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Rechercher : lumière

Le craquèlement des sarments

C'était dans la souffrance d'une matinée de soleil. Les vignes immobiles recueillaient la lumière dans leurs feuilles ouvertes. Un sarment quelquefois craquelait dans la chaleur. Le ciel bleu et blanc s'étirait de vallon en vallon, caressant les parcelles inéquitablement. Le silence régnait sur ces terres. Même les oiseaux se taisaient.

Je fermai les yeux pour convoquer la mémoire de la ville, de ses bourdonnements, de ses cris, de son agitation perpétuelle. Je n'y parvins pas. Comme ses habitants, même ceux dont j'avais été le plus proche, la ville s'était presque effacée de mes souvenirs. Je n'avais plus de biographie. Mon corps seul vivait, au milieu de ce monde lent de la campagne profonde, en désaccord avec lui-même comme avec le paysage.

Combien d'années me restait-il encore à exister ? Cette question se mêlait aux senteurs des deux tilleuls qui bruissaient à midi devant la maison.

 

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samedi, 06 août 2016 | Lien permanent

Cantique de ce soir

 

Ce soir, je n'ai ni l'humeur à rire, ni l'humeur à pleurer. Hier, pas d'église. Juste un cimetière, l'ombre tutélaire de Joachim du Bellay sur les cèdres angevins. Une amie dont les larmes coulent, des messieurs possédant des maisons en Bretagne qui posent des questions fatigantes. Des questions qui rappellent que l'on n'a pas suivi la voie droite. Et le train, ses pannes, sa lenteur. Et le retour au bercail maritime.

Ce soir, une balade au bout du lac crépusculaire. Un cantique murmuré face aux deux étendues d'eaux, dans les lumières de la nuit. « Savoir reconnaître Ton pas ».

Savoir que l'athéisme est un horizon inaccessible à mon cœur. Je marche vers lui, mais sur cette route, n'est-ce pas Toi qui me guide ?

Quand par la purification, j'aurai nettoyé toutes les scories de mon cœur, alors, peut-être que je resterai assise, le soir, sur le pas d'une porte, à sourire aux gens qui passent, comme un soleil parmi d'autres. « Devenir Veilleur ».

À chacun son quart de veille. Un jour, ce sera mon tour. Je serai prête.

 

 

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mardi, 23 août 2016 | Lien permanent

Le poème de l'hiver 2017

Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots. Voici celui de l'hiver 2017.

 

Aux grands froids de janvier, quand la foule frissonne,

Un glaçon solitaire étreint le souvenir

D'un frère. 

 

J'ai prié dans l'oubli. J'ai crié dans la lumière. 

 

Les vents sonnent tocsin quand les cloches sont tues. 

Dans la foule laïque, un religieux s'éteint

Sans Père. 

 

J'ai donné des piécettes au miséreux derrière la gare. 

 

Mes éveils s'indisposent avec la charge des années. 

Quand ma vie se repose, je me souviens d'elle : 

Ma mère. 

 

Mais l'armoire est mitée où s'entreposent les vieux papiers.

 

Janvier tire à sa fin comme un vieux majordome

Qui s'éloigne à pas tremblants du château où il servait

Le dernier maître.

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vendredi, 27 janvier 2017 | Lien permanent | Commentaires (4)

Septembre

Septembre, poème de Georges Chennevière (1884-1927)

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La ville tout doucement crie.

Ô murmures le long des rues.

Une femme lave du linge

Dans une cour qui s'assombrit.

 

C'est déjà la nuit de sept heures,

Celle qu'on avait oubliée,

Qui s'avançaient depuis des mois

Sous les beaux soirs qu'elle rongeait.

 

Mais qu'importe le flux de l'ombre !

Je t'adore, charme rompu.

La fin du jour s'emplit de cris

Qui se gonflent comme des muscles.

 

La ville dans le noir des plaines

Brille de sa lumière à soi,

Et mes yeux gardent le trésor

De toutes les fleurs de l'été.

 

Des visages nouveaux s'allument

Aux devantures des boutiques,

Le moindre regard que l'on croise

Est si doux qu'il serre le cœur.

 

Georges Chennevières

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vendredi, 01 septembre 2017 | Lien permanent

Messe des morts à quatre voix

J’ai lu Etunwan, de Thierry Murat. Sur le radiateur auprès du lit, elle a posé Les derniers géants, de François Place. Même thème, même beauté du style littéraire et des images. (Je me souviens de l'enfance, la civilisation et le monde sauvage). Les tours aux milliers de pâles lumières scintillent dans la nuit très bleue et la lune est cachée derrière une antenne. Urbs, urbis, et pourtant, j’éprouve des émotions que j’ai connues sous un tapis d’étoiles, à la campagne, la nuit, allongée dans un champ invisible. Comparaison et jalousie s’effacent devant la beauté inouïe, inattendue, de l’instant présent. Je reconnais la musique qu’écoute le mystérieux voisin de l’étage au-dessous, celui qu’on ne croise jamais. C’est la messe des morts à quatre voix de Marc-Antoine Charpentier.

