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Nus pieds sur un rêve

Je sais que le désir est une bête insatiable aux tentacules innombrables. Aussi, en premier lieu, j'expurge de mon être l'insatisfaction qui hante et l'envie qui ronge.

Comme en revanche, on peut sans dommage, tisser son rêve comme une toile sur les parois indifférentes de la vie réelle, je songe à ce que pourrait être demain - le prochain aujourd'hui.

Il y aurait une maison pourvue d'un jardin assez grand pour la liberté des chiens, duquel on verrait les innombrables étoiles du tapis de la nuit.

Un fil tendu entre deux arbres pour nos tentatives de marcher sur les airs et de toucher le ciel.

Nos chansons pour saluer l'aube et accueillir le soir.

Une vie de baladins, un campement de fortune sans cesse recommencé, au même endroit. 

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mercredi, 11 mars 2015 | Lien permanent

D'Angers la nuit

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Angers la nuit - photo de Sara

 

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux :
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,

Plus mon Loire Gaulois que le Tibre Latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur Angevine.

Joachim du Bellay - Les Regrets - 1558

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mardi, 27 janvier 2015 | Lien permanent

...« au vertige d’une désaxation »...

« Kamalalam est un personnage sans précédent.

(…)

« Ce que j’aimerais découvrir, à travers lui, au terme de tant de « grandes épreuves de l’esprit », c’est une espèce d’ultime domicile pour une pensée qui a beaucoup erré : ce que j’appelle la Maison du Destin, un champ clos pour mon amour de la nuit.

 (...)  « Mais de tous les visages que j'ai donné à mon malaise, c’est le plus beau, le plus radieux, le plus inquiétant aussi. Je savais qu’il serait porteur des dernières raisons que j’avais d’utiliser ma raison. »

Marcel Moreau, IN Kamalalam, 1982

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lundi, 12 août 2019 | Lien permanent

Magnificat anima mea dominum

Mon âme magnifie l’immensité de Son amour et se transforme dans un jaillissement de joie. Mon âme se souvient de Sa promesse et l’espérance me pousse à danser au milieu des arbres, dans les rues, dans les pièces des maisons. Mon âme prend confiance dans Sa justice qui viendra apaiser les meurtrissures et fortifier les résolutions. Mon âme chante sans cesse, inondée de lumière. Comme ta mort est belle, mon père ! Comme vos vies sont scintillantes, mes frères ! Comme vous souriez, femmes et filles que j’aime. Je m’abreuve au lait tendre de la vie, je souris à la mort et à son miel infini. Comme un faon fou de bonheur gambade entre le bosquet et l’étang, chaque parcelle de mon cœur pétille de douceur dans un élan vif qui n'a pas de fin. 

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jeudi, 28 décembre 2017 | Lien permanent

Le matin Polkadot

Je me souviens de ce matin comme si c'était hier – mais c'était presque hier, de ce matin où tu nous as acheté des actifs polkadot. Il faisait trop froid dehors, trop chaud dedans, nous étions un tantinet désœuvrés, tu rêvais de millions et je rêvais de milliers. Un début de mois de janvier, comme celui-ci. Tout a tant changé depuis dans nos vies. Ces chiens n'étaient pas nés, cette maison pas construite, les trois enfants qui caressent les poneys dans le prés n'étaient pas conçus, tu n'avais pas encore rencontré Julie et je n'avais pas encore épousé Stanislas. Il n'y avait pas de feu parce qu'il n'y avait pas de cheminée. Il n'y avait pas de joie, mais il y avait de l'espoir, il y avait de la joie dans l'espoir !

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mardi, 05 janvier 2021 | Lien permanent

Le dernier rêve

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Quand je mourrai, ce sera par une splendide journée d'automne, un grand jour de soleil estival perdu au milieu de la saison rousse.

Je partirai loin d'une maison rangée déjà depuis quelques jours, un chapelet peut-être à la main, en hommage aux ancêtres inconnus. Je suivrai la route serpentant d'une colline, et, malgré mon âge avancé, j'avancerai d'un pas lent, mais sûr, une certaine fierté enveloppera mon allure d'aura. Ainsi je n'aurai pas honte devant mes témoins les bêtes de la terre, du fleuve et du ciel, qui apercevront ma silhouette traverser leur monde pur.

Je saurai dans la conscience paisible que ces pas sont mes derniers. La dernière balade d'une trouvère presque fatiguée.

