samedi, 31 juillet 2010
Présentation des auteurs d'AlmaSoror
Paul de C au début des années 80
Ils y sont presque tous ! Ceux qui sont en retard pour envoyer leur photo à AlmaSoror n'apparaîtront que plus tard dans cet album des auteurs d'AlmaSoror, que je vous engage à visiter pour découvrir les visages de ceux dont vous lisez les maux.
Il suffit de cliquer sur la photographie pour voir l'auteur de plus près et lire la sorte de biographie qui l'accompagne. Ensuite, en haut à droite de la page, vous pouvez cliquer sur le nom de la personne suivante et ainsi de suite. Ou bien vous cliquez sur "retour à la liste", et choisissez une autre photo :
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jeudi, 29 juillet 2010
Lettre à Erika Noulste
(un billet d'Edith)
Cela fait quatre mois qu'Erika Noulste a entamé son périple en moto à travers l'Amérique du Sud. On ne sait où lui écrire ; elle ne répond pas aux mails. Son téléphone a été oublié quelque part. AlmaSoror sera donc le lieu de ce que nous voulons lui dire. Merci à nos lecteurs de supporter cette intrusion personnelle dans une zone franche. Mais les lieux virtuels sont des refuges agréables et mystérieux.
Erika, voici donc la lettre que je t'écris :
Ma chère Erika,
Ton amitié ne m’a jamais fait défaut. Tes yeux, je les ai en mémoire à l’intérieur de moi et puis ainsi me noyer dans ton regard quand la vie alentour ne me convient plus. Le monde est devenu plus libre et ses visions plus belles depuis que je te connais. Je t’écris cette lettre depuis Paris en sachant que tu te balades au Pérou à travers les lieux que je t’ai mentionnés. J’imagine que tu aimes ce grand pays qui conserve des écrins de nature vierge, ce grand pays traversé par les étonnantes Andes. J’écris beaucoup ces jours-ci, une inspiration me vient le matin, quelques temps après l’éveil, m’amène devant l’ordinateur et m’y garde plusieurs heures. Je ne relis pas comme d’habitude, et verrai dans deux ou trois semaines, au temps de la relecture, si l’inspiration était intéressante ou médiocre. Les heures d’écriture en tout cas sont riches en sensations inconnues et heureuses de contemplation. L’impression d’être ultrapassive quand en fait mes doigts pianotent plus que de raison. Sans drogues, on peut partir très loin, juste en laissant le cerveau glisser comme le bateau ivre d’Arthur Rimbaud sur les mers imaginaires qu’aucun Etat ne peut coloniser.
Mais parlons un peu de toi, de toi qui devais rencontrer enfin la belle Katharina et qui ne m’en a encore rien dit. Tu es restée vingt-quatre jours en Argentine, tu n’as pas pu ne pas la voir ! Je t’en avais parlé tant de fois. Et je me demande le soir en rêvassant à la fenêtre du 13, boulevard du Montparnasse, si vous vous êtes vues, si vous vous êtes aimées et si vous avez senti qu’une amitié était possible. J’avance lentement, l’après-midi, dans mes lectures préliminaires à la grande histoire du cinéma et des arts euro-américains des années 2030 à 2050 ; pour l’instant je n’essaie pas de concevoir un plan à ce travail, simplement je lis, sans même prendre des notes, pour m’imprégner de cette période et tenter de la considérer avec un regard neuf, délivré des idées anciennes et communes. Je revois les œuvres tant aimées, j’ai pleuré à nouveau devant les belles images de Dying Cinema, du fantastique Jürgen Chêne. Et je me suis répété que cela valait le coup de consacrer sa vie, son temps, son énergie au service de la louange et de la diffusion de ce cinéma ahurissant que nous avons vu renaître et que nous voyons hélas décliner sans rien y pouvoir faire.
Je te laisse, ma chère Erika, je vais retourner à ma vigne qui grandit au rythme langoureux des plantes sur la terrasse, elle a besoin d’eau et d’un tuteur plus costaud. Donne-moi de tes nouvelles, raconte-moi quand tu reviens et ce que tu fais et ne t’en fais pas pour tes affaires d’ici, dont je m’occupe avec Max et Axel et qui t’attendent sagement.
Ta sœur dilective,
Edith de Cornulier-Lucinière et d’AlmaSoror
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mardi, 27 juillet 2010
puissance et décadence de la bourgeoisie
Jardin du Luxembourg, par Sara
Un des grands succès d'AlmaSoror, c'est l'article de Sara, sur les mille ans du bourgeois. C'est en 1007 en effet que le mot bourgeois apparait dans une charte.
