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samedi, 31 mars 2018

Comme le silence du samedi saint, quand l'église se tait.

« Seul le silence est grand », aussi grand que la peur, aussi grand que la vie.

Comme le silence du samedi saint, quand l'église se tait. Après le procès, la cohue, le lynchage, l'assassinat, vient enfin le silence. Je te dis cela car nous sommes le samedi 31 mars 2018 quand j'écris ces lignes et que je rentre d'une promenade. J'ai enfin monté les marches de pierre en haut desquelles ton message m'attendait. C'était une lettre sans verbe, sans pain, sans vin. C'était notre rencontre, inachevée.

Dès ce jour, je veux consacrer ma vie à ta vie, tourner mon cœur de pierre vers ton cœur de chair. Dès ce jour, je veux pas à pas m'approcher de ta lumière.

La mort n'est jamais seule. Elle vient toujours pour quelqu'un. Elle vient toujours pour toi.

Ne t'inquiète pas. Je t'aime. Ton calvaire est très beau. Sur la colline du crâne, tu t'es agenouillé, tu as posé ton front contre la terre. Tu es entré en tentation. Comme c'était beau.

Tes amis n'ont pas su te veiller, mais tu leur as donné ton sourire en revenant vers eux. Partir, c'est revenir pour toujours.

jeudi, 29 mars 2018

Introspection - photos prises par Sara

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Photos d’Édith par Sara

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Ceci pour vous annoncer, réalisé par Labelwww, le nouveau site de Sara

mercredi, 28 mars 2018

Les miroirs fatigués d'un moi changeant

Dans un vent coulis

Se brisèrent

Nos antiroulis. Ainsi se poursuit le Trident dominical.

Au bord de la latitude du non-sens, loin de la latitude des sens.

 

lundi, 26 mars 2018

Propagande de rue. Avenue Daumesnil, 75012. Mars 2018

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Autres images vues dans la rue : Un monde parfait, l'intox au fil des jours

 

Il y a quelques années, c'était en 2009, dans la triste douceur de l'automne :

On peut lire aussi Les dictatures douces

samedi, 17 mars 2018

Requiem pour la personne que je n'ai pas rencontrée

Introït

Laisse-moi reposer dans la lumière de ce jour sans fin, comme je te laisse errer dans ta nuit incomplète.
Tes deux visages ressemblent au mien, féminin et masculin.
Nous aurions marché, main dans la main, aux cris des enfants et des mouettes,
aux abords des écoles et sur les plages océanes.

Kyrie

Le maître du temps nous domine ; ton ombre se réfléchit sur le mur. Au maître des lieux nous devons la dîme ; mon ombre approche la tienne. Le seigneur des apôtres illumine ; ta silhouette échappe à la mienne.

Graduel

Je me penche sur ton corps, comme une mère sur son enfant, comme la sage-femme stérile sur l'enfant qu'elle a tiré du marasme d'une autre. Je me penche sur ton cœur, telle l'exégète du papyrus des Esséniens.

Trait

De nos faims insatiables, veuille la mort nous absoudre ! De nos désirs de chair, dame à la faux, fais des plaisirs de pierre. Toutes nos soifs étanchées n'auront jamais de suite ni de partage dans ton lit clairsemé.

Séquence

Jour des jours, jour de gloire et de paix, jour de suspense et de mystère, que ce jour où j'ai senti ton existence. Jour de la première attente, chaque jour qui suivit fut jour d'attente. Jour de la deuxième attente, jour de la troisième attente. Au jour de la centième attente, le climat de mon cœur avait connu tous les orages et toutes les pluies, tous les soleils aussi. Jour de toujours et de jamais, éternel jour qui précède un lendemain de chimère.

Offertoire

Maîtres ès psychiatrie et neurologie, qui déambulez dans la chambre blanche de l'hospice en bordure de ville, accordez-moi la suprême délivrance de l'oubli. Daignez mettre un terme à mon obsession, afin que ni mon cortex, ni ma raison ne retiennent plus la flamme de la personne qui ne sait où je suis. Vous qui maniez les armes chimiques au fond des tranchées de gliales, sachez poser sur mon cerveau le baume intègre qui me délivrera de l'amour des spectres. Tenez vos promesses, sur mes douleurs posez vos compresses, maîtres ès neurologie et psychiatrie.