En haut de la colline, m'attendront la mort et le Christ. Côte à côte, l'une sororale, comme le fut sa jumelle, la vie ; l'autre assez fraternel pour me tendre son auguste main dans le soir naissant.

Mon dernier sourire sera pour eux. Ma dernière pensée sera pour le fils dilectif qui m'enterrera le jour suivant.

Je rejoindrai le monde des vivants comme on entre dans la maison retrouvée de l'enfance : avec gratitude.

 

Edith

 

à voir sur AlmaSoror : le dernier rêve du dernier jour.

 

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vendredi, 26 juillet 2013 | Lien permanent

1999

Tu jouais des ondes Martinot, Luc critiquait le remembrement de la France et nous nous adonnions à des jeux noirs et blancs au fond d'une maison de Montreuil-sous-Bois, sans bois ni abeilles, que du béton et des chansons qui depuis sont mortes.

Amour, jeunesse, joie et tristesse, je trônais au centre des étoiles, lune en l'air au milieu du ciel, lune en vierge d'un soir, lune mollement offerte au hamac suspendu entre ciel pollué et pots de coquelicots.

Digitales, deviennent nos caresses depuis que le vent du progrès a chassé la vieillesse.

Et nous prenions parfois la voiture jusqu'à Guitrancourt. Goûters d'anniversaires des enfants des copains : pornographie de décorations roses, de princesses, de dinosaures, de cadeaux en plastique et de bonbons acidulés. Papas buvant des bières, mamans s'observant par en dessous tout en se souriant d'un air complice. Petites filles roses corsetées dans leurs obligations d'être amoureuses et de colorier sans déborder, garçonnets en quête de prairies et de ballons qu'on leur interdisait pour cause de pluie.

Le soir, retour à Montreuil-sous-Bois, vodka Belvédère pour moi et vodka zubrowka « herbe de bison » pour Luc et toi. Tu jouais des ondes Martinot, Luc déchiffrait des algorithmes pour le développement économique de la diagonale du vide et nous nous adonnions à des jeux indicibles dans la chambre noire et blanche d'une maison construite en 1920, retapée en 1960, rafraîchie en 1982 par tes parents un an avant leur mort sur le Périphérique.

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dimanche, 13 mai 2018 | Lien permanent | Commentaires (1)

La joie novembrale

Voilà bientôt novembre, le mois des morts et des clafoutis. Le mois qui nous fait regretter les feux de cheminées des maisons de nos ancêtres, il faudrait vivre dans une maison, avec un jardin mouillé par la pluie et un poêle ; avec une cave pleine d’eaux-de-vie pour les clafoutis, les rages de dents et les soirées où l’on s’oublie lentement sur un vieux livre qu’on trompe avec une rêverie.

If, AtomHeart Mother, des Pink Floyd, dans cette grande pièce oubliée de Champ-Goyon. Dans la rue de Varenne qui la longe, les voitures, encore et toujours, avec leur moteur, puis le soleil qui fait suite à la pluie ; une fougère, sur la table, un livre inlu, un verre imbu.

Voilà déjà novembre, le mois des clafoutis et des messes en latin, fidèles aux vergers du Berry et de la Vendée, fidèles aux saints mystères. Dans le ventre de cette personne, une femme de 45 ans, monte la faim. Bientôt, elle se lèvera de ce fauteuil sans style qui la retient, longera le couloir, descendra l’escalier, traversera la cour des communs, puis l’autre cour, jusqu’à l’office où elle prendra une entrée, un plat, un dessert, qu’elle reviendra consommer dans sa solitude.

Voilà encore novembre, il est entre midi et une heure, dimanche. Nous savourons les dernières lueurs d’octobre avant que la froidure mouillée recouvre les joies de l’été. Joies, vraiment ? Oui. Grande joie d’avoir accompagné une femme hors du commun vers son nouveau destin, après quarante-cinq ans d’une amitié que rien ne pourra plus jamais détruire. A moi de devenir aussi forte que toi, et même encore plus, parce que j’ai été tissée de toi. Je serai Celle qui reprend le flambeau.

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samedi, 28 octobre 2023 | Lien permanent

Laissez sortir ce captif !