Nous conseillons la relecture ici, avant de vous plonger dans une définition de la bourgeoisie clairement exprimée par Armand Nivelle, dans une préface au livre Les Buddenbrook de Thomas Mann.
Les Buddenbrook, sous-titré le déclin d'une famille, reflète l'idée majeure de Thomas Mann : quand la bourgeoisie a atteint les sommets de la fortune, elle tombe les armes pour ouvrir son coeur et ses sens artistiques. Cest alors que commence sa décadence et la déchéance de ses rejetons, héritiers incapables de perpétuer la prospérité implacable de leurs pères.
Voici cet extrait d'Armand Nivelle :
"Les "bourgeois" se signalent par l'énergie vitale qu'ils mettent au service de l'ambition, la capacité d'agir sans se laisser inhiber par les scrupules moraux et la faculté de faire taire les sentiments quand ils s'opposent à la réalisation d'un bénéfice. Les affaires "sentimentales" en sont précisément le meilleur témoignage : rien n'est plus éloigné de ces gens que l'idée d'un mariage d'amour. Ils leur arrive certes d'être amoureux, mais la soumission aux intérêts de l'entreprise et le renoncement à leurs amours ne provoquent pas de tragédies et ne les confrontent pas à des problèmes durables.
La seconde composante de la mentalité bourgeoise est la tradition familiale, unie à la conscience de classe. L'individu doit s'y soumettre sans conditions. Epouser une boutiquière, (...) c'est déchoir et justifier toutes les duretés et tous les mépris. Devant les revendications sociales, les marchands de Lübeck font la sourde oreille ; aucun soupçon des motifs qui animent les "insurgés" de 1848 n'effleure Jean Buddenbrook, ce qui lui donne d'ailleurs une sûreté absolue pour mater la "révolution".
Les bourgeois de Lübeck sont par nature conformistes et portent un grand intérêt aux "dehors", aux apparences. La vie intérieure tient peu de place dans leur existence, même quand elle revêt un aspect religieux. (...)
De ces traits fondamentaux découlent plus ou moins directement les autres caractères des bourgeois : le désir de richesse et d'opulence, l'aspiration aux honneurs publics, l'idéal de travail sérieux et méthodique."
Armand Nivelle, dans sa préface au livre de Thomas Mann, Les Buddenbrook (oeuvres complètes, tome I, dans la Pochothèque).
Lire l'article sur l'anniversaire des mille ans du bourgeois.
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dimanche, 25 juillet 2010
Vous reveniez le soir en longeant les remparts
La photo est de Sara
(un billet d'Edith)
Vous ? Vous n'aviez ni la faim, ni la soif. Vous viviez au bord du monde. Vous disiez : "les cyprès du Liban... Les cyprès du Liban"... Et vous chantiez des psaumes d'un genre antique, d'un mode nouveau. Vous n'aimiez ni les riches, ni la misère, ni les habits de ceux qui prient, ni la hargne de ceux qui se battent. Vous saviez qu'on n'est qu'un souffle et que ce souffle passe comme une fleur de pissenlit. Vous reveniez le soir en longeant les remparts de la ville blanche aux Salamandres, vos croix sur la poitrine, vos sandales fleuries. Vous suspendiez vos harpes aux branches des arbres et vous promettiez de ne jamais oublier Saint-Jean en Ville, notre ville solitaire au milieu des montagnes. L'un d'entre vous pleurait toujours : il était né loin, là-bas, au bord de la mer, sans cesse il regrettait l'odeur salée des côtes. Il se sentait étranger, mal aimé parmi nous. Vous l'entouriez sans l'aimer : vous n'aimiez que Dieu, le Père, et son Fils étrange. Toutes vos femmes s'appelaient Marie, toutes vos mères s'appelaient Anne. Vos fils portaient les noms de Joseph, Antoine, Melchior, Louis, François, Augustin, Thomas, Rieul. Ils n'avaient pas le droit de jouer avec les nôtres, qui s'appelaient Nubis, Lucas, Ronan, Loup, Arès, Daniel. Vous ne nous disiez jamais ce que vous pensiez de nous. Nos enfants s'en allaient vous espionner le dimanche, jour de culte. Ils escaladaient les murs de vos cloîtres et observaient vos rites, écoutaient, des heures entières, vos chants. Ils revenaient fascinés et nous leur disions : ils sont fous. Vous étiez fanatiques et notre culte insouciant vous paraissait barbare. Aujourd'hui, qu'êtes-vous devenus ? La ferveur qui vous portait s'est enfui. Vos rites sont vides comme des oiseaux morts. Et vos enfants viennent souvent brûler leur jeunesse à nos fêtes, aux solstices.
