vendredi, 29 avril 2022
Souvenir du poème journalier du Grand Confinement
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mercredi, 27 avril 2022
Nous entrons dans le journal d'Emile Ollivier...
5 novembre 1847
Ce soir, la lune éclaire le paysage que j'aime d'une manière plus charmante que de coutume ; la lueur tremblante des étoiles perce doucement les nuages blancs semblables à de légers flocons de fumée ; la nature recueillie dans le silence semble s'endormir avec les hommes et les animaux fatigués. A peine entend-on de temps en temps les aboiements des chiens dans une métairie, alternant avec les coups prolongés de la cloche qui rappelle par ses sons mélancoliques que le temps marche et nous emporte, alors que tout semble sans mouvement.
O bel astre ! Pourquoi n'apportes-tu que la tristesse et la mélancolie ? Pourquoi tes rayons ne font-ils naître que la rosée sur les fleurs endormies, dans nos yeux que les pleurs ? Serais-tu la messagère choisie par Dieu pour emporter nos pensées vers la patrie céleste ?
Emile Ollivier, Journal
Je crois que j'avais découvert l'existence d'Emile Ollivier dans le journal de Cosima Wagner, que je lisais en 2012. Depuis je m'étais renseignée sur lui, je l'avais retrouvé dans un article obscur sur la politique du XIXème siècle, et enfin j'ai trouvé son journal cette semaine.
Je suis à la fois déçue et charmée, ce journal entre mes mains, après tant d'attente. Je sais que bientôt la vie politique compliquée de cette monarchie de juillet, de la République et du Second Empire va défiler devant mes yeux, décrite par Ollivier, qui y tint un grand rôle. Fils d'un étrange Démosthène Ollivier, mari de Blandine Liszt, la soeur de Cosima la matriarche de Bayreuth et de Daniel, le jeune homme emporté... et fille de Marie d'Agout et de Frantz Liszt, parents inconstants, trop occupés d'eux-mêmes pour s'intéresser à leurs enfants (Cosima en gardera toute sa vie une dent contre le féminisme, dont sa mère était une égérie).
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vendredi, 22 avril 2022
La puissance
Un petit détour par la revue Conflits...
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mardi, 19 avril 2022
Les cimes
Comme je remontais des collines grimaçantes, Je ne me sentis plus suivi par les sherpas : de vieux bergers muets les avaient pris pour cibles, les ayant suspendus aux grilles rouillées. J’étais insoucieux des hordes, des cortèges, des convois de fleurs sauvages des prés, quand le silence et l'immobilité se sont levés, les chemins m'ont guidé vers les hauteurs désirées.
Dans les gargouillements lascifs des mares, lui, l’autre lune, plus fou que les sagesses des anciens, s'arrêta. Et les ascensions achevées n'ont pas connu calme plus opportun.
Le vent tranquille a maudit mes sommeils des hautes cimes. Plus lourd que l'ours d'Europe, j'ai chanté sur les pics, qu'on appelle dangers perpétuels d'alpinistes, au crépuscule, oubliant la bouche tordue des femmes.
Plus piquante que la baie sauvage des bois d'en bas, le jus vert pénétra ma langue, et des éclats de sève et de salive expulsèrent ma mémoire, ma honte et mon destin.
Et dès lors, je me suis endormi dans la bave numineuse du monde, étoilée, lactescente, nettoyant les azurs et les points d'horizon où parfois apparaît un furtif élément ; où, scintillant de verdeur, de désirs, de tempo sur les parois lisses de la nuit, plus alcoolisées que l'eau de vie, plus étroites que les Portes, pourrissent les fraîcheurs sucrées de nos rancœurs !
J'ignore les fonds marins éloignés de nos monts, et les basses terres trempées, plates, j'ignore les champs, le jour qui s'éternise dans la platitude plaine et j'échappe à ce que Dieu doit savoir.
