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samedi, 29 juillet 2023

Dominus vobiscum

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Rue d'Assas, dans le secret d'une alcôve, le destin du monde pivote. Quelques chuchotements inaudibles : la civilisation qui vient. Une peinture encore inachevée : l'histoire de l'Art. Des mots jetés sur un ordinateur, des idées sur un papier : la structure du monde de demain. 

Ce sera le retour de Dieu (le Père, le Fils et l'Esprit Saint ; le chemin, la vérité et la vie). 

Ce sera le retour de l'homme (qui compte, qui écrit, qui cuisine, qui coud, qui s'arme, qui combat, qui prie). 

Ce sera la beauté visuelle des créations, la nature déployée sous nos yeux, le silence heureux des pensées droites.

Nous aurons des chevaux fidèles et des chiens de garde. Nos frères et soeurs, nos neveux et nièces, nos enfants travailleront la vigne. 

Nous sommes un frère, une sœur, d'environ quarante ans, elle plus, lui moins. Nous n'avons aucun orgueil, aucune rage. Juste une intention et une puissance. Un jeu de cartes à abattre. Un rideau à fermer, trois portes à ouvrir. 

La porte de la liberté. La porte de l'âme. La porte majestueuse de l'action. 

lundi, 17 juillet 2023

cette faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose

Extrait de Sun Tsu, L'art de la Guerre, chapitre V, de la contenance :

Mais savoir garder un ordre merveilleux au milieu même du désordre, cela ne se peut sans avoir fait auparavant de profondes réflexions sur tous les événements qui peuvent arriver.

Faire naître la force du sein même de la faiblesse, cela n’appartient qu’à ceux qui ont une puissance absolue et une autorité sans bornes (par le mot de puissance il ne faut pas entendre ici domination, mais cette faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose). Savoir faire sortir le courage et la valeur du milieu de la poltronnerie et de la pusillanimité, c’est être héros soi-même, c’est être plus que héros, c’est être au-dessus des plus intrépides. 

 

Lire l'Art de la Guerre de Sun Tzu par ici

dimanche, 16 juillet 2023

Journal d'une Oblomova

Journal d'une Oblomova, dimanche 16 juillet 2023

C’est incroyable, ce long ennui à Champ-Goyon, seule, dans le grand bureau assez laid, au fond de couloirs vides, j’entends parfois, de loin, quelqu’un passer, sûrement, à chaque fois, un gendarme. Je sors dans le jardin, passant le plus discrètement possible par la salle de la Créance, ou, quand il semble y avoir quelqu’un sur la terrasse ou dans les salons, je passe par le sous-sol de l’office.

Et c’est incroyable à quel point, malgré une légère souffrance d’ennui, j’aime cet ennui, qui me rappelle l’enfance, mais alors je ne le supportais pas tandis qu’aujourd’hui, lorsque je le retrouve, il est nappé de nostalgie. Ces heures absurdes qui s’écoulent, ces synthèses vides qui tombent sans aucun intérêt, ce flux d’idioties qu’il m’appartient de discerner, mais dont rien n’émerge de beau ni de grand. Un long ennui du corps et de l’esprit.

Et ces tours dans le jardin, en m’y sentant à moitié autorisée, n’osant m’arrêter trop longtemps près d’un bel arbre. J’y téléphone, pour partager à ma famille, hier Anne, tout à l’heure Laurence, ces pas dans ce grand jardin secret, presque toujours désert. Aujourd’hui, j’ai fait le tour du petit pavillon, mon cœur battait qu’un gendarme surgisse pour me dire quelque chose, mais non, tout est vide, tout est calme et tout est silencieux. Des pies s’ébattent librement, la semaine dernière des corneilles piétinaient l’herbe, à la recherche, peut-être d’asticots.

Et quelquefois je ne suis plus seule, d’autres êtres se meuvent : des robots qui tondent l’herbe, de petits robots noirs qui circulent tout seuls au milieu de l’herbe verte. Alors je me prends à imaginer un monde futur, un grand jardin luxuriant et très bien aménagé, peuplé d’animaux et de robots qui se promèneraient en jardinant, dans le plus grand des mutismes.

J’aime cet ennui car il est celui de tous les possibles. Je ne suis pas cadrée par trop de travail ou par des relations oppressantes, j’existe à peine aux yeux des autres ici, je suis incognito, mais j’ai ma carte délivrée par le commandement circulaire, qui me permet de passer d’espace en espace au sein de Champ-Goyon. J’aime cet ennui car il me rapporte de l’argent. J’ai fait des choses intelligentes, avec ferveur, au cours de mon existence, mais ce fut très gratuit. Aujourd’hui, j’attends que le temps passe et suis payée pour cela.

Et puis de cet ennui, forcément, naissent les désirs de lecture, d’écriture. Je sens que cet ennui féconde ma terre.

 

dimanche, 09 juillet 2023

C'est l'été des guirlandes de bave entre les langues

C'est l'été des guirlandes de bave entre les langues, des demoiselles d'honneur aux petits cœurs roses, des herpès mystérieux, des bulles de champagne rosé, des mains qui s'enlacent, des bartholinites prolongées, des yeux dans les yeux et de l'adolescence à cinquante ans. 

C'est la désespérance. 

On a tout raté. On n'a plus qu'à s'embrasser. Si possible en public sur un quai de gare, sur un canapé, à une terrasse de café, si possible sur des groupes WhatsApp surpeuplés. A quoi ça sert de s'embrasser si personne ne le voit ?

Se peloter langoureusement, en ronronnant, devant tout le monde, comme un démonstration d'impuissance politique, comme des mains plongées dans le vide existentiel. 

La vie amoureuse, qui peut être une belle aventure, tourne souvent à la régression, c'est le lieu où l'éternel enfant cherche son éternel biberon. 

Un enfant qui mange avec les mains et tâche son menton, c'est chou. Un adulte qui mange avec les mains et tâche son menton, c'est répugnant. Il en va de même avec les câlins câlinous. Les joues qu'on frotte, les regards pseudo-émerveillés. Chez les chiots qui veulent une croquette, chez les enfants qui tâtent et têtent leur mère, quel miracle de vie ! Chez deux adultes, assis dans un métro bondé ou dans un jardin en compagnie, quelle débâcle de la vie ! 

Ces gens se caressent et s'embrassent comme si c'était l'amour fou, la porte de l'éternité, mais il y a une chance sur deux pour qu'au jour de leur enterrement, l'autre ne soit pas là et soit oublié depuis longtemps. C'est forcément agaçant, comme de voir quelqu'un conduire bourré : on sait que c'est mal barré. 

dimanche, 02 juillet 2023

Quel titre préfères-tu ?

 

Son nom de Venise dans Calcutta désert ou bien Pluie et vent sur Télumée Miracle ?

(Marguerite Duras, Simone Schwarz-Bach)