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dimanche, 14 novembre 2021

Le crachat de Drakulie Pandor, banale citoyenne d'Echthrapolis #Répulsion

Dimanche, j'oublie les cloches des églises pour me concentrer sur la laideur sonore des camions de poubelles verts qui traversent les allées de béton sale de notre ville en phase de tiers-mondisation. Arythmie du cœur, haleine fétide, fluides sortant par les orifices, épaule coincée, peau flasque, cheveux incoiffables, mon corps est de plus en plus difficile à civiliser. Pourtant, sortir dans la rue va être nécessaire, se tenir le moins voûté possible, entrer dans des magasins mal tenus par des gens que je déteste, saluer un voisin,

et croiser ces couples élégants, ces belles familles correctement vêtues qui semblent se diriger quelque part, ces personnes tendues vers un but noble, dans une vie calmement structurée.

Ce fiel est un mélange de rage et de dépit, de colère et d'amertume, de haine et de tristesse qui découle de la comparaison entre les espoirs que j'avais dans la jeunesse et les déceptions que je connais dans mon âge mûr. Heureusement, d'opaques rideaux me séparent des personnes que je fréquentais alors, mais si par hasard je tombe sur quelqu'un d'avant et dont la vie s'est déroulée sous de meilleurs auspices ou du moins avec de meilleurs résultats, le sentiment que j'éprouve s'apparente à une déflagration interne qui fait du paysage pauvret de mon for intérieur un Nagasaki intégral

et recevoir ces sourires, ces voix dynamiques, ces nouvelles positives en pleine face creuse mon rictus aigri, empâte ma voix, annihile le filet d'énergie qui restait pour survivre au fil du jour.

Vous désirez le bien des autres et le soleil sociétal parce que vos organismes fonctionnent correctement et que votre vie ressemble aux images d'une vie bonne, mais moi, constipée et pleine d'acouphènes, j'attends, assise sur le banc de l'échec, que se déversent sur la ville les meurtriers et les fous-furieux pour éventrer tout ce qui éprouve quelque fois de la joie et tout ce qui contient de la beauté

et j'attends ainsi le Mal et l'Horreur et la défaite collective qui fera de chaque individu mon égal !

 

 

samedi, 09 mai 2020

Pour en finir avec la colère stérile

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Considérant que :

L’État français a, par des suites de ratifications, transféré les éléments nécessaires à sa souveraineté à une autre entité (l'UE), d'une part ;

puis, a réduit son Parlement à l'état de marionnette, via la technique des ordonnances et l'agenda législatif du quinquennat, d'autre part ;

Nous devons constater que, malgré les statuts de la constitution,

nous ne sommes plus un peuple avec une nation,

et que les députés élus par le peuple n'ont plus d'occasion réelle de le représenter ;

nous sommes devenus des gens qui croient vivre sous un régime qui n'existe plus, comme les occidentaux se croyaient sous la férule de l'empereur romain d'Occident alors même que l'empire n'existait plus.

Dans les années 400, même les roitelets rendaient hommage à un empereur qui ne régnait plus ! A notre époque aussi les gouverneurs de nos cités ne sont pas plus clairement conscients que les citoyens de l'état de fait.

Critiquer le gouvernement (pour son capitalisme, pour son socialisme, pour son étatisme, peu importe), revient à insulter le dieu de la pluie quand il pleut trop : c'est mal diriger sa colère, c'est éprouver une colère qui n'a pas lieu d'être. Car le gouvernement, comme les administrés, sont des monstres juridiques, dont la définition officielle ne trouve plus d'effet dans la réalité.

Seul l'Etat existe, mais face à la déliquescence de la chaîne peuple-représentants-gouvernement-nation, il est comme une grosse machine qui tourne, un fonctionnement qui ne s'arrête pas, sans direction politique.

