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samedi, 09 octobre 2021

Le fragmentaire journal du sieur Kevin nous arrive par miettes

(Merci à Kevin de Motz-Loviet pour sa semi-confiance)

9 octobre 2015

Il est 13h20, j'écris du train (Nantes-Paris). Cela me fatigue énormément de penser sans cesse d'une manière critique sur le monde. Il y a quelques années, cela me fatiguait encore plus, car je vivais à fond dans la partie mentale de mon esprit. J'ai, sous l'influence des spiritualités orientales et du développement personnel américain, arrêté de penser autant avec des mots, renoncé à la critique constante de l'hypocrisie et des faiblesses du monde, afin de laisser la vie baigner ma vie. Désormais je ne songe plus à redresser sans cesse des torts trop nombreux pour être redressés, mais à améliorer mon être, mon âme, ma vie, ma santé. De toute façon, je ne sauvais ni l'humanité, ni les animaux, ni les enfants. Je ne les sauve toujours pas, mais en améliorant ma vie et ma personnalité je crois être utile aux personnes qui m'approchent et me côtoient. Tous les discours s'entre-détruisent et le silence avance comme un roi. Stat crux dum volvitur orbis. La parole fuit par les trous percés du temps, le silence se tient et glisse comme un fleuve le long de l'espace et du temps, jamais séparé de lui même par les pierres de mots qui ne peuvent boucher totalement son lit éternel. La Loire par la vitre du train fait écho à mon fleuve de silence...

Ce silence mental augmente et ma douleur intellectuelle diminue. Ma pensée s'en trouve-t-elle amoindrie pour autant ? Je n'en crois rien. Au bout d'un moment les mots répondent aux mots, et ne répondent plus aux besoins de la vie. Pensée qui se mord la queue, pensée en eau de boudin.

À ce nouveau bien-être, qu'il me faut consolider, je devrais en ajouter un autre : la délivrance de cet étau d'angoisse, de souci, qui dessine sur mon front, au dessus du sourcil droit, un petit trait vertical, la ride de mon souci. Un jour, je veux le croire, elle disparaîtra, dissoute par le ciel bleu de ma sérénité. Et mon front redeviendra éclatant d'une jeunesse éternelle, qu'aucune ride n'assombrira. Car certaines rides de la vieillesse ressemblent à des soleils, plus qu'à des nuages.

Nous sommes à Angers, de nouveaux passagers montent, l'une d'entre elle a sa place à côté de moi. Libérée de l'occlusion mentale et du souci accablant, ma vie devrait devenir une belle et douce vague de bonheur sur l'océan lisse – mais, ô combien puissant – de la sérénité.

Extrait

Extrait 2

Extrait 3

Extrait 4

Extrait 5

Extrait 6

samedi, 02 juin 2018

Des désirs secrets

Une purification, malgré la lourdeur des mots, la banalité des intentions. Un voyage qui se créée malgré l'absence d'harmonie. Des halages, des pauses, la chanson de Johnny Guitar qui rappelle des étés, des bières dans des bars, des attentes trop chaudes. Des halages, des pauses, des désirs secrets. Des non-dits, des impensés, des tentatives de voir clair. J'entends quelquefois mon autre voix surgir du temps passé, revenir un instant, au creux du temps présent.

Et les nuages, par le vasistas, dans les ciel très haut. Des halages, des pauses, des éphémérides. Une femme rousse à qui je n'ai jamais, jamais osé dire la vérité. Une guitare et un garçon qui ne s'appelle pas Johnny. Plutôt Kévin. Je le trouve beau. Nous nous regardons à peine. Comme une rencontre manquée.

C'était avant mes premiers cheveux blancs. C'était quand il restait encore le temps. Le temps de choisir d'autres voies. Le temps d'aimer par d'autres moyens. C'était encore le temps du processus biologique, c'était le temps des insouciances (courses, nuits blanches à la montagne Sainte-Victoire puis grasses matinées jusqu'au zénith, bouteilles du Var et de la Catalogne, nectars ensoleillés). Je regarde cette femme qui a cinquante-quatre ans je crois et qui semble sûre d'elle, mais l'est-elle ? Je ne sais si je l'aime ou la crains, je ne m'en détache pas encore. Elle ressemble un peu à ce que je voudrais être et pense tout ce que je déteste. Et des halages, des pauses, des plaisirs discrets. Avant d'ouvrir le portail à la Mort, cette beauté fatale qui exige un baiser rouge pour vous prendre avec elle pour toujours.

jeudi, 14 novembre 2013

Extrait II du journal de Baude Fastoul de Kevin de M-L

 journal, baude fastoul, confrérie

16 novembre 2012

Je découvre l'histoire de Lizzie van Zyl, qui me fait comprendre à quel point Anglais et Américains ont créé les horreurs dont ils accusent les autres en permanence. Faut-il plonger dans le vertige face à l'horreur des souffrances qu'on inflige aux enfants, aux animaux, aux êtres ? Ou bien fermer les écoutilles et vivre la meilleure vie possible sans se laisser abattre par l'enfer qui nous frôle ? Christ, qu'en dis-tu ? Comment interpréter tes actes ?

La morale est-elle possible ? Ou bien le monde n'est-il qu'une suite de souffrances répétées ? Faut-il « se battre » pour une amélioration du monde ? Ou bien simplement prier et purifier son propre cœur ?

Enfants qui êtes nés pour subir les sévices d'êtres pour lesquels vous n'étiez qu'amour et générosité, bêtes qui ne comprenez pas qu'on vous transforme en chairs souffrantes et affolées, êtres de toutes sortes, abattus dans leur vol, puis mourant lentement au sol, dans l'incompréhension et le mépris... Quel est votre message ? Existez-vous ? Ne sommes-nous, les uns les autres, que les images de notre propre cauchemar ? Quel pouvoir avons-nous sur notre propre vie, sur la vie de celui qui est à côté de nous ? Est-il réellement possible de sauver quelqu'un ? Et si cette question existe, alors est-il réellement possible d'assassiner quelqu'un ? Cet éternel pourquoi devant la misère la plus poignante, a-t-il un sens ?

Quel est ce bouge que nous appelons « réalité » ? Et cette phrase qu'une étrange Édith Morning écrivit un jour : "Si j’avais su que les rêves sont réels et le monde illusion, j’aurais inversé ma vision de la liberté et celle de la prison. Mais les menteurs amers disent décriant les images qu’elles sont illusoires, et nous entraînent dans leur " réel " qui n’existe que dans leurs sombres couloirs".

Vérité, as-tu une consistance quelconque, quelque part ?

 

Kevin de Motz-Loviet

 

En savoir plus sur la Confrérie de Baude Fastoul

AlmaSoror avait déjà publié un premier extrait du journal de Kevin.