J'ignore le soleil plein, inondant les villes planes, rampant comme un serpent parmi les endroits sales, tel un ogre passif et très lent préhistorique, écrasant tout désir et toute plainte sous sa gluance.
Je ne songe plus aux tropiques amorphes, sensualité grouillant des corps trop réchauffés, ni aux immobilismes intellectuels des révolutionnaires en mouvement.
Je déserte, définitivement, comme une déchirure sanctifiante, la foule à l'assaut des poncifs, en voyant les pattes subtiles des bouquetins tracer la voie marchée sous les cercles des aigles.
Je ne me cogne plus sur les ports agités, où les moteurs des bateaux inondent les eaux d'essence, je ne brutalise plus les chiens trop domestiques sur les marchés repus des dimanches matins. Je ne regarde plus le milliard d'images, immonde léviathan des représentations, je ne réagis plus aux stimuli hagards qui conspirent chaque instant contre la pensée pure.
Glaciers, Ô lumières froides, source rare, cieux extrêmes ! Vol concentrique au-dessus des nids de poules sauvages, où les marmottes sagaces ploient, aux prises avec les mouches répugnantes des saisons adoucies.
Je porte un peuple d'enfants dorés, des elfes d'argent, des bébés d'éther.
Des pétales de fleurs décorent mes slacklines et des souffles de vent caressent mes vêtements.
Quelquefois, fatiguée des ascensions abruptes, le hamac berce mes pleurs doux, mes murmures, les senteurs des fleurettes chatouillent mes narines et celles des petites bêtes qu'on entend, invisibles...
Roche perchée sur un rocher du mont, recouverte des fientes de pipits spioncelles, je m'assois sur ta pierre vierge encore d'humain, minérale beauté percluse d'aucun piton !
Or toi, Dieu innocent, pensée flottante, Amour, invention des cerveaux pour survivre à la chair, Toi, dont les prêtres en toge n'ont pas connu l'effluve, tu viens pécher mon âme loin des habitations. Libre, écumant, superbe, mouvant comme un fluide, toi qui déplaces les ciels et chahute l'argon, qui plane sur l'azote métissé d'oxygène, Toi, Verbe de lichen, toi morve de l'Esprit, qui fluctues, parcouru de nombres d'or, forme immense portée par les nombres premiers, quand les étés s'annoncent aux hivers méthodiques, tu descends vers les peuples intérieurs abîmés.
Oui, moi je Te reçois, sans geindre ni gémir, j'ouvre mes ouvertures à Tes ouvertures folles, et le plasma bleuté des hauteurs fatidiques, baigne l'Europe alpine aux relents primitifs.
Ici, quelques forêts qui se ferment, quelques lacs. Et la cohorte épaisse des nuages qui descendent. Et la lumière qui tombe, et la noirceur profonde, sommeil pétillant de l'impulsion du temps.
C'est vrai, j'ai trop parlé, Ô futur silence ! Toute voix paraît fausse, toute parole, superflue. L'acre arête sépare les torpeurs des douceurs et les premières m’entraînent vers les cascades finales. Si je désire une dernière joie, c'est l'avalanche ! Blanche et roide, où vers le crépuscule éternel, un peuple d'enfants triste réfugiés dans un cœur, fonce en chœur vers le gouffre comme une joyeuse luge.
Adieu, chamailleries des bassesses affectives, au revoir les amis perdus de nos pulsions, salut, traversée inassouvie des sentes, je quitte le territoire des dénivellations.
C'était une tentative du petit matin du mardi 19 avril 2022, en souvenir d'un père et de son piéton sobre.
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mercredi, 13 avril 2022
La pluie d'avril
L'exorde d'une vie s'achève en ce mois d'avril ; voici venu le temps du mitan.
L'exorde fut long (quarante-trois ans et demi), le mitan le sera aussi, une quarantaine d'années. L'épilogue nous mènera au dernier coucher de soleil, par un soir de juin.