Il est toujours intéressant de plonger dans une autre époque, le temps d'une lecture. L'un des bénéfices qu'on en tire, non des moindres, c'est de quitter, momentanément, les pénibles affres du temps présent. Et en ce début d'année lourd d'actualités, quoi de moins actuel qu'un texte de Bossuet, ce prédicateur du temps de Louis XIV ? Et pourtant...
Bossuet livre le portrait de ces moines de Notre-Dame de La Merci, voués à racheter les chrétiens captifs en terre d'Islam, y compris, s'il le fallait, en se livrant à leur place... Un sacrifice incompréhensible ? Une folie ? Ou tout simplement un moyen radical d'aimer son prochain et d'affirmer l'inaliénable dignité de tout être ? 
Drapé dans la langue somptueuse et claire de Bossuet, le 22 ème livre de la Maison Malo Quirvane nous emmène loin dans la psyché humaine et dans la sociologie religieuse. Présenté avec intelligence et dextérité par Jean-Baptiste Amadieu, il nous offre une échappée belle, à des années-lumière de l'actualité, pour mieux la remettre à sa juste place, peut-être.

Oui, lorsque, accablés par les coups durs de la vie privée ou politique, nous baissons les bras, il faut se tourner vers un phare allumé. Ce texte de Bossuet, précédé d'une présentation lumineuse et ferme de Jean-Baptiste Amadieu, c'est le phare que la Maison Quirvane propose aux lecteurs fatigués par les conditions de l'individu dans la société française en ce début de l'an 2022. Ce phare, sa lumière est étrange et vivifiante - pourquoi ? Parce qu'elle nous nourrit d'un pain très humain, très proche de nous, dont nous nous étions détournés, aveuglés par les lumières tournoyantes qui n'indiquent aucun chenal où glisser pour se reposer. 

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Laissez sortir ce captif ! Panégyrique de Saint Pierre Nolasque, par Bossuet

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dimanche, 09 janvier 2022 | Lien permanent

La première porte de garage

C'est la première porte de garage que je photographie (avec mon téléphone). Elle se trouve dans une toute petite commune au bord de l'Atlantique, en face de l'église (construite en 1200, modifiée en 1600, restaurée au début du XXème siècle), une toute petite commune, donc, dont les anciennes maisons ont été éventrées afin de construire un garage, dont les maisons neuves sont construites en intégrant un garage, bref, dans cette toute petite commune et dans celles qui l'entourent et dans tant de maisons de tant de villes le garage est roi.

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Du reste hier, c'est dans tout le département que nous avons pu contempler l'ère du garage, au cours d'un périple de 226 kilomètres dans la pauvre Vendée défigurée. Ronds-points, parkings, centres commerciaux, route à double, triple, quadruple voies, aires de stations services, hyper Us, super Us, Hypercasinos, garages, lotissements, ronds-points et parkings. Certes, les marais (et leurs avocettes) ; certes, le bocage (et ses faucons crécerelles) ; certes, son océan (et ses pélicans) ; certes, ses forêts (et leurs chevreuils) ; certes, ici et là, de jolies églises romanes ou de grands logis de maîtres. Certes, parfois, une vieille bourrine qui a oublié de mourir, qu'on a oublié d'assassiner.

Mais dans l'ensemble, ce département est celui du béton et du centre commercial, du parpaing et de la voiture. C'est sans doute ce qui en fait une terre d'asile si accueillante : le solde migratoire de la Vendée casse des briques. C'est un département pratique et le climat y est doux.

La vieille pierre souffre, par ici. La beauté du paysage aussi. Une sublime église romane ? Cent mètres plus loin, autour des chameaux et dromadaires martyrisés par le cirque Zavatta attachés sur un pré boueux et triste entouré de routes, on bétonne encore. Les grues dessinent de monstrueuses figures dans les champs de nuages, prêtes à recouvrir des lopins de terre de béton, de tôle et de parpaing.

Tout est si pratique et fonctionnel ici, que l'âme souffre d'une souffrance indicible, qui n'a pas encore de nom. Elle souffre dans ce monde très pratique comme une plante qui manque d'eau, comme un chameau captif d'un cirque ou d'un zoo, comme un enfant à qui l'on donne tout ce qu'il faut pour vivre - sauf l'amour et le rêve.

J'écoute une femme de 64 ans me raconter le pays de son enfance : là où elle faisait griller des crevettes pêchées sur la dune, il n'y a plus de crevettes ni de dunes, mais du béton. Là où les barrières de bois et les bosquets d'arbres dessinaient les frontières à l'intérieur du bocage, des quatre-voies, du barbelé, des hangars de tôle. Pas seulement ici, mais aussi là, et là-bas, et encore de ce côté. Cinquante ans d'enlaidissement systématique ont enrichi bien des gens et appauvri le bien commun aux hommes et aux bêtes : la beauté et la variété.

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dimanche, 23 août 2015 | Lien permanent | Commentaires (1)

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