Sanctus

Vive, vive, vive la molécule qui sauve les esprits de leur prison de pensées noires. Vive, vive, vive la molécule dérisoire !

Agnus dei

Homme en blouse blanche, qui possèdes le diplôme, graphes les ordonnances et piques les veines, obtempère ! Donne-moi le repos. De ma frayeur, de ma souleur, de ma langueur, purifie-moi.

Communion

Le rayonnement d'une lumière douce évoque le premier repas des hommes. Le rayonnement d'une lumière douce convoque l'innocence du nourrisson.

Absoute

Au-delà de moi, pour tous les autres, amants de sirènes absentes, amantes de fantômes imprenables, au-delà de moi j'invoque la liberté, la délivrance et la fraternité.

Subvenite

Prenez cette image à laquelle j'ai tant rêvé, prenez ce corps imaginal, prenez ces lèvres qui ne m'ont point baisée, prenez cette caresse qui ne m'a jamais effleurée. Que le songe amoureux qui me hantait s'élève dans les éthers nomades et parcourt toutes les distances ineffables.

In paradisum

Écoutez ce chant qui descend sur le cimetière. Écoutez ces pas qui accompagnent nos pas. Écoutez ces antiennes d'un chœur lointain. Écoutez : l'inconnu surgit en chacun.

Pie jesu

Sempiternelle, notre valse avec celui que nous aurions dû être, sempiternelle. Blanche, l'étreinte avec celui qu'on aurait pu aimer, une étreinte blanche.

Edith de CL 14-15 mars 2018

 

 

vendredi, 16 mars 2018

Evasive idole

Avancer dans la vie, avancer vers le bonheur et vers la mort 

La musique d'Evasion me donne envie de vivre et de créer.

une vie heureuse, est-ce lorsque en mourant un homme se dit, j'ai accompli ce que je voulais, je pars en ayant fait, dit, donné, vécu ce que je voulais

ou bien

est lorsque voyant la mort s'approcher tout près de lui, il demande pardon et dit merci et sourit à Celui qui vient peut-être lui prendre la main...

jeudi, 15 mars 2018

Absconditus

Tu n'avais plus peur.

Tu partais dans tes rêves, grâce à une pilule. Certains de tes songes étaient bleus, d'autres de brume. Tu t'extasiais.

« Je suis ton fils », tu me disais. Je te souriais.

Chacun de ces matins des mois de septembre, octobre, novembre 1999 étaient des débuts de romans. Et nous disions adieu aux histoires, le soir, au couchant des lumières. L'appartement : un océan. La rue, le jardin, la route : des mondes clos.

Le clos de l'élégance (la prévenance de la fiction admise).

Je ne savais pas la profondeur – ni la fugacité – de mon bonheur. Tout s'est fini avec la dernière gorgée d'un café.

Tu m'avais dit : « Niort. Enfance ». J'avais haussé les épaules. Jamais tu n'avais foulé le sol de Niort de tes pieds, car Niort, une seule fois avec toi, toi âgé de deux mois, porté dans les bras de ma sœur.

Enfance. Distance. Réinvention.

« Je suis ton fils ». Je n'ai jamais répondu oui. Accepter ton désir, oui, mentir non. Ma sœur est morte un jour de pluie très certainement, dans une rue banale, du cœur.

Le cœur, muscle, pompe. Le sang, fleuve charrié. Fleuve charriant les poisons et la vie. Je n'ai jamais su prononcer : « non tu n'es pas mon fils ». Peur de ta peur. Neveu : mot moindre. Je t'aimais plus qu'un fils.

Schizophrénie. Alternance. Phase bleue, phase de brume. Nuits blanches versus jours noirs. Diagnostic élastique, perte de repères, absence de père, mer de l'absence, mère amère, mer morte. Cactus au milieu du salon. Salon dérangé. Pâtes froides, voix triste. Rire d'enfant qui ressemble au hululement d'un oiseau hybride, hibou né d'une chauve-souris. Lancinantes heures d'après-midi, longs couloirs harcelants de l'école (coups, habits moqués, isolement fabriqué), attentes sans fin des journées-maison, aspiration à une joie, intuition de son existence, joie, joyau su mais jamais touché. Comme un besoin intense, jamais apaisé. Espérance. Néant des résultats. Espérance. Ignorance du destin. Espérance trahie.