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samedi, 24 juillet 2010
Ce qu'il dirent d'AlmaSoror
Axel Randers, Hélène Lammermoor, Tieri Briet, Katharina Flunch-Barrows, Guéric Belanc, collectif 127-B "Étoile de mer"
"L'agence AlmaSoror a peur du noir mais elle entre pourtant dans les ténèbres car la lumière qui en émane illumine".
Axel Randers
"AlmaSoror, je te hais".
Hélène Lammermoor
"On pourrait dire d'Alma Soror que c'est le plus beau journal du monde, au sens où l'entendait Michel Butel quand il sortait L'autre journal, puis Encore pendant la première guerre du golfe, deux aventures journalistiques qui façonnèrent, au fil des années 80 et 90, une idée assez fulgurante de la beauté et de l'attente. Alma Soror est de la même veine : un journal tellement beau qu'on ose à peine y croire, mois après mois. On écarquille les yeux en lisant le sommaire, on se dit qu'elle est folle et puis on lit, on se passionne et on se dit qu'elle a raison d'être folle. Mais la beauté d'AlmaSoror a cet éclat supplémentaire d'être à peu près clandestine".
Tieri Briet
Lire l'article entier de Tieri Briet ici : AlmaSoror, l'âme soeur
"Le journal d'AlmaSoror fut une promesse, il fut longtemps une promesse, il nous a laissé croire qu'un autre monde était possible puisqu'un autre journal existait. Et puis, comme toutes les belles initiatives, celle-ci a vite été récupérée. Edith de CL s'est laissée entraînée par la blogosphère ou par je ne sais quel amas de groupies et s'est mesquinisée, sans s'en rendre compte, sans le vouloir. Elle nous aura au moins permis de croire, un temps, à la possibilité d'un fente".
Katharina Flunch-Barrows
"Ceux qui font AlmaSoror alternent entre des périodes d'exultation et des périodes de léthargie. Ce qui fait que je ne peux m'empêcher d'aller voir régulièrement sur "http://almasoror.hautetfort.com/", s'il y a des nouvelles ambiances qui montent. On s'y baigne et on oublie un peu tout ce qui tourne autour. C'est bien. C'est tout."
Guéric Belanc
AlmaSoror est née en 2006, grâce à une soeur humaine dont le prénom contient le mot "anges", en hommage à une soeur canine dont le prénom contient le mot "ange".
Maison de production indépendante, label de musique indépendant et blog, AlmaSoror s'attache à se détacher du temps administratif, du temps politique, de l'Empire psychologique et social pour entrer dans la Nuit sociétale. Là, émerge une zone imaginaire, où se tissent nos oeuvres.
Une des particularités d'AlmaSoror est d'être imparfait(e) : tout ce qu'AlmaSoror fait est imparfait. Alors, plutôt que de lutter contre les échecs et les ratages, activité qui nous paraissait équivalente à celle de dresser un barrage contre le pacifique, nous nous sommes dit(s) : chevauchons cette imperfection, puisque elle s'ébroue sans cesse entre nos mains et notre esprit. Chevauchons-là sans bride ni selle et voyons où elle nous mène.
Je crois qu'elle nous mènera au pays de crin blanc. Mais ce n'est qu'une supposition. Pour l'instant, nous chevauchons, la peau tendue, les yeux brûlés, les cheveux au vent glacé de l'hiver qui approche".
Présentation d'AlmaSoror, rédigée à Insomniapolis un jour de décembre 2010, par le collectif 127-B "Étoile de mer"
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vendredi, 23 juillet 2010
Les trois volets de la fin de l'empire romain
Extraits de l'historien Fustel de Coulanges (XIXème siècle)
"Les hommes (dans l'empire romain) étaient administrés, protégés, surveillés par une puissance très éloignée et très haut placée, dont l'action s'exerçait sur eux par une hiérarchie de fonctionnaires"
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mercredi, 21 juillet 2010
L'excommunication des insectes
Un extrait du livre de Serge Schall, publié aux éditions Plume de Carotte, De mémoire de vergers.