Il faut donc attendre patiemment la reconfiguration d'une structure consciente, conscientisée, cohérente, en se souvenant qu'on a souvent beaucoup plus de prise qu'on ne le pense sur les circonstances et situations que nous subissons. Individuellement et collectivement. Mais pour trouver cette prise, ces multiples prises, il faut d'abord constater que les prises traditionnelles ne sont plus accessibles à nos mains.

Que nous soyons de gauche ou de droite, au centre ou aux extrêmes, notre colère est l'expression de cette impuissance. Le monde a changé mais nos catégories mentales et nos institutions n'ont pas changé. Nous sommes comme un mutant qui réagit encore selon la biologie de son état précédent, ou comme un cerveau qui n'a pas compris l'amputation de certains membres du corps qu'il dirige.

Dans 30 ans (2050), c'est certain, nous aurons mis des mots sur cette période charnière durant laquelle des Etats-nations de régime républicain démocratique sont devenus cet autre chose que nous ne savons pas encore nommer et qui sera notre nouveau monde. Redevenus conscients de notre statut, du fonctionnement de nos institutions, nous serons à nouveau en mesure de penser la politique et la cité sans cafouiller dans des colères et angoisses induites par l'aberration psychique d'un régime politique qui ne décrit plus la réalité.

 

Sur AlmaSoror :

Triumvir

Les dictatures douces

La traversée d'une époque troublée

Chroniques d'une solitude

 

Sur d'autres terres :

Un poème de Dylan Thomas

jeudi, 11 décembre 2014

La sonate du remord

J'ai commis de grands crimes et je ne l'ai dit à personne. Il ne se traduisaient pas en sang, ni en déchirures visibles. Mais ils firent souffrir plus que je ne l'ai su. Comment se supporter soi-même, après avoir accompli tant d'outrages ? Croyez-vous que je le voulais ?

Non.

Je voulais faire le bien autour de moi ; que mes proches s'épanouissent en ma présence ; qu'ils se sentent vivifiés par mon amour.

J'ai déchiré des cœurs. J'ai lacéré des âmes. J'ai éteint tout espoir au sein de quelques êtres.

Seigneur, si vous existez, pourrez-vous me pardonner ? Le pire est sans doute que vous n'existez pas. Or, si vous n'êtes pas là pour réparer les blessures par moi occasionnées, qui donc pourra soulager mes victimes ? Voilà où mène l'intempérance. Voilà où ma propre douleur m'a mené : à être celui que je voulais à tout prix éviter d'être.

Ainsi parle le pécheur, qui a vécu dans la nuit obscure de sa colère. Il a voulu pardonner : il n'a pas su. Il a voulu aimer : il n'a pas pu.

 

vendredi, 21 juin 2013

Rage II

«Si la rage avait du poids, ce billet de blog vous pèterait à la gueule comme une grenade».
Esther Mar

La rage monte en moi, lentement, sûrement. Elle est là, je le sais, elle est énorme, elle gronde en silence et serait capable de dévaster des vies plus sûrement qu'un ouragan. Elle est tournée vers quelqu'un, (de temps en temps, pour changer, vers quelqu'un d'autre), mais je sais que je suis entièrement responsable de la situation qui la fait naître.

J'essaie de rester polie, d'accomplir le minimum requis pour que les événements se déroulent du mieux possible.

J'essaie de la contenir, de la diminuer, de la transformer.

Elle monte, pourtant. Elle est énorme, c'est une lame de fond dont s'élèvent des vagues de rancoeur, de haine. Née de mon impuissance, de mes incapacités multiples, elle cherche à punir les soi-disant coupables.

Mais je la contiens. Pour l'instant, je la contiens et j'avance masquée, bien qu'on puisse apercevoir, à certains moments, un rictus qui se fige un instant.

Edith

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AlmaSoror avait déjà publié Rage


Pour ne pas sauter dans le vide, sautons dans le fou. Expérimentons l'expérimental avec Jeanne Liotta.

 Si nous craquons et finissons internés aux urgences de l'âme, au moins aurons-nous quelques idées d'une psychose transformée en expérimentoeuvre.