Dérive insidieuse, coulée dans le bloc du rêve, paralysie à force, effraction bizarre. Diagnostic.

Schizophrène dans une allée de frênes, sans chien ni but, sans rien que ton propre corps qui cherche à porter sa vie.

« Je suis ton fils ».

« Tu es mon naufragé ».

« Maman ? »

« Bois ton café ».

« Avec toi pour toujours ».

Je ne réponds rien. Je te souris. Mon frère depuis New York m'envoie un chèque minable qui ne paye qu'une bande dessinée et trois paquets de pilules. Tu baisses la tête quand j'écris trop longtemps, tu te rabougris quand je m'éloigne.

Êtes-vous sa mère ?

Je suis sa tante.

Ses parents ?

Morte.

Son âge ?

21 ans.

Le médecin dit que tu es gros, que tu manges trop. Le policier remplit les cases de sa fiche imprimée.

Il n'y a pas d'étoiles dans les villes. La nuit est superficielle.

La fenêtre ne s'ouvre pas sur la nature. Je n'ose te regarder quand tu es emporté dans la fourgonnette blanche, qui s'éloigne. Je sonde mon âme, je ne sens plus sa présence. Elle n'était qu'illusion, en fait il n'y a rien d'autre que les corps.

Les corps qui attendent : espérance.

Rien. Espérance vide. Espérance, silence. Espérance, rance. Rance. La joie ne vient jamais.

mercredi, 14 mars 2018

Agrandir

Je souffre de voir tes yeux emplis de larmes, à cause d'une phrase que j'ai dite, ou écrite.

J'ai faim d'agrandir ton destin, mon destin. Le soleil coule à travers les stores rouges, sa lumière chaude baigne le salon. La poésie du jour réside entre les lignes de nos propos, entre les rais de lumières. Bientôt aura lieu l'anniversaire de mon père mort et l'entrée en lice du printemps.

dimanche, 11 mars 2018

Harcèlement par les médias dans une gare. Personne n'a réagi.

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dimanche, 04 mars 2018

L'aurorale brisure

La cour grise accueille nos premiers regards, de quelles pensées sont chargés les tiens ?

Cette vie qui a lieu, cette vie réelle, ne ressemble pas à nos rêves. L'onirisme y est pourtant présent, dans les gouttes restantes de la pluie de l'aube, comme sur la cheminée qui accueille le couple de colombes, sur le toit voisin.

Je suis étonné de respirer dans cette ville autre, dans laquelle jamais je n'aurais cru vivre. Surpris de m'être détaché d'un passé désormais inaccessible.

Mon écriture ressemble aux eaux dormantes, qu'on dit mortes et qui grouillent de bactéries.

Les musiques, les vues, les idées de l'autre ville me reviennent en mémoire. Je ne communique avec toi qu'à propos des choses du présent. Nous ne partageons rien d'autre que la vie quotidienne : couple étrange, cohabitation de deux corps qui refusent de dévoiler leurs âmes. C'est triste pour le chien qui voudrait ressentir autour de lui les fluides d'un amour.

Pour aimer, il faut avoir brisé la carcasse d'amertume.

Le ciel ressemble à un lac gris emprisonné dans la montagne de nuages. Me reste-t-il trois jours, trois ans, trente ans à vivre ? Une recette de cuisine, un morceau de musique, une bande dessinée, un événement intrusif pourrait dévier le cours du temps monocorde.

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samedi, 03 mars 2018

"Par des matins brisés"

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La plage des Sables, 2 mars 2018 vers 17h30

 

Où sont les gens qui vivent et qui bougent aujourd'hui ?

Pas à la télévision, ni dans les médias. Ni dans les institutions. Ni dans l'art « diffus par les canaux  économiques ». Ni dans l'art « soutenu » par l’État. Ni dans les syndicats, ni dans les mouvements politiques. Sur Internet ? Dans des ZAD d'extrême gauche mouvantes ou des sphères d'extrême droite non constituées ?

Ne te trompe pas d'ennemi, ma fille. C'est pire que de se tromper d'ami, car tu mets toutes tes forces de combat contre des pantins. Alors qu'un amour qui se trompe reste un grand amour, une haine qui touche une mauvaise cible rendrait ta guerre impure et méprisable.