photo de Sara
"Les procès d'animaux sont courants depuis le Moyen Âge, mais il s'agissait surtout de condamner les animaux responsables de la mort ou de blessures graves infligées à l'homme. Nombreux furent les porcs, ayant dévoré un enfant ou l'ayant défiguré, à subir le fouet ou le bâton jusqu'à la mort, ou à être écartelés. Plus surprenant sont les procès faits aux insectes :
En 1516, l'Official des Tréguiers commande aux chenilles de sortir de son diocèse sous peine d'excommunication. En 1587, une attaque de verpillons, de petits charançons vert doré, fait des ravages dans le vignoble de Saint-Julien-Montdenis, en Savoie. Début avril, le procès est précédé d'une expertise à laquelle sont sommés d'assister les verpillons. Les insectes bénéficient d'un procureur d'office et d'un avocat qui plaide, en vain, le non-lieu. En 1690, c'est au tour des chenilles présentes dans le vignoble auvergnat. Demande est faite de nommer un curateur pour les chenilles afin de les assigner devant un juge et de procéder à "l'abjuration des chenilles". On pourrait citer de nombreux exemples, ils fleurissent jusqu'au XIXème siècle".
Serge Schall, de Mémoire de Vergers, éditions plume de Carotte.
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mardi, 20 juillet 2010
l'art blogal
ensablement des cousines, par Sara
(un billet d'Edith et Katharina, né d'une conversation téléphonique)
Le support de l'art blogal ? C'est le blog, c'est à dire l'interface sur la toile où l'on pilote son blog, créée ses billets, ajoute ses images, ajuste sa mise en page... Cette interface peut être basique ou bien, si le blogueur possède quelques connaissances informatiques, personnalisée. Dès lors les jeux de typographie, l'habillage du blog, deviennent réellement beaux.
L'art blogal suit les évolutions des interfaces blogales et est donc techniquement très tributaire, mais cela n'est pas le plus important, parce que c'est un art d'expression, et que la technique ne sera jamais qu'un outil, un moyen pour cette expression.
Le plus important en art blogal, c'est le contenu. Mais pas seulement le fond du contenu : l'ambiance, l'atmosphère visuelle, textuelle, culturelle que dégage un blog revêt une immense importance.
Le blog est souvent une oeuvre multimédia, qui utilise des vidéos, des images, du son et de la musique, liée à d'autres oeuvres multimédia (des sites et des blogs) par des liens. Cette oeuvre blogale multimédia, liée à d'autres oeuvres blogales, peut être intellectuelle, scientifique, artistique, littéraire, ou bien mixte.
L'art blogal au fond renoue avec diverses traditions, comme la tradition de l'art épistolaire, dont madame de Sévigné est l'héraute, la tradition de la relation de voyage et du journal de bord (Alexandre de Humbold et tous les grands voyageurs et missionnaires), les mémoires (Saint-Simon, Chateaubriand), les chroniques, le carnet de recherche (Léonard de Vinci).
Pour l'instant, l'art blogal est libre et gratuit. Libre, car il n'y a pas de diplôme en art blogal, et que cet art blogal n'est pas reconnu comme un art ; gratuit, pour l'artiste comme pour le spectateur. Création d'un blog et accès aux blogs sont à la portée de tous.
Enfin, l'art blogal est vampire. Toute la difficulté de cet art est qu'il faut nourrir la bête. Tous les jours ou presque, il faut nourrir la bête.
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dimanche, 18 juillet 2010
Autarchie : au-delà de l'ordre et du désordre
Sables (d'Olonne), par Sara
(un billet de Jean Bouchenoire)
Pour atteindre l'autarchie, c'est à dire l'autonomie complète vis à vis de la société qui nous entoure, il faut commencer par se libérer, dans son coeur, des liens SM qui nous lient aux autres gens et aux institutions sociétales. Ne les prévenons pas que nous nous détachons de ces liens. Ils s'inquiéteraient. Ne rien dire, mais éliminer toute dépendance en devenant plus fort et en créant des paramondes où puiser des ressources.
Le but de l'autarchie :
Vivre à l'écart des rapports de force et de pouvoir ;
à l'écart des rapports de dépendance et d'obligations ;
à l'écart des rapports de trahison, mensonge, violence, mépris ;
à l'écart des rapports de séduction et de manipulation.
Le but de l'autarchie, c'est aussi :
Vivre dans la beauté de la nature et de la culture ;
dans la liberté des hommes, des femmes, des enfants et des animaux ;
dans la fidélité créative envers l'héritage d'Europe et d'Occident ;
dans la tendresse bienveillante avec les êtres et dans l'art de vivre avec les saisons et les jours.