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jeudi, 17 août 2017 | Lien permanent

La salutation au soleil

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Voix intimes hantant les mémoires des êtres à la tombée du soir ; poussière dansant dans les obliques rayons de lumière ; dernière fête des couleurs avant l'avancée de la nuit. Tu ne milites plus dans une association de rebelles pour abolir le capitalisme : tu l'abolis dans ton cœur pour éteindre tout désir consumériste. Tu cultives la joie de l'instant et le contentement de toutes choses, puisque l'insatisfaction est le moteur de l'achat, tandis que la tranquille paix du cœur t'en détourne.

Qui est ce chien, qui passe, au fond de la rue ?

Je coexiste avec toi, je m'assois au bord de la route et je ne sais pas s'il fait frais ou chaud, je me demande quels sont mes meilleurs souvenirs. Une chienne et sa complicité tendre sur une prairie en pente devant un étang du bocage, ou sur les marches d'un perron dans une capitale. Des jours entiers à méditer les cours de Nicolas Opritescu pour le CNED et à écouter de la musique en regardant par la fenêtre les toits de la rue Daguerre et des rues avoisinantes. Des cigarettes allumées dans des cafés en écrivant et lisant des poèmes, dans tous les quartiers de Paris, et un weekend au milieu des collines du Var, entre un chai, une piscine et le chemin de la rivière.

MONEYWOMAN, tu me ressembles. Presque une sœur. Une alter-ego.

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mercredi, 01 avril 2015 | Lien permanent

L'incessant son motorisé

 

Ce son effrayant des voitures, le connaîtrai-je toute ma vie ? Avec l'apparition d'Internet, des téléphones portables, j'ai connu déjà des révolutions. Vivrai-je un jour dans un monde où toutes ces routes qui défigurent le paysage seront devenues de belles promenades plantées, le long desquelles passe parfois un tramway silencieux ? Nous regretterons alors ces nuits à glisser sur le bitume dans la lumière des phares, nous oublierons à quel point le monde était déchiqueté, à quel point les enfants n'étaient pas libres de leurs mouvements, à quel point « ne pas se faire écraser », trouver « un passage pour piétons » faisaient partie de notre vie quotidienne, et gâchaient la possibilité des balades. J'attends avec impatience ce monde sans voiture. Il y aura beaucoup plus d'arbres, beaucoup plus de vie sur les « routes », qui ne seront plus des couloirs de béton, mais des chemins de fortune.

 

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samedi, 04 avril 2015 | Lien permanent

Somnambule, me disait-elle.

 

« Somnambule, me disait-elle. Oui, j'ai parfois l'impression d'avoir dormi ma vie, et seulement changé de sommeils ; peut-être ma lucidité, dont j'étais trop sûr, ne fut-elle que la conscience de mes rêves. Suis-je donc enfin réveillé ? Ce grand vertige de lumière, ou de mort... »

 

Cette phrase que vous venez de lire est l'avant-dernière du roman Le somnambule, de Pierre-Henri Simon (1960).

Ce livre, dans une collection intitulée « Le club de la femme », je l'ai trouvé posé sur le comptoir du vestibule d'un immeuble d'une rue du vingtième arrondissement de Paris, dans le quartier situé entre les stations de métro Maraîchers et Alexandre Dumas. Je l'ai ramassé, et je l'ai parcouru, parfois en ricanant, parfois avec émotion.

 

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samedi, 10 décembre 2016 | Lien permanent

La clarté de la crèche dans la nuit du péché

« Dans la nuit du péché, c’est l’étoile de Bethléem qui luit ; c’est l’ombre de la Croix qui tombe sur la clarté de la crèche. La lumière s’éteint dans l’obscurité du Vendredi Saint, mais remonte plus éclatante, soleil de grâce, au matin de la Résurrection…
C’est à travers les souffrances et la Croix que le Fils de l’Homme fut élevé à la gloire de la Résurrection ; traverser la souffrance et la mort avec le Fils de l’Homme, pour atteindre la gloire de la Résurrection, c’est le chemin ouvert à chacun de nous, à  l’humanité entière » 

Sainte Thérèse-Bénédicte de La Croix (née Edith Stein en 1891 à Breslau, morte en 1942 à Auschwitz), carmélite, martyre et patronne de l'Europe

IN Le Mystère de Noël, Conférence donnée en 1931

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lundi, 24 décembre 2018 | Lien permanent

Pirouette, cacahuète

Il était un petit homme, qui sait s'il était né à Saint-Christophe du Ligneron ou à Valparaiso ? Il était un petit homme qui avait une drôle de maison construite par un architecte formé à l'Agence d'architecture des Ciseaux-Orties. La maison est en carton (Pirouette, cacahuète) et elle fait un carton. Les escaliers sont en papier ; si vous voulez y monter vous vous casserez le bout du nez et vous serez emmené en hélicoptère à l'hôpital Cochin. Le facteur y est monté, il s'est cassé le bout du nez. On lui a raccommodé avec du joli fil doré, un jeune et joli interne s'en est occupé avec conscience professionnelle et jovialité. Mon histoire est terminée (Pirouette, cacahuète), vous pouvez faire la roue, manger des noix de cajou ou tout simplement rester quelque temps parmi nous dans le silence, ce silence qui suit les histoires les plus navrantes comme les plus enivrantes. Messieurs, mesdames, applaudissez et prenez soin de vos santés tout le long de cet hiver qui vient vers nous sur la pointe des pieds.

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(Tu peux aller écouter ceci, car la lumière sonore y est limpide)

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mardi, 07 novembre 2017 | Lien permanent

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