Le mitan, qui durera presque autant que l'exorde, comprendra une brève mais profonde et clairvoyante narration, destinée à briller lentement, mais éternellement. Déjà préparée depuis longtemps, la confirmation surgira d'elle-même et teindra toutes les autres parties, s'imposant sans s'imposer. La péroraison sera prise en charge par autrui, par l'institution, par la foule, par les passeurs. Elle découlera naturellement des ombres de l'exorde et des clartés de la narration.
Les digressions parsèment agréablement ce paysage d'une vie, cette courbe d'un destin particulier et universel.
Mais oui, nous sortons aujourd'hui de l'exorde et nous savons que tout se terminera par l'épilogue. Un achèvement, qui sera aussi un parachèvement et une double transmission, privée et publique.
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lundi, 11 avril 2022
Une soirée de Saint-Petersbourg au XIX ème siècle
« Rien n’est plus rare, mais rien n’est plus enchanteur qu’une belle nuit d’été à Saint-Pétersbourg, soit que la longueur de l’hiver et la rareté de ces nuits leur donnent, en les rendant plus désirables, un charme particulier, soit que réellement, comme je le crois, elles soient plus douces et plus calmes que dans les plus beaux climats.
Le soleil qui, dans les zones tempérées, se précipite à l’occident, et ne laisse après lui qu’un crépuscule fugitif, rase ici lentement une terre dont il semble se détacher à regret. Son disque environné de vapeurs rougeâtres roule comme un char enflammé sur les sombres forêts qui couronnent l’horizon, et ses rayons, réfléchis par le vitrage des palais, donnent au spectateur l’idée d’un vaste incendie. »
Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Petersbourg (premier entretien)
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Poème autodaté : un bail de trois ans
J'ai signé mentalement le 30 octobre 2021 un bail de trois ans renouvelables avec des amis, chacun écrit chaque jour un poème autodaté selon la forme inventée par Benoît Richter ;
D’après son inventeur Benoît Richter, le poème autodaté « se calque sur la date du jour.
C’est un poème de 8 vers, (puisque dans notre espace-temps la date du jour comporte en général 8 chiffres, aujourd’hui, par exemple : 12 02 2022), dont chaque vers est compté en nombre de mots selon la ligne. (Zéro mot verra un saut de ligne).
Suit la version chronologique. Pour lire les derniers en premier, rendez-vous par ici.
Alors :
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dimanche, 10 avril 2022
Stop aux aéroports
"Cela fait quasiment 2 ans (en fait depuis juin 2020, soit 19 mois) que la communauté scientifique sait que le covid se transmet essentiellement de manière aéroportée, c’est-à-dire par l’intermédiaire de très fines gouttelettes émises par la respiration et la parole, les aérosols. Aérosols qui ont la particularité de rester en suspension dans l’air d’une pièce pendant très longtemps tout en diffusant dans les moindres recoins, tel un parfum ou la fumée de cigarette. Cela fait à peu près aussi longtemps (depuis septembre 2020) que la communauté scientifique sait comment se prémunir de ce type de transmissions, en ventilant les pièces où sont susceptibles de se trouver des personnes infectées, pour diminuer la charge virale en présence : en filtrant l’air (filtres Hepa), ou en augmentant les débits des ventilations, ou bien en provoquant une ventilation naturelle en ouvrant portes et fenêtres. La communauté scientifique sait même comment vérifier si une pièce est bien ventilée, donc avec très peu de risque de contamination, ou pas, donc avec de hauts risques de contamination : en mesurant le taux de CO2. C’est simple et pas cher (en tout cas moins que tous les autres efforts déployés inutilement, comme les hectolitres de gel hydro-alcoolique dont nous nous sommes badigeonnés pendant un bon moment)."
Par là bas, lire cet article de Guillaume Blanc
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lundi, 04 avril 2022
Maurice Gourdault-Montagne
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