Le chemin vers la rue ouverte de la liberté :
se libérer de toute drogue et autre dépendance mentale et physique (que ce soit la dépendance à la colère, au sentiment amoureux, à l'alcool, au téléphone portable, à la sexualité, à l'informatique, à la mode, au goût industriel, à la discutaillerie, au commérage, à la pensée procédurière...)
créer un monde autour de soi où culture et nature sont au zénith. Développer une esthétique dans ses mouvements, les pièces que l'on habite ; lire des choses d'une beauté, d'une haute intelligence chaque jour, comme les Fleurs du Mal, ou les oeuvres d'Aristote. Que partout où se posent les yeux, la beauté soit ; que les sons qui ont lieu ravissent l'oreille et élèvent l'âme.
peu à peu, créer des réseaux et moyens de survie qui nous libèrent des normes de la société et se détacher des liens de dépendance et d'obligations, sans en avoir l'air. Il ne faut pas que cela se remarque. Il est bon de conserver le minimum requis pour être parfaitement inséré dans notre société, tout en sachant que notre vie réelle est ailleurs.
Bonne route à ceux qui cherchent cette liberté.
Jean Bouchenoire
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samedi, 17 juillet 2010
L'album poétique
AlmaSoror a créé un album qui contient les poésies d'Edith de CL et quelques unes de Kathrina F-B et Edith Morning.
Ces poésies sont illustrées par des photographies, qui, parfois, disent autre chose que les mots. Peu importe. Les rêves ne se télescopent jamais. Avant d'aller lire l'album en cliquant ICI (ensuite, il faudra cliquer sur les photos pour que s'affichent les poésies), vous pouvez méditer ces paroles d'Armel Guerne, poète du XXème siècle :
"Depuis le petit cœur impatient de mon enfance jusqu'à ce vieux cœur meurtri, pantelant, essoufflé, mais toujours plus avide de lumière, je n'ai pas eu d'autre ambition que celle d'être accueilli et reçu comme un poète, de pouvoir me compter un jour au nombre saint de ces divins voyous de l'amour. Je n'ai jamais voulu rien d'autre, et je crois bien n'avoir perdu pas un unique instant d'entre tous ceux qu'il m'a été donné de vivre, en détournant les yeux de ce seul objectif jamais atteint, sans doute, mais visé toujours mieux et avec une passion de jour en jour plus sûre d'elle."
Armel Guerne
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vendredi, 16 juillet 2010
Journal de bord
(un billet d'Edith)
Cela fait longtemps que je n'ai pas tenu ce journal de bord : c'est parce que j'y parle de ce que je lis et je ne sais pas ce que je lisais. J'ai voulu lire enfin le livre qu'Anne, ma mère Anne, me conseille depuis ma plus tendre enfance : Grandeur et servitude militaire, d'Alfred de Vigny. Avant de m'y plonger, j'avais lu la biographie de ce romantique auteur par monsieur Maurice Allem, avec un certain intérêt. Datant un peu, elle a donc l'avantage d'être bien écrite.
Grandeur et servitude est une suite de longues anecdotes et la première m'a tellement déprimée que j'ai refermé le livre. Je n'ai pas assez de bon moral pour me permettre de telles aventures psychologiques. Anne, ma mère Anne, me tanne :
"mais allons-donc ! Tu n'as lu que la première histoire, la plus triste ! Continue, tu ne peux pas rater l'histoire de la petite poule".
Le journal de bord se lit ici.
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jeudi, 15 juillet 2010
autobiographie (tentative sérieuse)
Giordano Bruno
(un billet d'Edith)
Katharina F-B a écrit un jour mon hagiographie psychédélique et jamais je ne la remercierai assez.
Cependant, dans les mondes professionnel et social, on me demande parfois une biographie ancrée dans un réel plus abordable que celle de Katharina. J’ai donc composé mon autobiographie. Pour les années passées, cela vous donnera une idée. Toutefois, pour une autre interprétation du passé et une vision d’ensemble des années futures, je vous renvoie à la synthèse de KFB.
(NB du 14 juillet MMX : mon premier lecteur m'annonce que cette autobio accentue l'inclarté au lieu de la dissoudre. Tant pis).
Naissance et premières années
Je naquis à sept heures et quelques du soir. La clinique était calme, bercée du bruissement sempiternel des palmes. Diplômés, distants, méprisants, les médecins firent un bon travail médical mais ma sœur et mon frère naîtront dans une clinique tenue par de douces bonnes sœurs tant le métallique professionalisme de Saint-Vincent de Paul avait traumatisé mes parents. Mon père cauchemardait qu’il devait sauver ma mère de médecins-chirurgiens qui l’opéraient diaboliquement au fond des couloirs aseptisés des bâtiments publics. Pour la sauver, il fallait affronter un ours. Tout ça pour un bébé humain, alors qu’il aurait voulu un bébé renard.
Deux ans plus tard, naissance de "l'ange". Premières peurs mystiques de la séparation.