Aujourd'hui, ce n'est pas la liberté sexuelle ou amoureuse qui nécessite du courage et de la vérité : la liberté d'aimer est utile au capitalisme. Ce n'est pas la liberté de penser non plus, car elle est soluble, comme du sucre, dans la profusion d'idées qui circule dans le Capital. Ce n'est pas non plus l'intégrisme religieux : celui de l'islam sert à créer des nervis qui ne savent pas à quoi ils servent, celui du catholicisme sert à préserver des zones patrimoniales qui n'ont pas de force pour créer du neuf et de l'à-venir. La Petite Entreprise et le Refus de consommer sont deux bastions (qui croient dissembler, ce qui les fragilise). Mais une petite entreprise qui réussit devient Capital et une petite entreprise qui ne devient pas Capital risque sans cesse la mort par asphyxie ou l'assassinat par la loi. Quant au refus de consommer, il est trop marginal pour constituer un poids et ne fragilise que l'individu qui le pratique.

La double-vie est sans doute une solution à la fois de survie et de combat politique : s'adapter en apparence et se réserver des zones hors-champs, zones de culture, d'agriculture, de distillerie, de médecine, de religion, qui divergent radicalement de tout ce qui est officiel ou médiatique et qui n'est jamais appréhendé ni par l'administration, ni par l'argent, ni par les médias. Zones non vues, zones absentes des radars.

Il est difficile d'être solidaire aujourd'hui car tout ce qui est visible est récupéré par le capital ou par l'administration. Le capital et l'administration, malgré le désamour qui les unit, roulent ensemble vers le même but : la totalité du contrôle.

La solidarité commence en se levant le matin : ouvrir les yeux et ne pas croire au monde tel qu'il nous est montré, savoir que l'être est traqué par le capital et l'administration au moyen de la culture, de l'information et de la communication. Pas de nostalgie d'un passé mort, pas de fatalité devant un présent qui n'en est pas un. Vivre malgré le mépris profond dont on entoure ceux qui respirent encore d'une manière personnelle.

 

La parole (orale/écrite) est noyée dans le flot. Le geste noble est dénigré, tourné en dérision. L'action est vouée à nourrir le néant, avant même de naître elle est neutralisée.

L'essor du suicide s'explique parce que c'est la seule action qu'un individu non pervers peut commettre en étant sûr d'obtenir un résultat notable, réel, qui induit un changement (fut-il cessation). S'il restait un espace où la parole/le texte de l'être avait un résultat, les chiffres du suicide diminueraient. Face à des êtres humains rendus à leur puissance, même modeste, la banque et l'administration verraient leur territoire d'emprise se restreindre.

Tous les mots ont été adoubés par le capital avant même d'être prononcés. Ainsi a été torpillée la splendeur du poème. Censure suprême que la censure inutile des mots dégoupillés.

Bar-le-Duc : comment une bourgade chaleureuse et vibrante est devenue ville-zombie ? La télévision a remplacé le feu de cheminée autour duquel on s’assoit. Les parkings et les centres commerciaux aux abords de la ville ont rendu caduc le centre de la cité. Les élus administrent un système qui ne tourne plus que pour eux-mêmes, à l'échelle municipale, comme à l'échelle nationale, le pouvoir d'action s'est éclipsé sans faire de bruit. Nous faisons semblant de suivre des rites démocratiques mais le fleuve démocratique n'est plus qu'un amas de boue ; les gestes et les cris des matelots ne font illusion qu'à ceux qui sont trop petits pour apercevoir, par la passerelle, que l'eau du fleuve a été détournée. Semblant de régime, déprime insondable des citoyens qui sentent, sans mots, que la République s'est enfuie sans les prévenir.

Nous sommes pieds et poings liés par l'ignorance et par l'illusion. La vérité serait un désespoir libérateur. Quand tu comprends que tu es là, étendu sur ton lit, débile, incapable, non pas à cause d'une faiblesse de ta volonté, mais parce qu'on t'a empoisonné à ton insu et à dessein, alors, avant même la rage de la révolte, monte la délivrance du Savoir.

Conscience, tu demeures. Tu veilles. Une poussière immobile te recouvre. Un souffle intérieur pourrait reconnaître soudain ton existence.

 

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