sont devenues rares", écrivait un peu vite le statisticien de la ville, présentant, en 1823, le deuxième tome des Recherches statistiques concernant Paris. Comment ne pas voir plutôt en cette mortalité exceptionnelle une forme exaspérée de la mortalité normale, une solennelle et monstrueuse expérience, plus lisible et plus incontestable, de cette quotidienne mortalité ? Pour l'une et l'autre, les causes véritables sont les mêmes. Non ce microbe, monté de proche en proche des bouches du Gange, mais cette vieille misère accumulée, cet ancien fond de sous-alimentation, de fatigue et d'usure : terrain de choix, et à tous moments, pour la plus forte mortalité des plus misérables ; favorable aussi, mais accessoirement et secondairement, à une épidémie dont il faut bien reconnaître qu'elle est restée sans prise sur les régions de France, même urbaines, où la misère et, en même temps qu'elle, la mortalité normale étaient le plus faible.

La ressemblance va plus loin : jusque dans une même inégalité des pertes qu'elles infligent l'une et l'autre aux groupes sociaux. La seule différence est que, le chiffre des décès cholériques étant plus élevé, la répartition par classe, en 1832, est plus nette et qu'il est possible d'aller jusqu'à ces catégories infimes qui, dans les statistiques de mortalité normale, n'apparaissent pas : non plus seulement aux bourgeois et au peuple, mais parmi eux, aux groupes professionnels, avec leurs niveaux de vie et leurs genres de vie, leur condition matérielle et morale, leurs travaux, leurs gains, leurs plaisirs, leurs passions ; non plus seulement aux arrondissements et aux quartiers, décrits en fonction de leur population prédominante, bourgeoise ou ouvrière, mais aux rues et aux logements, observés avec leurs caractères variés d'ensoleillement, de ventilation, d'humidité, de propreté. Toute une répartition sociale se lit en cette répartition de la mortalité : rentiers, petits patrons, travailleurs en atelier ou en chambre, travailleurs en plein air, travailleurs du fleuve, et même ces catégories inférieures ou considérées comme telles, journaliers, porteurs d'eau, chiffonniers enfin, chargés des déchets de la ville et du dégoût de tous. Tout un paysage urbain aussi, dans un grand détail de rues et d'impasses, dans une minutieuse classification qui n'est qu'une reproduction de la nomenclature des décès.

L'épidémie est une première et incontestable expérience de l'inégalité sociale, pour le statisticien de la ville qui fait, de l'inégalité devant la mort, une découverte dont nous décrirons les phases : mais elle l'est aussi, et immédiatement, pour les habitants de la ville, et d’abord pour les plus infimes et les plus férocement frappés par le mal. C'est à juste titre que Jules Janin évoque, en pleine épidémie, cette "peste d'une populace qui se meurt seule et la première, donnant par sa mort un démenti formidable et sanglant aux doctrines d'égalité dont on l'a amusée depuis un demi-siècle". Démenti, par l'apparition du fléau dans les quartiers les plus pauvres : sont tout d'abord atteints, le 13 février 1832, un portier de la rue des Lombards, puis une petite fille de la rue du Haut-Moulin, dans le quartier de la Cité, puis une marchande ambulante de la rue des jardins-Saint-Paul, puis un marchand d'oeufs de la rue de la Mortellerie. Démenti, par les cynique commentaires de la presse bourgeoise : "Le choléra-morbus est dans nos murs, écrit le Journal des Débats, le 28 mars. Hier, un homme est mort dans la rue Mazarine. Aujourd'hui, neuf personnes ont été portées à l'Hôtel-Dieu, dont quatre déjà sont mortes. Tous les hommes atteints de ce mal épidémique, mais qu'on ne croit pas contagieux, appartiennent à la classe du peuple. Ce sont des cordonniers, des ouvriers qui travaillent à la fabrication des couvertures de laine. Ils habitent les rues sales et étroites de la Cité et du quartier Notre-Dame".

Louis Chevalier, IN Classes laborieuses et Classes dangereuses

 

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samedi, 08 février 2014

poznań 28 czerwca 1956 ! Paris-Match, numéro 379, samedi 14 juillet 1956

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Le brillant reporter de guerre Jacques Le Bailly relatait, dans cette édition de Paris-Match de juillet 1956, l'insurrection de Poznan, dans un style épique. AlmaSoror vous livre les premières phrases de ce magnifique article.

 

À POZNAN VILLE INSURGÉE

Le dernier vœu de ceux qui vont mourir est sacré. C'est à un vœu analogue que Paris-Match répond ici. À l'heure où la répression - une répression que ceux qui la dirigent annoncent eux-mêmes sévère - s'abat sur les insurgés de Poznan, nous avons voulu respecter la volonté de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui criaient aux visiteurs étrangers : "Quand vous serez rentrés chez vous, racontez au monde ce que vous avez vu." Nous avons donc interrogé un à un tous les voyageurs revenus de Poznan, confronté et recoupé leurs récits et tenté de reconstituer heure par heure le film de cette journée mémorable du 28 juin au cours de laquelle le peuple polonais, éternellement malheureux et éternellement fier, a essayé une fois de plus de secouer le joug de la misère et de l'oppression. Cet article est donc avant tout un témoignage. 

Ce fut imprévisible. Les exposants étrangers de la Foire qui étaient logés dans les hôtels Lech. Bazar, Wilkopolesky et Poznanski, au centre de la ville, s'éveillèrent au bruit immense et confus d'une foule en marche. Ils bondirent à leur fenêtre - et ce qui paraissait incroyable était vrai : des milliers d'hommes, toute la ville semblait-il, dans ses vêtements de misère, défilaient sous le soleil en scandant ces mots bouleversants : "Nous voulons du bonheur."

Lire la suite de cette description de la grève spontanée et du soulèvement de Poznan dans le Paris-Match du 14 juillet 1956...

mercredi, 04 septembre 2013

4 septembre : billet anniversaire

AlmaSoror, souviens-toi de tes 4 septembre.

2009 : souvenir d'un temps de foi européenne, comme en témoigne cette farfelue "Formation de la société européenne". Le texte date de 2006, 2009 est une republication.

2010 : Si vous saviez à quel point noire, noire, noire est la nuit lorsqu'elle se dépsychise.

2011 : Vous lûtes Richesse et misère de nos comptes en banques et de nos coeurs.

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