Et quelques souvenirs visuels et vocaux : les volets de Montparnasse, le perron du Pont-Hus, la voix "câlin Edith", protection de ma mère et premières pierres de la forteresse intérieure.
Les trois enfants
Nous fûmes trois et nous grandîmes sur le boulevard du Montparnasse. Rollers, manifs, chats perchés, lectures des livres des grands oncles et grandes tantes sauvés des eaux, pendant que la maman travaillait dans le monde des grands, un monde capitaliste, administratif, méchant, sans éthique et sans esthétique.
L.. (le monstre)
C’est l’entreprise où, jour après jour, soir après soir (très tard le soir), au milieu des sourires, ma mère souffrit du salariat.
1989
L’adieu à l’Erdre.
Je ne peux pas me plaindre. Des clochards qu’on voit dans la rue, certains se souviennent peut-être d’une maison, d’un jardin.
Il y avait depuis quelques siècles une demeure, là bas, et des terres au-dessus desquelles volaient des corbeaux. D’autres êtres le hantent désormais. Qui ne connait l’amertume des larmes ? Toute famille est un drame inéluctable et l’Erdre est la plus belle rivière du monde.
La B..
On m’y ouvrit un compte à 11 ans. J’ai appris dans la douleur à ne pas laisser passer plus de 15 jours à découvert. Je suis toujours à la B… Pourquoi changer ? Toutes les banques, qu’elles le veuillent ou non, sont des banques. Et j’ai même appris à deviner, derrière le regard bleu de certains Conseillers de clientèle, la mémoire de l’enfance partie, mêlée aux rêves de la nuit qui revient.
Ma carte bleue, Iphigénie, est toujours là. Son parrain est Lucrèce, en raison de la défense paternelle qu’il a prise envers Iphigénie, dans de belles pages de son œuvre de rerum natura. O mon Iphigénie, dors tranquille, loin de Calchas le découpeur d’entrailles. Vois, il est de plus en plus rare que la machine Big Brother te refuse des biffetons, aux guichets aguicheurs, laids et automatiques qui « ornent » les rues.
Le lycée Buffon
Balancements entre socialisation et conflits. 11ans-17 ans : on est au bord du vide, entre l’amour et la répulsion. Ceux qui m’ont soutenue, comprise, accompagnée, et surtout pardonnée, ont su me faire aimer un (petit) peu la République, son drapeau, ses « valeurs » et ses lycées. Sans le lycée Buffon j’aurais été bakouniniste.
Et puis, beaucoup des camarades sont toujours là, plus ou moins loin de moi. Comme des vagues qui viennent de loin, leurs voix mûries charrient un peu parfois des éclats et des expressions de l’adolescence.
Faiblesse, débilité et apprentissage du remord.
Gange
L’égérie, l’amie, la sœur, la mère, la fille, la chienne, l’autre, la semblable, l’amour, la joie, la peur, la consolation.
La frontière qui sépare ceux qui considèrent les animaux comme des personnes à part entière et ceux qui les considèrent comme des objets ou au mieux des sous-sujets, est-elle infranchissable ? Il me semble avoir toujours été du côté animal et chaque rencontre animale m’a toujours fait aller plus loin sur cette voie. Au point qu’il est inutile de discuter : se taire dans les salons et œuvrer en parallèle pour la reconnaissance et la protection de nos frères, les autres animaux.
Pontault Combault, la rue Daguerre et la rue Boissonade
S’il est impossible de raconter ce long épisode d’un an et demi, je veux du moins le mentionner. Comprenne qui participa.
Les Langues O et les années Hawaii Off Shore
C’est en feuilletant un livre sur le surf que j’ai lu un poème en langue hawaiienne. Je ne pouvais le comprendre, mais les lettres qui s’étalaient semblaient former des sonorités si belles. Quand je revins quelques jours plus tard avec de l’argent pour acheter le livre, il avait disparu. De multiples quêtes ne me le rendirent pas. Mais j’appris le hawaiien. Seule.
Entre-temps je m’étais inscrite aux Langues Ô et y apprenais le quechua et le tahitien, et puis un peu d’amharique.
Une longue histoire avec les langues, qui n’est jamais morte bien que les sables du présent recouvrent parfois les travaux d’antan. Quelque chose a ressuscité à la Maison de la Radio, en 2004, puis à Izmir, quand je fus invitée au Centre Culturel Français en 2009. A suivre…
Le voyage au Pérou
Une compréhension intérieure, indicible, ancrée depuis au fond de mon être.
La découverte d’un monde nouveau : la montagne, aussi fascinante que la mer et différemment mystérieuse. La respiration d’une autre esthétique, d’une autre atmosphère, où l’on sent qu’on pourrait se poser et rester pour toujours.
Enfin, un regret blanc comme les murs du couvent de Santa Catalina : Arequipa.
Faudrait mentionner aussi La Paz, la haute ville dans les montagnes, La Paz d’où on s’embarqua pour un retour tortueux. Qu’y avait-il dans la mallette que je serais contre moi, en entrant dans l’avion ? Nous sommes trois – peut-être cinq, en fait - à le savoir.
Le CEEA et la voie scénaristique
Inespéré : j’ai réussi un concours dans ma vie. C’était celui du CEEA. Le début d’un métier qui ressemble rarement à un rêve d’écrivain. Même s’ils partagent l’appel des bars.
C’est à la Coupole que ma coscénariste et moi allions trouver les idées des épisodes de la série du Nidouille, « cosy corner ».
Les rencontres avec Alexis T eurent lieu au bar Edith Piaf, sur la place du même nom, non loin de la prod Wendigo. Entre les écrivains et les scénaristes, maintenant que les cigarettes sont presque hors la loi, il reste le point commun des bars.
Autrement
Brigitte V et Anne R acceptèrent le projet d’un livre sur les langues et ainsi commença pour moi l’aventure Autrement, sous leur agréable égide. Quelques livres et beaucoup de conversations.
Les années VillaBar
Un frère embarqué dans une aventure, une amie au deuxième étage, un prof de piano, Jean-Pierre Bret, aux même initiales que son double John Peshran-Boor, l’amour de la littérature et de la photographie, un entourage chaleureux et enthousiasmé : ainsi naquit VillaBar, qui fit du bruit et dont il reste de belles œuvres et une nouvelle manière d’aborder la photolittérature. En laissant la photo exhaler ses sens, avant tout. Seulement ensuite, la littérature s’avance, majestueuse et imprévisible, renouvelée.
L’aventure AlmaSoror
Une sœur insistante devant l’ordinateur familial et un faible accord de ma part : voilà comment est né(e) AlmaSoror.
Un journal mensuel, intemporel, en ligne, draina de nombreux et étonnants lecteurs pendant deux ans. AlmaSoror se fit ensuite blog.
« Caminante, no hay camino, se hace el camino al andar ».
AlmaSoror a lié des alliances, toujours libres.
Aujourd’hui, toujours bavard en ligne, AlmaSoror a produit un film (Résurrection) et en produit un second (la Feuille). Des courts métrages qui fabriquent peu à peu une marque visuelle. Nous souhaitons aller loin, lentement, dans l’étroit sentier bordé de paille que nous avons commencer à tracer.
« Caminante, no hay camino sino estrellas en el mar ».
Naissance d’Hugues, mon fils imaginaire
Son père, Alexis Jaulerri, le reconnut expressément dans une lettre posthume. C’est bien pour Hugues. Mon fils dessine, m’écrit des lettres, de temps en temps il me gronde. Les autres mères sont débordées ; moi, transbordée.
Retour à l’étang de la Grostière
Les barques avaient changé. J’avais d’aussi grandes jambes que les grands de mon enfance et les choses interdites et mystérieuses s’ouvraient à moi avec tellement d’évidence que je compris que l’enfance est un miracle. Il y avait le saule pleureur et les allées, la chambre aux volets que j’arrivais à fermer sans difficulté. Retrouver chaque meuble, chaque pan de mur, se remémorer tant d’étés. Soudain, subir l’urgence de la vision quand, sans prévenir, le son des cloches de l’église fait remonter tant d’émotions. Au fond de l’étang dorment encore, sous des mètres cubes de vase, les épées des Brigands. Les mondes morts et les mondes vivants se côtoient : il est parfois difficile de choisir son camp.
Collectif 127-B « étoile de mer » (Insomniapolis)
Nous savions bien que nous ne parlions pas en l’air, et, de fait, le collectif est né. Les œuvres se créent peu à peu et l’argent rentre petit à petit. Il faudra sans doute revoir la charte, se réunir encore, boire du vin lacrima christi, réparer des erreurs.
Le collectif promeut l’art figuratif. Pour revivifier notre art, nous approfondissons la connaissance des trois sources allogènes : Rome, Athènes, Jérusalem, et du terreau celtique inextricable.
Musique : Challwa Taki. Sortilèges. Wolfcrag
Nous créâmes Challwa Taki (nous étions 3), qui se transforma en Sortilèges (nous passâmes de 3 à 8, puis nous finîmes à 2), qui est devenu Wolfcrag (nous sommes 9). Wolfcrag est une « formation musicale » dont l’aventure commence à peine. Le style musical que nous créons ensemble, la beith musique, nous torture à force d’être imparfait.
Mes compères dans cette aventure : Le dit Luke Ghost, Philibert, Marc, Jules, V, Emma, Aurore B, Alex.
Albums
Nous, les loups, le premier album. Les images d'Alain Gauthier sont comme une construction de symboles qui approfondissent le texte.
Deux autres sont en train de prendre forme sous deux autres mains que les miennes. Les illustrateurs interprètent les textes en les emmenant loin dans leur monde. Etrange expérience que d’être illustrée.
Compagnons de route
(il s’agit évidemment de la « route » professionnelle, ou assimilée).
Laure Tesson
Tieri Briet
Ondine Frager
Esther Mar
Anne-Pierre Lallande
Sara
Katharina F-B
Mon frère Sam
Influences
Ma petite sœur, qui m’a convertie à l’Europe
César I, le prof de quechua. En dépit d’une fin assez ratée.
Remo Mugnaioni, son art de vivre et sa culture raffinée
L’abbé B Lorber pour le chant grégorien
Clarisse Herrenschmidt et ses trois écritures
Brigitte B et ses cours de chant.
Egéries
Gange
Charles Baudelaire
Virginia Woolf
Hanno Buddenbrook
Comte Mölln
James Douglas Morrison
Le Christ
Sainte Catherine de Sienne
Baude Fastoul
Morgana Bantam Dos Santos
Nolimé Tangéré
Esther Mar, rencontrée au fond d’un bar après une manif très queer dont les sloglans m’avaient fait trop peur, Esther Mar la plus belle du monde, Esther Mar, la seule personne humaine, vivante actuellement et rencontrée « en vrai » parmi mes égéries. Esther Mar, auteur de La peur, la liberté et la morale, publié dans une revue de papier dissidente en 1983. J’avais cinq ans. Je possède un exemplaire jauni de cette revue, résultat d’une longue quête. Esther Mar, qui est en train de terminer son œuvre-fleuve Chants de poussière, et qui me fait l’honneur de m’en lire des passages de sa voix rauque et nostagique, au milieu des cendres du salon brûlé et des vieux meubles encore debout, dans son salon de sa maison au bord de la Marne.
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mercredi, 14 juillet 2010
"je cherche en vain le mot exit"
(Un billet de 1631)
"Je cherche en vain la porte exacte.
Je cherche en vain le mot exit".
Serge Gainsbourg
Lors de notre charmant dîner dans les jardins du Palais Royal, V. P me disait qu'il avait souvent entendu son père répéter que dans les dictatures de droite, on peut quitter le pays, tandis que les dictatures de gauche ne laissent personne partir. Les dictatures de droite ne retiennent pas les gens ; les dictatures de gauche empêchent toute fuite.
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mardi, 13 juillet 2010
Enseignements
Photo de Sara
"Nathanaël, je t’enseignerai à ne pas confondre la puissance et la violence".
Esther Mar in Chants de poussière
Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur.
André Gide in Les nourritures terrestres
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lundi, 12 juillet 2010
Les marches de Bretagne
(Un billet de Jean Bouchenoire)
J’ai créé aujourd’hui la recette Les marches de Bretagne. Elle a plu à la personne qui l’a goûtée.
C’est en quelque sorte un escalier de lamelles de légumes agrémentées de mascarpone et de féta.
Les ingrédients, pour deux ou trois personnes, sont les suivants :
Une ou deux courgettes
Une aubergine
Une tomate cœur de bœuf jaune (si vous n’en trouvez pas, utilisez une rouge !)
Des champignons très bons, choisissez vos champignons préférés.
Un peu de mascarpone.
De la féta.
Commencez par découper les courgette(s) et aubergine en longues et fines lamelles. Dans deux poêles différentes, faites revenir les lamelles dans l’huile. Il fait les faire frire doucement. Dans une troisième poêle ou une casserole, faites revenir les champignons coupés en tout petits morceaux, soit dans du beurre, soit dans de l’huile.
Dans un plat carré ou rectangulaire avec un peu de profondeur (3/4 centimètres), étalez les courgettes frites. Recouvrez les de mascarpone. Etalez ensuite les tranches d’aubergines frites.
Recouvrez ces tranches de féta très fine ou bien écrasée.
Ensuite, coupez la grosse tomate jaune cœur de bœuf en rondelles et déposez les au-dessus. Remettez un peu de féta par-dessus, puis enfin, les champignons revenus.
C’est fini. Ces marches de Bretagne se mangent entre chaud et tiède. Une bonne baguette tradition peut les accompagner.
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